© Peuples Noirs Peuples Africains no. 53/54 (1986) 72-93



LE MARIAGE TRADITIONNEL EN AFRIQUE
ET SES MULTIPLES FACETTES FASCINANTES
[*]

Mme Muriel IJERE

En Afrique, la finalité du mariage est la procréation. Le rôle de la femme est primordial au sein du couple vu que la famille étendue attend d'elle un nombre élevé d'enfants. L'enfant dans la pensée traditionnelle africaine est une bénédiction; il représente également un lien entre les vivants et les ancêtres. L'Africain ne peut concevoir un mariage sans enfant; il considère une telle union absurde. Par conséquent, les enfants occupent une place très importante dans la société. Ils sont la source d'une grande fierté et très souvent, le prestige d'une famille est déterminé par le nombre d'enfants.

La capacité de reproduction de la femme est une assurance majeure de permanence et de stabilité dans le mariage, dans la famille et dans le clan. La pire calamité qui puisse frapper une femme africaine est l'incapacité de mettre des enfants au monde. Une femme stérile n'a aucune place dans la société traditionnelle africaine. De plus, « en cas de stérilité du couple, la tradition veut que seule la femme soit tenue pour responsable »[1]. La stérilité est un des thèmes qui est souvent traité dans les romans africains. Très souvent, elle cause le divorce. [PAGE 73]

Un autre problème qui peut frapper un couple est l'incapacité d'obtenir un héritier mâle. Dans la société traditionnelle où règne le patriarcat, les fils héritent des biens de leur père. Si un homme meurt sans fils, ses frères s'approprient ses biens et sa femme et ses filles vivent dans la misère.

Cette étude vise trois buts :

    1. Examiner certains types de mariages caractéristiques de l'Afrique.
    2. Attirer l'attention sur certains problèmes sociaux existant dans une communauté traditionnelle africaine.
    3. Présenter les solutions que la société a trouvées et qui sont souvent tolérées uniquement sur ce vaste et fascinant continent africain.

Mariage entre enfants

Ce type de mariage est le plus commun dans la société traditionnelle africaine. Les parents choisissent dans la majorité des cas des partenaires pour leurs enfants avant qu'ils atteignent l'adolescence :

    De riches parents choisissent souvent une femme (ou des femmes) pour un fils quand il est encore un garçon; lui, probablement, n'ayant pas la moindre connaissance de la transaction[2].

Un homme qui est intéressé à épouser plus tard une petite fille qui vient de naître, jette un morceau de bois devant la case de sa mère, en exprimant son désir d'en faire son épouse. Quand il obtient l'assentiment de la famille du bébé, il se met à rendre différents services à ses futurs beaux-parents : divers travaux sur la ferme, ramassage de bois mort pour faire la cuisine, réparation des toits des cases ainsi que coupage des noix de palme.

Les services que le jeune homme rend à ses beaux-parents font partie de la dot et durent jusqu'au mariage. La jeune fille est mise au courant de la situation qu'elle est en âge de comprendre. Elle grandit avec l'idée [PAGE 74] de ce mariage et elle est habituée à la présence du jeune homme dans sa concession, il est rare qu'elle décide de s'opposer à la décision de ses parents mais si elle le fait, le jeune homme ne peut se faire rembourser que le montant de la dot. Il ne peut être dédommagé pour tous les services rendus au cours des années.

Dans les romans africains illustrant ce type de mariage, nous constatons que la fille est promise en mariage dans la plupart des cas dès sa naissance. Dans certains cas, la fille est mariée très tôt et elle est même élevée par sa belle-famille. Cette pratique devient alors un système d'éducation :

    Ce que nous appelons mariage d'impubères est en réalité un système éducatif assez judicieux. Pour éviter les heurts susceptibles de naître entre deux individualités formées par des méthodes diverses, pour éviter les difficultés d'adaptation entre deux époux héritiers tous deux des habitudes et des tics de leur propre famille, certaines coutumes prévoyaient la remise de la fiancée à sa belle-famille dès l'âge de huit ou neuf ans. Élevée par sa belle-mère, elle s'habituait tout doucement à son nouveau milieu et l'on pouvait espérer qu'elle aurait les mêmes goûts que son mari[3].

Dans le roman d'Onuora Nzekwu, Blade among the Boys, qui se déroule vers 1930, la famille Ikenga et la famille Ibe décident de consolider leur amitié en unissant leurs enfants, Patrick et Nkiru. Cette décision est prise à la naissance de la petite fille. Quand il grandit. Patrick lkenga s'oppose à ce mariage parce qu'il estime que les temps ont changé :

    Les jours où les parents cherchaient des partenaires pour leurs jeunes enfants étaient passés et il n'allait pas adhérer à une coutume démodée. Maintenant, c'était parce qu'il croyait que le mariage [PAGE 75] de deux personnes forcées à s'unir se terminerait en désastre[4].

Toutefois, quand Patrick fait la connaissance de la jeune fille, il est attiré par elle. Mais il est renvoyé au séminaire où il étudie quand Nkiru rend sa grossesse publique.

Dans le roman The Concubine d'Elechi Amadi, Ekwueme est âgé d'environ cinq ans quand il est fiancé à Ahurole qui n'a que huit jours. Un tel mariage est prestigieux pour les parents de la jeune fille :

    Tous les mariages n'étaient pas contractés de cette façon mais quand ils l'étaient, ils flattaient les parents de la fille. Évidemment seulement les bébés de sexe féminin nés de parents attirant la confiance pouvaient être fiancés de cette façon[5].

