© Peuples Noirs Peuples Africains no. 55/56/57/58 (1987) 91-98



ARCHEVÊCHE DE GAROUA

Christian TUMI

Garoua, le 24 août 1987

LE CERCLE CLAVIS
B.P. 6698
Yaoundé

    Chers frères en Jésus-Christ[1].

Je viens vous remercier pour votre document no 00068/CL/87 dans lequel je vois avec beaucoup de satisfaction l'amour que vous avez pour l'Eglise de Dieu qui est au Cameroun. Et comme vous l'avez souligné, l'amour pour l'Église et pour la patrie ne sont pas contradictoires. Un chrétien fidèle est aussi un vrai patriote. Notre pays est un don de Dieu, un don précieux, où s'opère aussi notre salut éternel. Tout ce que Dieu a fait est bon. Vivre en vrai chrétien, c'est contribuer en même temps au progrès équilibré de notre société. Vivre fidèlement notre engagement baptismal, c'est contribuer à l'intégration nationale, à cette paix nécessaire aussi pour le progrès de la mission de l'Église dans notre pays.

Comme vous le dites assez bien dans votre document, l'Église qui est au Cameroun a un rôle très important à jouer en ce qui concerne l'unité nationale. Nos célébrations dominicales essayent justement de vivre déjà cette espérance nationale. Cette unité, que chacun de nous souhaite pour notre pays, est vécue déjà dans beaucoup de nos communautés chrétiennes. Je suis toujours frappé, chaque fois que je participe à une célébration eucharistique dans la Cathédrale Notre-Dame-de-Victoire à Yaoundé, de rencontrer une communauté priante faite de chrétiens camerounais venus de tous les coins du pays, priant ensemble comme une seule famille.

C'est vrai. Elle est une famille de Dieu. Dans cette communauté à la prière, qui dans cette assemblée pense à son ethnie d'origine ? Qui pense à son ethnie d'origine quand ensemble une telle communauté récite le « Notre Père » ? Par cette prière, tous ensemble, toutes ethnies confondues, nous nous reconnaissons frères et s#339;urs du même père qui est aux cieux. Chaque dimanche, dans nos assemblées de fidèles, nous essayons de vivre, ou bien nous commençons à vivre cette réalité eschatologique : le rassemblement de tous les fidèles du Christ autour de Lui pour toute éternité.

Par cette prière, nous invitons tous les chrétiens à vivre en frères, à se pardonner comme le Seigneur nous pardonne. Il nous pardonne tous nos péchés, toutes nos fautes, toutes nos faiblesses. Oui, le christianisme [PAGE 92] est une religion qui se résume en deux mots : AMOUR et PARDON. Dieu est amour. C'est pourquoi il nous pardonne. Il est pardon. C'est pourquoi il nous aime. Qui aime pardonne, qui pardonne aime. « L'amour couvre toutes les fautes (Pr 10,12). Qui n'aime pas et ne pardonne pas à son prochain, quelque soit la faute du prochain, ne peut dire le « Notre Père », ne peut appeler Dieu, Père.

C'est pourquoi, chers frères, nous voulons que dans notre Église nous vivions en frères, que nous vivions cette unité que le Christ souhaite pour ceux qui croient en Lui. Qu'il n'y ait entre nous « ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme; car tous nous ne faisons qu'un dans le Christ-Jésus, nous sommes tous fils de Dieu par la foi au Christ-Jésus. » (Gal 3,26-28). Nous pouvons situer cette parole de l'Apôtre Paul dans notre contexte en ces termes : qu'il n'y ait plus entre nous, chrétiens du Cameroun, ni bamiléké ni bassa, ni béti ni toupouri, ni anglophone ni francophone, ni évêque bassa ni évêque bamiléké. Car « nous, à plusieurs, nous ne formons qu'un seul corps dans le Christ étant chacun pour sa part membres les uns des autres » (Rom 12,5).

Est-ce que les auteurs de la littérature qui circule dans notre pays depuis quelques mois tiennent compte de cette exigence absolue de l'Évangile ? Si nous vivons cette exigence évangélique, nous contribuons du fait même à cette exigence évangélique, nous contribuons du fait même à l'intégration nationale, à l'unité de notre pays. Faire le contraire c'est ne pas aimer son pays, c'est aller contre ce qui est pour le bien de sa patrie, c'est être pour la division et contre l'unité nationale, c'est être ennemi de son pays !

