© Peuples Noirs Peuples Africains no. 37 (1984) 55-64



ANTHOLOGIES
ET LITTERATURES NATIONALES
EN AFRIQUE NOIRE D'EXPRESSION FRANÇAISE

Guy Ossito MIDIOHOUAN

La littérature négro-africaine d'expression française se trouve depuis quelques années à l'heure des anthologies nationales : Anthologie de la littérature gabonaise[1], Anthologie de la littérature congolaise d'expression française[2], Anthologie de la littérature sénégalaise[3], Anthologie de la poésie nigérienne[4], Anthologie de la poésie togolaise[5], Anthologie de la nouvelle sénégalaise[6]. .. La liste ne cesse de s'allonger. C'est pratiquement devenu une « affaire de dignité nationale ».

Nous nous proposons ici de partir de l'examen de Poèmes de Demain[7] de Paul Dakeyo pour aborder quelques aspects de la problématique des littératures nationales africaines dont les anthologies constituent – selon [PAGE 56] le point de vue où l'on se situe – un élément ou un argument.

Si l'Anthologie de la poésie camerounaise[8] de Patrice Kayo est très peu connue du public africain et même des spécialistes, celle de Lilyan Kesteloot, Neuf poètes camerounais[9], connaît par contre une large diffusion. Mais l'intérêt de Poèmes de Demain, c'est d'être à ce jour l'« anthologie de la poésie camerounaise d'expression française » (c'est le sous-titre) qui rassemble le plus grand nombre de poètes. En effet l'ouvrage en répertorie cinquante-deux chez qui, écrit l'auteur, « par-delà quelque variété (sic) de ton et d'écriture, quelque entrelacs (sic) de thèmes et de symboles, il y a ( ... ) une même exigence de fidélité à une terre commune. Car ils portent chacun la marque de leur situation historique ».

Comme introduction, Paul Dakeyo nous propose une étude thématique de cette « poésie camerounaise » selon « cinq grands registres » : Parole et Sagesse; Amour et Bonheur; Nature et Société; Tradition et Progrès; Colonialisme et Impérialisme / Indépendance et Liberté. En fait, on se rend vite compte – l'exposé d'ailleurs le montre – que ces « registres » répondent beaucoup plus à des soucis rhétoriques qu'ils ne réussissent à traduire, chacun dans sa disposition binaire, la richesse plurielle et la grande densité du verbe poétique qui peut revêtir à une époque donnée des traits typiques mais aussi présenter chez un même auteur de multiples facettes.

C'est pourquoi on peut déplorer que l'ouvrage ne rende pas compte, au-delà des thèmes, de l'évolution historique de cette poésie, c'est-à-dire qu'il n'en saisisse pas les grands mouvements, les grandes tendances dans le temps. Il nous semble que la meilleure approche que l'on puisse proposer, dans les conditions actuelles, des genres constitutifs des différentes « littératures nationales » est l'approche historique, car elle seule peut permettre d'en apprécier la vie, de pénétrer comme au cœur de leur spécificité respective. Or on constate que la plupart des anthologies, lorsqu'elles n'évitent pas ce type d'approche[10], ne réussissent à proposer qu'une historiographie [PAGE 57] étriquée et obstinément chauvine[11] qui non seulement échoue presque toujours à prouver de manière convaincante la prétendue spécificité nationale, mais encore n'hésite pas à brider d'autorité les auteurs les plus importants en cassant la portée de leurs œuvres pour en limiter la signification essentiellement aux dimensions du « territoire national », d'où son caractère réducteur.

