© Peuples Noirs Peuples Africains no. 28 (1982) 40-56



ANGELOS PAPADOPOULOS
OU LE PROTOTYPE DU NEGRIER

Un Patriote africain

Avant-Propos

L'U.E.A.P. (Union des Etudiants Africains Progressistes de Thessalonique-Grèce) a demandé à certains de ses membres de faire des enquêtes sur les activités de quelques négriers notoires d'origine grecque. Nous livrons aux lecteurs de P.N.-P.A. une de ces enquêtes. Il faut dire qu'il n'a pas du tout été facile de collecter les informations nécessaires à la réalisation d'une telle enquête. La peur qui habite soudain les Africains dès qu'il faut parler de la situation politique dans leur pays a certainement été le plus gros de nos handicaps. Néanmoins, après un an de travail, nous avons pu obtenir ce que nous voulions. Puisque cette enquête concerne un négrier qui a longtemps vécu au Cameroun, nous tenons à préciser qu'il est heureux qu'aucun des 50 ressortissants camerounais résidant en Grèce ne soit membre de l'U.E.A.P.; un seul d'ailleurs habite Thessalonique, siège de l'U.E.A.P. Dans ces conditions, toutes éventuelles représailles d'Ahidjo ou de Papadopoulos – le négrier dont il sera question plus bas – contre des individus tout à fait innocents, ne constitueraient en fait qu'un acte délibéré de terrorisme. Ahidjo donnerait en tout cas une occasion [PAGE 41] insoupçonnée à l'U.E.A.P. d'attirer l'attention du Peuple grec sur le caractère ouvertement terroriste de la dictature de Yaoundé.

Quand un va-nu-pieds découvre le paradis

Sont-ce les dizaines de milliards de francs C.F.A. pillés au Cameroun et soigneusement déposés dans les banques suisses et anglaises, ou bien les nombreux millions de drachmes[1] qui ont commencé à alimenter ses comptes dans les banques grecques depuis qu'il a décidé de se reconvertir dans la publicité et le pétrole, qui font continuellement « tiquer » Angelos Papadopoulos ? Certains pensent plus simplement et certainement assez naïvement que ce tic forcené qui semble persécuter Papadopoulos ne serait que la revanche de la nature punissant un homme qui a fait fortune sur la misère et donc sur le sang des Camerounais. Chaque tic ne correspondrait alors qu'à chacune des gouttes de sang « bu » par Papadopoulos. Quelle que soit l'interprétation qu'on puisse donner de ce tic, une chose est en tout cas certaine, plus Angelos accumule les milliards, plus il « tique ». Qui est donc au fait ce personnage au premier abord curieux ?

En arrivant au Cameroun vers 1950, Angelos est un jeune homme de 26 ans presque inculte, que la misère et la faim ont chassé de sa Chypre natale puis de la Grèce où seuls le bateau et le diplôme universitaire assurent à l'époque un revenu sécurisant; et enfin de l'Angleterre, pays où un Chypriote reçoit le même traitement qu'un Pakistanais; c'est tout dire. C'est dans ce dernier pays que Papadopoulos a appris l'anglais boiteux qu'il parle. Aujourd'hui, Angelos, devenu milliardaire, prétend qu'il s'était rendu en Angleterre pour faire des études d'économie. Angelos aurait-il honte de son passé d'aventurier ? Si Angelos choisit le Cameroun, c'est que son oncle s'y trouve depuis très longtemps. Arrivé au Cameroun après la Première Guerre Mondiale, l'oncle Papadopoulos a exercé tous les métiers. Chauffeur de camion, acheteur de cacao, magasinier, pour se stabiliser dans le savon. Quand le jeune Angelos arrive à Douala, l'oncle Papadopoulos a déjà mis sur pied une petite fabrique de savon de [PAGE 42] lessive qui emploie moins de 5 ouvriers. Sa longue présence au Cameroun et les métiers modestes qu'il a exercés ont tellement rapproché l'oncle Papadopoulos des populations autochtones que lorsque la savonnerie est construite, on a peine à différencier le patron de ses ouvriers. Pour l'oncle Papadopoulos qui parle un excellent pidgin[2], la fabrique est avant tout un moyen de gagner son pain quotidien. Le savon qu'il fabrique est de mauvaise qualité mais il est offert à un prix modique, ce qui soulage les populations pauvres de Douala. Ses nombreux déplacements à l'intérieur du Cameroun lui ont valu l'amitié de chefs traditionnels et de certains hommes politiques camerounais du Littoral et du Cameroun Occidental. On verra plus loin l'importance de cette remarque. Donc, quand Angelos arrive à Douala, la savonnerie de son oncle est une petite fabrique sans importance d'où ne peuvent être tirés que de petits bénéfices; l'oncle Papadopoulos a d'autre part de bons liens avec une partie de l'élite traditionnelle et politique du Cameroun.

