© Peuples Noirs Peuples Africains no. 31 (1983) 1-10



LES MEDIAS,
VOILA LE VRAI POUVOIR !

Mongo BETI

Dans Le Monde des 30, 31 août et 1er septembre 1978, un certain Gilbert Comte fit paraître à propos de l'Afrique noire une série de trois articles où il exposait principalement que la corruption des hommes publics noirs est un simple effet de nos traditions et que nos cultures ignorent la probité en tant que valeur de morale politique.

On pouvait notamment lire dans Le Monde du 31 août 1978 :

    « L'ancienne Europe endura elle aussi, pendant des générations, les ravages d'un népotisme, d'un favoritisme analogues [à ceux qui sévissent en Afrique noire]. En France le mot vénalité désignait même les charges publiques vendues aux enchères. Du moins la morale chrétienne subsistait sous les abus et préparait l'avènement d'un civisme laïc d'où l'Etat national émergea dans toute sa splendeur. Nulle tradition équivalente n'existe encore au sud du Sahara. Un politicien malhonnête s'estime parfaitement respectable, et bénéficie d'une large considération s'il redistribue quelque chose de ses rapines dans sa parenté ou dans son village »[1].

Je fus choqué, comme d'autres Africains, par le ton péremptoire de thèses qui relevaient d'un racisme archaïque, [PAGE 2] inspiré d'un évolutionnisme naïf, à la limite de la débilité.

Pendant les semaines et même les mois qui suivirent, je lus régulièrement et attentivement Le Monde, guettant une réplique ou du moins une protestation des grands intellectuels noirs francophones auxquels le grand quotidien français ne peut se permettre de refuser la parole. Impossible, me disais-je, que les Senghor, Césaire, Rabémananjara, Alioune Diop, Mbow, Ki-Zerbo, et tutti quanti, se laissent ainsi insulter sans sourciller. Personnellement, toutes mes tentatives pour faire entendre ma voix dans Le Monde s'étant invariablement soldées par l'échec, je me voyais contraint d'assister en spectateur à un match qui d'ailleurs n'eut jamais lieu.

Le fait est qu'aucun des intellectuels africains communément considérés dans la francophonie comme les défenseurs naturels de nos intérêts spirituels et moraux n'adressa d'observation, autant que l'on sache, au grand quotidien français. L'outrage passa donc comme une lettre à la poste; une fois de plus les détracteurs professionnels de l'homme noir pouvaient se féliciter de l'impunité dont ils jouissent traditionnellement en francophonie.

Pour se faire une idée de l'abjection où l'homme noir est en permanence ainsi maintenu par le lynchage répété des idéologues du racisme encouragés par la pusillanimité de nos présumés défenseurs naturels que l'on essaye donc de débiter de semblables insanités à l'encontre des Arabes[2], des Philippins, des Algonquins de la vallée du Saint-Laurent, des Indiens Chiricahua ou des Quechua des Andes; aussitôt se lèveront des bataillons de boucliers à gauche, à droite, au centre, chez les anthropologues structuralistes de Lévi-Strauss, parmi les fonctionnalistes de Malinowski, dans les divers comités des amitiés franco-guatémaltèques, dans les diverses cellules de toutes les associations humanitaires – Amnesty International, Frères des Hommes, Médecins sans frontière, Sauveteurs des Boat-People, etc. Il n'est pas exclu que l'on fasse donner [PAGE 3] Brigitte Bardot ou Madame François Mitterrand elle-même.

L'homme noir, en revanche, est dénigrable et outrageable à merci. N'importe quel risible Gilbert Comte venu peut se permettre toutes les fantaisies rhétoriques et sophistiques sur notre honneur sans encourir le plus petit dommage.

Osons enfin le proclamer : en ce domaine comme en tant d'autres, le moins que l'on puisse dire de nos aînés, c'est qu'ils n'ont pas été à la hauteur de la mission que leur assignait l'histoire. Ils n'ont pas compris la nécessité d'une grande publication noire indépendante des pouvoirs, défenseur intraitable de la dignité des nègres. Ce ne sont ni les moyens financiers, ni les capacités intellectuelles, ni l'autorité de leur position, ni l'invulnérabilité des fonctions qui leur ont manqué, mais l'audace et la clairvoyance. Les conséquences de cette démission, on peut les observer chaque jour. Il n'existe pas de système au monde, exception faite peut-être de l'Afrique du Sud, où les Noirs soient aussi désarmés devant l'usage scandaleux que font les medias de leur image.