L'ordre alphabétique qu'adopte Paul Dakeyo dans Poèmes de Demain ne présente aucun intérêt : non seulement la structuration de l'ouvrage n'a aucun rapport avec l'exposé introductif contrairement à ce à quoi on pourrait s'attendre, mais encore elle ne permet de savoir ni le chemin qui mène de Elolongué Epanya Yondo – que l'ouvrage retient (pp. 104-106) mais qui ne figure pas à la table des matières – ou de Jean-Paul Nyunai (pp. 239-245) à Jean-Pierre Ghonda Nounga (pp. 127-135), ni celui qui conduit de Fleurs de latérite et Heures rouges à Collier de cauris. S'il y a dans « la poésie camerounaise » des œuvres qui portent l'empreinte d'une « situation historique » et témoignent de l'évolution de leur auteur, ce sont bien ces dernières. Thomas Melone, sans doute par esprit de coterie, a occulté cette évolution[12]. Il est regrettable que Paul Dakeyo s'abrite sous les jugements de ce dernier sans chercher à voir en quoi et pourquoi Francesco Nditsouna et François Sengat-Kuo sont à la fois un même homme et deux poètes différents. Il y a là un manque d'esprit critique qu'il nous paraît nécessaire de relever.

Par ailleurs, malgré la sincérité de l'auteur, on éprouve quelque malaise devant l'orientation passablement ethnologique qu'il donne à son étude liminaire : « La poésie [PAGE 58] camerounaise contemporaine a bien évidemment ses racines dans la parole poétique traditionnelle », écrit-il (p. 11). Il est vrai que le premier souci de Dakeyo est de montrer que « la poésie camerounaise » plonge ses racines dans « le terroir ». Mais nous ne pensons honnêtement pas que le parallèle entre « le griot de la société traditionnelle » et « le poète d'expression française d'aujourd'hui » soit souvent absolument nécessaire ni toujours pertinent. Nous inclinons plutôt à y voir un sociologisme de mauvais aloi qui, s'il rencontre encore l'intérêt du public européen, laisse par contre un nombre croissant d'Africains indifférents ou perplexes et ne semble répondre qu'au nouvel « exotisme-du-vécu-du-terroir » dont l'importance dans le phénomène des « littératures nationales africaines » n'est pas à négliger. Néanmoins l'étude révèle la grande sensibilité du poète Paul Dakeyo qui, ici comme ailleurs, a la parole forte et nue :

    « ( ... ) Sous couvert de coopération, l'Occident et en particulier la France, dont la vocation avouée est de s'ériger en flic du continent noir, continue de spolier allègrement et à moindre frais ses petits protégés, convertis en masses assagies sous la férule, il faut le dire, de tyranneaux sanglants, de fantoches à la botte de l'impérialisme étranger. »

« L'indépendance – et les poètes camerounais en sont parfaitement conscients – "généreusement accordée", loin de donner lieu à la libération tant escomptée par les peuples noirs n'a généralement conduit qu'à une cruelle dépendance économique, voire militaire accompagnée d'une féroce répression intérieure en cas de velléité ou d'exigence contraire à la norme établie par le pouvoir en place, et en conformité avec les directives énoncées par les détenteurs des cordons de la bourse de la coopération et autres moyens d'assujettissement des anciens territoires colonisés et récemment "affranchis" » (pp. 20-21).

Cette citation montre que Dakeyo situe lui-même le Cameroun dans un environnement socio-politique plus large impliqué dans un processus historique spécifique. Cela ne l'a pas empêché de faire appel à Mukala Kadima [PAGE 59] Nzuji, le plus brillant des défenseurs des « littératures nationales africaines », pour la préface à son anthologie.

Naturellement M. Kadima-Nzuji profite de cette tribune pour aborder la problématique des « littératures nationales » en Afrique, ou, plus exactement, pour exposer son point de vue sur la question.

Le préfacier part de ce qu'il nous présente comme un constat : « la littérature Africaine de langue française » fait aujourd'hui preuve d'une grande vitalité et d'une grande originalité :

    « Au prix d'un effort de compréhension des réalités du terroir (sic), d'interprétation plus juste de notre rapport au monde, d'identification sans complaisance des tares et des infirmités de nos sociétés, de fondation d'un langage nouveau mieux adapté à nos conditions d'existence à l'intérieur et hors de nos frontières, de dépassement dans la créativité sous toutes ses formes... »

pour

    « libérer l'homme noir (sic) de ses multiples entraves » (p. 6).

