© Peuples Noirs Peuples Africains no. 40 (1984) 16-25



« Un virus étrange venu d'ailleurs : le S.I.D.A. »
(230 p., Grasset)

Laurent GOBLOT

Depuis que l'homme peut nommer toutes les parties de son corps, ce corps l'inquiète moins.
L'insoutenable légèreté de l'être.
Milan Kundera

De plus en plus, des livres écrits par des médecins invitent les profanes à s'occuper de médecine. On se souvient du Dictionnaire des médicaments, du docteur Pradal. Le livre dont je désire parler dans Peuples noirs-Peuples africains concerne l'histoire de l'Afrique et l'actualité africaine.

Aujourd'hui encore, pour la grande majorité du public, le S.I.D.A. (Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise) reste le stigmate de l'homosexualité, alors qu'il peut s'agir aussi d'autre chose; le but de ce livre est de répandre dans le public des réflexions moins simplistes, et de donner de la diffusion et de l'origine du S.I.D.A. une explication à la fois géographique et historique.

Avant les premiers S.I.D.A., reconnus chez des homosexuels en 1979 à New York, on connaissait surtout le « sarcome de Kaposi », du nom de son premier observateur, au XIXe siècle, constaté surtout chez des Méditerranéens, des Arméniens, des Juifs d'Europe centrale, des Italiens du Sud, des Corses.

Cette maladie de peau est assez bénigne, et la survie [PAGE 17] est supérieure à dix ans, voire quinze ans. A partir de 1948, le territoire du Kaposi s'élargit une première fois à l'Afrique, et peut prendre des formes beaucoup plus méchantes; l'infection peut toucher ganglions, poumons, intestins, cœur, etc. Il me semble que le sarcome de Kaposi et le S.I.D.A. ont quelque chose en commun, mais ne sont pas forcément liés.

L'apparition du S.I.D.A. en Amérique, dans un échantillon à 96 % homosexuel (selon Time, Newsweek) entraîna par mimétisme des manifestations diverses, lorsque le mal fut reconnu en Europe. En février 1982, un député R.P.R. adresse une question au ministre de la Santé publique, alors communiste, à propos de la protection des jeunes contre l'homosexualité, qui, telle la « rose grimpante », fait des progrès...

Les utilisations politico-morales du phénomène, concernant le « péril rose », ont rencontré chez les médecins français, du fait de leurs connaissances des maladies africaines, une résistance qui a contribué à de nouvelles interprétations, aussi bien à propos de la nouveauté du virus, que d'autres origines que l'homosexualité. Les modes de contamination restent mystérieux; des femmes et des nourrissons sont atteints. Certains cas sont dus à des transfusions de sang à la suite d'un accident rendant nécessaire des dons urgents, ou à des transfusions à la naissance. On s'est aperçu ainsi que le virus du S.I.D.A. peut être porté par des sujets sains; il peut être communiqué par d'autres hasards que les contacts homosexuels, et les gens dont le virus est originaire restent en bonne santé. Le virus, anodin chez un sujet, peut devenir pathogène chez un autre, sans que la cause puisse être connue.

L'hémophilie, maladie du sang, toujours masculine, héritée de la mère, a entraîné près de vingt cas de S.I.D.A. : les sujets reçoivent des fractions de plasma à coagulation normale, enrichi en facteur VIII... et en S.I.D.A., non pathogène chez le donneur.

La fixation de l'opinion sur l'homosexualité comme seule origine du S.I.D.A. est combattue pour cette raison par le docteur Jacques Leibowitch : tout en empêchant de voir d'autres causes, cette « image d'Epinal » (p. 65) entretient un ordre moral; « il serait autrement efficace de préciser quels "gestes" sont réellement dangereux [PAGE 18] plutôt que de jeter un interdit total sur une sexualité » particulière. La transmission peut se faire dans une relation hétérosexuelle. Et dans ce cas, elle se fait plus facilement de l'homme à la femme, plus difficilement de la femme à l'homme. Il y a asymétrie entre les deux sexes.

