© Peuples Noirs Peuples Africains no. 24 (1981) 84-93



BANTOUSTANS A GOGOS

COMMENT LES EDITIONS JEUNE-AFRIQUE ECOULENT LEUR CAMELOTE EN AFRIQUE NOIRE

Jean-Pierre ADJA

Douala, 4 juin 1981.

Chers Peuples Noirs-Peuples africains,

Depuis avril-mai derniers, les Editions Jeune Afrique, en leur délégué général Afrique Blaise-Pascal Talla sont à l'œuvre ici au Cameroun pour la diffusion de leurs ouvrages, les « Encyclopédies Les Africains », entreprise dont Peuples noirs-Peuples africains avaient dénoncé, il y a trois ans, dans sa première livraison, le caractère commercial. Ne s'y sont pas trompés non plus ceux qui ont assisté aux campagnes de vente de Talla.

Les éditions de Danielle Ben Yahmed bénéficient du concours précieux du gouvernement camerounais, grâce auquel elles peuvent mener à grande échelle la conquête de marchés importants :

– avec le ministère de l'Information et de la Culture, l'entreprise commerciale a été officiellement placée sous le signe de la culture et, qui plus est, comme le souligne Talla, de la « culture africaine puisque " les Africains " traitent des grandes figures africaines telles Abd el Khader, Samory, Martin Samba, Njoya, Lumumba, Nkrumah, etc., un peu trop oubliés des programmes officiels d'enseignement ». [PAGE 85]

– ainsi, fort de ce qu'il va propager la culture africaine, Talla peut-il organiser ses tournées des grandes entreprises du pays – car c'est là où il y a les sous – et y rencontrer dirigeants, cadres et employés pour faire sa publicité.

– le ministère de l'Information et de la Culture prend à sa charge, sur les 120 000 francs c.f.a. que coûte une collection des « Encyclopédies Les Africains » (12volumes), 50 000 francs « qui représentent les frais de transport et de douane » (Talla).

L'acheteur s'approprie donc une collection au prix de 70 000 francs c.f.a. (l 400 F. français) après signature d'un « bon de souscription irrévocable » (voir imprimé ci-joint) qui l'engage à régler son achat en 10 mensualités.

Et s'il est parmi les 50 premiers signataires, là, sur-le-champ, Blaise-PascaI Talla lui offre en prime une montre « Diamant 17 rubis anti-choc d'une valeur de 800 F. français » (Talla).

Malgré la publicité alléchante de Talla, on ne peut dire qu'il ait ruée de clients pour « Les Africains ». Les exemplaires achetés sont le plus souvent le fait des cadres, seuls en mesure de supporter pendant presque une année des coupes mensuelles de 7 000 F sur leur salaire.

Peut-être que le délégué des « Editions J.A. » aurait trouvé une plus importante clientèle si par le passé la maison qu'il représente s'était montrée plus honnête. En effet, plusieurs personnes n'ont pas manqué de rappeler – lors des réunions de Talla – qu'au cours d'une campagne de vente analogue en 76[1], Talla avait écoulé des atlas déjà périmés – où il était question de pays sous domination portugaise alors que ces pays étaient déjà indépendants – au prix de 17 000 F. l'exemplaire.

Il existe un treizième volume de « Les Africains », volume qui intéresserait particulièrement les Camerounais [PAGE 86] comme il y est question, entre autres, de Ruben Um Nyobé et de Félix-Roland Moumié[2].

Les responsables des « Editions J.A. » comptant exploiter à fond leur affaire diffuseront ce treizième volume séparément, c'est-à-dire tout simplement plus cher, eux qui ne sont pas sans connaître le sacrifice que les Camerounais s'imposeraient volontiers pour se procurer des écrits, fussent-ils louches, sur la vie et la lutte de ces deux grands upécistes.[3]

Jean-Pierre ADJA

P.S. Bon courage à tous à la revue (Vince Remos, Odile Tobner et Mongo Beti) car vous n'avez pas perdu une calorie de votre dynamisme depuis le manifeste de « Peuples noirs-Peuples africains ».