A peine arrivé à Douala, Angelos est initié à la gestion de la fabrique; l'oncle Papadopoulos présente son neveu à ses amis; le jeune Angelos partage son temps entre la fabrique et les voyages à l'Ouest et au Cameroun Occidental. En 1955, quand commence la guerre de libération camerounaise, l'oncle Papadopoulos, fatigué et âgé, se retire et confie l'entière gestion de la fabrique à Angelos. Pour l'ancien affamé de Nicosie, d'Athènes et de Londres, c'est l'aubaine de la vie. Quand un aventurier prend sa revanche sur la nature, il n'y va pas de main molle. Angelos ne fait pas exception. Il commence par baptiser sa fabrique du nom ambitieux de C.C.C. (Complexe chimique du Cameroun). Puis il applique les méthodes bien connues de tout bon capitaliste qui a en plus l'avantage d'opérer sur un terrain extrêmement favorable. Désormais, les « bons » ouvriers travailleront 11 ou 12 heures par jour au lieu de 8 ou 9 sous le vieux Papadopoulos.

En contrepartie, ils recevront 2 ou 3 mille F. CFA en plus de leur salaire. Ce qui portera ce dernier à 7 ou 8 mille F. CFA. Ceux qui refusent ce rythme infernal seront [PAGE 43] licenciés en douce et remplacés par d'autres ouvriers plus dociles. Quand la solidarité des ouvriers limite la marge de manœuvre Angelos, alors, prétextant une faillite, il les licenciera tous et puisera ensuite dans la réserve inépuisable de chômeurs de nouveaux ouvriers toujours plus dociles puisque plus nécessiteux. Bien que l'intelligence lui fasse totalement défaut (peut-être du fait des carences dues à une famine prolongée. Papadopoulos, rappelons-nous-le, est arrivé au Cameroun âgé de 26 ans !), Angelos possède au moins une qualité, diabolique certes, qui lui permet cependant d'éviter le conflit ouvert avec les principales forces du Cameroun. Cette qualité c'est de se trouver des amis dans tous les camps, même s'il faut pour cela user de la corruption (ou mieux, en usant toujours de la corruption) et de l'intoxication. En 1955-1957, même un homme aussi bête que Papadopoulos serait bien imprudent de parier sur la défaite de l'U.P.C. Aussi décide-t-il de rechercher l'amitié de quelques upécistes de 2nd rang ainsi que d'une personnalité upéciste influente. Ceci n'empêche évidemment pas Angelos de maintenir ses liens privilégiés avec certains chefs traditionnels et des représentants de la droite camerounaise. Cette souplesse tactique assurera à Papadopoulos la sécurité dont il a besoin pour faire grandir sa fabrique à un moment où le Cameroun et en particulier Douala est un véritable champ de bataille. Quand le Cameroun accède à l'indépendance formelle, la C.C.C. est une usine en pleine expansion.

