© Peuples Noirs Peuples Africains no. 23 (1981) 141-149



NOTES DE LECTURE

Laurent GOBLOT

ETRE ESCLAVE AU BRESIL (XVIe-XIXe SIECLES), par Katia De Queiros Mattoso (Hachette), et

MEMOIRES D'UN ESCLAVE AMERICAIN, de Frederick Douglas (Maspéro)

Au micro de Gilles Lapouge, Mme de Queiros Mattoso indique que deux circonstances rendent l'histoire de l'esclavage au Brésil plus difficile à écrire qu'en Amérique du Nord : 1. Lors de l'abolition, en 1888, « le ministre Ruy Barbosa ordonna la destruction systématique de toute documentation concernant l'esclavage, considéré comme honteux, et dont on voulait supprimer les traces » 2. Au Brésil, les Blanches, même des classes supérieures, ne savaient pas lire et signaient d'une croix, et par conséquent, n'ont pas laissé de témoignages écrits, comme aux Etats-Unis.[1]

« Etre vendu comme esclave », « Etre esclave », « Ne plus être esclave », ces trois parties forment un ouvrage dont je ne connais pas d'autre exemple en français.

Dès le début de son livre, elle souligne que l'arrivée des Européens et le commerce d'esclaves a dégradé « la famille élargie et le village, jusqu'au jour où la structure familiale finit, elle aussi, par éclater, réduisant la femme à une situation qui la rapproche de plus en plus de celle [PAGE 142] de l'esclave, puisqu'elle devient marchandise vendue et achetée, malgré une autonomie et une individualité sans équivalent dans l'Europe ancienne », et que l'instabilité politique perturbe, dès lors, le continent. Elle ne donne cependant pas (pour cet empire qui emporta 38 % de la diaspora noire du Nouveau Monde), comme explication de la date tardive de l'abolition, cette circonstance de l'analphabétisme féminin. Et je suis tenté par cette explication, car Maspéro vient de rééditer « Mémoires d'un esclave américain », de Frederick Douglas (1845). L'auteur raconte que c'est une tisserande blanche, qui lui donna ses premières leçons d'écriture, et comment le mari de la dame y mit bon ordre :

« Peu après mon arrivée chez M. et Mme Auld, elle entreprit très aimablement de m'apprendre l'abc. Quand je l'eus appris, elle m'aida à apprendre à épeler les mots de trois ou quatre lettres. C'est à ce point de mes progrès que M. Auld découvrit ce qui se passait, et il interdit aussitôt à Mme Auld de m'apprendre davantage, lui disant entre autres que c'était illégal, autant que dangereux, que d'apprendre à lire à un esclave. Pour citer ses propres mots, il poursuivit :

« Si vous donnez un pouce à un esclave, il prendra une aune. Un nègre ne devrait rien savoir d'autre qu'obéir à son maître, faire ce qu'on lui dit. L'instruction gâterait le meilleur nègre du monde. Alors, si vous appreniez à lire à ce nègre (en parlant de moi) il n'y aurait plus moyen de le tenir : cela le rendrait pour toujours inapte à être esclave. Il deviendrait immédiatement intenable et sans valeur pour son maître. Quant à lui, cela ne lui ferait aucun bien, mais au contraire, beaucoup de mal. Cela le rendrait insatisfait et malheureux. »

« Ces mots pénétrèrent profondément dans mon cœur, y agitèrent des sentiments qui sommeillaient, et firent naître des idées entièrement nouvelles. C'était une révélation nouvelle et particulière, qui expliquait des choses obscures et mystérieuses avec lesquelles ma compréhension de jeune garçon avait lutté, mais en vain. Je comprenais désormais ce qu'avait été pour moi une question très troublante – à savoir le pouvoir qu'avait l'homme blanc de réduire l'homme noir à l'esclavage. Ce fut une grande acquisition, et j'en fis grand cas. Dès lors, je compris ce qu'était la voie de l'esclavage à la liberté. C'était exactement [PAGE 143] ce que je voulais, et je l'obtins au moment où je m'y attendais le moins. Tout en étant attristé à l'idée de perdre l'assistance de ma bonne maîtresse, je me réjouis de la leçon inestimable, que j'avais reçue de mon maître, par simple accident. Bien que conscient de la difficulté d'apprendre sans maître, je décidais, plein d'espoir, et avec un but déterminé, d'apprendre à lire à n'importe quel prix. »

Comme Frederick Douglas tire de l'interdiction d'apprendre un plus grand désir de s'instruire, pour conquérir la liberté « à tout prix », Jean-Claude Shanda-Tomné et Mongo Béti (numéros 17 et 18 de P.N.P.A.) décrivent aujourd'hui cet acharnement, cette ingéniosité développés pour contourner les obstacles accumulés par l'ennemi – alors que, en d'autres lieux, on se bat les flancs en s'interrogeant comment « motiver » les enfants à l'étude...