Je reviens maintenant, chers frères, sur deux idées de votre document qui m'ont beaucoup touché :

(1) la division que vous constatez dans la hiérarchie de notre Église.

(2) La mise en cause du Représentant du Saint-Siège au Cameroun.

Ad primum : sans aller plus loin, j'affirme ici d'une manière catégorique que, depuis que je suis membre du Collège des évêques du Cameroun, il y a de cela huit ans, j'ai constaté avec joie, que les délibérations au sein de nos rencontres épiscopales, se sont déroulées jusqu'aujourd'hui dans un esprit fraternel et cordial. Cela n'exclut pas le fait que nous puissions avoir des opinions différents, et quelquefois qu'il puisse se glisser entre l'un ou l'autre des malentendus. Mais, la fraternité chrétienne a toujours fini par triompher. Et chacun de nous, comme vous le dites vous-même, est très conscient de l'importance de l'unité profonde qui doit exister entre nous, vos évêques. C'est une exigence de la mission que le Christ et son Église nous confient. Nous sommes bien pénétrés de cette parole de Jésus, adressée à tous les chrétiens, mais surtout aux apôtres et à leurs successeurs que nous sommes : « Aimez-vous les uns et les autres. A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à cet amour que vous aurez les uns pour les autres, » (Jean 13,34-35). Malheur à nous, mes frères, si nous n'annonçons pas et n'essayons pas de mettre en pratique ce conseil évangélique (cf. 1 Co. 9,16). La fidélité à notre vocation d'évêque l'exige rigoureusement. [PAGE 93]

Vous avez soulevé le problème de la crise qui a sévi dans notre Église en 1971. La presse étrangère et locale, continuent de parler de deux prélats camerounais qui, depuis ces événements douloureux, ne s'entendaient plus ! Qu'y a-t-il de vrai dans cette affirmation ? Savez-vous que lorsque Mgr Albert Ndongmo revint au pays, à l'occasion de la visite du Pape dans notre pays en 1985, le premier d'entre nous qu'il a visité fut Mgr Jean Zoa ? Voilà les deux prélats dont on disait qu'ils ne pouvaient pas même s'approcher l'un de l'autre ! Comme je vous ai dit plus haut, comment nous, évêques, qui prêchons l'amour et le pardon pourrions-nous vivre sans nous pardonner, sans nous aimer en vérité ? J'ai parlé avec l'un et l'autre et puis vous dire qu'aucun des deux n'a rien contre l'autre. Ils me l'ont dit, et je les crois.

Puis-je vous dire, en toute franchise, mes frères, que je ne suis pas aussi sûr que vous de la culpabilité de cet autre prélat, ni de l'innocence du premier camerounais de l'époque.

Revenons à l'actualité. Le prélat en question a désormais retrouvé sa liberté, cette liberté qui est le droit de tout camerounais. Mais droit et devoir vont de pair. Et le prélat en est bien conscient. C'est pourquoi je serais bien étonné qu'il soit l'inspirateur des idées exprimées dans le document non-signé auquel vous faites allusion, avec une semblante approbation, et que j'ai tu attentivement. Que vaut un document qui n'est pas signé ? Sa crédibilité peut au moins être mise en doute. Or, vous me donnez l'impression d'accepter a priori comme authentique ce qui est dit dans le document ! Mes frères, j'estime qu'un document qui met en cause la réputation d'un citoyen doit être analysé avec une objectivité rigoureuse. Une affirmation qui tend à détruire la réputation d'un frère ne doit pas être accepté comme vraie, tant que sa véracité n'a pu être établie. L'amour chrétien exige cette démarche.

