© Peuples Noirs Peuples Africains no. 55/56/57/58 (1987) 191-197



Y A-T-IL UN ÂGE POUR LA DÉMOCRATIE

Laurent Goblot

Le point de départ de l'élaboration critique est la conscience de ce qui est réellement, c'est-à-dire un « connais-toi toi-même », en tant que produit du processus historique qui s'est déroulé jusqu'ici, et qui a laissé en toi-même une infinité de traces reçues sans bénéfice d'inventaire. C'est un tel inventaire qu'il faut faire, pour commencer.

Gramsci
(Cahiers de prison)

Le chef de l'État camerounais a dit, le 20 février 1987, à la radio camerounaise :

« Je suis persuadé que dans leur grande majorité, intuitivement, les Camerounais ont compris; mais, il faut encore expliquer ce qu'est la liberté, ce qu'est la démocratie; il faut encore mettre des jalons, des garde-fous, parce que la démocratie, par exemple dans les vieux pays – la Grande-Bretagne, la France, les États-Unis –, c'est l'aboutissement d'un long processus qui a pris des siècles, un long processus de maturation, d'éducation. Et nous ne pouvons pas demander ou attendre que, du jour au lendemain, ils comprennent qu'il soit un peuple entièrement mûr pour la démocratie. C'est pourquoi nous avons pris des précautions pour mettre, comme je l'ai dit, des garde-fous, pour éviter des dérapages, et pour que, lorsque le peuple camerounais aura atteint la pleine maturité dans l'exercice de la démocratie et des libertés, il puisse en ce moment-là, en jouir pleinement. »

Un ami camerounais, scandalisé par le propos, « croyant entendre Botha », me demande de dire ce que j'en pense; le discours me paraît au contraire situé dans une « ancienne » colonie française d'Afrique noire, après l'indépendance. Nous vivons dans des sociétés sans faire l'inventaire de ce que nous en recevons.

Dans le « speak white » de Paul Biya, on doit montrer du doigt ces clichés de « vieux pays », la Grande-Bretagne, la France... et les Etats-Unis ? qui jouiraient, à la suite « d'un long processus », des libertés démocratiques. Les jeunes nations seraient invitées à vieillir[1] pour [PAGE 192] pouvoir prétendre à jouir des avantages de la démocratie, pendant que les vieilles nations en bénéficieraient.

La « vieille » nation comme la France – pour reprendre l'expression du président Biya – a une démocratie très bizarre; on y agite beaucoup, ces temps-ci, la question des ressources dont les partis politiques se servent lors des élections, cela remplit les pages des journaux. Mais personne ne souffle mot de l'argent que l'U.D.F, le R.P.R. et le Parti Socialiste ont reçu (pour la campagne de 1981) d'un chef d'État d'une « jeune nation » africaine, qui jouit par ailleurs de la faculté d'organiser un attentat impunément dans un département de cette « vieille » nation. Ni dans la jeune, ni dans la vieille nation, il n'y a nulle part de « jalons », ni de « garde-fous », on ne prend aucune « précautions », comme l'assure encore le président Biya, « pour éviter des dérapages ».

Quant à notre revue, « Peuples Noirs, Peuples Africains », elle sait à quoi il faut s'attendre de la « vieille » nation comme de la « jeune ».

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Il arrive que des historiens remarquent ce qu'on pense, de l'extérieur, de leur discipline. « L'histoire des hommes est la longue succession de synonymes d'un vocable, qu'y contredire est un devoir », écrivait René Char, cité par Jacques Donte. Ce dernier assure : « Nous voyons l'histoire avec les yeux qu'elle nous a donné »; l'effet de l'histoire serait celui de lunettes colorées qui estompent les objets de la même couleur et exaltent les objets de la couleur complémentaire.