Des milliards pour un aventurier

En 1961, le Mouvement Révolutionnaire Camerounais semble vaincu. Papadopoulos peut agir en toute impunité. Il corrompt ouvertement de nombreuses personnalités de la droite camerounaise dont l'activité jusqu'en 1962 est libre; il augmente le prix du savon d'autant plus aisément qu'il en a presque le monopole de production, du moins dans la région de Douala. Pour étouffer les révoltes des ouvriers surexploités Angelos use de l'arme tribale, du mouchardage quand ce n'est pas simplement du licenciement global. En 1962, Ahidjo, qui deviendra plus tard un grand ami d'Angelos, supprime tous les partis politiques, à l'exception de son U.C. et enjoint à tous les autres ténors de la droite d'adhérer à son [PAGE 44] parti. Ceux qui refusent de se plier sont jetés en prison ou éliminés physiquement. Pour Angelos, c'est le miracle. Plusieurs de ses amis sont au pouvoir. Il se fait octroyer un « prêt » d'un montant astronomique, véritable crime contre le Peuple du Cameroun. En moins de 6 mois, Angelos dote son usine d'un nombreux matériel moderne. Désormais la C.C.C. ne produira plus seulement du savon, mais aussi des parfums, des crèmes de beauté et plus tard, de nombreux dérivés chimiques du pétrole. Les produits de la C.C.C. se retrouvent sur tous les marchés du Cameroun et bientôt de tous les pays de l'Afrique Centrale. Les bénéfices sont fabuleux. En 5 ans, ils dépassent le cap des 100 millions l'an. En 1966 est fondée l'UDEAC. Pour Angelos, c'est une manne de plus. Décidément, pour l'ancien affamé de Nicosie, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et c'est vrai que le Cameroun est le meilleur des mondes, le paradis pour Angelos et tous ceux qui lui ressemblent mais un enfer pour les populations autochtones. Avec l'UDEAC, les produits de la C.C.C. ne seront plus affectés d'une taxe au passage des frontières congolaises, gabonaises, centrafricaines et tchadiennes. Les Nigériens, les Equato-Guinéens et les Zaïrois montrent eux aussi une préférence pour le savon camerounais. Il faut dire que pour les Africains démunis, un savon non parfumé sert aussi bien de savon de lessive, de vaisselle que de toilette. Cette situation explique que dès 1972, Papadopoulos dépasse le cap du milliard. Arrivé à Douala nu et l'estomac aux talons, voici Angelos devenu milliardaire. L'argent apportant la puissance, Angelos devient un homme politique important au Cameroun. En 1968, date où le pétrole camerounais a probablement commencé à être pillé, c'est à Angelos qu'Ahidjo confie les dossiers de la négociation avec les Nigérians qui s'inquiètent de la manière suspecte dont est exploité un pétrole qui se trouve à la frontière des deux pays. C'est dans ce lointain passé que se trouvent les prémices du conflit nigériano-camerounais, conflit que les médias français s'empressent de présenter comme un simple problème de tracé frontalier. Les Nigérians, s'étant rendus compte que la société pétrolière anglaise B.P. vendait en cachette le pétrole nigérian aux racistes Sud-Africains, suspendirent les activités de la B.P. qu'ils nationalisèrent ensuite. Voulant continuer à [PAGE 45] honorer leur contrat de livraison de pétrole à l'Afrique du Sud, les Anglais s'adressèrent à leurs amis français qui leur suggérèrent d'alimenter les Sud-africains avec du pétrole camerounais. Il faut se demander si Ahidjo fut ne serait-ce qu'informé, de ce contrat franco-britannique sur le pétrole camerounais. Les Nigérians ayant voulu vérifier ce qui n'était jusque-là que des soupçons de la trahison du dictateur Ahidjo, envoyèrent à plusieurs reprises quelques navires de reconnaissance non loin des installations pétrolières camerounaises. C'est lors d'une de ces promenades de reconnaissance que 5 officiers et sous-officiers nigérians furent abattus par des marins camerounais. Nous faisons remarquer au lecteur que cette interprétation des faits est certainement plus proche de la réalité que celle des médias français puisque même un grand ami et défenseur d'Ahidjo comme Angelos Papadopoulos réfute l'interprétation des médias français et avance, comme cause du conflit, les divergences sur la quantité de pétrole que chacune des 2 parties est supposée pomper des puits qui ont une nappe commune. Pour comprendre l'agacement des Nigérians, il n'est peut-être pas superflu de rappeler que depuis la prise du pouvoir en 1975 par Muhammed Murtala, le Nigéria entend devenir le symbole de l'Afrique indépendante et libre. Aussi n'est-il pas surprenant que toute l'équipe dirigeante à Lagos soit d'abord testée sur le problème-clé de la dignité africaine : la question de l'Afrique Australe. Or, sur ce dernier point, Ahidjo n'a même pas l'honnêteté d'un Houphouët-Boigny par exemple qui se vante d'entretenir des relations d'amitié avec les nazis qui gouvernent l'Afrique du Sud. Au contraire, le dictateur de Yaoundé déclare à qui veut l'entendre qu'il condamne la coopération, toute coopération avec l'Afrique du Sud. En réalité, tout comme Mobutu, Houphouët, Arap-Moï, B.C.D. (Bokassa-Colingba-Dacko), Hassan II, Bongo et autres, Ahidjo entretient d'excellents rapports avec les Vorster et Botha. Nous donnerons plus loin un exemple éclatant de cette coopération. Nous ouvrons ici une parenthèse pour préciser que la caste féodalo-bourgeoise nigériane, actuellement dirigée par Shehu Shagari, a profité du conflit nigériano-camerounais pour détourner l'attention du Peuple Nigérian des problèmes vitaux auxquels il est confronté. C'est une tentative vaine. S'organisant chaque [PAGE 46] jour un peu mieux, les travailleurs nigérians ont commencé à taire changer à leur avantage le rapport des forces. Nous ne pouvons que les encourager à aller de l'avant.