L'auteur du document en question nous dit bien que ce qu'il écrit lui-même est la substance de ce qu'a dit le prélat. On peut donc se demander si ce qu'écrit l'auteur du document correspond fidèlement à ce que le prélat aurait pu dire. Nous ne connaissons pas ce que le prélat a dit réellement. Car une substance n'est connue que par ses accidents. Les accidents ici ce sont les paroles du prélat qui sont l'expression de sa pensée, de ses idées. Pour connaître la substance de ce qu'il a pu dire, il faut connaître exactement l'expression verbale qu'il a pu employer. Il faut écouter le prélat lui-même. Ce que dit l'auteur de ce document peut être une interprétation intéressée. Il est intéressant de constater que quelques idées fausses qui se trouvent dans le Memorandum de Douala se trouvent précisément en substance dans le document de Paris. Êtes-vous sûrs, mes frères, que Mgr Albert Ndongmo est réellement consultant de Sa Sainteté le Pape ?

Pour ma part mes frères, je n'attache aucune importance à ce document du 28 mars 1987[2]. [PAGE 94]

Quant à nous, les évêques du pays, nous sommes reconnaissant à Monsieur Paul Biya, Président de la République du Cameroun, d'avoir bien voulu exaucer la demande de la Conférence Épiscopale du Cameroun et du Saint-Siège. Et Mgr Albert Ndongmo, plus que n'importe qui parmi nous, est très reconnaissant pour ce geste de clémence du Chef de l'Etat. Le Président lui-même sait bien que Mgr Albert Mdongmo, comme nous tous, d'ailleurs, est favorable à sa politique d'unité et d'intégration nationale. Ils ont eu l'occasion tous les deux d'échanger des idées à ce sujet.

Ad secundum : Vous semblez d'accord avec quelques membres du clergé de l'Archidiocèse de Douala pour prendre à parti le Représentant du Saint-Siège dans notre pays. J'espère qu'avant d'avoir exprimé votre jugement, vous avez d'abord pris soin d'écouter le Pro-nonce ! Je ne puis croire que vous avez porté un jugement aussi sévère sur la personne du Pro-nonce, sans avoir pu l'écouter au préalable ! Si vous ne l'avez pas écouté, j'aurais aimé que votre style, en parlant de lui, soit au conditionnel. Il y a trop de faits qui vous échappent, pour que vous puissiez émettre un jugement objectif sur cette affaire. Je vous suggère donc, dans de telles situations qui touchent le Représentant du Saint-Père dans notre pays et sa réputation, d'aller parler franchement avec lui. Je le connais. Il reçoit tout le monde sans distinction d'ethnie, ni de religion, ni de classe. Les petits et les grands vont chez lui. Comme son Chef, le Pape, il a conscience d'être ici le serviteur des serviteurs de Dieu qui se trouvent chez nous. Je peux vous assurer que cet homme de Dieu aime de tout son c#339;ur notre Église et notre pays.

Ensuite, je puis vous dire, qu'en toute honnêteté, notre Conférence Épiscopale, face à la Nonciature et au Pro-nonce, se sent bel et bien respectée. J'estime que le Représentant actuel du Saint-Siège, Mgr Donato Squicciarini, est un pasteur très discret, vis-à-vis de chacun de nous. Il représente le Saint-Père au Cameroun. Il représente le Pasteur, l'évêque de l'Église Universelle. C'est pourquoi, comme le Saint-Père, il doit proposer, il doit encourager, et quelquefois même, pourquoi pas, blâmer pour corriger en frère ses confrères dans l'épiscopat du Cameroun. Même lorsqu'il fait une proposition, en tant que représentant du Pape, il sait bien que la décision finale revient à chaque évêque dans son diocèse. Il sait bien qu'un évêque dans son diocèse ce le vicaire du Christ. L'autorité de l'évêque dans son diocèse est d'origine divine, donc ordinaire et immédiate (cf. Christus Dominus no 11 et 12).

Ce représentant du Pape chez nous a fait, et continue de faire, beaucoup de visites pastorales dans nos diocèses à travers le pays. Et il le fait toujours à l'invitation explicite de l'Ordinaire du lieu, de l'évêque du diocèse.

Je suis bien placé, mes frères, pour vous assurer que le Pro-nonce actuel, cmme d'ailleurs ses prédécesseurs, n'a jamais participé à notre Conférence Épiscopale sans qu'il y soit invité. La tradition de notre Conférence veut qu'il vienne à la séance d'ouverture solennelle de nos [PAGE 95] assises. Ensuite, il se retire de lui-même discrètement; sauf s'il est prié de rester encore avec nous pour un temps plus long.