Si l'illusion de la découverte a gauchi toutes nos notions de temps, et si nous décidons d'en faire l'inventaire, une comparaison avec les notions arabes du temps pourrait nous y aider. Les Arabes semblent avoir précédé, à l'Est, au Sud, à l'Ouest, les Européens, sans pour autant prétendre « découvrir » les autres. Parce qu'ils n'étaient pas aiguillonnés par les rivalités inter-européennes, ils n'ont pas été conduits à surestimer l'histoire aux dépens de la géographie. Jacques Berque est souvent amené à comparer les notions d'espace et de temps, chez les Arabes et en Occident :

« Les nationalités et les cultures tricontinentales, toutes accédaient, bon gré mal gré, à l'histoire nouvelle. Mais c'était une histoire unilatérale et rigide : une histoire-tétanos. C'est la résurrection de la diversité qui, de proche en proche, a rétabli ou rétablira les peuples colonisés [PAGE 193] et nous-mêmes » (« L'islam au temps du monde », éd. Simbad, 1984, p. 67); Jacques Berque pense que l'islam a des perspectives unitaires qui échapperaient à l'Occident : « Et si l'islam se caractérisait, jusque dans sa démarche la plus quotidienne, par l'unitarisme de la saisie, l'ubiquité du fondamental, l'aptitude à la recollection ? » (p. 255). « Il n'en reste pas moins que frappante est l'insistance que le Coran déploie à embrasser sous l'enseigne du « Kawni » (la galaxie) plusieurs modes du réel dans leur instance réciproque. Cette indivision préalable, en quelque sorte, ou plutôt préalable et finale, comme on l'a déjà dit, suscite naturellement l'intérêt des lecteurs modernes » (p. 259).

Jacques Berque exprime la crainte d'un rejet de l'histoire : « Ce serait un grand malheur que la réaction des peuples contre l'usurpation en arrivât du combat pour l'histoire au rejet de l'histoire (p. 126, Dépossession du Monde, Le Seuil, 1964). Et, p. 93 de ce second ouvrage, il souligne comment l'histoire coloniale cesse d'avoir une vertu critique : « Ces attitudes (coloniales) que nous avons peine aujourd'hui à imaginer, bien qu'elles aient été celles de témoins et d'acteurs encore pour la plupart vivants, créaient des relations dont nous commençons à peine à démêler la complexité (et, à « vivants », il ajoute en note : « Il y a là un cas bien intéressant d'oubli thérapeutique »). Et Jacques Berque perçoit bien la géographie comme un antidote contre l'histoire coloniale : « La nationalisation du Canal de Suez, en 1956, se considérait elle-même comme une rétorsion politique et comme une récupération économique. Mais plus profondément, elle signifiait une réappropriation de l'homme oriental à sa géographie. On n'en avait pas vue d'aussi radicale depuis sans doute des milliers d'années. » « La décolonisation est la grande cure didactique de la Terre » (p. 201).

Le plus grand reproche que l'on puisse faire à ce propos au président Paul Biya serait de réactualiser, dans un contexte camerounais, des notions européennes datant du XIXe siècle, dont les Européens eux-mêmes voient combien elles sont éculées. A l'inverse de Jacques Berque, je crois que l'islam n'est pas en cause dans les différences catégorisant les conceptions d'histoire et de géographie, que les Arabes ou les « occidentaux » manifestent. Mais une illusion, que les Européens ont entretenue dans trois siècles et dans trois régions différentes – au XVIe siècle, en Amérique; au XVIIIe, dans le Pacifique; au XIXe siècle, à l'intérieur de l'Afrique – qu'un continent habité peut « découvrir » un autre continent habité, a encouragé des perceptions spatiales et temporelles chez les Européens (sans qu'ils en aient encore conscience). Aujourd'hui, les descendants « découvreurs » voient moins bien que les descendants des gens « découverts » en quoi cette illusion rend les premiers autistes et sourds. Le discours du président Paul Biya milite pour une bonne continuation de l'ethnocentrisme européen, basé sur une histoire surestimée.