(Bien entendu, toutes les notes, ainsi que le post-scriptum, sont de notre correspondant.) [PAGE 87]

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Modèle du « bon de souscription irrévocable » (sic) utilisé par les recruteurs des Editions JA.

BON DE SOUSCRIPTION IRREVOCABLE

Je soussigné,

matricule no      employé à
reconnais avoir pris une collection des Encyclopédies LES AFRICAINS d'une valeur de 70 000 F CFA (SOIXANTE DIX MILLE FRANCS CFA).

Afin de régler cet achat, j'autorise mon Employeur à payer d'avance et à prélever chaque mois une somme de SEPT MILLE FRANCS CFA sur mon salaire pendant DIX MOIS (10).

Dans le cas où je viendrais à quitter ce service, je m'engage à régler le solde dû, au besoin par prélèvement sur les indemnités dues par mon Employeur lors de mon départ.

FAIT A                              LE                            

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LETTRE DU CAMEROUN

Les absurdités d'une politique obscurantisme de l'éducation dans un pays sous-développé.

Le 4 juillet 1981, le proviseur du lycée Joss, l'un des plus grands lycées de la ville de Douala, commentant les résultats du BEPC à Radio Douala, se réjouissait que le pourcentage des admis ait encore baissé cette année, avoisinant dans plusieurs établissements 20 %. Il en tirait la conclusion que cet examen était devenu très important et devait être pris au sérieux. En 1970 les résultats étaient sensiblement meilleurs: 36 % des candidats (grâce à un record de 75,1 % dans le nord) avaient alors réussi à leur BEPC tandis que 46 % (56 % au nord) réussissaient au probatoire et 34 % (59 % au nord) au bac. Pour lever toute équivoque, précisons que si les résultats au nord [PAGE 88] étaient meilleurs par rapport à ceux du sud, cela ne signifie pas obligatoirement que les résultats y étaient frisés mais indique plutôt une différence dans les conditions matérielles d'enseignement et devrait montrer la direction dans laquelle il faut chercher les causes de la situation actuelle.

Les résultats étaient donc il y a dix ans meilleurs, mais le gouvernement n'y trouvait aucun motif de satisfaction, au contraire le rendement extrêmement bas de l'enseignement semblait le préoccuper. On avait en effet les données suivantes :

Sur 1000 élèves qui entraient en première année du cycle primaire, 505 atteignaient la sixième année ou le cm 2; 146 obtenaient le CEPE et 495 abandonnaient avant la sixième année (dont 256 avant la deuxième année ou le cours préparatoire).

Sur 1000 élèves qui entraient en classe de sixième, 581 atteignaient la classe de troisième et 383 obtenaient le BEPC.

Sur 1000 élèves qui entraient en seconde, 453 atteignaient la classe terminale et 312 obtenaient le bac.

Cela signifie que sur 1000 qui entraient en première année d'enseignement primaire, seuls 55 obtenaient le bac. Ces chiffres sont plus qu'éloquents. Le coût prévisionnel de la formation d'un bachelier se trouvait du fait des multiples redoublements, multiplié par deux ou par trois et c'est cela qui inquiétait le gouvernement. Pourquoi une situation moins bonne est-elle aujourd'hui plutôt sujet de fierté ? (Car l'attitude du proviseur suscitée est caractéristique de l'attitude officielle qui se dégage de différents discours.)

On peut avancer une explication à cela : si en 1970 tous les diplômés avaient des chances de trouver du travail, aujourd'hui il n'en est plus rien; beaucoup de bacheliers et de licenciés sont déjà au chômage. Et au Cameroun on semble avoir beaucoup plus peur d'un chômeur lettré que d'un chômeur analphabète. Alors on préfère un coût de formation élevé à un meilleur rendement qui risque de créer au régime bien des problèmes. Pour cela on est prêt à prendre en compte qu'un quart de jeunes camerounais ne fasse pas plus de deux ans à l'école, donc reste totalement analphabète.