Quand il devient adulte, Ekwueme fait face à un dilemme qui le déchire. Il aime une jeune veuve, Ihuoma, mais ses parents insistent pour qu'il épouse Ahurole. Ihuoma, plus mûre et ayant plus d'expérience de la vie qu'Ekwueme, le pousse à remplir ses obligations vis-à-vis de la jeune fille. De plus, elle est sensible au fait que dans la société traditionnelle Ibo, des fiançailles datant de l'enfance ne peuvent être brisées sans créer un scandale. Le mariage est un échec parce qu'Ahurole, souffrant de ne pas être aimée de son mari, lui fait avaler une potion qui le rend fou.

Chukwuemeka Ike, dans Toads for Supper, décrit également un mariage arrangé entre deux enfants. Le principal protagoniste, Amadi, est fiancé à Nwakaego dès la naissance de cette dernière. Amadi découvre petit à petit des aspects du caractère de sa fiancée qui ne lui plaisent pas. Quand il étudie à l'université, il tombe amoureux d'une jeune étudiante yorouba nommée Aduke. Son père, sur son lit de mort, arrache d'Amadi la promesse d'épouser Nwakaego. Il fait part de cette obligation à Aduke dans une lettre et la jeune fille doit être hospitalisée d'urgence dans une clinique psychiatrique. [PAGE 76]

Un cas extrême de mariage entre enfants est décrit dans le roman de Francis Bebey. Le Fils d'Agatha Moudio. Ce mariage est projeté même avant la naissance de la partenaire. Le père de Mbenda, Edimo, choisit une femme pour son fils sur son lit de mort. Il demande à son meilleur ami, Tanga, de lui donner sa fille quand il en reçoit une :

    C'est ainsi qu'à l'âge de six ans, je me trouvais déjà fiancé, bien que ma future femme ne fût même pas encore conçue dans le ventre de sa mère[6].

Trois ans plus tard, la troisième épouse de Tanga met au monde une fille appelée Fanny. Mbenda, tout comme Ekwueme, est déchiré : il doit respecter les dernières volontés de son père mais il aime Agatha, le devoir tout d'abord l'emporte, il épouse Fanny, puis Agatha, ne tenant pas compte de l'opposition de sa mère. Mbenda est complètement déprimé quand il découvre qu'il a été doublement trompé : Fanny lui a été infidèle avec un de ses amis et Agatha a fait de même avec un amant blanc. Il doit accepter la paternité d'une fille et d'un garçon qui ne sont pas les siens.

Nous constatons que le mariage entre enfants étudié dans quatre romans différents aboutit à une conclusion négative. Il mène à la ruine d'une vocation, à la folie ou à l'infidélité de l'épouse. Malgré tout, dans Le Vieux Nègre et la Médaille de Ferdinand Oyono, le mariage entre Meka et Kelara, promise par son père quand elle était encore un bébé, apporte une note un peu plus optimiste à ce type de mariage.

Le mariage entre deux femmes

Ce type de mariage répond également à un problème social. Il peut être contracté par une femme mariée, célibataire ou veuve qui n'a pas d'enfant ou qui cherche un héritier mâle. Cette institution existe sous différentes formes dans toute l'Afrique : [PAGE 77]

    Dans certaines régions d'Afrique, la coutume permet à une femme d'accomplir un rite de mariage avec une autre femme et de cette façon de prendre la place d'un père vis-à-vis de la progéniture de « l'épouse » (le père biologique étant un amant chois)[7].

Evans Pritchard mentionne que cette coutume est pratiquée au Soudan et M.J. Herskovits fait état de son existence en 1938 dans l'actuelle République du Bénin. Des sociologues citent ce type de mariage chez les Kambas du Kenya, les Lovedous du Transvaal, les Simbitis de la Tanzanie, les Zoulous du Natal, les Vendas et les Basoutos de l'Afrique du Sud. Au Nigeria, cette coutume est pratiquée dans beaucoup de régions parmi des communautés très diverses : les Ibos, les Yoroubas, les ljaws, les Igalas, les Opobos, les Yagbas et les Akokas pour n'en mentionner que quelques-unes.

Nous pouvons diviser ce genre de mariage en deux catégories. Dans le premier groupe, nous trouvons une forme de mariage entre deux femmes qui ne peut être spécifiquement appelée une union entre deux femmes. Dans ce cas, une femme mariée fournit la dot mais le mariage est contracté au nom d'un homme : le mari, un fils ou un parent. Cette femme n'a légalement aucun droit sur l'épouse ou ses enfants et ces derniers n'héritent pas d'elle mais de leur père. Une femme peut également fournir la dot pour un fils ou un parent afin de l'obliger à se marier. Une mère n'a pas besoin du consentement de son fils pour agir de la sorte. Dans certaines communautés, par exemple à Onitsha qui se situe dans l'État d'Anambra, au Nigeria, les enfants issus d'un tel mariage ont les mêmes droits légaux que les enfants venant d'une épouse que d'homme a choisie lui-même :

Dans le deuxième groupe de mariage entre deux femmes, une femme célibataire, souvent stérile, épouse une autre femme pour elle même : [PAGE 78]

    Une femme stérile achète pour elle-même, non pour son mari, une épouse qu'elle « assigne » à un ami, généralement choisi par « l'épouse » elle-même[8].