Hérodote a très bien décrit comment s'effectuaient les contacts et les échanges, lorsque cette illusion n'avait pas encore été transmise de génération en génération :

Les Carthaginois débarquent leurs marchandises, les disposent le long [PAGE 194] du rivage et remontent dans leurs navires où ils font de la fumée. Les indigènes apercevant la fumée viennent vers la mer, placent en face des marchandises de l'or et s'écartent. Les Carthaginois redescendent, regardent et, si l'or leur paraît équivaloir aux marchandises, ils le ramassent et s'en vont; s'il n'est pas équivalent, ils remontent sur leurs navires et attendent. Les indigènes reviennent et ajoutent de l'or jusqu'à ce qu'ils soient contents. Ni les uns, ni les autres ne font d'injustice; les uns ne touchent pas à l'or jusqu'à ce qu'il leur semble équivaloir aux marchandises; les autres ne touchant pas aux marchandises avant que l'or ait été enlevé.

Pour bien matérialiser la nécessité de cet inventaire que réclame Gramsci, on pourrait collecter depuis cinq cents ans des textes de ce genre, qui matérialiseraient bien les manipulations européennes des notions de temps et d'espace. Americo Vespucci induit dès le début des notions étranges :

    « De nombreuses peuplades vinrent nous voir, et étaient émerveillées de nos figures et de notre blancheur. Ils nous demandèrent d'où nous venions; nous leur donnions à entendre que nous venions du ciel, et que nous allions voir le monde. »

Mais l'illusion n'en est encore qu'à son début. Thévet garde une vue objective du globe, sur le plan géographique :

« Donc, nous habitons cet hémisphère supérieur de notre point de vue, nous voyons une partie du ciel qui nous est propre et particulière. Les autres habitent l'hémisphère que nous appelons inférieur, mais qui, pour eux, est supérieur, voient l'autre partie du ciel qui leur est affectée. Il y a même raison et analogie de l'un à l'autre. Mais notez bien que ces deux hémisphères ont un seul et même centre dans la Terre. »

Étienne Marchand (Voyage autour du Monde, Paris, An VIII, 3 vol.) montre bien comment la rivalité inter-européenne amène à la surestimation de l'histoire, au profit ici des Britanniques et aux dépens des Espagnols; et il voit un « ridicule » qui reste encore actuel :

« Les Anglais, qui voudraient que l'honneur de toutes les découvertes maritimes appartînt exclusivement à la nation britannique, prétendent que leur amiral est le premier navigateur qui ait fait le tour du monde : « Le lecteur est prié d'observer que Sir Francis Drake est le premier navigateur qui ait fait le tour du globe : car, quoique Magellan en ait conçu le projet le premier, cependant, comme il fut tué malheureusement dans une des Philippines, il ne peut être proprement compté dans le nombre des circum-navigateurs. » On serait tenté de croire qu'elle est l'invention d'un ennemi du nom anglois, lequel aurait voulu attacher le ridicule à cette prétention. »

On aime lire, chez Étienne Marchand, le témoignage de son aptitude à se mettre à la place des autres, pour cette raison qu'il n'est pas encore asservi aux manières des historiens.

« Je n'ai été occupé que de l'intérêt des Européens; et cependant, [PAGE 195] on ne peut oublier que la venue des hommes des continents fut, dans tous les temps, une calamité pour les insulaires du Grand Océan. La nature prévoyante avoit pourvu à tous leurs besoins. Pourquoi faut-il que la découverte que firent les Européens de ces nombreuses peuplades, séparées jusqu'alors du reste du monde, au lieu d'être pour elles un bienfait du ciel, n'ait été qu'un signe de sa colère ? Nos visites n'auront-elles servi qu'à leur laisser des souvenirs amers, et à leur préparer de longues privations ? » (Tome 2, p. 367, examen des découvertes de Roggeween).

C'est un mérite trop rare, celui d'Étienne Marchand, qui montre souvent du doigt l'ethnocentrisme des Européens manipulés par l'illusion de la découverte : « Bauman, qui commandoit le « Tienhoven », fidèle à l'usage des Européens qui voudroient imposer le nom de leur pays aux quatre parties du monde, ne manqua pas d'attacher celui de « Belgique Australe » à sa grande île, qu'il croyait être une découverte : ainsi, en un peu plus d'un siècle, le Maidendand de Hawkins reçut six noms différents. Mais celui d'Iles Malouines par les François, celui d'Iles Falkland chez les Anglois, ne doivent pas faire oublier le nom qui fut imposé à ces îles par le Chevalier Hawkins ».