Il y a plus grave : en abdiquant ce qui est la fonction prioritaire de tout intellectuel, défendre la culture de son peuple et contrôler son image dans les medias, nos aînés se condamnaient bon gré mal gré à se plier à la représentation que la culture du maître voulait bien donner de nous et, finalement, à l'intérioriser. Ils ont tout attendu de lui, à la longue, éloge et blâme, philosophie et religion vices et vertus, lumières et tabous. Grands poètes, grands penseurs, grands hommes d'Etat! C'est le maître qui l'a proclamé, et nous voilà gonflés de délectation. Bandits sans aveu, assassins répugnants, opprobre du genre humain ! Et l'on s'écarte, puisque, encore une fois, c'est le verdict du maître. Comment serait-il impartial, par quel miracle serait-il un homme juste, lui qui ne rêve que de profit ? Peu importe. L'abstention est notre gloire, la mendicité notre galon : telle semble avoir toujours été la devise de nos aînés.

A l'époque des élucubrations de M. Gilbert Comte, Peuples noirs-Peuples africains en était à ses débuts, insignifiant David à la fronde dérisoire. Il fallut le désespoir infligé par la défaillance de nos généraux en chef pour que je me hasarde à affronter le colosse. J'exposai donc, non [PAGE 4] sans insolence, au maître qu'il avait énoncé un chapelet d'âneries et qu'il eût mieux fait de se taire. Et voici la réponse du lumineux chevalier bardé d'abnégation, de sérénité et d'amour, tel qu'enfin pétri par vingt siècles de charité chrétienne, ô combien éloigné des affligeantes éructations de l'homme des cavernes qu'est toujours le nègre :

Paris, le 28 octobre 1980

Monsieur M. BETI
« Peuples noirs-Peuples africains »

Pauvre Monsieur et triste sire,

Dans sa livraison de septembre-octobre 1978, votre revue Peuples noirs-Peuples africains qualifiait paisiblement de « discours scandaleusement raciste » trois articles généraux sur l'Afrique parus dans Le Monde quelques semaines plus tôt sous ma signature. Le numéro suivant augmenta la dose pour dénoncer mes « criminelles sottises », « fumeuses théories », « pompeuses niaiseries » et autres forfaitures de l'intelligence.

Deux ans plus tard, vous passez de tranquilles vacances en Normandie. Au cours d'une promenade rêveuse dans quelque rue de Rouen, peut-être, vous imaginez d'en découdre contre mes confrères Hervé Bourges et Claude Wauthier, à propos du Niger. Mais vous ne disposez pas de la documentation suffisante sous la main : N'importe ! Demandons-la donc à ce niais pompeux nommé Gilbert Comte. Les racistes impénitents mais lâches ne cherchent-ils pas toujours à mériter leur pardon entre deux danses du scalp anticolonialistes ? Aussitôt dit, aussi fait. Vous m'adressez immédiatement la lettre convenable. Avec du Monsieur, sans Cher, mais cependant vos « sentiments les meilleurs » à la fin. Sentiments élastiques!

Si je me permettais d'outrager quelqu'un comme votre revue m'insulta, un respect élémentaire de mes convictions [PAGE 5] m'interdirait ensuite de solliciter un seul service auprès de la victime. Je ne l'assurerais pas davantage de « Mes sentiments les meilleurs », sous peine de déconsidérer ma parole. Puisque vous écrivez des romans, j'aimerais bien savoir quelle fonction remplirait dans l'un d'eux le personnage capable de jouer ces deux rôles : celle du traître, probablement.

« Je ne suis pas de vos amis, mais nous faisons le même métier, je crois », m'assurez-vous dès la première phrase. Nos métiers se ressemblent comme l'agression nocturne de trente coquins contre un homme seul évoque un duel à midi entre gens d'honneur. Bien sûr! On échange des coups d'épée. Je veux dire qu'il y a de l'écriture, de l'encre, du papier. Mais vraiment, il n'existe pas un rapport de plus entre ma profession et vos calomnies haineuses de diffamateur public.