Il est alors compréhensible qu'on ne veuille pas réfléchir [PAGE 89] sur les raisons profondes de l'échec de la politique scolaire du gouvernement, car pour un échec c'en est bien un. Lorsque les politiciens camerounais parlent de l'enseignement, ou ils louent la générosité du président qui, disent-ils, fait un sacrifice énorme pour permettre à tous les Camerounais d'avoir une formation scolaire adéquate. (Au Cameroun, ce n'est jamais le pays qui consent un sacrifice financier; dans les discours officiels, c'est toujours le président; mais ne dites pas qu'il a confisqué les biens du pays et en dispose à sa guise, car vous seriez alors traité de diffamateur, de menteur etc., et vous connaîtriez le sort que le régime réserve ici à pareilles personnes. Illogique ? Vous savez, il y a longtemps que la logique a déserté ces lieux), ou ils louent donc la générosité du président, ou ils deviennent moralistes et invitent les élèves à plus de discipline et d'ardeur et les professeurs à plus de conscience professionnelle. Il faudrait, à les entendre, une nouvelle éthique. Tout semble aussi simple que ça; si tout le monde se conduit bien, tout ira bien.

Il ne faut pourtant pas fouiller bien loin pour trouver les causes de la misère de l'enseignement camerounais. Il suffit d'avoir été dans une classe d'école primaire ou secondaire pour savoir pourquoi le rendement de l'enseignement, au Cameroun, est inférieur à 14 % (ce pourcentage ne donne pas seulement une idée du rendement quantitatif mais permet de deviner aussi le rendement qualitatif).

Pendant la colonisation, les différentes missions (protestantes, catholiques et autres) avaient le quasi-monopole de l'enseignement dans la plupart des pays africains ! Le gouvernement colonial préférait se décharger de cette tâche sur les missionnaires qui apparemment préparaient mieux les âmes et les corps à servir et Dieu et le colon. Après les indépendances, toutes les instances internationales qui avaient reconnu le danger d'une pareille situation recommandèrent vivement aux jeunes états de renverser la vapeur et de prendre en main la formation de leurs jeunes citoyens. Comme toujours le gouvernement s'engagea à le faire. Mais en 1976, près de la moitié des jeunes Camerounais étaient encore dans des écoles confessionnelles. La situation est encore plus grave dans [PAGE 90] l'enseignement secondaire. Sur 137 518 Camerounais inscrits dans les instituts secondaires, seuls 53 274 étaient dans un établissement public en 1976. Il y a des raisons de penser que la situation a empiré depuis lors, car les tentatives d'augmentation progressive des effectifs de l'enseignement public qu'on avait observées au début des années 70 semblent avoir cédé le pas à un désir, non seulement de ne plus réduire la part de l'enseignement privé, mais de lui confier une part encore plus grande (surtout à l'enseignement confessionnel). Le gouvernement semble essoufflé et préfère abandonner la course.

Et pourtant les statistiques de 1972 (les seules dont nous disposons) prouvent clairement que les établissements privés ne sont pas particulièrement bien préparés pour assumer une pareille tâche. Non seulement ils réclament beaucoup d'argent comme frais d'études, mais ils ont une infrastructure qui ne peut être caractérisée que comme catastrophique. Seul un enseignant de l'enseignement confessionnel sur dix était considéré en 1972 comme qualifié tandis que 85 % étaient non qualifiés. La situation dans l'enseignement privé laïc était plus grave encore. Il n'y a sûrement pas eu de changement notable depuis lors.