Mais revenons aux conceptions de temps et d'espace, telles que l'illusion de la découverte les façonne dans l'esprit européen (et dont le président Biya donne ici un nouvel avatar, mot sanscrit, auquel le français donne une signification péjorative : nouvelle incarnation, le plus souvent en mal). Un contemporain d'Étienne Marchand, De Gerando, en donnant des conseils aux voyageurs, en témoigne inconsciemment :

« Le voyageur philosophe qui navigue vers les extrémités de la terre, traverse en effet la suite des âges; il voyage dans la passé; chaque pas qu'il fait est un siècle qu'il franchit. Ces îles inconnues auxquelles il atteint, sont pour lui le berceau de la société humaine ». « Nous pourrons établir de sûres expériences sur l'origine et la génération des idées, sur la formation et les progrès du langage, sur l'enchaînement qui existe entre ces deux ordres d'opérations ». « Lors même que nous ne verrions pas dans les peuples sauvages un utile objet d'instructions pour nous-mêmes, ne serait-ce pas assez des nobles sentiments de la philanthropie, pour nous faire attacher une haute importance aux communications que nous pouvons former avec eux ? Quel plus touchant dessein que celui de rétablir ainsi les augustes nœuds de la société universelle, que de retrouver ces anciens parents séparés par un long exil du reste de la famille commune, que de leur tendre la main pour s'élever à un état plus heureux ! »

Cette illusion répétée de « voyager dans le passé », qui a laissé des traces durables dans les perceptions européennes, a été communiquée à de nombreux politiciens du calibre de M. Paul Biya. Il n'est pas interdit de trouver une saveur ironique dans les textes de cette époque, et l'expression « encore », répétée par le Père Laval, missionnaire aux Iles Gambier entre 1834 et 1871, rend bien compte de l'insertion qu'un individu croit pouvoir assigner dans le temps à tout un peuple : [PAGE 196]

« Leur case à coucher n'avait, pour les défendre du vent et de la pluie, qu'une palissade à claire-voie, toujours en roseaux. C'étaient les prêtres et l'évêque lui-même, qui lavaient et raccommodaient leur linge et leurs vêtements ! Les indigènes ne savaient rien faire encore de tout cela; et puis, quoiqu'initiés déjà plus ou moins dans la religion chrétienne, sous le rapport du dogme et des premiers principes de morale, ils n'étaient point encore parfaits, et la reconnaissance n'était point encore assez comprise d'eux. C'était beaucoup pour eux, de nous donner la nourriture, comme ils l'avaient sous la main. D'ailleurs, ce peuple était encore si neuf ! Que l'on en juge par les anecdotes suivantes. Lorsqu'ils n'étaient encore que catéchumènes et même aux premiers mois de leur baptême, grâce à la manie qu'ont les protestants, de laisser à l'arbitre d'un chacun sa croyance et de faire autant de ministres qu'il y a de prosélytes, nos Mangaréviens cherchaient à singer les missionnaires, voire l'évêque, jusque dans les fonctions du Saint Sacrifice de la Messe. »

Je partage d'autant moins la comparaison du propos du chef de l'État camerounais avec la pensée de son collègue sud-africain, que mon ami m'indiquait, qu'elle nous permet, grâce à l'utilité de ce repoussoir, d'échapper à l'examen de l'influence de l'Europe elle-même, dans ce discours.

Pour remuer une dernière fois les mots du président Paul Biya, comment décider du moment auquel un peuple « aura atteint la pleine maturité dans l'exercice de la démocratie et des libertés » ? Y aura-t-il des examens de passage ? Y a-t-il des peuples-enfants – autre notion de temps introduite par cette idée de « maturité ».