Le chemin de la prospérité éternelle

Maintenant qu'il est milliardaire en F. CFA, Angelos décide de devenir milliardaire en drachmes et pourquoi pas en dollars. Ne dit-on pas que l'appétit vient en mangeant ? Le Cameroun produit du pétrole, Angelos est le grand ami d'Ahidjo. Deux conditions suffisantes pour qu'Angelos se transforme en acheteur-revendeur de pétrole. Pour que tout se passe sans la moindre bavure, Angelos va mettre au point un de ces scénarios diaboliques dont il a seul le secret. Avant d'obtenir l'autorisation que seul Ahidjo peut lui donner, Angelos commence par faire don à son ami d'un dispensaire. Un petit dispensaire est donc construit dans la région natale d'Ahidjo. Angelos n'a déboursé que 40 millions de F. CFA. C'est suffisant pour corrompre son Excellence le Président du Cameroun. En 1976, Angelos lance un slogan publicitaire. Il veut aider les hommes d'affaires camerounais à prendre la relève des Européens. Après 16 ans d'indépendance, il ne s'agit encore que d'aider à prendre la relève! Angelos vend donc une partie des actions de la C.C.C. à des businessmen camerounais. Le plus gros acheteur, on s'en doutait, est M. Ahidjo. Comme il est théoriquement interdit aux membres du gouvernement et aux fonctionnaires de s'occuper de commerce, c'est le commercial manager d'Ahidjo, un certain Malam Nassourou, qui effectuera les transactions. Autre gros acheteur, l'escroc et spéculateur Soppo Priso. Pour remercier son ami, Ahidjo le nomme Consul honoraire du Cameroun en Grèce. En réalité, Angelos vient d'être chargé par Ahidjo de diriger sa police parallèle à Athènes. En même temps il pourra se reconvertir dans le commerce du pétrole camerounais. Officiellement, outre ses fonctions diplomatiques, Angelos est directeur d'une agence de publicité. Donnons quelques précisions. C'est en 1976 qu'un groupe d'étudiants africains fondent à Thessalonique l'U.E.A.P. La signification de l'U.E.A.P. et le danger qu'elle représente pour les dictateurs africains, ont été longuement analysés dans le no 22 de P.N-P.A. C'est dans le but de [PAGE 47] surveiller les étudiants et stagiaires militaires camerounais que Papadopoulos est envoyé en Grèce en 1978, dans la plus grande discrétion. Peut-être le lecteur n'est-il pas convaincu ? Précisons davantage.

Papadopoulos ne cesse de se vanter d'avoir conseillé à son ami Ahidjo d'envoyer se former en Grèce des militaires camerounais. Quand un dangereux criminel comme Angelos Papadopoulos donne ce genre de conseils, il faut bien se dire qu'il y a quelque anguille sous quelque roche. Or que voit-on ? Les premiers militaires camerounais arrivent en Grèce dès octobre 1967, c'est-à-dire 7 mois après le coup d'état des colonels grecs dont l'anti-communisme primaire constitue le principe de toute démarche politique. Les écoles militaires grecques, qui n'avaient pas déjà bonne réputation, deviennent de véritables centres de formation fasciste. Dans les écoles d'officiers, on enseigne la haine du Peuple, le fanatisme nationaliste, la soumission aveugle aux « supérieurs », la haine du dialogue, le tout assaisonné d'un colossal et ridicule fanatisme religieux. Les critères de sélection sont déjà à eux seuls révélateurs du caractère fasciste de ces écoles. Ne sont admis dans une école d'officiers que les fils d'officiers supérieurs ou de personnes appartenant à l'extrême-droite. C'est dans ces écoles que Papadopoulos conseille à Ahidjo d'envoyer se former ses officiers. Ahidjo s'empresse évidemment d'exécuter la proposition de son ami. A partir de 1970, Ahidjo enverra en moyenne 50 élèves officiers et sous-officiers en Grèce. Les colonels tombés, l'U.E.A.P. fondée, Ahidjo commence par réduire le nombre d'officiers en partance pour la Grèce, puis envoie Papadopoulos comme chef des services secrets d'Ahidjo en Grèce et dans les Balkans; nous voulons donner une dernière précision sur les activités commerciales pétrolières du négrier Angelos. L'on sait que la Grèce est totalement dépendante de l'étranger sur le plan énergétique. Pour des raisons économiques et géographiques, la majeure partie de l'approvisionnement de la Grèce est assure par la Libye et l'Irak[3], deux pays qui pratiquent des prix « élevés ». [PAGE 48]

Considérant cette situation, Papadopoulos fait le raisonnement simple suivant : étant donné que mes relations avec Ahidjo sont excellentes, je vais lui proposer de me permettre d'acheter aux Français le pétrole camerounais qui est, comme tout le monde le sait, le pétrole le moins cher du monde (6 ou 7 dollars U.S. le baril alors que le Nigéria, à côté, vend le même pétrole 38 dollars[4] le baril). Même si les Français me le vendent 2 ou 3 fois plus cher qu'ils ne l'achètent, c'est-à-dire 12 ou 18 dollars, je réussirai toujours à le vendre aux compagnies grecques meilleur marché que les Libyens et les Irakiens. La différence ira en partie dans mon compte et en partie dans le compte de mon très cher vrai ami Ahidjo. Il n'y aura aucun problème de transport, les compagnies grecques de pétrole se chargeant souvent elles-mêmes de la location des tankers; il est vrai, j'aurais préféré que le transport se fît par un tanker camerounais, ce qui m'aurait épargné des dépenses inutiles; mais Cameroun Shiping Lines ne possède que quatre vieux cargos qui sont continuellement en réparation. Excellent calcul! Ahidjo s'empresse de donner son accord. Et voilà nos deux copains partis pour la prospérité éternelle. Et on veut nous faire croire qu'Ahidjo ne serait pas un Sage Africain, un Moses Camerounais !

