© Peuples Noirs Peuples Africains no. 79 (1991) 71-96



SINGULARITE DU PHENOMENE LINGUISTIQUE AFRIKAANS[1]

Antoine J. BULLIER

En 1652 est fondé, à mi-chemin du trajet des navires de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, le port de relais du Cap. Lorsque les colons débarquent, les seuls habitants qu'ils rencontrent, sont les Hottentots. Ceux-ci ont peu de contacts avec les Européens car les aborigènes les fuient. Les Néerlandais préfèrent alors importer des esclaves de Madagascar à partir de 1654. En 1658, 228 autres esclaves sont débarqués de Guinée. A cette époque, il n'y a encore que 15 colons (fermiers), 11 artisans et 91 employés de la Compagnie des Indes stationnés au Cap. En tout, la colonie européenne compte 189 âmes. Les Néerlandais importent aussi des esclaves d'Angola et de Malaisie. Selon Van der Merwe[2], il doit y avoir lieu à une "confusion des langues".

Le peuplement est alors avant tout originaire des Pays-Bas historiques. Les Huguenots français arrivent au Cap en 1688, suivis par des Allemands du nord en 1691. Les langues parlées par ces Européens (Français et Allemands) semblent avoir eu peu d'importance sur le développement du nouvel idiome que va devenir l'afrikaans. Les Britanniques ne s'installent au [PAGE 72] Cap qu'en 1806 et l'anglais n'influence pas la formation initiale de l'afrikaans puisque cette langue a déjà acquis son originalité avant l'arrivée des nouveaux occupants. L'allemand aurait pu avoir une influence car il tenait au même groupe "niederdeutsch" que le parler des Européens.

Pour Smuts, "il n'y a pas trace d'influence directe d'une autre langue sur l'afrikaans et le néerlandais fut la langue dominante adoptée par tous les étrangers"[3]. Lorsque la colonie est établie, les Pays-Bas n'ont pas une langue uniformément écrite ou parlée. Les premiers colons néerlandais parlent différents dialectes. Un autre facteur important est qu'ils sont presque tous illettrés. Ils n'ont pas conscience de l'interaction qui se produit entre leurs différents parlers.

    Ils refusèrent longtemps d'admettre qu'ils parlaient afrikaans ou tout du moins une langue autre que le néerlandais. Ils étaient en effet incapables de faire la distinction entre la langue officielle et le nouvel idiome dont ils étaient responsables[4].

L'afrikaans est la plus jeune des langues germaniques. Comme le néerlandais (ABN), les parlers flamands, le frison et l'anglais, c'est un idiome germanique occidental. Cette langue a son origine dans les dialectes des Pays-Bas historiques du XVIIe siècle. C'est l'évolution de cette langue en un temps record (moins de deux siècles) qui a soulevé un intérêt particulier parmi les philologues et les linguistes. Ce type de record est caractéristique de la formation des parlers créoles[5]. Nous essaierons d'exposer les différentes théories et de dégager celles qui sont les plus admises tant en Afrique du Sud qu'aux Pays-Bas.

L'influence des Hottentots

Theophilus Hahn est le premier à proposer une théorie sur les origines de l'afrikaans[6]. Au cours d'une conférence qu'il fait en 1882, il défend l'hypothèse que le "patois néerlandais" [PAGE 73] est le résultat d'une fusion des dialectes néerlandais et du nord de l'Allemagne, et quoique phonétiquement germanique, est essentiellement un idiome hottentot parce que appris grâce aux nourrices et aux servantes. Le jeune Afrikaner dans sa ferme isolée n'a comme compagnons de jeu que les enfants des serviteurs bastards-hottentots de son père et même le fermier adulte ne peut éviter l'"influence néfaste de ce patois"[7].

Dans son livre sur l'afrikaans, Hesseling discute brièvement du langage hottentot et insiste sur sa difficulté pour les Européens (mots à clics, construction de la phrase)[8].

Edith Raidt, cependant, nous fait remarquer que la Compagnie des Indes interdit aux colons d'apprendre l'idiome hottentot. Elle veut que les Hottentots apprennent leur langue (néerlandais)[9]. Le fondé de pouvoir de la compagnie au Cap, Van Rheede, affirme clairement que les colons doivent parler néerlandais convenablement et non pas utiliser un argot pour se faire comprendre car celui-ci se transformera finalement en langue indépendante.

Van der Merwe insiste sur le fait qu'il n'y a alors pas de discrimination ou distinction entre les races, seulement une différence de civilisation[10].

Les Hottentots apprennent rapidement le néerlandais. Hesseling soutient cependant qu'ils ont pu favoriser le développement de la langue des Boers surtout par la langue des enfants[11]. Du Toit relève même que les enfants des colons acquièrent plus tôt le hottentot que le néerlandais[12]. John Barrow écrit dans son Reizen in de Binneland van het Zuidelijk gedeelte van Afrika in die jaren 1797, que les colons sont tellement habitués à la "langue déformée des Hottentots" qu'ils ne l'utilisent pas seulement pour parler à ceux-ci, mais aussi dans leur conversation entre eux[13]. J.J. Le Roux a soutenu que la construction afrikaans indiquant la possession (pronom-nom + se + nom) a pour origine le hottentot, comme l'utilisation du verbe d'état se tenir debout (Staan)[14]. (Deux formes typiquement germaniques).

Van der Merwe[15] a démontré le peu de valeur de cette théorie et avec Raidt[16] s'accordent à penser que la langue hottentote [PAGE 74] a très peu d'influence sur l'évolution de la langue des Afrikaners, sauf en ce qui concerne le vocabulaire. De nos jours, cette théorie (Theophilus Hahn) n'est plus acceptée, car il semble que le hottentot a également affecté la syntaxe afrikaans.

Hesseling & Valkhoff : Problèmes de créolisation

On a vu dans l'introduction le rôle des esclaves dans le développement de la langue au Cap. Les premiers esclaves sont importés de Madagascar, mais en 1658 un grand nombre arrivent de Guinée (228). Cela paraît peu, mais face à la population européenne qui ne compte encore que 189 âmes dont 91 hommes, cela change la composition ethnique de la colonie[17]. Ces esclaves parlent pour la plupart un créole portugais que l'on dénomme "malais-portugais" ou "indo-portugais".