Les adeptes des drogues dures, par les seringues utilisées, en Amérique, sont en train de dépasser par le nombre des S.I.D.A. les cas homosexuels. L'identification du S.I.D.A. aux homosexuels, après avoir rendu la vie plus difficile à ceux-ci, empêche de « donner un sens à tout ce chaos » (p. 29). Il rend difficile, par un dialogue confiant entre le malade et le médecin, d'identifier ce geste dangereux des homosexuels.

Les expériences des médecins français et belges dans « les anciens territoires coloniaux », selon le docteur Leibowitch, permettent de donner à l'étude du S.I.D.A. une ampleur géographique et historique, qui faisait défaut aux médecins américains. C'est ici que la diffusion du S.I.D.A. en Afrique et dans le monde apporte de nouveaux éléments.

COMPARAISONS ET STATISTIQUES

De ce côté-ci et de l'autre de l'Atlantique, l'injection des médicaments, avec des seringues jetables (souligné dans le texte à plusieurs reprises) – mais qu'on ne jette pas toujours – peut être à l'origine d'infections de S.I.D.A.

L'écrasante majorité des cas de S.I.D.A. africains est observée au Zaïre (40 cas), alors que 13 cas sont observés au Mali (2), au Gabon (2), au Rwanda (2), au Burundi (1), au Tchad (1), au Cameroun (1), au Cap Vert (1), au Congo Brazzaville (3), cela au mois d'octobre 1983.

Cette comparaison peut trouver un prolongement européen entre la Belgique (35 cas) et Paris (18 cas).

L'insecte, moustique ou punaise, peut transporter le virus d'un sujet à un autre. Mais ce n'est pas ce vecteur qui peut expliquer la prédilection du S.I.D.A. pour le Zaïre. Le docteur Jacques Leibowitch assure que, « au Zaïre en particulier », la décolonisation se fit dans de telles conditions que le départ des Belges, dans les hôpitaux, [PAGE 19] est tangible. Dans la pénurie chronique, pas assez de seringues, ni d'aiguilles pour tous : mais des seringues jetables, en plastique, indestructibles, incassables, instérilisables... et indéfiniment réutilisables.

Mais le résultat de cette pénurie chronique, par retour des choses, atteint aussi l'Europe, les Européens. Et c'est ce qu'il faut noter, avec plus de vigueur, peut-être, que l'auteur ne le fait (pp. 69- 73).

« Si l'Afrique est un foyer de S.I.D.A., peut-être pourrait-elle en être aussi la source historique, récemment exportée vers le Nouveau Monde ? Ou, au contraire, il y a beaucoup plus longtemps ? Répondre à cette question ne viserait pas à rejeter sur l'Afrique centrale la responsabilité de l'épidémie occidentale actuelle (comme si on pouvait en droit responsabiliser une région du monde pour des conditions bio-historiques et géoclimatiques locales éventuellement favorables à la survie et à la prolifération de certains virus). Retrouver le S.I.D.A. en Afrique, c'était, enfin, jeter un doute sur la notion de maladie infectieuse nouvelle... Le fait est désormais incontournable : le S.I.D.A. et son virus sont présents au Zaïre dans des régions où s'observent les formes malignes de Kaposi » (pp. 52-53).

« Le premier malade africain, ou associé à l'Afrique, raconte le docteur Jacques Leibowitch dans une émission de France-Culture (Le Monde Contemporain), nous l'avions vu à Paris, dès 1977-1978, avec quelques collègues. C'était un Portugais qui avait servi en Angola, dans la marine portugaise, et avait fait la guerre là-bas en 1972-1973; et ensuite, il avait camionné au travers du Zaïre vers le Mozambique, autre colonie portugaise. Le S.I.D.A. était alors inconnu. C'est à cause de l'oreille que nous avions sur l'Afrique que nous n'avons jamais adhéré à la thèse homosexuelle américaine, c'était une fausse piste.

Ainsi, dès le début, les immunologues français tiennent le vecteur homosexuel pour une fausse piste, alors que leurs collègues américains tiennent encore le cas japonais de Mme W. pour inauthentique, à cause de l'absence d'homosexualité dans l'entourage de la malade. On peut ainsi mesurer par ailleurs l'influence de l'Amérique sur les mass médias d'Europe, où le public croit davantage à la thèse américaine, qu'à celle qui fut dès le début celle des [PAGE 20] médecins d'Europe. Un des buts du livre du docteur Leibowitch est de corriger cette influence.