Le négrier Papadopoulos dans le rôle de chef de la police parallèle

Quand un diplomate est promu au poste important de consul, normalement, il ne se cache pas à la communauté qu'il est censé représenter, même s'il n'a pas encore été installé officiellement dans ses nouvelles fonctions. C'est paradoxalement ce que fait Papadopoulos. Pendant un an, sans que les Camerounais puissent soupçonner quoi que ce soit, Angelos est à Athènes où il a loué le 2nd étage d'un immeuble au centre d'Athènes; il délivre même des visas aux Grecs désirant se rendre au Cameroun[5] Seuls trois Camerounais[6] sont en rapport avec le [PAGE 49] Consul. Ces trois Camerounais sont aussi les trois agents du SEDOC (Police parallèle d'Ahidjo) en Grèce. Leur chef, qui est aussi le chef des militaires camerounais est un certain Tiyou Joseph. Tiyou est de ceux que Mongo Beti appelle infirmes mentaux. Pour Tiyou, le mérite d'un individu se mesure aux résultats qu'il obtient, quels que soient les moyens dont il use. L'intelligence, le travail, l'éthique, l'effort suivi, Tiyou. s'en moque. C'est pour lui qu'a été inventé l'adage bien connu : la fin justifie les moyens. S'il fallait livrer sa mère pour obtenir un grade de plus, le lieutenant Tiyou n'hésiterait pas à le faire. On peut dire que Joseph Tiyou est aux Camerounais ce que Christian Eléko est aux Zaïrois. Sa nomination comme chef des militaires camerounais en Grèce avait déjà intrigué bien des gens. Il n'était pas le militaire le plus ancien dans le grade le plus élevé, condition requise pour prétendre au titre de chef[7]. Pendant plus d'un an, Tiyou et ses deux camarades espionnent systématiquement tous les membres de la communauté camerounaise en Grèce et livrent d'intéressants renseignements à Papadopoulos. Une fois ce travail bien fait, s'étant assuré qu'il n'y a aucun « rebelle » (entendez opposant ou régime d'Ahidjo) [PAGE 50] en Grèce, Angelos peut se présenter à la communauté camerounaise en Grèce. Nous sommes à la fin de l'année 1979. Il laisse courir la rumeur qu'un consul du Cameroun en Grèce, prêt à venir en aide à tout le monde, arrive du Cameroun. Le résultat ne se fait pas attendre. Les Camerounais, un petit nombre heureusement, courent chez Papadopoulos se faire corrompre à raison de 25 ou 50 F.F. A tous, Papadopoulos répète qu'il aime les Camerounais plus que ses propres enfants, que le Cameroun se porte bien, que la sagesse d'Ahidjo est incommensurable, qu'Ahidjo lui a expressément demandé de venir résoudre sur place tous les problèmes des Camerounais et patati et patata. Alertés, quelques militaires et étudiants camerounais signifient au consul leur indignation. Prudent, Papadopoulos, sans avouer son crime, prétend qu'il est en manque d'expérience. Profitant de ce repli tactique, les Camerounais lucides demandent alors à Papadopoulos de s'engager à aider substantiellement et régulièrement les Camerounais nécessiteux. Pour Papadopoulos. C'est un défi que des écervelés lui lancent. Il sort ses griffes, Il commence par intimider et menacer puis il interdit l'entrée du consulat aux Camerounais. Pour avoir accès au consulat, il faut au préalable téléphoner pour obtenir la permission ou passer par le chef des militaires qui n'est autre que Tiyou. La colère que déclenchent les méthodes de Papadopoulos conduira les deux collègues de Tiyou à se désolidariser de ce dernier. Pour les punir, Tiyou enverra quelques rapports sur eux au Cameroun. Rentré en vacances, un d'eux sera longuement fouetté à la B.M.M. de Yaoundé et sera remercié des services rendus. Le second refusera une curieuse affectation au Maroc et désertera. Personne ne sait aujourd'hui où il se trouve. Malgré ce « nettoyage », le mécontentement des Camerounais ira grandissant, Angelos ne voulant abandonner aucune de ses méthodes. D'autres rapports partiront au Cameroun; des élèves-officiers verront leur stage s'interrompre sans raison. Certains sous-officiers, de retour au Cameroun, se verront refuser les galons de sergent auxquels ils avaient droit pour recevoir ceux de caporal ou même de soldat de seconde classe. Le crime est avoué quand on apprend que la femme et la belle-sœur de Tiyou bénéficient d'une bourse du consulat alors que Papadopoulos avait déclaré n'être pas en mesure [PAGE 51] d'octroyer une aide sous forme de bourse à qui que ce soit, ses moyens financiers étant très modestes (sic !); de plus, le salaire de Tiyou passe de 2.000 F à 4.800 F.F.! Il n'est pourtant qu'un aspirant. L'arrogance de Tiyou finit de convaincre les Camerounais. A ses ennemis, il déclare qu'il rentre au Cameroun mais qu'il sera très vite de retour en Grèce pour assumer les fonctions d'attaché militaire du Cameroun au consulat du Cameroun en Grèce. Rentré à Douala, Tiyou, que Papadopoulos a eu le soin de présenter au chef de la communauté grecque à Douala, se voit octroyer des « aides » régulières pouvant atteindre 500 mille francs camerounais. Dans le milieu africain d'Athènes, Tiyou est aujourd'hui considéré comme le fils de Satan fait homme. Tiyou n'était pourtant qu'un bon exécutant, une sorte de victime. L'orchestration et le financement de l'action criminelle de Tiyou étaient assurés par Angelos Papadopoulos, grand ami d'Ahidjo. C'est pour épargner à ce dernier un grand scandale qu'Angelos empêchera l'U.E.A.P. de faire toute la lumière sur l'arrestation d'un marin camerounais en novembre 1980.

