Beaucoup de nos amis ont sans doute été étonnés de ne pouvoir communiquer au téléphone avec le siège de la revue pendant au moins toute la deuxième quinzaine de janvier : notre installation avait tout simplement été sabotée, selon le constat même des techniciens des P.T.T. Sans doute fatigués de prédire depuis six ans notre prochaine disparition, de plus en plus conscients de l'image de légèreté que leur donnait chaque fois le démenti de notre survie, bien surprenante pour des bureaucrates n'ayant aucune expérience de l'édition indépendante, nos ennemis avaient une nouvelle fois, après l'échec de l'affaire Cattin, tenté de forcer le destin, sans autre succès que de se découvrir un peu plus. Sont-ils inconsistants!

A moins qu'ils n'aient voulu nous tenir aussi longtemps que possible dans l'ignorance de l'intoxication dont la population camerounaise a été récemment victime au sujet de notre directeur. Le pouvoir a répandu là-bas des rumeurs faisant état du ralliement de Mongo Beti, de son arrivée sur place et de son installation à Mbalmayo.

Il n'en est rien, cela va sans dire. Mongo Beti n'a pas modifié ni ne modifiera jamais ses sentiments à l'égard des fantoches auxquels il ne se ralliera pas plus aujourd'hui ni demain qu'il ne le fit hier.

Si toutefois Mongo Béti décidait un jour d'effectuer au Cameroun un voyage motivé par des raisons strictement personnelles, il le ferait, non point dans le mystère, mais au vu et au su de tous. Et toc.