LE CAS JAPONAIS DE Mme W.

Le « piège de l'hypothèse homosexuelle » – expression du docteur Leibowitch – qui fonctionne peut-être encore sur la médecine américaine, et en tout cas au niveau de l'opinion publique européenne, force les chercheurs à se préoccuper de la diffusion géographique de la nouvelle maladie virale, et à rechercher l'origine des virus de la même famille, ainsi que des maladies analogues qui frappent les animaux, les chats par exemple, et qui sont communiquées par les mêmes moyens.

Mme W., à quarante ans, vivant dans une île du sud du Japon, dans la région de Shikoku, n'avait jamais voyagé plus loin que Kyoto; elle était par ailleurs l'épouse d'un mari tranquille. Malgré les recherches, pas la moindre homosexualité à l'horizon. Le cas découvert en juillet 1983, le cliché du S.I.D.A. stigmate de l'homosexualité, sont les causes « que les couloirs des congrès internationaux entretenaient la rumeur d'un soupçon à propos de l'authenticité de ce cas exemplaire, face aux conceptions trop bien arrêtées, mais pas très scientifiques, sur la nécessité d'être hors du corps social pour attraper le S.I.D.A. » (p. 53).

Le S.I.D.A., et plus particulièrement ce cas japonais, ont conduit les chercheurs à se préoccuper d'un rétrovirus, le H.T.L.V. (Human T Cell Leukemia Virus), qui joue un rôle dans le cancer, la leucémie et le S.I.D.A. Découverte à la fin des années soixante-dix, l'infection n'est pas cancérigène à tout coup, et la grande majorité des porteurs n'en est pas incommodée en apparence. Sa répartition géographique dans le monde suggère une responsabilité particulière des migrations portugaises : Jamaïque, Trinidad, Dominique, Saint-Vincent, Tobago, les Iles Vierges, la Martinique, la Désirade, Haïti (mais pas Saint-Domingue), Amérique centrale, côte colombienne... Et puis, certains endroits portuaires du Japon, dans sa partie sud. Le morcellement des sites où se trouvent des populations japonaises porteuses du H.T.L.V. indique que son arrivée [PAGE 21] est récente. Le H.T.L.V. est un virus d'origine africaine.

Au Musée Guimet, à Paris, est exposé un grand paravent japonais, représentant l'arrivée des premiers Portugais au Japon, en 1543. Parmi eux, des Africains ont retenu l'attention du peintre.

Aux Etats-Unis et en Europe, le virus est rarissime, alors qu'il n'est pas exceptionnel chez les Afro-Américains. La carte du H.T.L.V. est celle de la diaspora africaine. On ne sait pas encore tout sur les raisons de l'apparition récente du S.I.D.A. Mais l'examen de la diffusion du H.T.L.V. met sur une bonne voie d'explication, conjuguée avec le cas de Mme W.

Lorsque, au Japon, le porteur de H.T.L.V. est marié, son épouse est presque toujours porteuse. A l'inverse, moins de la moitié des époux d'une Japonaise porteuse du virus sont eux-mêmes porteurs. Il y a un H.T.L.V. simien au Japon, qui cultive les mêmes procédés de diffusion sexuelle. Une carte du pays montre la focalisation du H.T.L.V. autour des ports du sud du Japon.