Mais contrairement à la création littéraire, le discours critique – en Afrique comme hors d'Afrique le – piétine sans pouvoir se renouveler en raison de l'inadéquation des méthodes d'analyse, mais surtout du « manque de curiosité et d'audace » qui l'empêche de prendre en compte

    « les phénomènes littéraires qui se sont produits sur le continent le plus souvent en étroit rapport avec l'éveil de la conscience politique des populations locales, que cette prise de conscience soit manifeste ou diffuse » (p. 7),

et qui constituent l'antériorité des « littératures nationales » telles qu'elles existent et se développent aujourd'hui

    « dans un cadre de pensée et de références national » (p. 7). [PAGE 60]

M. Kadima-Nzuji poursuit :

    « Chaque pays vit une situation qui lui est particulière à laquelle il tente d'apporter une réponse spécifique en fonction de ses intérêts et de ses objectifs. Dès lors la littérature qui est, elle-même, une manière de réponse aux sollicitations, voire aux défis de notre environnement et de notre temps, s'imprègne tout naturellement des courants idéologiques qui informent et sous-tendent son lieu de production. Elle se pose comme miroir de la conscience collective. Elle porte l'inscription de la situation historique de ceux qui l'écrivent. D'où la nécessité et l'urgence de fonder un discours critique pouvant désigner et décrire avec bonheur ce phénomène nouveau qu'est l'émergence des littératures nationales en Afrique » (p. 9),

et cela

    « parallèlement au projet du discours critique négro-africain ou panafricain » (p. 7).

C'est pourquoi le préfacier se réjouit de

    « l'existence des monographies de plus en plus nombreuses consacrées à la littérature de tel ou tel pays, et de la publication périodiquement (sic) des anthologies nationales »

et invite chaque pays africain à se doter

    « d'au moins une anthologie nationale la plus complète possible ( ... ). De telle sorte que, un jour, de la somme de toutes les anthologies[13], se dégage peu à peu un corpus des textes les plus significatifs des diverses littératures, qui autorise, enfin, des essais de théorisation plus poussés » (p. 10).

Voilà le point de vue de M. Kadima-Nzuji exposé le plus fidèlement possible. Nous pouvons à présent faire nos remarques. [PAGE 61]

D'abord l'hypothèse – car ce n'est rien d'autre – du piétinement et du non-renouvellement du discours critique sur la littérature négro-africaine reste à notre avis à démontrer, car il semble que c'est tout le contraire que l'on observe tant de la part des jeunes Africains de plus en plus nombreux à prendre la parole dans ce domaine que de la part des critiques occidentaux les plus crédibles. On peut reprocher à la critique de ne pas s'intéresser à des textes qui « au regard des normes esthétiques promues et imposées par l'institution scolaire » ont « une valeur incertaine », ou d'ignorer des textes « exclus des manuels officiels ». Les auteurs inconnus ou méconnus, cela existe partout et l'on peut – il est vrai – gagner à les découvrir. Mais de là à en faire la quintessence d'une prétendue « littérature nationale » dont la critique se refuserait à accepter l'existence, il y a tout de même un grand pas que seul un alibi ne peut permettre de franchir.