Le Pro-nonce, dans un pays comme le nôtre, est le lien vivant entre nous, évêques et le Saint-Siège. Mais malgré cela, chaque évêque a le droit de s'adresser directement au Saint-Père.

Tout cela pour vous dire que les relations entre les représentants du Pape et nous, vos humbles pasteurs et serviteurs, sont très bonnes, fraternelles et cordiales. Il n'entrave en rien notre action en tant que premiers responsables de nos diocèses respectifs. Au contraire, nous sommes toujours heureux de l'avoir parmi nous dans nos diocèses, de la même façon que nous aimerions que celui qu'il représente nous rende visite. L'un ou l'autre, parmi nous, peut avoir des problèmes avec le Pro-nonce ou directement avec le Saint-Siège; en tirer la conclusion que c'est toute l'Église du Cameroun qui a un problème avec le Pro-nonce ou le Saint-Siège serait généraliser trop vite. Le Saint-Siège, par son représentant, peut intervenir dans mon diocèse pour corriger, pour attirer mon attention sur ce qui ne va pas. Et le Saint-Siège peut aller jusqu'à nommer quelqu'un d'autre pour me remplacer, si le bien des âmes l'exige. C'est arrivé ailleurs. Le représentant du Saint-Siège a autorité pour attirer l'attention de chacun de nous sur ce qui ne va pas dans son diocèse.

Pour terminer cette partie de ma lettre, j'aimerais citer ici, pour votre information, quelques passages du MOTU PROPRIO : « SOLLICITUDO OMNIUM ECCLESIARUM », du Pape Paul VI, qui régissent les fonctions du représentant du Saint-Siège dans un pays comme le nôtre :

    « ... les fonctions du représentant pontifical doivent apporter aide d'abord aux évêques, aux prêtres, aux religieux et religieuses et à tous les fidèles, qui trouvent en lui soutien et protection en tant qu'il représente une autorité supérieure instituée pour le bien de tous ».

Sa mission ne se superpose ni se substitue à l'autorité épiscopale et elle n'entrave pas celle-ci mais au contraire, elle la protège, la soutient et l'affermit par ses conseils fraternels et prudents. Car le Saint-Siège a toujours eu à c#339;ur, dans le gouvernement de l'Église, de suivre ce principe de notre prédécesseur, saint Grégoire le Grand : « Si la juridiction de chaque évêque n'est pas respectée, de quoi s'agit-il, sinon d'un ordre qui se trouve perturbé par Nous-même, qui devrions maintenir l'ordre de l'Église. »

« Cependant, le rôle de Nos représentants ne se limite nullement à l'exercice auprès de chaque Église de cette fonction, aussi importante soit-elle. En effet, en vertu du droit inhérent à Notre fonction spirituelle et à la faveur, au long des siècles, de certains événements historiques, nous avons envoyé nos représentants auprès des autorités suprêmes des États où l'Église catholique est en quelque sorte enracinée ou du moins présente d'une certaine manière.

« On ne peut certes nier que les fins poursuivies par l'Église et par les États ne soient pas du même ordre et que l'Église et l'État, chacun dans son ordre, soient des sociétés parfaites, ayant par conséquent leurs [PAGE 96] droits, leurs moyens et leurs lois propres, chacun dans le domaine de sa compétence. Mais l'un et l'autre doivent aussi se préoccuper du bien de celui qui est leur sujet commun : l'homme appelé par Dieu au salut éternel et se trouvant en ce monde pour, avec l'aide de la grâce divine, gagner ce salut par son action, laquelle tend également à sa propre prospérité et à celle de ses semblables, dans une vie commune pacifique.

« Ce dialogue, d'une part, vise à sauvegarder la liberté d'action de l'Église pour qu'elle puisse s'acquitter comme il convient de la tâche que Dieu lui a confiée; d'autre part, il assure les dirigeants de la cité des desseins pacifiques et féconds de l'Église et il permet que celle assistance précieuse qu'elle offre par ses énergies spirituelles, son organisation et ses institutions puisse servir au bien commun de la société. Le dialogue, reposant sur une confiance mutuelle et instauré par ces rapports officiels entre l'une et l'autre société que la pratique du droit international et les traditions ont consacrés, aboutit à n'en pas douter à des résolutions très utiles et à des réalisations profitables à tous. »

Quelques normes

« La fonction principale et propre du représentant pontifical est de le rendre de plus en plus fermes et efficaces les liens d'unité qui existent entre le Siège Apostolique et les Églises locales.