Pour Marius Valkhoff, un parler créole ne peut apparaître que lorsqu'une petite minorité de planteurs blancs se trouve soudain en contact avec une majorité d'autochtones ou d'esclaves. Ces derniers adaptent la langue européenne de leurs maîtres à leurs propres habitudes linguistiques et commencent à parler une version mutilée et simplifiée que sont les créoles portugais, néerlandais et français[18]. Afin de mieux se faire comprendre, les colons simplifient la grammaire de leur propre langue, suivant ainsi l'exemple de leurs serviteurs et de leurs esclaves.

    En néerlandais : Ik ben, jij bent, hij is.
    En afrikaans : Ek is, jy is, hy is.
    En créole mauricien[19] : Mo alé, to alé, nu alé.

Dans la Winkler Prins encyclopaedie[20] la définition suivante d'une langue créole nous est donnée "Dans le système phonologique d'une langue en voie de créolisation, des changements s'opèrent parce que celle-ci (la langue) s'adapte aux habitudes d'articulation des Indigènes". Les groupes consonantiques [PAGE 75] difficiles sont simplifiés par l'omission des consonnes les plus difficiles à prononcer (ainsi se pour zegt, bo pour boven, kuns pour kunst, etc.), l'insertion de voyelles peut aussi se produire.

Les changements les plus importants s'opèrent cependant au niveau de la morphologie (disparition des inflexions des verbes et de certains temps). La distinction entre singulier et pluriel s'amenuise, les déclinaisons tendant à disparaître.

Ex. : (réduction du pronom relatif néerlandais à wat et waarvan, confusion de De et Het devenant die, etc.). Pour les verbes, la conjugaison tout entière est réduite à l'infinitif présent. Ex. : ("ek gaan" Afrik; Néer : "gaan" infinitif présent néerlandais.)

Le participe passé se restreint aussi : "Verloor" pour "Verloren".

Afin qu'il y ait créole, Hesseling et Valkhoff exigent deux conditions :

    1) Présence de deux peuples aux langues, races et cultures différentes.
    2) Interaction et métissage entre eux.

En 1899, le professeur néerlandais D.C. Hesseling publie un livre intitulé Het Afrikaansch dans lequel il explique le développement de la langue[21] comme résultant d'un choc entre le malais-portugais et le néerlandais. Selon lui c'est cette confrontation puis interaction entre les deux parlers qui permet l'évolution relativement rapide du nouvel idiome. Il considère l'afrikaans comme une langue véhiculaire de communication (lingua franca).

Comme nous l'avons vu, les colons néerlandais connaissaient le malais-portugais, élément indispensable pour toute communication[22]. Une remarque intéressante d'une Mrs Kindersley[23], citée par Hesseling, nous rapporte que :

    Ce qui semble extraordinaire, c'est que les esclaves n'apprennent pas à parler néerlandais mais les Néerlandais parlent leur dialecte que l'on appelle portugais et qui est une corruption de cette langue. [PAGE 76]

Dans Die Brandwag[24], magazine afrikaans, on confirme que le malais-portugais est utilisé dans les fermes. Mentzel[25] mentionne aussi que les habitants chrétiens (européens) peuvent parler malais-portugais, tout en mettant l'accent sur la facilité à apprendre cette langue. A cause du grand nombre d'esclaves, on a pu entendre parler le malais-portugais jusqu'en 1767[26] et la langue semble n'avoir disparu de la colonie du Cap qu'aux environs de 1865[27]. Hesseling insiste sur l'évolution rapide de l'afrikaans résultant de la contiguïté du malais-portugais avec le néerlandais[28]. Pour cet auteur, le néerlandais du Cap ne fut que partiellement créolisé, et l'afrikaans n'est pas un créole mais une langue ayant subi cette altération linguistique.

Hesseling donne plusieurs raisons à cela :

Le néerlandais est la langue officielle de l'administration, des classes dirigeantes et est aussi utilisé par l'Eglise et enseigné dans les écoles.

Il fait une distinction entre les deux formes de néerlandais : le hottentot-néerlandais utilisé par les Hottentots et par les classes les plus pauvres parmi les Européens et un néerlandais-malais-portugais. Pour Hesseling, le malais-portugais est la seule langue étrangère comprise par les Hollandais. Il arrive ainsi à sa théorie de la créolisation partielle du néerlandais donnant naissance à l'afrikaans[29]. Cette thèse annonce la "relexification" (structure grammaticale africaine et lexique néerlandais). Hesseling dresse une liste de mots de vocabulaire montrant de nombreuses correspondances avec le malais-portugais. Cet auteur présente aussi une série de créolismes en afrikaans qui ont été critiqués par de nombreux spécialistes. Van der Merwe[30] relève que certains des mots que Hesseling prétend faire provenir du malais-portugais, s'intègrent à la langue portugaise via le néerlandais. Ex. : "Nooi" (afrik) "Noyba" (créole) "Noiva" (port) : fille. "Piering" afrik "pires" (port) : soucoupe[31]. Hesseling nous dit aussi que les mots "pa" (afrik) "Bapa" (créole) : père, et "ma" (afrik) "emak" (créole) : mère, sont des mots malais. Van der Merwe[32] trouve cela absurde. Il insiste sur le fait que certains des mots indiqués par [PAGE 77] Hesseling comme provenant du créole malais-portugais sont purement néerlandais. Boshoff[33] fait une étude sur ces mots et arrive à la conclusion que tous les mots qui existent en néerlandais avant 1657 doivent être acceptés comme provenant de cette source et non comme empruntés à une autre langue.

La réduction de la déclinaison du nom est un autre phénomène que Hesseling attribue à la créolisation. Van der Merwe a depuis démontré que cette réduction a déjà commencé en néerlandais au XVIIe siècle mais que le processus n'est complètement réalisé qu'au Cap[34]. De même Scholtz nous donne une grande variété d'exemples d'expressions et de constructions typiquement afrikaans ayant leur origine dans les dialectes néérlandais, ce qui évidemment les exclut du malais-portugais. Le redoublement que Hesseling considère comme créole (ainsi, "sing-sing" ) a aussi pour Scholtz une origine dialectale néerlandaise.