L'augmentation du nombre de Camerounais inscrits dans les différentes écoles, collèges et lycées est incontestablement impressionnante. De 420 000 qu'ils étaient en 1960, les enfants inscrits à l'école primaire sont passés au nombre de 930 000 en 1970 et à 1 120 000 en 1976 tandis que le nombre de collégiens et lycéens passait de 16 000 en 1960 à 137 000 en 1976. Malheureusement l'infrastructure scolaire n'a pas connu le même développement. Ce qui fait penser que cette progression est moins le fruit d'une politique cohérente, que l'expression d'un désir non contenable qui existe dans la population. Dans les établissements publics, surtout dans ceux des grandes villes comme Douala et Yaoundé, on compte une moyenne de 70 élèves par classe dans le secondaire (environ 100 dans l'enseignement primaire) tandis que la moyenne oscille entre 100 et 120 dans les collèges privés. Cela se passe de commentaire. Les professeurs ne peuvent plus que faire leur travail comme on dit, c'est-à-dire donner leurs cours dans se préoccuper de savoir si les élèves ont compris ou non. Malgré cette surcharge des classes [PAGE 91] au moins un tiers d'élèves camerounais n'arrive pas à s'inscrire dans un établissement secondaire régulier et les amateurs de gain facile ont là un potentiel qu'ils exploitent sans vergogne. Des cours du soir surgissent du sol à chaque rentrée comme des champignons et ne fonctionnent que quelques mois, le temps de récupérer l'argent que les parents, plus que jamais soucieux de donner à leurs enfants une formation scolaire adéquate, se saignent pour économiser.

Quand on sait que les frais de scolarité ont au moins doublé depuis dix ans et quand on connaît l'indigence dans laquelle vivent ou plutôt survivent les masses camerounaises, on réalise après quelles privations la plupart des parents réussissent à économiser l'argent qu'on réclame dans les différents collèges. Théoriquement, les établissements publics sont gratuits, mais la tenue scolaire, les livres et autres frais, tous obligatoires et conditions pour être inscrits coûtent si cher que tout le monde ne peut pas les payer. Par ailleurs, si les examens d'entrée en sixième sont encore relativement faibles, c'est-à-dire qu'au moins une partie des résultats correspond au travail fourni, il n'en est pas de même pour l'entrée dans les autres classes (pour ceux qui veulent passer d'un établissement privé à un établissement public); les places sont négociées au prix fort et presque officiellement. Dans certaines villes le prix à payer est connu de tout le monde.

Inscrire un enfant dans une école ou dans un collège est donc une entreprise qui devient chaque jour un peu plus difficile au Cameroun. Quand on a réussi à l'inscrire, l'élève se trouve confronté avec un programme qui ne lui dit rien. On observe nettement que les élèves ne comprennent pas la portée ou la signification de ce qu'on leur enseigne, et ne peuvent nullement établir un rapport entre ce qu'ils apprennent en classe et leur propre vie. De ce fait on arrive difficilement à les motiver. La situation que représente une salle de classe a toujours quelque chose d'irréel mais cette irréalité est particulièrement accentuée au Cameroun. Le cours ressemble très souvent à un rituel où il ne s'agit pas de comprendre quelque chose, mais plutôt de s'imprégner d'une certaine théâtralité et de jouer correctement son rôle de peur de s'attirer quelque malédiction. Cela est dû à plusieurs raisons : [PAGE 92] d'abord la langue étrangère (français ou anglais selon les régions) dans laquelle tout est enseigné. On a déjà beaucoup écrit sur la responsabilité de l'utilisation des langues étrangères dans l'échec de l'éducation en Afrique. Ceci est encore plus patent au Cameroun. Les élèves n'ont aucun rapport immédiat avec la langue d'enseignement. Plusieurs écoutent ce qu'on leur enseigne sans le comprendre. Un test dans une classe de première a permis de constater que seul un élève sur trois comprenait vraiment ce qu'il écrivait en histoire ou en géographie. A l'examen on trouve dans les copies des phrases qui ne veulent rien dire, du charabia, et on voit très bien que l'élève essaye d'y reproduire ce qu'il croit avoir entendu en classe, puisqu'il ne s'agit pas pour beaucoup d'écrire ce qu'ils savent, donc ont compris, mais de reproduire ce qu'acoustiquement ils ont enregistré pendant le cours. La situation est tragique. S'ajoute à cela une atmosphère intellectuelle totalement aride. On a beau expliquer aux élèves ce que c'est que la colonisation, du moment que, autour d'eux, on ne discute jamais de ce thème, la période coloniale au Cameroun (surtout les années 50) étant tabou, ils enregistrent tout ce qu'on leur enseigne comme s'il s'agissait de problèmes n'ayant aucun rapport avec eux. Il en est de même pour les autres thèmes qui, parce que dans la vie de tous les jours, on ne se pose pas de question, qu'on ne s'interroge sur rien, qu'on ne problématise rien, sont perçus par les élèves comme des gymnastiques intellectuelles, des épreuves spécialement conçues pour les emmerder, et ils s'efforcent autant que possible de les mémoriser pour réussir à l'examen, seule porte qui semble ouvrir à une vie meilleure, différente de celle qu'ils ont connue jusque là et dont ils veulent s'échapper à tout prix. Dès lors, on trouve rarement chez les élèves une vraie émulation, une véritable curiosité intellectuelle. Du moment qu'elle n'existe pas dans la vie de tous les jours, il est difficile de transformer la salle de classe en un laboratoire où on peut la distiller. Les africanisations des programmes qui, en fait, ne sont souvent que des replâtrages, ne peuvent rien y changer.