« En outre, il devient comme l'interprète de la sollicitude du Pontife romain pour le bien de la nation auprès de laquelle il exerce sa charge de représentant pontifical et il doit avoir particulièrement à cœur les questions qui touchent la paix, le progrès et la solidarité des peuples, de manière que soit favorisé le bien spirituel, moral et économique de toute la famille humaine.

« Le rôle du représentant pontifical consiste aussi à sauvegarder auprès des autorités de l'État dans lequel il exerce sa charge, tout ce qui touche à la mission de l'Église et du Siège apostolique, en agissant en liaison avec les évêques.

« Pour la nomination des évêques... il appartient au représentant pontifical, selon la coutume, d'instruire la procédure informative sur ceux appelés à être promus et de dresser la liste des candidats ou de présenter aux Dicastères compétents de la Curie romaine tous les noms des candidats capables, avec un rapport détaillé, en exprimant devant Dieu son propre avis et son vœu en faveur de celui des candidats qui lui paraît le plus apte.

« Pour remplir cette fonction, le représentant pontifical : (a) demandera librement et avec les précautions voulues leur avis à des ecclésiastiques et aussi à des laïcs prudents qui lui paraissent le plus capables de fournir les informations utiles et dignes de foi, en les tenant au secret, ainsi que le requièrent manifestement l'honneur et de ceux qui sont consultés et de ceux au sujet desquels on consulte, ainsi que la nature même de cette consultation; (b) il agira selon les règles fixées par le Siège apostolique pour la proposition au ministère épiscopal dans l'Eglise et il tiendra compte de la compétence de la Conférence Épiscopale; (c) il respectera les privilèges légitimes concédés ou requis par [PAGE 97] le droit; ainsi que toute manière spéciale de procéder approuvée par le Siège apostolique.

« Pour ce qui est des rapports avec les évêques auxquels, de droit divin, est confié en chaque diocèse le soin des âmes, le représentant Pontifical doit, tout en laissant aux évêques le plein exercice de leur juridiction, les aider, les conseiller et leur apporter volontiers et généreusement ses services, dans un esprit de collaboration fraternelle.

« Pour ce qui est des rapports avec les Conférences Épiscopales, le représentant pontifical se souviendra que leur tâche et leur fonction sont d'une souveraine importance et que, par conséquent, il doit avoir avec elles des relations étroites et leur fournir toute l'aide nécessaire. Bien que de droit il ne soit pas membre de la Conférence, il assistera à la première réunion de chaque assemblée plénière, restant sauf le droit de participer à d'autres assemblées de la Conférence si les évêques eux-mêmes l'y invitent ou s'il en a reçu mandat exprès du Siège apostolique; de plus, on lui communiquera en temps utile, les questions à traiter dans la Session et on lui enverra un exemplaire des actes, pour qu'il en soit tenu bien au courant et les transmette au siège apostolique.

« Sont entretenus régulièrement par le représentant pontifical, les rapports existant entre l'Eglise et l'Etat; il a la mission propre et particulière d'agir au nom et avec l'autorité du Siège apostolique : (a) pour promouvoir et entretenir les relations entre le Siège apostolique et le gouvernement de la nation auprès de laquelle il exerce sa législation; (b) pour traiter les questions concernant les relations entre l'Église et l'État; (c) enfin, pour traiter particulièrement des stipulations dites « Modus vivendi », des traités et des concordats, ainsi que des conventions portant sur des affaires relevant du droit public. » (« Sollicitudo Omnium Ecclesiarum » 6 juillet 1969 – No 1 543).

Vous pouvez obtenir ce document dans son intégrité en français, à la Nonciature apostolique de Yaoundé. Je vous conseille fortement de le faire. Un deuxième document non moins important que vous pouvez obtenir de la même Nonciature, est celui qui concerne : « La Désignation des Nouveaux Évêques dans l'Église Latine. » Notre Église au Cameroun est latine.