HAITI, INFAMIE ET PREJUDICE

Sous ce titre, le docteur Jacques Leibowitch nous apprend ce qui s'est passé aux dépens de ce peuple malheureux. Tout se passe comme si notre ignorance était bien organisée; lorsque j'écrivais. Les héritiers des saints Come et Damien (no 29 de Peuples noirs-Peuples africains) les journaux nous renseignaient quelque peu sur « l'accueil » des boat people haïtiens dans une prison de Miami, et sur leur réincarcération « manu militari » lorsqu'ils parvenaient à se sauver : je me souviens particulièrement de la comparaison que je faisais avec l'accueil des réfugiés polonais (blancs); à l'époque, je pensais que seule, la couleur de la peau « justifiait » ce traitement. Je ne sais pas si notre ignorance de son arrière-plan médical venait d'une censure organisée par les médecins américains. Mais la vérité finit toujours, malgré Anastasie, par nous revenir aux oreilles, sauf si nous ne voulons pas entendre; sur ce chapitre haïtien, sans doute trop « politique », l'émission du Monde Contemporain, le samedi 7 avril 1984, sur France-Culture, est restée remarquablement discrète; [PAGE 22] mais ne jetons pas la pierre à ceux qui nous renseignent sur l'existence du livre, et disons merci. Pourtant, les dernières phrases de ce chapitre de cinq pages interpellent l'Europe, à qui le sort des Haïtiens est décrit, pour qu'elle ne se comporte pas envers les Zaïrois comme les Américains envers les Haïtiens, et c'est peut-être la partie la plus salubre du livre, la plus nécessaire :


    « Ces difficultés sont partagées par d'autres pays en voie de développement, confrontés à "l'explosion" de S.I.D.A. Le Zaïre est à son tour placé dans la ligne de mire. Ce pays africain sera-t-il "traité" aussi sauvagement que le fut Haïti ? »

Le docteur Jacques Leibowitch, professeur assistant à l'Université René-Descartes (Paris V), fut rapporteur au Congrès mondial des maladies infectieuses à Vienne en 1983. A la fin de mon article, où je parlais de la maladie raciste dans la profession médicale, je citais plusieurs « anticorps », au sein de cette discipline, qui luttent contre ladite maladie; parmi eux, il faut que je rajoute son livre, particulièrement à cause de ce chapitre haïtien, et de ces trois phrases qui forment une mise en garde, qui doit être écoutée par l'Europe, médicale ou non. Ces trois phrases doivent nous empêcher de suivre l'ornière américaine.

Les comptes rendus de la presse (Le Nouvel Observateur, Les Nouvelles, Libération, France-Culture, Le Monde) – laissant dans le vague ce chapitre haïtien, malgré un titre assez polémique de l'auteur – doivent inciter les médecins africains à une lecture de ce livre, pour défendre leurs pays si l'Europe adoptait envers les Zaïrois la conduite irrationnelle et « infâme » de l'Amérique à l'égard de Haïti.

Le S.I.D.A. n'existait pas à Haïti avant 1975. Il aura dû être importé d'Afrique centrale, directement ou indirectement. Des sujets – des deux sexes – originaires d'Amérique du Nord et d'Europe, ont contracté la maladie sur place, après transfusion, ou dans des circonstances non élucidées. [PAGE 23]

Après sept ans, au cours des six premiers mois de 1982, le Center for Disease Control (qui comptabilise à Atlanta l'incidence des maladies et en publie les relevés dans un journal), dénombre 34 cas de S.I.D.A. chez les Haïtiens des deux sexes, émigrés récents aux U.S.A.

En Haïti, la dictature duvaliériste nie. Au cours d'un colloque à Port-au-Prince en mai 1982, on n'accepte de parler que des Haïtiens atteints par la maladie de Kaposi. En dehors de l'île, plusieurs dizaines de réfugiés haïtiens à Paris, à Montréal, à Québec, en Guyane, sont reconnus atteints de S.I.D.A. à partir de 1982. Aux U.S.A., inquiétés par les dénégations haïtiennes, l'Epidemiology Intelligence Service américaine envoie des agents pour, sous des couvertures diverses, repérer discrètement plusieurs dizaines de cas au cours des années 1982-1983. Aujourd'hui, les médecins haïtiens ont officiellement dénombré 150 cas, tous à Port-au-Prince et Carrefour, lieux touristiques pour Américains et Européens.

Il faut compter 300 malades haïtiens, intra et extra-muros. Lorsque l'on retranche les cas homosexuels, la proportion hommes-femmes est voisine. Les seringues en plastique jetable improprement réutilisées pourraient avoir une responsabilité pour les mêmes raisons qu'au Zaïre.