Ajoutez à tout cela une situation financière déplorable des enseignants qui, pour joindre les deux bouts, sont obligés de faire ce qu'on appelle ici la coopération, c'est-à-dire d'assumer des cours à droite et à gauche et sont [PAGE 93] pour la plupart surchargés, désabusés et peu motivés, et vous aurez le tableau de la situation.

Il n'existe aucune statistique sur l'origine sociale des élèves camerounais, mais on peut déjà affirmer, après tout ce que nous avons vu plus haut, que la sélection s'opère de plus en plus sur une base sociale. Non pas qu'il y aurait un plan précis qui tendrait à favoriser une couche sociale plutôt qu'une autre, mais après le tableau brossé ci-dessus, on voit bien que la réussite à l'école, au collège, au lycée ou à l'université est de plus en plus fonction des possibilités financières des parents qui, à coup de sous, peuvent acheter des places dans les meilleurs établissements publics pour leurs enfants, leur faire donner des leçons particulières ou les envoyer en France, en Angleterre ou aux USA, comme c'est la mode maintenant dans certaines couches de la population.

Tout cela contribue à accélérer le processus de stratification de la société, processus qu'on peut observer pratiquement à l'œil nu. Bientôt on aura dans les seconds cycles de lycées et collèges ainsi que dans les universités, une majorité de jeunes dont les parents immédiats ou un proche parent appartiennent à la bourgeoisie commerçante ou compradore. Comme les diplômes sont plus que jamais les meilleurs atouts pour grimper les échelons sociaux, la perméabilité entre les classes sociales qui était encore possible jusqu'à un certain grade, est en train de disparaître et le processus de formation des classes risque alors d'atteindre son point de non retour.

Un enseignant camerounais


[1] A cette époque, Blaise-Pascal Talla sillonnait le pays à bord d'une Mercedes 6 portes, actuellement entre les mains du Sultan Bamoun à Foumban. Mais les temps n'ont pas changé depuis : Talla prospecte ses marchés toujours à bord d'une super Mercedes de ministre.

[2] Une biographie d'Ernest Ouandié figure-t-elle dans ce treizième volume aux côtés de celles de ses compagnons de lutte Um Nyobé et Moumié, comme l'exigerait l'honnêteté intellectuelle ? Car Blaise-Pascal Talla n'a rien dit sur Ouandié.

[3] On aimerait bien savoir qui sont les auteurs des biographies d'Um Nyobé et de Moumié, en particulier quelles compétences ils prétendent avoir pour écrire sur eux. Ne risque-t-on pas de se retrouver en face d'études pondues par des personnes s'étant tout à coup découvert une vocation camerounaise, alors qu'auparavant ils n'avaient jamais rien écrit sur ces hommes? N'est-il pas permis aussi de soupçonner a priori quelque étude au rabais ? C'est-à-dire qui satisfasse le pouvoir néo-colonial à l'encontre de la vérité historique dans ces biographies qu'on veut publier sur Um et Moumié ? D'autant plus que les éditeurs avaient refusé la collaboration éventuelle de Mongo Beti que leur proposait Yves Person, par peur d'une saisie sûre et certaine?