Scholtz a démontré que l'utilisation de la forme accusative du pronom au lieu du nominatif ons pour wij se retrouve dans le néerlandais du XVIIe siècle. Dans la première édition (1899) de son ouvrage, Hesseling soutient que la double négation a pour seule origine le malais-portugais mais sa théorie ayant été réfutée par Bosman et Boshoff, il accepte que celle-ci puisse provenir aussi du néerlandais. Scholtz[35] commente aussi la double négation et affirme qu'on la trouve dans de nombreuses pièces de théâtre du XVIIe siècle.

Selon Bosman, la négation afrikaans provient de la langue hottentote (article écrit en 1923 pour la revue De Nieuwe Taal Gids).

Van der Merwe critique aussi Hesseling lorsque celui-ci considère les esclaves comme un groupe homogène alors qu'ils forment un groupement plutôt hétérogène provenant d'Etrême-Orient, de Madagascar, d'Afrique occidentale et orientale[36].

Il estime qu'un petit nombre d'entre eux est originaire d'Extrême-Orient et refuse d'admettre que le malais-portugais ait pu autant influencer le parler des Néerlandais, Hesseling est foncièrement irréaliste de prétendre que des esclaves provenant de régions différentes puissent parler le malais-portugais [PAGE 78] ou qu'ils l'aient appris en arrivant au Cap au lieu du néerlandais. Goens, un des commandants du Cap, interdit aux colons d'utiliser ce mauvais portugais et Bosman de conclure qu'il y a assez de preuves pour affirmer que les colons ne connaissent pas cette langue[37].

Dans les Taalhistoriese Bydraes, Franken insiste sur le fait que le portugais est utilisé comme langue d'échange parmi les esclaves et aussi parmi les Blancs jusqu'à la première moitié du XVIIe siècle[38].

Il fait d'ailleurs une remarque très intéressante lorsqu'il discute les liens entre Hottentots et esclaves. Ils avaient des relations très étroites (probablement parce qu'ils étaient tous deux considérés comme les serviteurs des Blancs)[39].

Mentzel a aussi commenté ce sujet et fait remarquer que les Hottentots intègrent de très nombreux mots du malais-portugais et qu'ils peuvent même le parler[40].

Hesseling pose comme postulat qu'il y a un début de créolisation dans le néerlandais du Cap. Ce processus est entravé par les influences et les contacts des Pays-Bas dans la colonie.

Il est à noter que la plupart des expressions et des mots relevés par Hesseling comme créolismes ont été rejetés par de nombreux linguistes tels que Bosman, Boshoff, Louw et Kloeke; sauf pour les deux premiers, chacun a sa propre théorie, ce qui est d'autant plus intéressant car Marius Valkhoff a repris dans son livre la théorie de la créolisation.

Valkhoff a publié deux livres de grande importance pour la compréhension de l'afrikaans :

    1) Studies in Portuguese & Creole (with special reference to South Africa).
    2) New light on Afrikaans & Malayo-Portuguese.

Pour Valkhoff, les Afrikaners refusent d'accepter la théorie de Hesseling parce que cela réduit l'afrikaans à un créole, ce qu'ils considèrent comme humiliant[41]. Valkhoff le dit expressément et considère que Boshoff, Bosman et Van der Merwe ont rejeté la théorie de Hesseling en partie pour cela. Selon Valkhoff, le portugais est une langue mondiale au XVIle [PAGE 79] siècle et ainsi Jan van Riebeeck, fondateur de la colonie du Cap, "devait avoir une bonne connaissance du portugais littéraire et pouvait certainement parler créole-portugais"[42].

Il donne des exemples afin de prouver que Van Riebeeck pouvait parler malais-portugais :

Ex. : Dans son "Daghregister" Van Riebeeck utilise le mot portugais "corael" qui graduellement devient "crael" et finalement "kraal".[43]

Valkhoff critique Van der Merwe et les auteurs qui n'acceptent pas la théorie du malais-portugais comme ancienne langue mondiale véhiculaire. Pour cet auteur, le portugais était utilisé partout et le créole-portugais servait de langue véhiculaire précisément comme langue de communication[44].

Franken[45] prétend que la langue parlée par les enfants des esclaves n'est rien d'autre qu'un "misérable néerlandais déformé" que, selon Kolbe, les "aias" (nourrices métisses) ont transmis aux enfants européens avec pour résultat que ceux-ci ont appris cette "pitoyable langue".

Selon Valkhoff, les rapports sexuels entre fermiers et esclaves sont un facteur important pour l'évolution de la nouvelle langue, le néerlandais étant appris et sans doute créolisé par les descendants des esclaves importés, leurs pères étant souvent européens[46].

Dans cette théorie, la créolisation partielle du néerlandais du Cap commence très tôt au sein de la communauté métisse dont l'afrikaans est encore la langue maternelle[47]. Bernard Struch[48] note aussi que le néerlandais de cette colonie a été créolisé par les premiers Métis. Tout comme Hesseling, il donne de nombreux exemples de créolisation tels que la réduction des déclinaisons et admet qu'il y a en afrikaans un certain nombre de mots venant du portugais.

Pour Valkhoff[49] :

1) Le créole portugais doit avoir joué un rôle beaucoup plus important dans la transformation du hollandais du Cap que l'opinion des auteurs sud-africains ne veut l'admettre.

2) Si l'on compare cependant l'afrikaans aux langues créoles, il est certain que cet idiome montre certains signes de [PAGE 80] créolisation. Toujours selon cet auteur, cette créolisation partielle commence probablement au sein de la population métisse. La théorie de Valkhoff a été réfutée par Eksteen[50] et Schumacher[51] qui refusent son point de vue sur la créolisation. Dans une étude publiée en 1972, Valkhoff[52] a réfuté le point de vue de J.J. Smith[53] qui défend la théorie de l'afrikaans dialecte-paysan. L'influence du malais-portugais sur l'évolution de l'afrikaans n'est pas acceptée par Franken qui a écrit un article sur les restes du malais-portugais au Cap[54]. Il conclut que l'influence de la langue véhiculaire ne peut avoir été que superficielle ne concernant que le vocabulaire.