Ensuite, si l'existence des littératures nationales spécifiques, c'est-à-dire distinctes les unes des autres, est attestée par des monographies et des anthologies, il est toutefois permis de se demander – dans la mesure où nous savons que la « construction nationale » est le mot d'ordre de tous les Etats africains issus de la « décolonisation » et que le désir d'affirmer l'existence et l'autorité de ces Etats détermine et justifie un « discours nationalitaire » que la « nation » tient sur elle-même – si ces dernières ne participent pas elles aussi de ce discours fortement idéologique qui masque souvent la réalité et dont l'influence pénètre dans le champ d'analyse de la littérature. On peut par ailleurs faire remarquer que la plupart des monographies ne livrent aucune réflexion théorique sur le phénomène et le considèrent a priori comme une donnée tangible – sans doute à cause des « indépendances ». Il en est de même pour les anthologies où se trouvent répertoriée une foule d'écrivains mineurs ayant à peine fait leurs preuves – car ces anthologies nationales africaines ont ceci de particulier qu'elles sont beaucoup plus une façon de contourner les difficultés des débutants à se faire éditer qu'un florilège d'auteurs confirmés.

Enfin, on observe comme une confusion dans le raisonnement du préfacier : « la nécessité et l'urgence de fonder un discours critique pouvant désigner et décrire [PAGE 62] ( ... ) (les) littératures nationales en Afrique » ne se perçoivent que par rapport au développement de « la critique négro-africaine » dont elles constituent une étape en même temps qu'elles définissent (toujours par rapport à cette même critique négro-africaine) une voie parallèle. Et, après la reconnaissance des diverses littératures nationales spécifiques, on procéderait à une « somme » (?) qui permettrait « des essais de théorisation plus poussés », c'est-à-dire ferait progresser la critique négro-africaine. Cela signifie en clair qu'il nous faut reconnaître les « littératures nationales » pour ensuite pouvoir les nier dans un dépassement théorique où la critique négro-africaine trouverait la sève nécessaire pour son renouvellement et son épanouissement. Tout cela nous paraît bien incohérent et très peu convaincant. Ou les littératures nationales existent, chacune avec sa spécificité, auquel cas la critique serait appelée à s'adapter à cette réalité et ne pourrait dorénavant les réunir dans un même discours que par le biais du comparatisme – si l'autarcie des régimes fascistes et le chauvinisme totalitaire l'autorisent, car à l'allure où nous allons, bientôt tout ce qui n'est pas « national » risque d'être « dégénéré »; ou ces littératures nationales à travers leurs « textes les plus significatifs » concourent à désigner une même réalité auquel cas leur spécificité et leur autonomie serait supposées plutôt que réelles. Et quand nous lisons sous la plume de Paul Dakeyo : « On peut considérer à bon droit la poésie du Cameroun comme représentative de toute la poésie africaine, de par sa richesse et sa diversité »[14], ou sous celle de Mohamadou Kane dans un article intitulé « La littérature sénégalaise d'expression française » : « On peut ainsi affirmer que le destin de la littérature sénégalaise est soudé à celui de la littérature africaine moderne de langue française »[15], on ne peut s'empêcher de souligner l'existence d'un paradoxe qui, à notre avis, résume toute la confusion caractérisant actuellement le débat sur le phénomène des « littératures nationales » en Afrique et révèle que le discours sur celles-ci obéit à une [PAGE 63] logique qui n'est pas toujours celle de la connaissance scientifique.

Nous ne nous faisons aucune illusion : maintenant que le concept de « littérature nationale » est lancé et que l'appareil idéologique officiel s'en est saisi[16], elle s'imposera, qu'on le veuille ou non, sans avoir nécessairement besoin de prouver sa validité épistémologique. Le mouvement est désormais inéluctable : chaque pays aura sa littérature nationale. C'était inscrit dans la Loi-cadre...