Gilbert COMTE

J'avais en effet entre temps écrit au grand intellectuel chrétien pour lui demander... devinez quoi ? la référence d'un article publié par lui dans Le Monde en faveur de Hamani Diori dont il est l'ami et à la chute duquel il avait assisté. Par parenthèses et à propos de respect de ses convictions et d'esprit de conséquence, observons que le lumineux chevalier chrétien ne paraît point gêné, ayant traité publiquement les peuples noirs de communautés dépourvues de sens moral, de sous-hommes en un mot, d'aller ensuite se goberger à la table des chefs d'Etat noirs, autant dire aux frais de populations notoirement démunies.

Dans l'usage du journalisme, qui en est en quelque sorte la déontologie, ce genre de service ne se refuse jamais. J'en rends quant à moi de semblables plusieurs fois par an à des journalistes qui travaillent pour des publications formulant habituellement sans vergogne des thèses outrageantes pour les nègres. Avec n'importe quel journaliste blanc, M. Gilbert Comte n'aurait pas fait la moindre difficulté, quelques comptes qu'il eût à régler avec lui.

Mais, devant un adversaire noir, il perd tout de suite la maîtrise de soi : il est cruellement cinglé par la surprise de voir pour la première fois un nègre lui tenir tête, et non point, comme il prétend, d'avoir été insulté. [PAGE 6]

Car enfin qu'est-ce qui est vraiment insultant : accuser un individu d'énoncer des sottises indignes de son âge ou poser tranquillement comme une vérité première que les peuples noirs ignorent encore l'intégrité morale dans les fonctions publiques ? Qu'est-ce qui est outrageant : dire qu'un individu s'est trompé ou traiter toute une race de conglomérat de primitifs ?

M. Gilbert Comte perd son sang-froid tout simplement en découvrant que l'intériorité du nègre a tout à coup cessé d'être un axiome irréfutable et qu'on ne la soutiendra plus jamais avec l'insolence de l'impunité garantie. C'est que les nègres eux-mêmes revendiquent désormais le droit de contrôler leur propre image dans les medias; en tout cas ils sont résolus à lacérer gaîment celle que l'outrecuidance des lumineux chevaliers pétris par vingt siècles de morale chrétienne avait jusqu'ici répandue d'eux. Oui, M. Gilbert Comte a dû comprendre que c'était là la mission que s'était donnée notre revue. Une bonne âme, son ami Bourges[3] par exemple, a même pu lui apprendre que, suprême présomption, nous avions juré de n'accepter aucune forme de subvention, de nous assurer une indépendance totale en comptant avant tout sur nos propres forces, persuadés que les nègres ne pourraient se doter de medias sans les conquérir contre le maître.

En 1960, le maître, plus que jamais intéressé à notre esclavage, causa la surprise : non seulement je vous libère, dit-il, mais en plus je jure de vous aider à retrouver toute votre créativité. Le diable, en somme, se faisait ermite. Beaucoup d'entre nous crurent au miracle, et non les plus ignorants ou les moins avertis. Près d'un quart [PAGE 7] de siècle s'est écoulé depuis, un bail comme on dit. Où sont nos imprimeries, nos grandes maisons d'édition, nos chaînes de salles de cinéma, nos studios de production, nos sociétés de diffusion et de distribution ? Où est notre appareil culturel ? Lequel de nos pays possède une publication, quotidienne ou périodique, de classe internationale ? Qui peut affirmer que l'avenir proche soit prometteur de mutations substantielles en ces domaines ?

C'est au terme d'une telle réflexion que cette revue a été lancée. Les Senghor, les Césaire, les Rabémananjara en leur temps seraient allés solliciter une subvention auprès du pouvoir blanc ou de son prolongement africain – un Bongo, par exemple, qui a déjà financé des manifestations « culturelles » noires. Et certes le pouvoir blanc se serait-il empressé d'exaucer la prière de ses protégés, mais à une condition, que chacun devine : qu'il dirige tout, soit le maître partout au moins dans la coulisse, et surtout que rien ne se dise ni ne s'écrive qui pût lui causer quelque chagrin.