Plus tard, Mme Auld est encore plus acharnée que son mari à le surveiller pour qu'il n'apprenne pas. Mais le « mal » est fait, et bien fait... et le cas de Frederick Douglas a dû être assez fréquent, pour que l'analphabétisme féminin brésilien explique le décalage de plus de deux décennies entre l'abolition de l'esclavage aux U.S.A. et au Brésil...

« Les affranchis eux-mêmes n'ont pas le droit de fréquenter la classe, même dans la deuxième moitié du XIXe siècle; les Blancs qui transgressent cette loi ne sont guère nombreux.. C'est pourquoi les esclaves brésiliens sont des inconnus, sans archives écrites. Nous manquent ces souvenirs et mémoires d'esclaves, si nombreux dans le Sud des U.S.A., qui auraient rendu avec toute sa charge affective, le vécu réel de ces hommes et de ces femmes asservis ». Mais c'est moi qui fais ce rapprochement entre ces deux livres. L'auteur qui a une formation économique dont je suis dépourvu, trouverait peut-être que mon explication « féministe » ne tient pas compte de phénomènes économiques que je ne connais pas, qui expliqueraient autrement, au nord et au sud, cette différence – crise économique, abolition de la traite, etc. – et ne je suis victime d'une idée fixe, qui me fait expliquer des phénomènes économiques par une solidarité qui lierait sexe et races méprisés.[2] [PAGE 144]

Elle souligne d'autres différences avec l'Amérique du Nord : le Brésil observera tout au long des siècles « une préférence très nette pour les captifs de sexe masculin » (deux hommes pour une femme), et les esclaves brésiliens n'ont pas eu de démographie comparable à ceux de l'Amérique du Nord. Cette préférence s'accentuera encore avec la découverte des mines d'or.

« A l'inverse de ce qui s'est produit aux U.S.A., les sources d'approvisionnement n'ont jamais tari pour le Brésil jusqu'en 1850; acheter des Noirs adultes revient moins cher, que d'élever des enfants d'esclaves : la mortalité est grande chez les jeunes, et il faut attendre 10 à 15 ans, avant qu'ils produisent vraiment ».

Beaucoup d'esclaves cherchent à avorter pour éviter l'esclavage à l'enfant.

Sur l'Afrique d'avant la traite, elle affirme que ce sont les régions subéquatoriales qui ont fourni les plus nombreux esclaves au Brésil, qui sont celles qui ont le moins pratiqué, avant la traite, un véritable esclavage; les Etats chasseurs et pourvoyeurs d'esclaves, qui ont pris force du fait de la traite, ne connaissaient pas pour eux-mêmes l'exploitation servile.

Elle souligne plusieurs cas de retour en Afrique, organisés du Brésil, au début du XIXe siècle, par des bateaux achetés par des esclaves affranchis. Les affranchissements sont plus faciles pour les esclaves nés en Afrique que pour les créoles – car ceux-ci, libres, représentent pour tes Blancs une concurrence politique et sociale plus dangereuse, et aussi à cause de la solidarité des esclaves qui ont connu l'Afrique, et qui ont implanté au Brésil des survivances des cultures africaines. Il est même arrivé que deux Noires affranchies fassent le voyage en Afrique, vers 1830, et retournent au Brésil, pour y fonder un vrai culte africain Yoruba... avec des prêtres d'Ifé, dieu de la divination.

Sa description de l'esclave créole, né au Brésil, répond à ce qu'était Frederick Douglas. Il est intéressant, pour cette raison aussi, de juxtaposer la lecture de ces deux livres : le créole, qui a intériorisé et accepté la condition servile, a un chemin beaucoup plus difficile pour franchir des obstacles dressés en lui-même, pour être libre.

« Nombreux sont les testaments d'esclaves affranchis, qui nous font découvrir l'histoire de ces pères enrichis, [PAGE 145] atteignant l'heure de la mort, sans avoir pensé à racheter la liberté de leur enfant encore esclave; la situation ne leur paraît absolument pas choquante. Les mères, elles cherchent toujours à affranchir leurs enfants, même si elles doivent payer en restant elles-mêmes esclaves ».