Informée par hasard par un agent de police, l'U.E.A.P. délègue rapidement un de ses membres au commissariat du Pirée où sont détenus 2 marins arrêtés pour avoir essayé de dévaliser un banque. Ce sont Richard Johnes, 24 ans, citoyen sud-africain et Jacob Maalou, 35 ans, citoyen camerounais. Le délégué de l'U.E.A.P. peut s'entretenir pendant 10 minutes avec Maalou. Ce dernier raconte qu'il a été abordé à Douala en mars 1980 par un homme de race blanche qui lui a proposé de travailler dans un bateau pour un salaire mensuel de 600 F.F. Maalou n'hésite pas pendant une seule seconde à accepter la proposition du Blanc. Originaire du Cameroun Occidental, Maalou est arrivé à Douala dans le but de trouver un emploi. Entreprise difficile puisqu'il semble qu'au Cameroun, même pour devenir planton, il faut corrompre Monsieur le Directeur. Maalou réussit quand même à se faire embaucher comme docker au port. C'est à la fin d'une pénible journée de travail que Maalou est abordé par le curieux homme blanc. En une semaine, le passeport de Maalou est prêt. Il paraît pourtant qu'au Cameroun il faut quelquefois attendre un an pour obtenir un passeport. Un matin, Maalou s'envole de Douala pour Monrovia [PAGE 52] via Lagos. A Monrovia, il embarque dans un navire sud-africain. A l'intérieur, Maalou s'aperçoit que tout le monde est blanc. On fait travailler Maalou comme un nègre. Quand il ose se révolter, on menace de l'abandonner dans un port inconnu. Heureusement pour Maalou, un jeune homme dans le navire dénonce le traitement infligé au Nègre. Ce jeune homme, c'est Johnes. Il prend de plus en plus ouvertement la défense de Maalou qui devient son ami malgré les protestations des autres membres de l'équipage. Arrivé au port athénien du Pirée, le capitaine fait débarquer tout l'équipage; Johnes et Maalou sont logés comme tout le monde dans un hôtel du Pirée. Le bateau, dit-on aux deux amis, va subir quelques réparations pendant une semaine. Chaque jour, Maalou et son ami se promènent dans Athènes et rentrent tard. Le 3e soir quand Maalou et Johnes rentrent à l'hôtel, ils ne soupçonnent pas qu'un complot vient d'être exécuté contre eux. En se réveillant le matin, ils s'auront qu'ils ont été abandonnés en Grèce. Une preuve de plus que le racisme est plus une affaire d'intérêts que de couleur de peau. Johnes réussit à entrer en contact avec l'ambassade sud-africaine à Athènes qui lui promet de l'envoyer dans un autre navire. Johnes n'ose pas soumettre aux diplomates sud-africains le problème de son ami Maalou. Pour ce dernier, il a un autre projet, intéressant mais naïf. Ils vont dévaliser une banque et avec ce qu'ils auront retiré du coffre-fort, Maalou pourra s'acheter un billet retour pour le Cameroun et y mener une vie décente. L'inexpérience et la naïveté des deux jeunes gens sont prouvées par le fait qu'ils ont été arrêtés avant même d'avoir pu ouvrir la porte de l'établissement bancaire. Maalou raconte cette histoire sans la moindre hésitation. Croyant bien faire, le délégué de l'U.E.A.P. informe le consul du Cameroun à Athènes ainsi que la communauté camerounaise de la capitale. Quand ces derniers se présentent quelques jours plus tard au commissariat, on leur apprend qu'après vérification, Maalou n'est pas Camerounais mais Sud-Africain. En conséquence, l'affaire n'intéresse plus les Camerounais. Ce que personnellement je crois, c'est que Papadopoulos, dans le but d'éviter un scandale qui aurait pu éclabousser l'image de sage de son ami Ahidjo, a demandé au commissaire, peut-être après l'avoir corrompu – Papadopoulos excelle dans cet art – [PAGE 53] ne de plus permettre aux Africains de rendre visite à Maalou. Que se passerait-il si l'opinion grecque venait à apprendre que malgré les discours creux sur la civilisation de l'universel, la libération de l'Afrique Australe et autres thèmes auxquels le dictateur ne comprend absolument rien, Ahidjo, comme d'ailleurs ses amis Boigny, Bongo, Hassan II, Mobutu, etc., coopère étroitement avec l'Afrique du Sud raciste et permet aux armateurs sud-africains de compléter les équipages de leurs navires avec de la main d'œuvre presque gratuite ? Ceux qui se taisent sur l'essentiel et savent crier fort à propos de détails nous objecteront que les armateurs sud-africains peuvent s'alimenter avec de la main d'œuvre noire sud-africaine. Ils oublient tout simplement qu'en Afrique du Sud, il est interdit à des Noirs de cohabiter, même dans un navire, avec des Blancs et vice-versa. Pour contourner cette loi, les Sud-Africains utilisent la main d'œuvre de quelque pays d'Afrique, qui a par ailleurs l'avantage d'être très bon marché. Voilà en quoi consiste la sagesse de certains de « nos » chefs d'Etat que ne cessent de célébrer les racistes du « Monde » et de « Jeune Afrique ». Quand on arrive pour la première fois au port du Pirée, on a l'impression d'être dans un grouillant bidonville de Kinshasa, de Lagos ou d'Abidjan, tellement les Noirs sont nombreux. Comment sont-ils arrivés là ? Seuls Mobutu, Ahidjo, Djawara, Siad Barre, Sadate et les autres Sages peuvent donner une réponse satisfaisante à cette question. Tous ces Noirs vivent, chôment et travaillent dans la plus grande insécurité. Les syndicats grecs ? Ils sont parmi les ennemis les plus dangereux des marins noirs. De temps en temps, un scandale menace d'éclater; il se trouve alors un négrier comme Papadopoulos ou un correspondant de l'Agence France Presse pour l'étouffer dans l'œuf. Ainsi va le monde.