Généralement, une telle femme jouit d'une situation aisée. Elle est en mesure de fonder une concession qui lui appartient et elle peut même devenir polygame. F.D. Lugard cite dans son livre intitulé Political Memoranda une femme qui a payé la dot de dix-neuf « épouses ». Une veuve peut également contracter un tel mariage quand elle désire un nombre plus élevé d'enfants ou qu'elle aimerait obtenir un enfant mâle. Mokwugo Okoye, dans la nouvelle « The Chairman in Council » tirée du recueil intitulé Sketchs in the Sun, cite le cas d'une veuve, Madame Nwugo, qui veut verser elle-même une dot pour fournir une épouse à son mari décédé, avec l'espoir qu'il obtiendra de cette manière un héritier mâle.

Les Africains aiment les familles nombreuses et estiment que le mariage n'a un sens que s'il est béni par un nombre élevé d'enfants. Une femme mariée qui n'a pas d'enfant est mal considérée socialement parce qu'elle n'a pas rempli sa fonction primordiale. La femme requiert l'aide de sa parenté pour choisir une partenaire venant préférablement de sa propre lignée. Elle jette de préférence son dévolu sur une cousine, si possible du côté de sa mère, parce que des liens de sang rapprochés assurent une bonne entente des deux côtés. La femme estime que cette parente représente un prolongement d'elle-même. De cette façon, les enfants sont automatiquement des membres de sa famille.

Une femme qui contracte un tel mariage est légalement considérée comme « le mari » de la femme dont elle a payé la dot. Elle remplit les fonctions de chef de famille comme un homme. Elle choisit même parfois un amant pour sa « femme » avec l'assentiment de cette dernière. L'homme qui est reconnu comme le père des enfants doit promettre de ne jamais faire valoir ses droits et il doit également prêter serment de ne jamais s'enfuir avec la femme et les enfants. [PAGE 79]

Les enfants provenant d'un mariage de cette espèce considèrent la femme jouant un rôle de chef de famille comme leur mère véritable tandis qu'ils appellent leur mère biologique par son prénom ou un nom amical. Si cette femme est célibataire, les enfants portent son nom.

Le mariage entre deux femmes n'est jamais conclu en secret et il est entrepris avec une idée de durabilité. Traditionnellement, « l'épouse » n'est pas autorisée à changer souvent de partenaire mais en réalité, elle jouit d'une grande liberté, pour autant qu'elle enrichisse la famille de ses enfants.

Peu de romans africains mentionnent cette coutume. Dans les cas que nous avons rencontrés, il s'agit du type de mariage dans lequel la femme donne « son épouse » à son mari. La femme qui ne peut avoir d'enfant contrôle de la sorte la nouvelle épouse de son mari et cette dernière doit lui obéir totalement. Dans la majorité des cas, un mariage contracté de la sorte a plus de succès qu'un autre arrangé seulement par le mari, très souvent sans aucune consultation avec la première épouse :

    L'épouse qui paie pour une autre épouse a invariablement un plus grand degré de contrôle sur le choix de la nouvelle épouse qu'elle aurait pu avoir si le mari lui-même avait fourni la dot. Elle a aussi un plus grand degré de contrôle sur la nouvelle épouse dans les affaires domestiques ou autres[9].

Flora Nwapa, dans Idu, mentionne brièvement cette coutume. Idu ne peut avoir d'enfant et les autres femmes de la communauté se moquent d'elle, présumant qu'elle ne veut pas que son mari se remarie. Elles la réprimandent en lui jetant au visage : « Une femme comme toi devrait épouser beaucoup de femmes pour son mari[10] ».

Dans un autre livre du même auteur, Efuru a pensé épouser une femme pour son mari Adizua quand elle avait de la peine à avoir un enfant. Mais après la naissance de sa fille Ogonim, elle ne forme plus de tels projets. [PAGE 80]

Le lévirat et l'héritage d'une veuve

Ce type de mariage est un arrangement au moyen duquel une veuve est mariée à un membre de la famille de son mari décédé sans passer par toutes les cérémonies requises par un mariage coutumier dans le système traditionnel. Les personnes qui peuvent se charger des femmes d'un homme décédé sont les fils nés d'autres épouses, les frères et d'autres parents proches :

    A sa mort, tous les droits d'un homme sur sa femme et sur ses enfants encore jeunes sont transmis à son plus jeune frère ou, s'il n'en a pas, à un cousin agnatique. C'est un cas simple de la succession fraternelle : transmission de certains droits in personam et in rem sur certaines personnes (la femme et les enfants), ces droits étant évidemment assortis de devoirs et d'obligations[11].

Le lévirat était pratiqué par les anciens Hébreux. En Afrique, nous le rencontrons au Soudan, chez les Zoulous du Natal, les Bédouins d'Arabie et d'Afrique du Nord et beaucoup d'autres peuples. Cette coutume est très répandue sur tout le continent africain.