Mais l'intelligence doit-elle se laisser subjuguer par l'idéologie et la fatalité ? Tel est le vrai défi que lancent les « littératures nationales » à la critique africaine. L'approche du problème ne saurait donc – comme cela a été le cas jusqu'à présent – se limiter à des professions de foi, à des diatribes entre partisans et adversaires. Car – nous l'avons constaté lors d'un débat interdisciplinaire organisé au cours de l'année universitaire 1982-1983 à l'Université nationale du Bénin (Cotonou) – le sujet soulève tant de passions que l'on oublie de parler de l'essentiel. Nous venons aussi d'apprendre qu'en juillet 1983, le Centre de recherche sur l'émergence des nouvelles littératures de l'Université de Limoges a organisé une table ronde sur ce thème qui fait aussi l'objet d'étude au Centre inter-universitaire « Littérature et Nation » de l'Université de Tours, de même qu'à l'Université Mc Gill de Montréal, et que toutes ces institutions prennent part à un projet de publication inter-universitaire sur les Littératures émergentes de langue française.

Nous ne disposons pas encore des conclusions de la table ronde de Limoges. Mais la note d'information relative à cette rencontre pose très clairement le problème : à partir de quand, dans quelle mesure, selon quels critères, avec quel corpus et quelles caractéristiques peut-on parler de littérature nationale dans les pays africains ? Quels sont les rapports (inclusion ou autonomie) qu'entretiennent ces littératures nationales avec la littérature négro-africaine ? Voilà à notre avis les questions auxquelles [PAGE 64] il convient d'apporter des réponses claires qui seules pourront ensuite nous autoriser à parler en toute rigueur de l'émergence ou de l'inexistence des « littératures nationales ».

Guy Ossito MIDIOHOUAN


[1] République gabonaise, Libreville, ministère de l'Education nationale, 1976, 357 p.

[2] Jean-Baptiste Tati-Loutard, Yaoundé, CLE, 1977, 253 p.

[3] Gisèle Bonn, Le Sénégal écrit – Anthologie de la littérature sénégalaise contemporaine, Tübingen, Horst Erdmann Verlag/Dakar, N.E.A., 1976, 508 p.

[4] Cercle international de la Pensée et des Arts français (C.I.P.A.F.), 1971, 132 p. Préface de Boubou Hama.

[5] Yves-Emmanuel Dogbé, Akpagnon, 1980, 223 p.

[6] Dakar/Abidjan, N.E.A., 1978, 188 p. Présentation de Pierre Klein, conseiller à la présidence de la République pour les Affaires culturelles.

[7] Paris, Silex, 1982, 288 p.

[8] Yaoundé, le Flambeau, s.d.

[9] Yaoundé, CLE, 1971, 112 p.

[10] Cf. notre article, « A propos de l'Anthologie de la Poésie togolaise, in P.N.-P.A., no 25, janv.-fév. 1982, pp. 113-116.

[11] Cf. Jean-Baptiste Tati-Loutard, Anthologie de la littérature congolaise d'expression française, pp. 5-7. Ce nationalisme forcené conduit certains critiques à des analyses tendancieuses et proprement stupéfiantes : dans le numéro 69 (mai-juillet 1983) de la revue Notre Librairie, Adrien Huannou distingue pour « la littérature béninoise écrite » trois périodes d'évolution : l'époque coloniale, puis l'époque néo-coloniale qui commence en 1960 et prend fin en 1972, et enfin l'époque de la Révolution du 26 octobre 1972 qui se caractérise par « l'adhésion plus ou moins ferme (des) auteurs au « processus révolutionnaire » déclenché par le coup d'Etat du 26 octobre 1972 »...

[12] Cf. Postface à Collier de Cauris, Paris, Présence Africaine, 1970.

[13] C'est nous qui soulignons.

[14] Cf. Poèmes de demain, p. 19.

[15] Cf. Le Sénégal écrit – Anthologie de la littérature sénégalaise contemporaine, Tübingen, Horst Erdmann Verlag/Dakar, NEA., 1976, p. 186.

[16] La revue Notre Librairie a déjà publié plusieurs numéros consacrés aux « littératures nationales » : les numéros 44 et 63 portent sur « La littérature zaïroise », le numéro 69 sur « La littérature béninoise ». D'autres sont en préparation. Chaque pays aura son numéro. Ce n'est plus qu'une question de temps.