Conclusion

Qu'y a-t-il de particulier dans tout ce que nous venons de dire ? A première vue, rien. Papadopoulos Angelos est un Blanc qui est arrivé en Afrique nu mais qui a pu, en 26 ans seulement, accumuler une telle quantité de millions que toute sa descendance est assurée de rouler sur l'or. Ce résultat, il l'a obtenu en volant, en pillant, en tuant. Spectacle tellement habituel en Afrique noire. Angelos [PAGE 54] n'est ni le premier ni le dernier Blanc de cette longue liste : Péchiney, Panayiotopoulos[8], Kouri, Leventis et tant d'autres ont probablement fait pire qu'Angelos. Réalité banale en Afrique Noire avons-nous dit. Ce qui par contre est ignoré des opinions publiques occidentales, complices malgré elles de cette situation, c'est que le compositeur de cette oraison funèbre réside, non pas à Kinshasa, Yaoundé, Abidjan, Libreville, Dakar, etc, mais à Bruxelles, Paris, Londres, Washington, etc. Ce qu'on entend en Afrique n'est que l'écho, certes extrêmement puissant et toujours déchirant, d'une musique néanmoins écrite ailleurs. Qu'avons-nous au fond dit ? Nous avons dit qu'un Blanc qui n'est après tout qu'un Grec n'a pu ainsi piller nos richesses que parce qu'il avait l'accord et l'aide de gens que la puissance colonisatrice a propulsés à la tête de nos Etats et imposés à nos Peuples par la force, bien qu'il fût évident, dès les débuts, que ces pions étaient trop incapables, sans représentativité effective et trop enclins à la souillure morale, intellectuelle et même physique pour diriger des peuples que l'on voulait soumis et qui se sont révélés exigeants. Nous avons dit qu'il était normal que, vu la manière dont ils se sont retrouvés à la tête de nos pays, ces pions haïssent tous leurs compatriotes valables et tournent résolument le dos aux intérêts de nos peuples. Nous avons aussi dit que dans ces conditions, il était logique qu'au lieu d'Africains, ce soit des aventuriers et criminels comme Angelos Papadopoulos qui prennent en main l'économie de nos pays. Qu'on me prouve qu'un Africain, même aussi bête que Papadopoulos, ne serait pas devenu un grand industriel si, il y a 18 ans, il avait bénéficié d'un crédit aussi astronomique que celui auquel Papadopoulos a eu droit. Dans un document historique, Mongo Beti a longuement analysé le cas d'un prélat camerounais qui a lancé une activité [PAGE 55] industrielle dans la région du Mungo à partir de capitaux uniquement camerounais, provenant de commerçants et de gros paysans. Cette activité qui était bien partie, a eu besoin d'autres capitaux pour réussir. Les détenteurs du crédit, tous des Français, refusèrent, contre toute logique, de verser les fonds nécessaires; et c'est ainsi que périt une entreprise industrielle africaine. A propos du développement des pays africains, on nous répète souvent que nous manquons de personnel qualifié. Donnons la parole à Angelos : « Je n'ai jamais employé que des Camerounais dans mon usine; c'est la preuve que j'aime les Camerounais ». Qui dit mieux. En vérité, ne voulant pas gaspiller ses sous à payer des expatriés européens à la compétence d'ailleurs douteuse, Angelos utilise la main-d'œuvre locale. Son chef comptable est Camerounais, tous ses ouvriers et techniciens sont Camerounais. Ces derniers sont tous originaires du Cameroun Occidental où les Anglais ont construit quelques très bons établissements d'enseignement technique. C'est avec ce personnel, entièrement camerounais, que la C.C.C. fonctionne et produit savons, parfums, dérivés chimiques du pétrole etc. Qu'on ne nous raconte donc pas des histoires sur le manque de personnel qualifié.