Nous aimerions établir une distinction entre le lévirat et l'héritage d'une veuve. Dans les deux cas, une veuve cet donnée à un parent de son mari décédé mais il existe une grande différence entre les deux systèmes quand nous considérons les droits légaux des enfants issus de l'union. Dans la société traditionnelle, les Africains estiment qu'une femme doit mettre au monde des enfants tant que sa constitution physique le lui permet. Ils considèrent comme un sacrilège le fait de laisser une veuve sans mari quand elle n'a pas encore atteint la ménopause. Un parent du mari décédé a par conséquent le devoir de cohabiter avec la veuve et de continuer là où le mari a dû arrêter. Dans le lévirat, les enfants issus de la nouvelle union sont considérés comme les enfants du défunt tandis que dans l'héritage d'une veuve, le nouveau mari prend complètement la place du mari décédé et les enfants [PAGE 81] nés de cette nouvelle union lui appartiennent légalement :

    Dans l'héritage d'une veuve, la veuve est également prise à charge par un des agnats du mari décédé, généralement un frère ou un fils. Mais elle devient ensuite la femme de son nouvel époux et tous les enfants qu'elle met au monde par la suite sont à lui[12].

Dans le cas de l'héritage d'une veuve, les enfants nés avant la nouvelle union héritent de leur père décédé et les nouveaux enfants hériteront de leur propre père quand il ne sera plus. Dans le lévirat, tous les enfants héritent du père décédé parce qu'ils se situent tous sur le même plan, même ceux qui ne lui appartiennent pas biologiquement :

    De cette façon tous les enfants qui sont nés de la femme par la suite sont socialement considérés comme les fils non du nouveau mari mais de l'homme décédé ( ... ) pour des raisons sociales l'homme décédé est leur père et ils tracent leur descendance de lui et héritent de lui et non de leur père physique[13].

La coutume du lévirat permet à un homme marié qui meurt sans enfant ou sans le fils tant désiré pour lui succéder et continuer sa lignée, d'acquérir un fils d'une manière posthume.

Ces deux types de mariage assurent la protection de la veuve. Les enfants jouissent également d'un soutien financier et moral en la personne de leur nouveau père. La veuve, traditionnellement est poussée à se remarier dans la famille de son mari afin de garder les membres de la famille étendue unis entre eux.

Dans les romans africains, les auteurs ne font aucune distinction entre le lévirat et l'héritage d'une veuve. Nous allons également les considérer sur le même plan dans notre étude de différentes œuvres littéraires. [PAGE 82]

Nous constatons en lisant divers romans africains que ce type d'union est très répandu sur le continent africain. Les femmes qui sont confrontées avec ce problème semblent avoir la liberté de s'y fléchir ou de refuser de prendre un nouveau mari. Quand elles sont trop âgées, comme elles ne peuvent plus procréer, elles jouissent encore d'une plus grande liberté et ne sont généralement par forcées de se remarier.

Dans la société traditionnelle, les femmes doivent très souvent se plier devant cette coutume. Assistan, dans Les Bouts de bois de Dieu de Sembène Ousmane, est remise à Bakayoko après le décès de son mari, le père de ce dernier. Elle est complètement soumise à son nouveau mari et se conduit envers lui selon les normes traditionnelles dans tous les aspects de leur vie en commun. Le père de Nnu Ego, Agbadi, dans The Joys of Motherhood de Buchi Emecheta, possède sept femmes. Il en a épousé trois lui-même et a hérité des quatre autres à la mort de différents membres de sa famille. Buchi Emecheta mentionne qu'après son deuxième enterrement :

    Ses veuves seraient libres d'être héritées par n'importe quels membres de la famille d'Agbadi qui se sentiraient attirés vers elles. Quelques-unes des femmes très âgées n'auraient pas besoin d'essayer de s'adapter à de nouveaux maris parce que leurs fils et filles prendraient soin d'elle[14].

Mais beaucoup de femmes se dressent contre cette coutume qui dispose d'elles parfois contre leur gré. Elles ne désirent pas forcément se remarier et préfèrent vivre toutes seules dans la maison de leur mari défunt. A la mort de son mari Adiewere, Idu refuse d'épouser son beau-frère Ishiodu. La belle-mère d'Efuru refuse de devenir la femme de son beau-frère quand elle perd son mari. Elle préfère finir ses jours dans la maison de son mari. Salimata, dans Les Soleils des Indépendance d'Ahmadou Kourouma, quand elle devient veuve, est léguée au frère de son mari qui s'appelle Tiémoko. Elle le haït et s'enfuit de sa maison parce que cet homme l'enferme [PAGE 83] dans une case et essaie de consommer le mariage en utilisant la force et la brutalité. Dans Le Vieux Négre et la Médaille Ebogo, la dernière des épouses de son père qu'Engamba hérite se libère également, en prenant le baptême, d'un mari imposé qu'elle exècre.

Certains hommes refusent aussi de soutenir ces coutumes malgré les avantages financiers qu'ils peuvent en retirer. L'oncle de Peter Obiesie, dans Wand of Noble Wood conseille au jeune homme d'épouser la dernière femme de son père décédé. Cette jeune femme est très jeune puisqu'elle est en cinquième année de l'école primaire. Malgré le fait qu'il n'aurait de cette façon aucune dot à verser, il refuse catégoriquement.