Diamétralement opposée à la théorie de Valkhoff est celle de Kloeke[55] qui affirme que le parler des Boers est le résultat de traits dialectaux[56] que l'on peut découvrir dans les anciens idiomes des Pays-Bas. Pour cet auteur, ce sont les dialectes du Sud des Pays-Bas qui ont eu le plus gros impact sur la langue des Afrikaners. Selon les isoglosses, seule la province de Hollande peut être considérée comme le berceau de l'afrikaans, surtout la partie méridionale de celle-ci[57]. Kloeke insiste sur le fait que quoique l'afrikaans tire ses origines des dialectes sud-hollandais, cela ne signifie pas que la majorité des immigrants en soient originaires[58]. Cependant, les gens importants, comme Van Riebeeck et Van der Stel, en proviennent et ont influencé leur compatriotes[59]. Kloeke accepte que les officiels de la Compagnie des Indes aient pu parler malais-portugais[60]. Il confirme que l'afrikaans n'est pas le résultat direct d'un développement régulier des dialectes de la Hollande du Sud[61]. Il admet qu'un mélange de portugais était parlé mais insiste sur le fait que les esclaves formaient un groupe hétérogène. Il refuse l'idée que l'afrikaans est le résultat d'une interférence de dialectes. Pour lui, s'il y eut mélange linguistique, cela ne s'est produit que de façon limitée. Selon Kloeke, l'afrikaans occupe une position intermédiaire vis-à-vis du néerlandais (ABN). Celui-ci est très tôt réduit dans la colonie du Cap au rôle de langue écrite. Sa théorie est fondée sur des correspondances phonétiques et phonologiques entre les dialectes des Pays-Bas historiques et la nouvelle langue[62]. [PAGE 81] Cette théorie ne semble plus acceptée. Scholtz[63] fait aussi une étude des correspondances vocaliques et réfute la théorie de Kloeke sous tous ses aspects.

Kloeke ainsi que Louw ont été dénommés albo-centristes par Valkhoff. En 1948, S.A. Louw publie son Dialekvermenging en Taalontwikkeling. C'est une étude de géographie dialectale. Louw est d'accord avec Kloeke pour reconnaître à l'afrikaans une base dialectale et cet auteur (Louw)[64] relève que l'origine de cette langue se trouve dans le mélange des idiomes sud-hollandais. Selon lui, un processus rapide d'économie de langue et d'élimination s'est produit. Le résultat est un parler présentant une grande uniformité. Pour lui, l'afrikaans est le produit d'une interférence linguistique au XVIIe siècle entre dialectes des Pays-Bas historiques et parlers allemands.

L'afrikaans est-il le résultat d'une évolution spontanée ?

Cette théorie a été défendue par J. Smuts qui considère que ce processus a été accéléré par le mélange des dialectes et l'absence presque complète d'influence conservatrice telle que l'enseignement et la littérature. Surtout, la disparition des déclinaisons en afrikaans peut s'expliquer par les règles d'analogie et de phonétique déjà présentes au XVIIe siècle dans les dialectes néerlandais et allemands. Le "mauvais" néerlandais parlé par les habitants de la colonie qui souvent n'étaient pas originaires des Pays-Bas, n'a fait qu'accentuer la simplification de la langue des colons[65].

Assez proche de la théorie de Smuts, se trouve celle de Van der Merwe qui soutient que l'afrikaans est le produit naturel et spontané d'une évolution du néerlandais du XVIIe siècle. Pour lui, la plupart des constructions, des réductions de déclinaison et de conjugaison ont leur origine dans cette langue des Pays-Bas non encore normalisée.

Si Hesseling et Valkhoff considèrent que le pluriel en s de l'afrikaans provient du malais-portugais, Van der Merwe indique que, quoique les formes plurielles usuelles du néerlandais soient en "e/en", "s" est aussi fréquemment employé.

    dag, dage, dagen : jour; (moyen-néerlandais)
    lied, liede, liederen : chant; [PAGE 82]
    duvel, duvels, duivel : diable;
    vogel, vogels : oiseau[66].

Le mot néerlandais "kinderen" (enfants) apparaît dans le journal tenu par Van Riebeeck; cependant à la fin de son compte rendu cette forme plurielle est remplacée par "kinders", et ce avant 1658[67].

Van der Merwe nous donne aussi de nombreux exemples de prononciation et de structure phonétique de l'afrikaans par rapport à leurs équivalents néerlandais[68]. Les pronoms personnels ont été utilisés sous la forme accusative alors qu'ils étaient sujets d'une proposition : Valkhoff et Hesseling considèrent que l'utilisation de la forme accusative pour le nominatif est un créolisme ayant son origine en malais-portugais[69]. Van der Merwe a cependant montré que cette théorie ne tenait pas, car ces formes existaient déjà en néerlandais du XVIIe siècle[70]. Cet auteur indique aussi que la tendance vers la réduction des formes verbales dans les conjugaisons et la disparition progressive des déclinaisons des noms et adjectifs existent déjà en néerlandais du XVIIe siècle.

Il y a encore en afrikaans des adjectifs comportant des flexions :

    glade, gladde pad : bonne route;
    dood, dooie man : homme mort.

Le néerlandais fait la distinction entre trois genres :

    Masculin : "de man";
    Féminin : "de vrouw";
    Neutre : "het kind".

Ces distinctions ont disparu en afrikaans. On trouve cette réduction des genres en malais-portugais. Van der Merwe indique que cette confusion des genres s'est déjà opérée en moyen [PAGE 83] néerlandais et considère que cette forme de flexion disparaît dans le processus d'évolution de la langue[71].

La réduction des flexions verbales apparaît très vite dans les textes qui nous ont été conservés; on trouve souvent :

    "wij zijn" – "wij ben",
    "hij het" – "hij heeft"[72].

Van der Merwe réfute ainsi les théories de Valkhoff et de Kloeke. Il conclut que l'afrikaans n'est pas apparu soudainement, mais trouve sa source au Cap, étant une continuation et une extension d'un processus déjà engagé dans l'idiome des Pays-Bas du XVIIe siècle.