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Je n'ai certainement pas fait un inventaire complet de ces perceptions ethnocentriques européennes, à propos de l'histoire. Il me faut ajouter à l'examen de l'illusion de la découverte un « jalon », pour parler comme le président Biya, qui permet de constater les progrès que cette idée a fait depuis le XVIIIe siècle.

A cause de l'histoire enseignée, qui renforce l'idée que nous avons de la découverte – ici de l'Amérique – les Européens d'aujourd'hui, à propos d'un fait comparable, sont moins enclins que ceux d'il y a deux cents ans à la mettre en question et, en ce sens, cette histoire les a rendus plus ethnocentriques. Voici comment un voyageur européen exprimait des doutes, à propos de l'usage du tabac en Orient

« Le calumé, ou longue pipe, dont se servent les Indiens du Nord est orné d'ouvrages de différentes couleurs, et enjolivé de diverses plumes. Les Orientaux ont aussi de semblables pipes, qu'ils présentent par politesse, aux personnes qui leur rendent visite; ils y joignent du café et autres boissons : ainsi, ces peuples s'accordent avec les Indiens [PAGE 197] à cet égard, sans s'être jamais connus, et nonobstant l'intervalle immense qui les sépare, cet usage vient donc d'une origine commune, quelle qu'éloignée qu'elle soit de notre âge.

« Il n'est pas certain que l'usage du tabac ait été introduit en Europe par la découverte de l'Amérique; car il était très ancien en Orient, avant qu'on mis le pied sur le Nouveau Monde. On peut seulement assurer que, depuis la découverte de l'Amérique, l'usage du tabac est devenu général, tel qu'on le voit à présent, et que c'est depuis ce temps-là qu'on en a varié l'usage, et la différente manière de le fabriquer. » (« Mémoires philosophiques, historiques et physiques » de Don Ulloa, Paris, 1787).

L'observation de Don Ulloa sur le tabac motive un scepticisme à propos de la priorité européenne, et espagnole, dans la « découverte » du Nouveau Monde. A peu près à la même date, Prumeau de Pommegorge (Voyage au Nigrité, 1789), rapporte que, aussi bien au Sénégal que dans le sud de la France, on nommait le maïs « bled de Turquie », ou « bled turc ». Négrier, P. de Pommegorge ne tire rien de son observation.

Par contre, aujourd'hui, un très grand linguiste peut observer que les six premiers chiffres du turc et du ketchua se ressemblent. Il peut transmettre les observations à un conclave international de linguistique. Mais la force de l'illusion de la découverte a été tellement démultipliée par l'école et les médias, que, plutôt que de croire à un contact précolombien, dans une région où se rencontrent pourtant d'autres signes de ce contact, on préférera croire que le turc, originaire d'Asie, a laissé des traces chez les Amérindiens, – qui ont peuplé l'Amérique à partir de l'Asie dans la préhistoire. C'est ce qui est arrivé à Georges Dumézil[2].

Toutes les régions « découvertes » par les Européens sont dans ce cas : la « préhistoire » qui se termine chez les Européens il y a cinq mille ans, prend fin chez les peuples « découverts », en Nouvelle-Calédonie par exemple, lorsque le capitaine Cook y pose le pied.

Laurent Goblot


[1] L'illusion de découvrir d'autres continents a induit l'Europe à prétendre qu'il y a un « vieux » monde et un « nouveau », des « jeunes nations » et des « vieilles », et à privilégier l'histoire aux dépens de la géographie. Cette dernière peut, en résistant aux historiens du continent européen, redonner conscience de l'unité du monde qui a le même âge dans chacune de ses parties – tout en établissant quelques contradictions dans les « âges » de quelques nations colonisatrices « jeunes », comme les États-Unis ou la Belgique, alors que le royaume zaïrois est, dans ce paradoxe historique, une « vieille » nation colonisée. La géographie pourrait nous aider assez souvent à revoir les mensonges que l'histoire nous suggère.

[2] Alors que, pourtant, les six premiers chiffres suggèrent, par leur suite, des traces d'un contact récent, qui génère une base, un « basic » dans une langue.