Le mariage fantôme

Une autre forme de mariage qui vise à résoudre le problème de l'absence d'enfants est le mariage fantôme :

    Dans ce système de mariage, le frère le plus jeune d'un homme célibataire décédé est censé se marier et avoir des enfants portant le nom du défunt ( ... ). Le frère plus jeune prend une telle épouse et met au monde des enfants comme une responsabilité attendue de lui envers le frère décédé qui n'avait pas eu l'occasion de se marier et d'avoir des enfants. Mais l'épouse et les enfants appartiennent tous deux au frère décédé. De cette façon l'épouse est mariée socialement à la personne décédée qu'elle n'a probablement jamais vue et les enfants appartiennent à un père (pater) qu'ils n'ont jamais connu[15].

Cette institution existe au Soudan et également chez les Zoulous et les Lozis de l'Afrique du Sud.

Ce type de mariage est qualifié de « fantôme » parce que la coutume estime que c'est le fantôme du défunt qui épouse une femme. En réalité, le frère cadet est le père biologique des enfants mais ceux-ci sont les descendants de l'homme décédé et ils héritent directement de [PAGE 84] lui. La femme est considérée comme l'épouse légale de l'homme décédé.

Selon la coutume des Nubiens du Soudan, un frère qui a perdu son frère aîné sans que celui-ci ait eu des enfants doit contracter ce type de mariage favorisant son frère décédé avant de faire des projets personnels de mariage :

    Les Nubiens considéraient impropre pour un frère plus jeune d'un homme qui est décédé célibataire de prendre une femme pour lui-même avant qu'il se soit libéré de cette obligation envers son sibling aîné[16].

Le mariage fantôme est une forme d'union caractéristique des sociétés patrilinéaires. Cette coutume assure une unité très étroite entre les membres de la famille et permet la continuité de la lignée.

Le sororat

Le sororat est une coutume qui autorise le mari d'une femme stérile à épouser une sœur de sa première femme pour qu'elle lui donne des enfants sans payer de nouvelle dot :

    Le sororat pourvoyait à cette situation (la stérilité) en fournissant une sœur de la première épouse comme une épouse cadette quand la première épouse n'avait pas d'enfant[17].

Dans un tel mariage, les tensions entre les coépouses sont réduites et la première épouse donne son consentement vu qu'elle doit être consultée.

Cette coutume est répandue dans les systèmes matrilinéaires. Nous la trouvons parmi les Bambas de la Zambie et du Malawi tandis que les Ashantis du Ghana ne l'autorisent pas. [PAGE 85]

Une autre forme du sororat permet à un homme qui a perdu son épouse de la remplacer par sa sœur :

    En effet, dans quelques sociétés, les parents de l'épouse décédée estiment qu'ils ont l'obligation de fournir au veuf une autre épouse, c'est-à-dire une sœur célibataire de leur fille décédée[18].

Cette coutume est pratiquée par les Kgatlas de l'Afrique du Sud. Un tel mariage est contracté quand le mari n'est pas du tout impliqué dans la mort de sa femme et que la communauté est certaine qu'il a bien traité son épouse durant sa vie. Quand Jingala Sukuma devient veuf, ses deux beaux-frères décident de lui donner en mariage la petite Liz, sœur cadette de la défunte, âgée alors de sept ans, pour lui exprimer leur amour et admiration. Ils refusent une dot parce qu'ils estiment que « Liz devait être considérée comme un remplacement et non comme une autre épouse »[19].

Le sororat renforce les liens d'affection entre les deux familles et il est encouragé par la belle-famille qui tire des avantages de continuer des relations étroites entre les deux familles. Si les beaux-parents refusent de pratiquer la sororat, ils sont dans l'obligation de rembourser la dot. Dans les sociétés où cette coutume est répandue, la mort n'est pas censée dissoudre le mariage.

Le mariage d'une fille dans le foyer de son père

Une institution socialement légitime en Afrique est le mariage d'une fille dans le but de procréer pour son père. Cette coutume vise généralement à résoudre le problème causé par l'absence d'un héritier mâle.

Un père de famille qui n'a pas de fils ou qui estime qu'un fils unique ne lui suffit pas, peut interdire à une de ses filles, préférablement la première, de se marier afin de lui donner ce « fils » tant recherché. Cette jeune fille reste dans sa famille paternelle jusqu'à ce qu'elle ait rempli son rôle à la satisfaction de son père. Ce dernier [PAGE 86] peut alors la relever de cette fonction et lui permettre de fonder plus tard son propre foyer.

Un tel père doit consulter tout d'abord les membres mâles de sa famille appelée dans la société Ibo du Nigeria « Umunna ». Après avoir obtenu leur consentement, il peut effectuer les paiements requis par la coutume en vue de l'acquisition d'une épouse. Il représente après ces cérémonies le « mari » vis-à-vis de sa fille.

En accord avec son père, la jeune fille choisit un homme de son goût qui lui donnera des enfants. Cet homme doit jurer qu'il ne possède aucun droit sur la femme ou les enfants découlant de cette union. L'homme qui joue un rôle de père biologique n'est considéré que comme un instrument de procréation. La jeune femme est restreinte à un seul amant et n'est généralement pas autorisée à en changer. Les enfants nés d'une telle union appartiennent au père de leur mère et ils portent le nom de ce dernier.

Cette coutume était assez répandue dans la société Ibo du Nigeria. Trois romans et une nouvelle Ibos mentionnent cette institution. Dans The Joys of Motherhood de Buchi Emecheta et « The chief's daughter », nouvelle tirée de Wives at War de Flora Nwapa, l'écrivain, dans les deux cas est une femme et traite de ce sujet avec précision. Dans Blade among the Boys et Toads for Supper ce type de mariage n'est pas analysé mais chaque romancier y fait simplement allusion.