Au fond, nous avons dit que ce ne sont pas les compétences et les potentialités qui nous manquent. Tout bêtement, il se trouve qu'un crime trop bien organisé empêche ces compétences et ces potentialités de s'épanouir. Voilà toute la vérité. Qu'on ne nous fasse surtout pas dire ce que nous n'avons pas dit. Nous ne croyons pas que le développement réel de nos pays passe par tout refus de coopération, la vraie j'entends; ou par le simple remplacement de Papadopoulos blancs par des Papadopoulos noirs. On a déjà vu ce que le remplacement de Xavier Torre[9] blanc par Xavier Torre noir a donné comme résultat. Ce que nous affirmons c'est que, tant que nos Peuples ne se seront pas débarrassés de médiocres et assassins soutenus par la métropole tels que Bokassa-Kolingba-Dacko, Boigny, Bagaza, Ahidjo, Bongo, Eyadéma, Kountché, Kérékou, Mobutu, Traoré, Touré, Diouf, ouf ! il sera absolument impossible de prétendre au développement [PAGE 56] de nos pays. Affirmer cela aujourd'hui dans les néo-colonies françaises et belges, 20 ans après les « indépendances, c'est accepter au mieux l'internement dans un camp de concentration, c'est-à-dire la mort lente ou rapide. L'affirmer en Occident, c'est accepter d'être qualifié d'illuminé et d'extrémiste par les illustres détenteurs du magistère démocratique dont la mission est d'étouffer toute authentique voix africaine. Dans un cas comme dans l'autre, on est tout simplement un dangereux agent de Moscou qu'il faut rapidement neutraliser, d'après la théorie du terroriste Reagan. Mais gare aux sorciers! Trop fatigués d'avoir été longuement humiliés, nos Peuples ne tarderont pas à user de la seule arme qui leur reste : la rupture. Cet avertissement, c'est aussi à Jean-Pierre Cot qu'il s'adresse.

Grèce, le 10 Septembre 1981

Un Patriote africain


[1] 1 F.F. : 10 drachmes.

[2] Pidgin : anglais cassé parlé dans les grandes villes de l'Afrique de l'Ouest

[3] Pour limiter une dépendance excessive à l'égard de ces deux pays, la Grèce a signé en 1980 avec l'U.R.S.S., un contrat à moyen terme d'achat de pétrole et d'électricité.

[4] Ahidjo ne fait d'ailleurs sur ce point qu'imiter son frère jumeau Bongo; ce dernier, bien que membre de l'OPEC, livre toujours le pétrole gabonais aux Français à des prix « préférentiels » autant dire gratuitement.

[5] La plupart des Grecs qui se rendent au Cameroun depuis que Papadopoulos est consul (300 par mois) ne sont que des aventuriers qui fuient le chômage. Un exemple est ce pauvre Marcopoulos qui a terminé un cours du soir de français à Thessalonique et qui espère enseigner à l'Université du Cameroun !

[6] Papadopoulos était aussi en relation avec un autre Camerounais depuis Douala. Ce Camerounais est un arriviste de petit milieu que Papadopoulos a envoyé en Grèce pour des études de... théologie orthodoxe !

[7] Les nominations dans l'armée d'Ahidjo sont à l'image de son régime. Le prédécesseur de Tiyou, Moussa Mamadou, élément que je n'ai pas pu rencontrer, a été nommé commandant de la base opérationnelle de Victoria alors qu'il sortait à peine de l'Ecole Navale d'Athènes. La conséquence : Moussa a préféré fuir Victoria quand les bâtiments de guerre nigérians avançaient sur le Cameroun. Malgré cette preuve de complète incapacité, Moussa est toujours commandant à Victoria. Il est vrai que sa femme est la nièce de Sadou Daoudou.

[8] Panayiotopoulos a avoué devant les militaires centrafricains à Athènes qu'en arrivant à Bangui, il avait en tout et pour tout 40 FF d'économies. Aujourd'hui, il possède des cinémas, des hôtels, une usine et surtout beaucoup de milliards. L'ancien bougre de président centrafricain sait mieux que quiconque par quel chemin un va-nu-pieds comme Panayiotopoulos est passé pour s'enrichir de cette façon. Une précision pour terminer : nombreux sont les ouvriers auxquels Panayiotopoulos verse des salaires de 60 FF par mois! C'est déjà mieux que les 40 F.F. que Panayiotopoulos avait en arrivant en Centrafrique.

[9] Haut-commissaire de la République française au Cameroun au moment où le Cameroun accédait à l'indépendance le 1er janvier 1960.