Les dernières découvertes concernant ce problème des origines de l'afrikaans ont été faites par Edith H. Raidt, qui a fait une conférence remarquée devant les membres de la "South African Academy for Science and Art"[73]; Elle reprend cette communication devant les membres de "l'International Society for Germanic Linguistics and Literature Sciences[74].

Dans ces conférences, Raidt soutient que Valkhoff ayant publié en anglais, sa théorie fut acceptée par bon nombre de spécialistes des langues créoles comme De Camp, Ian Hancock et d'autres dans Pidginization and Creolization of Langages sous la direction de Dell Hymes[75]. Dans cette communication, Raidt démontre que beaucoup de conclusions de Valkhoff sont erronées[76]. Raidt considère que Valkhoff n'est pas un néerlandiciste et qu'il n'est pas au fait des théories sur l'histoire linguistique de l'afrikaans. Quoique Valkhoff ait reconnu que la linguistique n'est pas la politique, il met trop l'accent sur la situation sociale de l'Afrique du Sud et sur le mélange des races[77]. Dans sa définition même de la créolisation, Valkhoff a relevé un côté "racial". En 1966, il définit la créolisation d'une langue comme : "Une forte simplification et une modification d'une langue de culture par une population indigène et aussi par les colons blancs vivant au milieu d'eux."[78]

En 1972, il écrit :

    La créolisation est la rupture (breaking down) d'une langue de culture telle que le néerlandais, le portugais [PAGE 84] ou le français dans les anciens territoires colonisés par ces Etats, peut-être avec la participation (linguistique) des Blancs eux-mêmes. Le résultat d'une telle simplification poussée à l'extrême ne constituant pas une corruption, a généralement donné naissance à une nouvelle langue[79].

Raidt relève aussi que Valkhoff insiste trop sur les côtés sociologiques et historiques et pas assez sur le phénomène proprement linguistique, tout en ignorant le caractère très hétérogène du peuplement du Cap[80].

Avec W.J. Samarin[81], elle considère que Valkhoff n'est pas conséquent avec ses propres affirmations. Raidt reconnaît cependant qu'il y a beaucoup de controverses sur la définition, la nature et la description des pidgins, des créoles et du phénomène de créolisation. Raidt avoue qu'elle n'adhère à aucune des théories sur l'origine de l'afrikaans; il semble que Raidt[82] accepte cependant les définitions de Hoenigswald[83], Weinreich[84] et Samarin[85], qui ne voient pas dans la créolisation un phénomène isolé mais un ensemble de changements quantitatifs se produisant dans la plupart des évolutions linguistiques[86].

Selon Hoenigswald, tout processus d'évolution entraînant un changement linguistique tient de la créolisation, mais ces caractéristiques sont le produit de circonstances historiques particulières créant une différence fondamentale quoique essentiellement quantitative[87]. Selon ces auteurs, on doit considérer la créolisation comme un ensemble de changements linguistiques résultant d'un environnement où s'opère une acquisition massive de vocabulaire allophone, et où l'enseignement est peu développé. Pour Raidt, l'afrikaans s'est éloigné du néerlandais et a acquis une originalité grâce au manque d'instruction que possédaient les colons européens. Raidt refuse la théorie de la créolisation pour ces différentes raisons :

La perte du genre : c'est une caractéristique typique des langues créoles; selon Valkhoff le remplacement de "de" et de "het" par "die" est le résultat d'une influence du créole portugais. Pour Raidt ce n'est qu'une hypothèse non vérifiée. Dès [PAGE 85] 1680, il y a déjà confusion parmi les immigrants européens et les Hottentots sur l'emploi de "de" et de "het"[88]. L'emploi de "die" devient habituel pour les locuteurs du Cap (comme il l'est pour les Néerlandais du XVIIe siècle)[89] et même les Allemands l'utilisent devant les mots masculins et neutres de leur propre langue. Pour Raidt c'est le manque d'instruction qui a définitivement établi "die" comme seul article défini en afrikaans.

La réduction des flexions; cette évolution linguistique a déjà commencé en moyen-néerlandais et pour ce qui est du nom, ce processus est presque terminé en néerlandais du XVIIe siècle. Pour les adjectifs, un système entièrement nouveau prend forme et Valkhoff ne peut trouver de raisons fondées sur la créolisation. Valkhoff y voit une influence de la langue anglaise. Raidt démontre que l'adjectif afrikaans a développé son système de flexions bien avant l'arrivée des Britanniques.

Valkhoff considère aussi le remplacement du pronom wij par ons comme sujet de la première personne du pluriel comme un créolisme[90]. Raidt nous montre que la distinction entre le pronom sujet et le pronom objet existe encore en afrikaans : ek/my, jy/jou, hy/hom. La seconde et troisième personnes du pluriel sont déjà identiques en néerlandais. Seule la première personne du pluriel du pronom personnel peut être considérée comme un créolisme. Il faut cependant noter, comme nous le dit Raidt, que la forme accusative est utilisée comme sujet dans les dialectes zélandais[91].

Dans un autre article, Schumacher[92] montre que ce remplacement de la forme subjective par la forme objective est un vulgarisme typiquement germanique que l'on retrouve en danois vulgaire et dans d'autres langues germaniques. En afrikaans, il n'y a pas de conjugaisons. La perte des flexions s'est opérée simultanément parmi tous les groupes ethniques. Comme les Français (Huguenots), les Allemands et les Danois ne connaissaient pas le créole portugais, on ne peut lui attribuer ce phénomène. Scholtz[93] y voit aussi l'effet du manque d'enseignement.

Les préfixes verbaux indiquent l'aspect et le temps : ces morphèmes typiques des langues créoles, tels que "Ka", "Ha", [PAGE 86] "Lo", "Ka-Ho"[94] remplacent les flexions temporelles des verbes. En afrikaans ces formes verbales n'existent pas; Valkhoff en conclut que l'afrikaans n'est pas une langue créole, car dans cette langue dérivée du néerlandais, le temps et l'aspect sont indiqués au moyen d'auxiliaires typiquement néerlandais et germaniques (comme dans les créoles de l'Océan Indien dont les mêmes morphèmes sont d'origine française).

En ce qui concerne la structure syntaxique des langues créoles, il y a profonde altération par rapport à leur langue d'origine. En afrikaans, l'ordre des mots est resté foncièrement germanique. Des tournures syntaxiques diffèrent légèrement du néerlandais comme la double négation. Selon Pauwels[95], celle-ci tire son origine du créole-portugais.