Je ne crois pas que ce soit par hasard si ce livre est écrit par une femme : ma curiosité était aiguillonnée par l'espoir, qu'il me fournirait d'autres points de comparaison, entre « condition noire » et « condition féminine ». Cela n'a pas manqué, et dans sa troisième partie, quand l'auteur examine les craintes que l'esclave affranchi éprouve à cause de son changement imminent de statut, elle fait une comparaison à laquelle je n'avais pas pensé; il éprouve les mêmes craintes que la femme qui veut divorcer :

« L'esclave était passif, sans courage propre, sans relation autonome, dans le cercle de sécurité créé par le maître. Cela veut simplement dire qu'il risque de rester attaché à son maître, par des liens qui n'ont plus rien d'affectif, exactement comme sont attachées à leur mari bon nombre d'épouses qui ne quittent pas le domicile conjugal parce qu'elles ont peur de faire face, seules, et de lutter pour vivre. »

Jamais un homme n'aurait songé à cette comparaison, et on voit par cet exemple ce que gagne aujourd'hui l'histoire à être écrite par les femmes.

L'abolition fut précédée par un très grand nombre de lois, qui libérèrent de petits nombres d'esclaves, entre 1871 et la loi du 13 mai 1888. La première de ces lois, d'ailleurs, du 28 septembre 1871, dite « loi du ventre libre », donne la liberté aux enfants nés au Brésil d'une femme esclave, et elle est promulguée par la princesse Isabelle, pendant l'absence de son père, Dom Predro II Hasard ? La loi du 13 mai 1888 est promulguée dans les mêmes conditions. Bien que cette loi soit importante, elle s'accompagne de séries de mesures qui permettent de la contourner. Elle fut suivie de nombreuses lois – lois dites des « sexagénaires » – dont la générosité est plus apparente que réelle, dont l'une prévoit que l'esclave mort ressuscite homme libre « perspective chrétienne souvent développée dans les homélies ».

Dans le cinéma brésilien, les allusions à l'esclavage reviennent plus souvent que dans aucun autre pays, américain [PAGE 146] (0 Cangaceiro, Xixa da Silva, Iracema, etc.). Or, il me semble que les hommes parlent de l'esclavage différemment, à cause de ce fait : la prostitution, qui est un esclavage, a survécu à l'abolition, et il modifie la sensibilité masculine sur cette question historique, sur laquelle les femmes ont un regard plus indépendant; cette observation ne concerne pas seulement les Brésiliens et les Brésiliennes...

Je n'en dis pas plus sur un livre de base à la riche bibliographie qui a tant de qualités que je veux laisser au lecteur la joie de les découvrir.[3]

Il semble que, bien souvent, les éditeurs français, en ce qui concerne l'Afrique, se croient obligés de mettre, dans leur prière d'insérer, au dos de la couverture de l'ouvrage, leurs clichés. Pour ce livre, ce sera « Katia de Queiros Mattoso nous montre, dans ce livre fondamental, comment l'Africain, habile et travailleur, naïf et tendre, a su faire du Brésil une nouvelle patrie. » Mais je ne suis certes pas le premier à faire dans Peuples Noirs, Peuples Africains ce genre d'observations.

Titulaire de la chaire d'Histoire des Amériques à l'Université catholique de Bahia, maître de recherches d'histoire à l'Association pour l'étude de la culture nègre au Brésil (S.E.C.N.E.B.), directeur de recherches du Conseil national pour le développement scientifique et technologique (C.N.P.Q.) brésilien, Mme de Queiros Mattoso a déjà publié La révoltedes Alfaiates, 1798 et Bahia, la ville de Salvador, et son marché du XIXe siècle, parmi d'autres livres sur des thèmes approchants.

Une enquête est menée sur le sujet de ce livre, depuis dix ans dans l'Etat de Bahia, sous les auspices du Conseil National de Développement Scientifique et Technologique (C.N.P.Q.).

Dans son essai, « Le corps noir » (Hachette, 1980), [PAGE 147] l'écrivain haïtien Jean-Claude Charles, après avoir examiné les stéréotypes dont abusent les Blancs, fait cette observation :

« Je m'avise que les trois cinquantaines de mots, constituant la poétique fruste du corps noir, se rattachent à des écrits d'hommes; et que les femmes, qui ont traversé l'espace africain, à partir de leur regard d'Européenne, ont ramené des discours « décalés ». Je pense à Karen Blixen, dans « La ferme africaine », et à Marthe Arnaud, dans « Manière de Blanc ».

Voilà une idée qui mérite d'être creusée. Quelques exemples me viennent à l'esprit:

– Dans « La harpe et l'ombre » (Gallimard), Alejo Carpentier montre Christophe Colomb, ramenant une cargaison d'esclaves indiens en Espagne, qu'Isabelle la Catholique refuse, avec cette phrase : « Quel est cet homme, qui dispose ainsi de mes sujets ! », mot de femme qui conteste la traite à travers l'Atlantique, dès son début.

– Mme de Duras, dans « Ourika », elle aussi, donne un exemple de discours décalé (voir P.N.P.A., no 12).