De fait, bien des publications ont précédé Peuples noirs-Peuples africains, qui se disaient noires et même africaines; mais elles se bornaient à répéter à qui mieux mieux l'évangile du maître. Que d'observateurs imprudents, peu familiers des mécanismes de la domination française, crurent voir dans cet apparent consensus une justification du triomphalisme sous lequel le pouvoir et les medias de l'hexagone s'entendent pour étouffer les peuples africains « francophones ».

Quant à nous, en entrant en lice, nous avons signalé que nous ne voulions pas être aidés, mais traités d'égal à égal, comme n'importe qui. Résolus à vivre autonomes, sans être à charge à personne comme tant de pauvres oublieux de leur dignité, nous pensions que notre attitude, en libérant nos pairs de tout complexe, nous vaudrait dans la presse un accueil amical, exempt d'équivoque ou d'arrière-pensée.

C'était un peu trop naïvement oublier qu'en refusant d'adopter la posture humiliée du demandeur, nous commettions le pire péché d'orgueil qu'un lumineux chevalier chrétien bardé d'amour et d'abnégation puisse reprocher à un nègre. En dehors de la faveur, c'est-à-dire du paternalisme, quelle autre relation que la persécution peut-il y avoir entre l'esclave et le maître ? On voit donc aujourd'hui [PAGE 8] des journaux qui acceptent régulièrement notre publicité s'abstenir systématiquement de nous mentionner dans la rubrique spécialisée.

Trop tard, car le mal est fait, si je puis être autorisé à m'exprimer ainsi : nous existons, indéniablement, et nous existons depuis cinq longues années, pendant lesquelles nos livraisons se sont succédé sans aucune défaillance. Nous sommes un peu pareils à ce socialiste allemand, Bebel peut-être, qui, selon la tradition, avait coutume de proclamer : quand un bourgeois me félicite, je sais que j'ai commis une faute. Inversant légèrement cette formule, nous pourrions dire quant à nous : puisque le système qui vit de la domination du nègre nous exècre, c'est que nous sommes dans la bonne voie.

Voici en tout cas une situation qui nous permet de faire une démonstration dont, à notre avis, les Africains « francophones » avaient grand besoin. On peut faire beaucoup de choses, on peut sans doute même tout faire sans la permission ni l'aide du maître, et même avec sa désapprobation la plus flagrante. Je crois avoir déjà évoqué ici la destinée de mon premier roman, Ville cruelle, édité en 1954 par Présence Africaine, une maison aussi jeune que pauvre. A sa parution, le roman fut, comme aujourd'hui encore la presque totalité des œuvres des jeunes Africains et même de moins jeunes, ignoré de l'ensemble des medias. Pas une mention, pas un compte rendu, pas une interview. L'éditeur se désespérait et parlait d'enterrement de première classe. L'œuvre dut donc survivre en nourrissant sa vitalité des seules ressources de sa valeur interne. Pourtant le tirage de la seule version « poche » de Ville cruelle s'élève aujourd'hui à 160 000 exemplaires, alors que les ventes atteignent les 130 000, la demande venant presque exclusivement d'Afrique.

Il n'est pas question de nous enfermer dans je ne sais quelle autarcie culturelle sous prétexte de fonder en autonomie notre création, afin d'assurer son authenticité et sa sauvegarde. Réjouissons-nous si, à l'occasion, un éditeur impérial accepte notre manuscrit; fêtons la parution d'un compte rendu sous la signature d'un critique prestigieux; si un metteur en scène de renom s'éprend du texte d'un dramaturge africain, ce n'est certes pas un mince succès; bravo à Ousmane Sembene lorsqu'une grande salle parisienne daigne programmer Xala en exclusivité. [PAGE 9] Mais faisons comme le charcutier qui, après avoir gagné une petite fortune en jouant au loto, retourne sagement à sa charcuterie pour y travailler le reste de la semaine, car la charcuterie, c'est toute sa vie, et le loto n'est qu'un appoint. Notre vie, notre charcuterie, c'est notre appareil culturel que nous devons créer aujourd'hui, de toutes pièces, en ne comptant que sur nos propres forces.