Raidt[96] conclut que l'afrikaans doit être considéré comme une langue germanique et non pas comme un créole, ce qui n'est pas contradictoire. Selon cet auteur on ne peut pas parler de créolisation même partielle, mais plutôt d'altérations linguistiques dues aux interférences avec les autres idiomes. En cela Raidt rejoint W.J. Samarin[97] qui écrit : "L'hypothèse de Valkhoff nous montre comme nous devons encore apprendre pour mieux comprendre le processus des interférences linguistiques. Il est surprenant que les spécialistes des langues créoles aient virtuellement ignoré cet aspect de leur domaine, quoique les spécialistes du polylinguisme tels qu'Uriel Weinreich et Einar Hauger pour ne mentionner que ceux-ci, ont vu la nécessité d'inclure les pidgins et les créoles dans le champ de leurs recherches".

Aujourd'hui, on peut voir qu'il y a deux grandes écoles pour comprendre les origines de l'afrikaans : celle d'Hesseling et Valkhoff, qui nous disent que l'afrikaans est une langue partiellement créolisée, et celle de Kloeke, Van der Merwe, Scholtz et Raidt qui soutient que l'afrikaans est le résultat normal d'une évolution linguistique. Il est intéressant de noter qu'aucun des protagonistes n'est ou n'était tout à la fois spécialiste du néerlandais, de l'afrikaans et des créoles. On peut donc s'attendre à des partis pris et à des préjugés de part et d'autre. On doit noter avec Valkhoff que les caractéristiques les plus typiques des langues créoles ne se retrouvent pas en [PAGE 87] afrikaans. On ne peut aussi nier le processus naturel de l'évolution linguistique, l'afrikaans étant la dérivation de dialectes du XVIIe siècle. Raidt a reçu un très bon accueil au congrès de Cambridge et de nombreux linguistes qui avaient auparavant accepté la théorie de la créolisation ont approuvé sa communication; les linguistes néerlandais se sont aussi rangés à l'avis de Raidt. Le professeur Edgar Polomé, spécialiste des langues créoles à l'université du Texas, a d'ailleurs déclaré qu'il ne voyait pas de signes de créolisation en afrikaans[98].

Aujourd'hui, l'afrikaans[99] a acquis droit de cité en Afrique du Sud. Largement utilisé au XIXe siècle, l'idiome des Afrikaners n'en était pas moins considéré comme une langue inférieure vis-à-vis du néerlandais. L'afrikaans a été pour la première fois délibérément écrit par Boniface, Bain et Rose dans leur pièce Kaatje, Kekkel-Bek (1834)[100], et ce pour obtenir un effet satirique et comique. Les auteurs n'avaient d'autre but que de dénoncer l'afrikaans. Bien différente est la fondation de la Gemeenskap van Regte Afrikaners qui, en 1875, décide de publier un journal afin de promouvoir par l'écrit cette langue qui n'est encore que parlée. Ces intellectuels de Paarl dans le Boland (environs du Cap), lancent un journal qui convainc les Boers d'être fiers de leur idiome et leur apprend à le transcrire. Consacré par l'écrit et par la traduction des Ecritures dans le nouveau parler, l'afrikaans devient en 1914 langue d'enseignement à la place du néerlandais (AEIN) et en 1925 remplace celui-ci comme langue officielle de l'Union.

En Afrique du Sud aujourd'hui, le néerlandais n'est pas une langue morte. Il est compris par la majorité des Afrikaners comme langue écrite. Il faudra cependant doubler les émissions néerlandaises et flamandes achetées par la South African Broadcasting Corporation[101]. Les petits Sud-Africains doivent lire des textes néerlandais à partir de l'âge de 14 ans. Dans les universités sud-africaines, les départements d'afrikaans enseignent le néerlandais et les auteurs des Pays-Bas et des Flandres sont souvent au programme. Des échanges culturels et universitaires sont constants entre les trois Etats. Il y avait d'ailleurs un traité culturel, aujourd'hui caduc, ratifiant les liens linguistiques entre ces trois pays. De nombreux ouvrages [PAGE 88] sont encore publiés simultanément au Bénélux et en Afrique du Sud. L'Afrikaans est le témoin de la vitalité de la culture néerlandaise en Afrique du Sud. Il est satisfaisant de voir que cette langue fait l'objet de tant d'études, ce qui montre comment les Afrikaners ont transformé l'idiome de leurs ancêtres sans pour autant renier l'héritage hollandais.

Antoine J. BULLIER


[1] Article publié dans Etudes Anglaises que nous reproduisons ici avec l'autorisation de cette revue.

[2] H.J.J.M. Van der Merwe, Afrikaans sy aard en ontwikkeling, Pretoria, Van Schaik, 1972, p.75.

[3] J. Smuts, "Afrikaans its origin and development", Encyclopedia of Southern Africa, London, Frederick Warne, 1961 p. 5.

[4] Van der Merwe, op. cit., 1972, p. 75.

[5] Robert Chaudenson, Lexique du parler créole de la Réunion, Paris, Honoré Champion, t. 2, 1974, pp. 1126 et suiv.

[6] Van der Merwe, ibid., 1972, p. 137.

[7] D.C. Hesseling, Het Afrikaansch, 6e éd., Leiden, N. V Boekhandel en Drukkerij, E. J. Brill, 1923, p. 12.

[8] Theophilus Hahn, On The science of Language and its study with special regard to South Africa, cité dans Van der Merwe, OP. CIT., 1972, p. 21.

[9] E.H. Raidt, Afrikaans en sy Europese Verlede, Kaapstad, Nasou, 1971, p. 98.

[10] H.J.J.M. Van der Merwe. "Die ontstaan van Afrikaans", in Inleiding lot die Taalkunde, Pretoria, Van Schaik, 1963, p. 69.

[11] D.C. Hesseling, ibid.,p. 18.

[12] P.J. Du Toit, Afrikaansche Studies, 2e éd. Gand, Siffer, 1923, p. 120.

