Virage à 180^o au Cameroun ? Ou plutôt fatalité du système ? Il nous est signalé ou confirmé de sources diverses mais concordantes que le no 40 (juillet-août 1984) de Peuples noirs-Peuples africains n'est jamais parvenu aux abonnés camerounais ni aux revendeurs du pays. Les colis adressés à ces derniers avaient été envoyés par avion, autant dire à prix d'or. La police politique de M. Paul Biya veille : la livraison en question contenait une allusion aux conseillers franco-catholiques du nouvel autocrate de Yaoundé et à leur tendance à jongler avec la vie des nègres.

Voilà bien les cléricaux ! les couplets du changement plein la bouche, mais la peur du progrès et des créateurs plein la tête, aux mains l'arsenal moyenâgeux du despotisme le plus sectaire.

Ayatollahs sanguinaires d'Ahidjo hier, petits séminaristes saute-ruisseau de Paul Biya aujourd'hui, le tribal-confessionnalisme camerounais reste fidèle à lui-même : soumis aux conseillers occultes blancs, dictatorial, obscurantiste, rétrograde, stérile.

Au moins ces gens-là ne se font aucune illusion sur leur aptitude au libre affrontement idéologique. Prenons donc bonne note de cet aveu de faiblesse, au demeurant superflu.

Le comique de l'affaire est que le nouvel autocrate ne ménage ni pressions psychologiques, ni mouchardages, ni complots de collégien dans le but proclamé de rallier Mongo Beti. Rien que ça ! Après tout, l'espoir fait vivre.

P.N-P-A.

Aux dernières nouvelles, un arrivage de Main basse sur la Cameroun est retenu à l'aéroport de Douala par la Diredoc. Motif invoqué : des instructions verbales récentes maintiennent l'interdiction du livre. Alors connivence ou pas connivence avec Ahidjo ? L'écho paru dans Le Point n'était donc pas une manœuvre du précédent dictateur !

Voilà peut-être l'ouverture annoncée à cors et à cris par Paul Biya et ses enfants de chœur.