C'est vrai que, comparé à nos espoirs du début, le succès de Peuples noirs-Peuples africains a été très relatif, statistiquement parlant; c'est vrai que nous n'avons jamais dépassé les 350 abonnés; mais c'est vrai aussi que notre progression, lente, certes, a été constante, excepté, et c'est à n'y rien comprendre, pendant les douze mois qui ont succédé à l'élection de M. François Mitterrand; c'est vrai encore que nous croyons légitimement pouvoir compter sur notre public pour poursuivre cette progression, désormais retrouvée, et parvenir un jour pas trop lointain à l'équilibre financier. Ce qui est certain, c'est que, pour la deuxième année consécutive, nous avons couvert les frais de fabrication avec les seules ressources de la revue, y compris évidemment les ventes hors abonnement, le déficit étant financé par les éditeurs sur leurs propres revenus.

Non seulement nous continuons donc, malgré les difficultés, malgré l'hostilité ambiante, mais nous croyons le moment venu pour la revue de franchir une nouvelle étape en concrétisant un rêve cher à ses fondateurs : assurer un compte rendu à tous les ouvrages de Noirs paraissant en langue française. Bientôt aucune de nos œuvres ne se publiera plus dans le silence et l'indifférence et nos auteurs n'auront plus à guetter dans l'angoisse l'improbable aumône d'une mention dans les medias impériaux.

Pour être à la hauteur de cette noble tâche, nous sommes en train de mettre sur pied une équipe de critiques compétents, efficaces et enthousiastes qui sera complète et opérationnelle avant la fin de cette année.

Nous faisons deux requêtes à ce sujet. A quiconque édite un auteur noir, nous demandons d'ores et déjà de nous adresser sans délai deux exemplaires de presse. A nos critiques déjà confirmés, nous demandons de nous informer d'avance des ouvrages dont ils désirent donner [PAGE 10] un compte rendu ou une étude afin d'éviter les doublons dont certaines de nos prochaines livraisons offriront encore quelques malheureux exemples.

Voilà, pour l'année qui vient de commencer, une bonne nouvelle, qui, nous en sommes certains, sera appréciée à sa juste valeur par des centaines d'écrivains noirs de langue française dont les œuvres passaient régulièrement inaperçues.

Voilà une raison supplémentaire de nous aider par tous les moyens et, particulièrement, en vous abonnant et en faisant abonner vos amis. Nos explications successives depuis cinq ans doivent avoir persuadé chacun désormais que la seule force de Peuples noirs-Peuples africains, publication qui refuse toute subvention extérieure, c'est le soutien sans défaillance de son public. Que ce dernier se relâche, et c'est la fin de la revue.

En attendant, Peuples noirs-Peuples africains continue, toujours plus indépendant, toujours plus efficace, toujours plus téméraire.

Mongo BETI


[1] Pourquoi ceci ne s'appliquerait-il pas plutôt à l'homme aux diamants ?

[2] Le Premier ministre, Pierre Mauroy, vient de l'apprendre à ses dépens. Parlant des récentes grèves dans l'automobile, menées à l'initiative de travailleurs en majorité marocains, il avait eu le malheur d'évoquer l'influence de l'intégrisme musulman. Voyez comme le Premier ministre soi-même se fait taper sur les doigts par Le Monde du 30-31 janvier 1983.

[3] Encore un lumineux chevalier pétri par vingt siècles de charité chrétienne, ô combien éloigné de la confusion et de l'agitation qui peuvent tourmenter l'homme des cavernes, proie de toutes les incertitudes. En tout cas ce chevalier-là n'a pas attendu longtemps avant d'accomplir son premier exploit à la tête de Radio France Internationale. Et, comme nous l'avions prédit, c'est un exploit de censure. Un malheureux journaliste avait eu l'imprudence à l'antenne de faire écho à une critique du Canard Enchaîné visant la gestion extravagante d'un certain Eyadema, soi-disant général, et dictateur au Togo. Aussi sec le chevalier-bourreau a lâché son couperet, suspendant sans délai le journaliste trop frondeur. Entre le professorat de journalisme et la défense zélée des dictateurs africains, en voilà un dont le cœur continue à ne pas balancer. Sacrés chevaliers chrétiens, allez!