[13] G.S. Nienaber, Taalkundige Belangstelling in Afrikaans tot 1900, Johannesburg, Afrikaanse Pers, 1950, p. 9.

[14] J.J. Le Roux, Praatjes oor ons Taal, Kaapstad, Nas. Pers, 1939, p. 7.

[15] H.J.J.M. Van der Merwe, Studierigtings in die Taalkunde, Pretoria, Van Schaik, 1964, ch. VIII.

[16] Edith Raidt, op. cit., 1971, p. 98.

[17] Edith Raidt, op. cit., 1971, p. 96.

[18] Marius, E, Valkhoff, Studies in Portuguese and Creole, Johannesburg, University of the Witwatersrand Press, 1966, pp. 25 et suiv.

[19] F.M. Valkhoff, op. cit., 1966, p. 25.

[20] Winkler Prins Encyclopaedie, Amsterdam-Bruxelles,Elsevier, 1949, Vol. 3, p. 500 (sous le titre "Kreoolse Talen").

[21] Hesseling, op. cit., 2e éd., 1923, p. 9.

[22] D.C. Hesseling, Het Afrikaansch, 2e éd., Leiden, N.V. Boekhandel en Durkkerij, 1923, p. 56, Kindersley, Letters from the lslands of Teneriffe, Brazil, the Cape of Cood Hope and the East Indies, London, Nourse, 1777, p. 62.

[23] Selon Hesseling, les Néerlandais ne comprenaient pas seulement cette langue mais la parlaient. Hesseling, op. cit., 2e éd., 1923, p. 53.

[24] Die Brandwag, 1917, p. 119.

[25] F. O. Mentzel, Vollständige und Zuverläszige Geographische und Topographische Beschreibung des berUhmten und in aller Betrachtung so merkwuüdigen Afrikanischen Vorgebirges der Guten Hofnung, Glogau, Günther, 1787, vol. 1, p. 54.

[26] Hesseling, ibid., p. 57.

[27] Hesseling, ibid., p. 58.

[28] Hesseling, ibid., p. 63.

[29] Hesseling, ibid., p. 59. Dans la seconde édition de son ouvrage (1923), Hesseling relève ce point contre le Dr BosTnan qui sans doute le mécomprit. Pidginization and Creolization of Languages, ed. Hymes Dell, Cambridge, Cambridge University Press, 1977.

[30] Van der Merwe, op. cit., 1972, p. 71 et Hesseling, op. cit., 1923, p. 86.

[31] Hesseling, op. cit., 1923, pp. 95-96.

[32] Van der Merwe, op. cit, 1963, p. 142. A comparer avec les exemples donnés par Hesseling, pp. 82-92.

[33] S. P.E. Boshoff, Volk en Taal van Suid-Afrika, Pretoria, De Bussy, 1921, pp. 52 et suiv.

[34] Van der Merwe, op. cit., 1963, p. 71.

[35] J. du Plessis Scholtz, Afrikaans uit die Vroeë Tyd., Kaapstad,Nasou 1965, p. 247. La forme accusative du pronom comme exemple de créolisme est aussi réfutée par W.W. Schumacher, "A note on Afrikaans and its creolims", Standpunte,105, jr XXVI, no 3, Februar 1973, p. 60.

[36] H.J.J.M. Van der Merwe, Inleiding lot die Taalkunde, Pretoria, Van Schaik, 1963, p. 71; à comparer avec un autre article du même auteur dans Studierigtings in die Taalkunde, Pretoria, Van Schaik, 1964, p. 141.

[37] D. H. Bosman, Oor die ontstaan van Afrikaans, 2e éd., Amsterdam, Swets en Zeitlinger, 1928, pp. 64, 69 et 70.

[38] J.L.M. Franken, Taalhistoriese bijdraes, Amsterdam, Kaapstad, Balkema, 1953, p. 141.

[39] Hesseling, op. cit., 1923, p. 17.

[40] Hesseling, op. cit., 1923, p. 55.

[41] F.M. Valkhoff, Studies in Portuguese and Creole (with special references to South Africa), Johannesburg, University of the Witwatersrand Press, 1966, p. 28.

[42] F.M. Valkhoff, op. cit., 1966, p. 33.

[43] F.M. Valkhoff, op. cit., 1966, p. 160; à comparer avec Van der Merwe, Inleiding lot die Taalkunde, 1963, p. 73.

[44] F.M. Valkhoff, op. cit., 1966, p. 159 et Hesseling, op. cit., 2e éd., 1923, p. 26.

[45] J.L.M. Franken, Taalhistoriese Bydraes Maleise en Portugeese relikte aan die Kaap van Vandag. Amsterdam, Kaapstad Balkema, 1953, p. 17.

[46] F.M. Valkhoff, op. cit., 1966, pp. 207-208. Hesseling releva aussi l'importance des relations sexuelles (Hesseling, op. cit., 1923, p. 43.)

[47] F.M. Valkhoff, op. cit., 1966, pp. 206-207.

[48] Struch Bernard, Note to the Sketch Map of African Language Families in C. Meinhof : Introduction to African Languages, tr. by A. Werner, London, 1915, p. 168.

[49] F.M. Valkhoff, op. cit., 1966, p. 31.

[50] W.W. Schumacher, "A Note on Afrikaans and its Creolisms", Standpunte, 105, Jr. XXVI, no 3, February 1973, p. 60.

[51] L.C. Eksteen"The Diachronics of Afrikaans I", Standpunte, 71, Jr XX, no 5, june 1967, p. 58, 11, Standpunte, 73, jr XXI, no1, october 1967, p. 66.

[52] F.M. Valkhoff, New Lights on Afrikaans and Malayo Portuguese, Louvain, Imprimerie Orientaliste, Peeters, 1972, p.1.

[53] J.J. Smith, Theories about the origins of Afrikaans, Johannesburg, Witwatersrand University Press, 1952, p. 15.

[54] J.L. M. Franken, Taalhistoriese bydraes : Maleise en Portugeese relikte aan die Koap van vandag, Amsterdam, kaapstad, A.A. Balkema, 1953, p.43.

[55] G.G. Kloeke, Herkomst en groei van het Afrikaans, Leiden, Universitaire Pers, Leiden, 1950, pp. 69-72.

[56] Ibid., p. 354.