Dans The Joys of Motherhood le grand chef Obi Umunna a plusieurs épouses mais peu d'enfants et par-dessus tout aucun fils vivant :

    Cette préférence traditionnelle pour des fils conduit à d'étranges conséquences comme elle a des effets troublants sur le psychisme non seulement des femmes mais aussi de quelques hommes[20].

Par conséquent, il défend à sa fille Ona de se marier et lui donne la liberté de prendre des amants, espérant qu'elle lui donnera un fils qui portera son nom. Ona devient [PAGE 87] enceinte mais ne peut épouser le père de son enfant, Nwokocha Agbadi :

    Parce que son père n'avait pas de fils, elle avait été dédiée aux dieux pour produire des enfants en son nom, pas en celui d'un mari. Oh ! comme elle était déchirée entre les deux hommes : elle devait être loyale envers son père et en même temps envers son amant Agbadi[21].

Dans la nouvelle intitulée « The chief's daughter ». Flora Nwapa traite de cette coutume et lui donne une nouvelle dimension : la jeune fille concernée se rebelle contre son père qui veut complètement diriger sa vie en lui imposant un tel mariage. Elle réussit à se libérer de l'emprise de son père au moyen de la ruse.

Adaeze est une jeune fille instruite qui étudie à l'étranger. Son père veut qu'elle revienne au pays et reste dans sa concession pour lui donner des enfants et plus particulièrement un fils possédant son type de caractère :

    Sûrement elle (la femme du chef) savait que c'était la pratique dans leur pays natal pour une fille favorite de rester dans le foyer de son père mariée à personne mais pour avoir des enfants qui répondaient au nom de son père. Sûrement cette coutume était encore pratiquée dans leur village en dépit des missionnaires et de leurs étranges habitudes[22].

Le chef a des fils mais ils ne lui donnent aucune satisfaction et Adaeze est la fille de sa femme favorite qui est décédée en couches prématurément. Il aimerait avoir un fils d'elle car il l'admire énormément. Adaeze s'est déjà mariée en secret à Londres mais comme son père refuse de rencontrer Ezenta, son mari, elle retourne à Londres sans l'en informer. Elle est tellement écœurée par les idées démodées de son père, par sa tyrannie et son entêtement, [PAGE 88] qu'elle décide de quitter Londres sans laisser d'adresse.

Dans les deux cas que nous venons d'étudier, les jeunes filles n'ont pas reçu la même instruction mais les parents de toutes les deux appartiennent au même milieu traditionnel. Nous constatons que le niveau d'éducation joue un rôle primordial dans l'acceptation de cette coutume. Ona accepte la situation parce qu'elle est fortement plongée dans la tradition tandis qu'Adaeze a vécu à l'étranger et est allée à l'université, ce qui lui donne le courage d'effectuer une rupture finale avec sa famille quand elle se rend compte que son père ne pourra jamais la comprendre.

Deux autres écrivains nigérians, Onuora Nzekwu et Chukvuemeka Ike ne mentionnent cette coutume que très brièvement. Dans Blade among the Boys une veuve, Veronica Ikenga plaide avec son fils pour qu'il quitte le séminaire pour se marier et avoir des enfants qui continueraient sa lignée. Elle fait allusion à la coutume qui autorise un père à garder chez lui sa fille pour qu'elle lui donne des enfants :

    Il n'y avait pas très longtemps, dans les familles où il n'y avait pas de garçons, une fille se portait volontaire ou était persuadée de ne pas se marier. Elle vivait dans la maison de son père et reproduisait pour la famille[23].

Dans Toads for Super, l'auteur mentionne que dans la société Ibo chaque homme qui rend une jeune fille enceinte doit l'épouser « sauf quand une femme était autorisée par sa famille à avoir des enfants pour cette famille et cela arrivait seulement quand la famille concernée était en danger d'extermination à cause du manque d'un descendant mâle »[24].

Le désir d'obtenir un garçon est principalement à l'origine d'un tel mariage. Une veuve peut également faire face à un tel problème si tous les enfants sont des filles. Dans certaines régions du pays Ibo, elle est autorisée d'en choisir une et de la garder à la maison afin qu'elle lui [PAGE 89] donne un fils. Tout d'abord, la veuve doit consulter la famille de son mari et obtenir leur permission. La jeune fille vit dans la concession de son père et a des enfants qui portent le nom de son père décédé.

L'avantage de ce type de mariage est que la jeune fille ne fait face à aucun problème d'adaptation dans une nouvelle famille. Elle suit la coutume de la lignée de son père et hérite de la fortune de ce dernier. Le côté négatif réside dans le fait qu'elle ne possède aucun mari légitime et qu'elle n'est pas proprement protégée. Les gens lui manquent plus facilement de respect vu qu'elle ne peut recourir à l'aide d'un mari pour la défendre.