En particulier, dans les cas de Haïti et du Zaïre, le docteur Leibowitch accorde une signification spéciale aux seringues jetables. Cela peut conduire le profane qui le lit à poser cette que question : pourquoi, alors qu'il s'étend sur là chronologie du virus S.I.D.A. et H.T.L.V., reste-t-il muet sur les dates de la mise en service de ces seringues, dans les différents pays concernés, et plus particulièrement les pays appauvris ? Garde-t-il le silence parce que cette question n'aurait pas d'intérêt médical ?

L'émigration haïtienne, « groupe à risques », d'abord écartée des donneurs de sang, va se trouver, à l'intérieur d'un groupe déjà discriminé, les Afro-Américains, doublement visés, facilement repérables par leurs traits et leur culture francophone, alors que l'incidence statistique – 1,16 cas pour 10 000 à New York, contre 1,66 cas pour 10 000 à Haïti – ne justifie pas les démarches qui suivent : [PAGE 24]

Des employeurs licencient, ou refusent l'embauche. Les propriétaires ne veulent plus louer, et demandent la désinfection des lieux. On arraisonne les boat people, et on les enferme dans des camps ou des prisons. Le commerce touristique haïtien subissant une crise, en Haïti, la dictature arrête en juillet 1983 soixante-dix homosexuels, puis interrompt cette politique – lorsque des personnalités proches du gouvernement sont concernées.

L'évidence de l'équation S.I.D.A.-homosexualité, dans le cas haïtien, amorce la discrimination raciale. Cette circonstance existe, en Europe, au niveau de l'opinion publique, mais non des médecins et des chercheurs.

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Le livre se conclut par un chapitre : « Comment ne pas attraper le S.I.D.A. ». J'ai voulu rendre compte de ce livre à titre de complément à ma contribution au no 29 de Peuples noir-Peuples africains, Les héritiers des saints Come et Damien. Je cherchais à établir que la médecine est une discipline qui « conduit » bien le racisme, depuis plus d'un millénaire – et spécialement le racisme anti-africain. Mais, en liaison avec d'autres observations, que je ferai peut-être plus tard, je trouve que la géographie, dans ce livre, écrit par un médecin jeune et qui refuse des idées reçues, apparaît comme une discipline qui « conduit » mal le racisme. Dans le cas de la médecine comme dans le cas de la géographie, je pense que l'histoire de chaque discipline devrait expliquer les rapports que chacune entretient avec le racisme.

Depuis la publication du livre du docteur Jacques Leibowitch, plusieurs événements nouveaux sont intervenus du côté européen. A la suite du premier cas de S.I.D.A. diagnostiqué chez un malade hémophile en France, M. Jean-Yves Nau a publié des articles dans Le Monde des 11 et 12 avril 1984. Il parle d'un certain nombre d'autres rétrovirus, différents du H.T.L.V., mais similaires du Lymphadenopathy Associated Virus (L.A.V.), découvert en France, et un rétrovirus A.R.N., découvert aux Caraïbes. D'autres H.T.L.V. 2, H.T.L.V. 3 ont aussi été examinés.

Un centre de recherches de l'Organisation Mondiale [PAGE 25] de la Santé (O.M.S.) est fondé à l'hôpital Claude-Bernard à Paris, dirigé par le professeur Jean-Pierre Coulaud. Ces articles font allusion à une véritable lutte scientifique entre deux équipes : américaine, constituée autour du professeur Robert C. Gallo (National Cancer Institute, Bethesda); française (professeur Luc Montagnier, et Jean-Claude Chermann, Institut Pasteur à Paris).

L'article fait enfin allusion au don du sang : le secrétariat d'Etat à la Santé a décidé d'écarter en 1983 du don du sang « les sujets à risques pour le S.I.D.A. (homosexuels, toxicomanes, etc.) ». Parmi les 18 cas américains officiels de S.I.D.A. dus à des transfusions sanguines, les malades âgés ayant reçu de grandes quantités de sang sont les plus fréquents.

Il est remarquable que ces deux articles ne contiennent des allusions à Haïti, ni au Zaïre, ni à la seringue jetable, ni au livre du docteur Jacques Leibowitch, paru le mois précédent.

Laurent GOBLOT