[57] Ibid., p. 359.

[58] Ibid., pp. 229-288.

[59] Ibid., pp. 289 et 361.

[60] Ibid., p. 362.

[61] Ibid., p. 360.

[62] Kloeke, op. cit., 1950, p. 333.

[63] J. du P. Scholtz, Taalhistoriese Opstelle, Pretoria, Van Schaik, 1963, pp. 249 et 255; voir aussi H.J.J.M. Van der Merwe, Ontstaansteorieë oor Afrikaans, Studierigtings in die Taalkunde, Pretoria, Van Schaik, 1964, pp. 148-149.

[64] S.A. Louw, Dialekmenging en Taalontwikkeling Proewe van Afrikaanse Taalgeographie Kaapstad, Amsterdam, Balkema, 1948.

[65] J. Smuts, "Afrikaans – its Origin and Development" in K. Rosentha Encyclopedia of Southern Africa, London, New York, Fraderick Wame & Co Ltd, 1961, p. 5.

[66] H.J.J.M. Van der Merwe, Inleiding tot die Taalkunde, Pretoria Van Schaik, 1963, p. 75.

[67] Van der Merwe, op. cit., 1963, p. 76.

[68] H.J.J.M. Van der Merwe, Afrikaans sy Aard en Ontwikkeling, 4e éd., Pretoria, Van Schaik, 1968, p. 59. Voir aussi contra, W.W. Schumacher, note suivante.

[69] W.W. Schumacher, "Once more Ons", Standpunte,jr XXVII no 2, no 110, p. 60.

[70] H.J.J.M. Van der Merwe, op. cit., 4e éd., 1963, p. 59; et voir J. du P. Scholz, Afrikaans uit die vroeë Tyd. Kaapstad, Nasou, 1965, p. 247; Van der Merwe, op. cit., 4e éd., 1968, p. 57; Van der Merwe, op. cit., 1963, p. 154.

[71] H.J.J.M. Van der Merwe, Afrikaans sy aard en ontwikkeling, Pretoria, Van Schaik, 1968, p. 60.

[72] Van der Merwe, op. cit., 1968, pp. 59-60.

[73] Edith H. Raidt, Nuwe Aktualiteit van'n ou Polemiek : Referaat bijdie laarvergadering van die Suid-Afrikaans Akademie vir Wetenskap en Kuns Stellenbosch, 26 june 1975, p. 3.

[74] Cambridge, 5e Congrès de l'I.S.G.L.L.S., août 1975.

[75] Dell Hymes et autres, Pidginization and Creolization of Languages Cambridge, Cambridge University Press, 1971.

[76] Edith H. Raidt, Nuwe Aktualiteit van'n ou Polemiek., op. cit., 1975, p. 1. voir aussi Hans den Besten dans sa recension du livre d'Edith Raidt Einführung in Geschichte und Struktur des Afrikaans Journal of Pidgin & Creole Languages 2(1) : 67-92 (1987).

[77] Valkhoff, op. cit., 1966.

[78] Valkhoff, op. cit., 1966, p. 217.

[79] F. Marius Valkhoff, New Light on Afrikaans and Malayo-Portuguese, Louvain, Peeters, 1972, p. 11.

[80] Edith H. Raidt, op. cit., 1975, p. 6.

[81] W.J. Samarin, "Resensie oor Valkhoff se Studies in Protuguese and Creole in Lingua", Amsterdam, 1967, vol. 19, no 1, p. 107.

[82] Edith H. Raidt, op. cit., 1975, no 3, p.18.

[83] Henry Hoenigswald, "Language History and Creole Studies" in Pidginization and Creolization, ed. Dell Hymes, Cambridge, Cambridge University Press, 1971, pp. 473-480.

[84] Uriel Weinreich, Languages in Contact, New York, 1953 Publication for the Linguitic Circle of New York, no 1, 1953.

[85] W.J. Samarin, op. cit., 1967, p. 107.

[86] Edith H. Raidt, op. cit., 1975, p. 5.

[87] Henry Hoenigswald, ibid., 1971, p. 479.

[88] J. du P. Scholtz, Afrikaans-Hollands in die agtiende eeu, Nasou, Kaapstad, 1972, p. 39.

[89] Edith H. Raidt, Nederlandse en Kaapse Spreeklaal in die XWIe en XVIIIe eeu, ed. F.F. Odendael, Taalkuncle'n Lewe, Kaapstad, 1974, p. 98.

[90] Voir contra, W.W. Schumacher, "Once more Ons" Standpunte, 110, Jr XXVII, no 2, December 1973, p. 60.

[91] Edith H. Raidt, op. cit., 1975, p. 10.

[92] W.W. Schumacher, "Aantekeninge. A note on Afrikaans and its creolisms", Standpunte, 105, Jr XXVII, no 3, Februar 1973, p. 60.

[93] J. du P. Scholtz, op. cit., 1972, p. 18.

[94] M.F. Valkhoff, op. cit., 1966, pp. 136-137.

[95] J.L. Pauwels, De expletieve ontkenning niet (t) aan het eindevan de zin in het Zuidnederlands en het Afrikaans (Appendice à Het Dialect van Aarschot en Omstreken), Tongeren, Michiels, 1958, 42 pp.

[96] Edith H. Raidt, "Nuwe Aktualiteit van'n ou Polemiek", Die Suid-Afrikaanse Akademie vir Wetenskap en Kuns, Stellenbosch, jaarvergadering, 26 June 1975, p. 3.

[97] W.J. Samarin, "Resensie oor Valkhoff se Studies in Portuguese & Creole" in Lingua, Amsterdam, 1967, vol. 19, no 1, p. 108.

[98] J. Steyn, "Tot Russe sien Afrikaans in nuwe lig", Rapport, 24 Augustus 1975, p. 13.

[99] M. De Villiers, Nederlands en Afrikaans, Kaapstad, Nasou, 1969, pp. 16-22.

[100] On trouve le texte de "Kaatje Kekkelbek" in G.S. Nienaber, Afrikaans uit die vroeër Jare, Johannesburg, Voortrekkerpers Beperk, 1971, no 26, pp. 67-75.

[101] Jaap Boekkoi, The Star, 8 May 1975, p. 48.