Le choix d'un amant

En Afrique, les enfants occupent une place tellement importante dans la famille qu'un couple qui ne peut en avoir souffre énormément et, surtout dans les villages, il devient la risée de la communauté. Dans la majorité des cas, la jeune femme est blâmée mais petit à petit, les gens sont éclairés sur ces problèmes et encouragés à consulter un médecin. Quand ce dernier détermine que le mari est impuissant, la femme toute seule ou le couple prend des mesures permises par la tradition. L'homme le plus âgé de la famille est mis au courant du problème. Il réunit un petit conseil de famille composé généralement des quatre membres les plus âgés de la famille étendue, trois hommes et une femme. Ce petit groupe décide d'apaiser la colère des esprits ancestraux au moyen de cérémonies afin que la femme en question obtienne la permission de tromper son mari en vue de lui donner des enfants. Si la famille est convaincue que la stérilité du couple est causée par l'homme :

    Des arrangements sont faits par ses parents (ou, en leur absence, par d'autres membres responsables de la lignée) pour fournir à la femme un ami robuste, digne de confiance et de bonne réputation venant d'une autre lignée que la sienne ou celle de son mari. Et l'affaire entière est conduite avec une telle discrétion et d'un tel secret que l'amour-propre de l'homme est soigneusement respecté. [PAGE 90] Tous les enfants naissant d'une telle union appartenaient évidemment à la famille et ne souffraient d'aucun handicap social ou légal[25].

En acceptant cet arrangement, le mari donne un sens à sa vie vu que les enfants résultant de cette union sont considérés comme les siens :

    Le mari ne soulèvera aucune objection. Si un enfant naît de l'union, il sera satisfait, parce qu'il sera le sien par droit de propriété. Le fait qu'il n'est pas lui-même le père n'affectera pas la possession : l'enfant est celui de sa femme et cela est l'argument qui compte[26].

Les membres de la famille gardent le secret et les enfants grandissent sans être mis au courant de la situation. Ils bénéficient par conséquent de tous les avantages venant d'une famille normale.

La situation de l'épouse est très délicate. Elle donne l'impression à son amant qu'elle est infidèle à son mari et que ce dernier est très jaloux De la sorte, elle le pousse à agir avec circonspection et son amant visera à dissimuler son association avec elle. Il ne lui viendra non plus jamais à l'idée de faire valoir ses droits sur les enfants.

Dans la majorité des cas de stérilité masculine mentionnés dans les romans africains, le mari ne s'oppose pas à la pratique de prendre un amant afin de résoudre le problème. Dans La flèche de Dieu de Chinua Achebe, Akukalia est impuissant. Il accepte la situation et y remédie en donnant secrètement ses deux épouses à d'autres hommes pour qu'elles aient des enfants pour lui. Les jeunes femmes décident souvent de trouver une solution à ce problème même sans en faire part à leur mari. Salimata, dans Les Soleils des Indépendances, rêve de choisir un amant afin d'avoir un enfant mais elle hésite longtemps parce que sa religion islamique ne l'autorise pas à prendre cette liberté : [PAGE 91]

    Salimata n'était pas une pécheresse impie, la stérilité de l'époux et la fidélité de la femme cohabitant dans son mariage, elle implorait Allah, l'absoluteur et le misécordieux pour qu'y passât la maternité[27].

Elle se réfugie dans la prière mais décide finalement du marabout Abdoulaye uniquement dans le but d'avoir un enfant. Elle veut mettre fin de la sorte à la souffrance qu'elle ressent de ne pouvoir devenir une mère. Salimata estime que son action est justifiée parce qu'elle n'est pas responsable du fait que son mari est stérile « comme le roc, comme la poussière et l'harmattan »[28].

Dans Obi roman écrit par John Munonye, la femme du directeur de l'école conseille à Anna de prendre un amant tel que M. Ejim, le superintendant de l'agriculture. Elle suppose que le mari d'Anna est peut-être stérile et lui recommande cet homme parce qu'il est le père de sept enfants, six garçons et une seule fille.

Dans les sociétés africaines, l'adultère est sévèrement puni et généralement un mari qui ne consent pas à ce que sa femme ait des relations extra-conjugales la répudie si elle s'y adonne sans sa permission. Il existe des cas où le mari refuse de reconnaître son impuissance parce que sa fierté est blessée. L'entêtement d'un tel mari pose de sérieux problèmes à son épouse qui peut même décider de se séparer de lui. Dans Idu, l'épouse d'Amarajeme. Ojugo, après six années de mariage, le quitte et devient neuvième épouse d'un de ses amis, Obukodi, dans le seul but d'avoir un enfant : elle met au monde un garçon qui lui apporte une joie indescriptible.

En Afrique, certaines coutumes ont été presque totalement abandonnées à la suite du contact avec la civilisation européenne. Les progrès de la scolarisation et du christianisme ont favorisé la disparition de certaines de ces pratiques. Le mariage entre enfants est actuellement très rare.

Les jeunes s'opposent à certaines formes traditionnelles du mariage telles que la polygamie, le mariage entre [PAGE 92] femmes, le mariage d'une fille dans le foyer de son père et le lévirat. L'institution qui résiste le plus fortement est la polygamie qui pourrait se justifier dans le cas de la stérilité d'une épouse. D'autre part, un homme qui a seulement des filles aura tendance à épouser une seconde femme dans l'espoir d'obtenir un garçon. La société africaine et sa famille étendue le poussent à agir de la sorte même s'il n'en a pas l'envie.

Le lévirat et le mariage entre femmes sont par contre en voie de disparition. Le nombre de femmes qui ont de l'instruction s'accroît rapidement et de plus en plus elles décident elles-mêmes de leur avenir. Elles s'opposent au lévirat qui est une coutume désuète et qui ne tient pas compte des sentiments de la femme africaine. Beaucoup d'entre elles préfèrent rester seules pour élever leurs enfants, spécialement quand elles en ont les moyens financiers.