Chers frères, je dois vous remercier une fois de plus pour vos suggestions. Par ailleurs, j'aimerais attirer votre attention sur ce qui se fait déjà par la conférence Épiscopale du Cameroun dans ce sens :

– Ces dernières années, nous avons essayé de nous rencontrer, par province ecclésiastique, évêques, prêtres et laïcs, pour regarder d'un œil critique, notre vie chrétienne, à la lumière de la mission que Jésus a confiée à l'Église, à tout baptisé et en particulier aux baptisés qui habitent notre pays. Il y a aussi au niveau national, à Yaoundé, des rencontres de nos représentants diocésains avec les mêmes objectifs : travailler ensemble pour l'évangélisation de l'ensemble de notre pays.

– Votre deuxième suggestion a aussi attiré mon attention. Vous n'êtes pas sans savoir que nous avons déjà au moins trois mouvements de jeunes chrétiens dans le pays : le Cop-monde (Copains du monde) dont [PAGE 98] le but est d'aider les enfants à vivre chrétiennement en équipe dans leur milieu d'enfants, de les aider à être des apôtres dans leur milieu. Voilà 20 ans que le Cop-monde existe au Cameroun. Et dans ce mouvement de l'enfance, il y a des aumôniers diocésains et nationaux. Le mouvement a même son petit journal. La JAC existe aussi dans notre Église depuis des années. Elle essaie de faire travailler nos jeunes paysans chrétiens dans l'esprit de l'enseignement social de l'Eglise. Chaque année, les représentants de la JAC de tous les diocèses se retrouvent pour examiner leur vie de paysans chrétiens à la lumière de l'Évangélique; la JEC regroupe nos étudiants chrétiens à travers le pays. Comme vous le savez, cette année, il y a de cela un mois, un camp de la JEC, groupant même les jeunes venus d'autres pays, a été organisé avec succès à Maroua. Tous les représentants de nos quatre provinces se trouvaient là, en frères chrétiens avec une même mission chrétienne.

Nous encourageons plus qu'auparavant, la création d'un mouvement d'intellectuels chrétiens de notre Église. Ici et là on voit des initiatives timides qui se manifestent, à Douala, à Yaoundé, à N'Gaoundéré, à Garoua... Nous espérons que ces initiatives louables ne deviendront pas régionalistes, exclusives ou même ethniques. Que votre Cercle, par exemple, soit un forum de réflexion pour les intellectuels chrétiens qui se trouvent à Yaoundé, quelque soit leurs origines ethniques... Yaoundé, plus que toute autre ville dans notre pays, rassemble les Camerounais de toute origine. Voilà peut être la vocation de CLAVIS, en ce moment de l'histoire de l'Église de Dieu qui est au Cameroun.

Enfin nous espérons que d'ici peu, nous aurons en circulation le journal national catholique : « L'Effort camerounais ».

Chers frères, remercions le Seigneur pour le bien qui se fait dans notre Église, « une Église en pleine croissance », et bénie toujours par le « zèle ardent des équipes de missionnaires », disait le Pape Jean-Paul II aux évêques du Cameroun le 13 Août 1985.

Notre Église a besoin surtout de témoins de l'Évangile. Cherchons la vérité. Elle seule nous libérera. Elle est le Christ lui-même (Jn 14,6). Soyons les dispensateurs intègres de la parole de vérité (2 Ti. 2,15). Ne détournons pas d'oreille de la vérité (2 Ti. 4,4). Que l'Église de Dieu qui est au Cameroun soit une colonne de la vérité (1 Ti. 3,15). Et surtout, mes frères en Jésus-Christ, ne condamnons jamais sans connaître la vérité (Dan 13,48). Si nous aimons cette Église et notre pays, vivons dans l'unité d'esprit, dans le lien de la paix (Ep 4,2-6), marchons du même pas (Phi 3,16), pratiquons un amour fraternel sincère (1 Pi. 1,22); « dites une parole constructive et bienveillante » (Ep 4,29) et Dieu de vérité et de paix sera toujours avec vous.

Christian TUMI[3]
Archevêque de Garoua


[1] Réponse à la diatribe précédente. (N.D.L.R.).

[2] Il s'agit en effet d'un faux. Cf. plus loin la réfutation catégorique de Mgr Ndongmo. (N.D.L.R.).

[3] Mgr Tumi est « d'ethnie bamiléké ». (N.D.L.R.).