La modernité et les considérations économiques sont également en faveur de la disparition d'une grande partie de ces coutumes. Mais nous aimerions remarquer que la pratique pour une femme de prendre un amant si son mari est stérile est encore profondément ancrée dans les mœurs africaines spécialement dans les villages. Dans les villes, le divorce est devenu la solution à certains des problèmes posés par le mariage. La dot est toujours encouragée malgré les progrès du christianisme.

Les parents n'imposent presque plus un conjoint à leurs enfants. Les jeunes qui ont fréquenté les écoles s'opposent fortement à ce que leurs parents jouent le rôle décisif dans le choix de leur partenaire parce qu'un nouvel élément constitue la base du mariage africain moderne : l'amour. Les jeunes ont actuellement trouvé un compromis entre la modernité et la tradition : ils choisissent leur futur conjoint puis recherchent l'approbation de leurs parents.

Le législateur africain se demande si l'existence parallèle de deux systèmes de mariage, l'un purement africain et traditionnel, l'autre européen et moderne, n'est pas une des raisons du sous-développement de nos pays africains. Nous constatons qu'une confusion très sérieuse a surgi du mélange de ces deux systèmes qui a abouti dans beaucoup de cas à la dissolution de mariages, fait qui est très regrettable. Les hommes et les femmes se réfèrent [PAGE 93] soit à l'un ou à l'autre des systèmes selon les avantages qu'ils peuvent en tirer et ce petit jeu a enlevé à l'institution du mariage une grande partie de son aspect sacré. Il est souhaitable que chaque couple agisse en vue de garantir la stabilité du mariage, le bonheur du conjoint et l'avenir heureux des enfants.

Mme Muriel IJERE
Department of Language University of Nigeria
Nsukka
Anambra State


[*] Note : Une traduction personnelle est fournie pour toutes les citations mentionnées dans cette étude provenant de livres publiés en anglais.

[1] Patrick Mérand, La Vie quotidienne en Afrique noire à travers la littérature africaine. Paris Éditions L'Harmattan, 1977, p. 82.

[2] G.T. Basden, Niger Ibos, London, Franck Cass & Co Ltd., 1966, p. 215.

[3] Jacques Binet, Le Mariage en Afrique noire, Paris, Editions du Cerf, 1959, p. 28.

[4] Onuora Nzekwu, Blade among the Boys, London, Heinemann, 1978, p. 129.

[5] Elechi Amadi, The Concubine, London, Heinemann, 1981, p. 99.

[6] Francis Bebey, Le Fils d'Agatha Moudio, Yaoundé, Éditions Clé, 1976, p. 27.

[7] V.O. Madu, « Kinship and Social Organization » In C.C. Mojekwu V.C. Uchendu et L.F. Van Hoey (éds.), African Soviety, Culture and Politics : An Introduction to African Studies, Washington, University Press of America, 1977, p. 78.

[8] Northcote W. Thomas, Anthropological Report on Ibo-speaking People of Nigeria, vol. VI, New York, Negro University Press, 1969, p. 59.

[9] E.E.A. Amaechi, « Woman-to-Woman Marriage – its Legal Significance », Aman, vol. 1, no. 1, Nigeria, décembre 1981, p. 24.

[10] Flora Nwapa, Idu, London, Heinmann, 1978, p. 90.

[11] A.R. Radcliffe-Brown, Structure et fonction dans la société primitive, Paris, Editions de Minuit, 1988, p. 94.

[12] John Beattle, Other cultures, London, Routledge & Kegan Paul, 1980, p. 119.

[13] Ibid., p. 107.

[14] Buchi Emecheta, The Joys of Mothterhood, London, Heinmann, 1980, p. 154.

[15] O. Otite et W. Ogionwo, An Introduction to Sociological Studies, London, Heinemann, 1979, p. 84.

[16] John Beattle, op. cit., p. 120.

[17] B. Kisembo, L. Magesa et A. Shorter, African Christian Marriage, London, Geoffrey Chapman, 1977, p. 72.

[18] O. Otite et W. Ogionwo, op. cit., p. 85.

[19] Leageon Kayira, Jingala, London, Longman Drumbeat, 1960, p. 6.

[20] Eustache Palmer, « The Feminine Point of View : Buchi Emecheta's The Joys of motherhood, » African Literature Today, no 13, London, Heinemann, 1983, p. 42.

[21] Buchi Emecheta, op. cit., p. 17.

[22] Flora Nwapa, « The chief's daughter », in Wives at War and other stories, Enugu, Nigeria, Tana Press Ltd., 1980, p. 85.

[23] Onuora Nzekwu, op. cit., p. 161.

[24] V.C. lke, Toads for Super, Glasgow, Fontana/Collins, 1981, p. 125.

[25] Chieka Ifemesia, Traditional Humane Living among the Igbo – an Historical Perspective, Enugu, Nigeria. Fourth Dimension Publishers, 1979, p. 61.

[26] G.T. Basden, op. cit., p. 228.

[27] Ahmadou Kourouma, Les Soleils des Indépendances, Paris, Éditions du Seuil, 1970, p. 43.

[28] Idid., p. 77.