– Voir aussi le discours décalé que l'ethnologie produit au féminin, dans « Des femmes sur l'Afrique des femmes » (C.N.R.S., no 9 de P.N.P.A.).

– L'abolition de l'esclavage brésilien, du 13 mai 1888, fut précédée d'une longue théorie de très nombreuses lois, qui libéraient les Noirs au compte-gouttes (dont la plus dérisoire, souvent citée dans les homélies, indiquait que les morts étaient libres). Est-ce un hasard ? La première de ces lois, dite « loi du ventre libre », en 1871, qui libérait tout Noir né d'une esclave et la dernière, c'est-à-dire les plus significatives, ont été promulguées par les princesses Isabelle et Rodrigo A. Da Silva, en l'absence de leur père Don Pedro, qui régnait alors sur le Brésil.

– Lorsque les Noirs Américains ont entrepris, après la Première Guerre Mondiale, une campagne contre les lynchages, à leur grande surprise, ils reçurent un appui des féministes américaines : celles-ci voyaient les nombreux points communs qui existent entre le lynch et le viol.

– En Russie, pays européen, qui n'a jamais eu de colonies en Afrique, on peut aussi observer cette sensibilité divergente des deux sexes, dans les « Entretiens avec Anna Akhmatova », de Lydia Tchoukovskaya, à [PAGE 148] propos de la personne de Pouchkine. Anna Akhmatova cite un des contemporains du poète russe, qui le détestait, Sologoub : « Un nègre, qui se ruait sur les femmes russes », mot dont elle dit aussitôt le vrai motif : la haine.

– Dans « Le mythe du nègre et de l'Afrique Noire dans la littérature française (1800-1945) », Léon Fanoudh-Siefer examine la littérature coloniale du début du siècle. Il divise les auteurs en deux groupes : ceux qui répandent des mythes aux dépens des Noirs et de l'Afrique – Loti, Fromentin, Psichari et les autres – et ceux qui luttent contre ces mythes. Parmi eux, une seule femme, Lucie Cousturier qui a publié vers 1925 un livre qui reçut un « accueil froid », et dont le titre dit bien ce « discours décaIé », dont parle Jean-Claude Charles : « Mes inconnus chez eux », qui sous-entend que, si les Africains sont inconnus, c'est à cause des stéréotypes qu'on répand à leur propos et sur leur pays. Elle a voyagé au Sénégal, en Guinée et au Soudan. A chaque instant, elle est prête à réviser ses vues esthétiques. Elle n'est pas choquée, à l'inverse de nombreux écrivains coloniaux, par le goût des Noirs pour le baroque. Elle ne méprise pas les boutons rutilants, les couleurs vives. Elle ne dénie pas aux Noirs, comme Fromentin, leur sens de la beauté et des arts. Elle veut toujours les défendre contre les préjugés des Blancs, même si elle reste, en ce temps, prisonnière de certains stéréotypes.

– Du fait des caractères communs du sexisme et du racisme, il est plusieurs fois arrivé que des livres sur le second de ces deux mépris paraissent, signés par deux écrivains, un Noir et une Blanche :

1. Chester Himes a publié un de ses romans, « Une affaire de viol », en 1963, avec ce propos : « Le poids des préjugés raciaux écrase également l'homme noir et la femme blanche », qui figurait sur la couverture de l'ouvrage, avec une préface de Christiane Rochefort. L'éditeur, « Les Yeux Ouverts », de Strasbourg, avait en outre organisé une enquête d'opinion, pour évaluer, avec le thème du roman, le racisme selon la classe sociale, l'âge, le sexe.[4] Christiane Rochefort écrit bien comment une femme est [PAGE 149] amenée à sentir une solidarité entre sexe et race méprisés : « J'ai une expérience évidemment moins cruelle – on ne nous lance pas les chiens dessus – mais assez subtile de la difficulté en question. Sauf le contingent habituel d'exceptions, là aussi, les hommes, vis-à-vis des femmes, sont des racistes. Quant à leur en faire prendre conscience, eh bien, essayez donc un peu. Un raciste ne se voit pas soi-même, ne se connaît pas; c'est un aveugle. Et ce qu'il voit moins que tout, c'est que c'est pour lui qu'on travaille, dans son intérêt à lui ».

2. En Amérique, Margaret Mead et James Baldwin ont publié « Le racisme en question » (Calman-Lévy). Troisième exemple : les fondateurs de la revue qui publie ces notes de lecture.

Ainsi, on peut observer des différences dans le langage et le comportement des Blancs selon le sexe, sur l'Afrique, à propos des Noirs, de la colonisation, sur l'esclavage, sur l'histoire, sur le racisme, entre autres sujets.

Laurent GOBLOT


[1] Voir le livre d'Elizabeth Packard, dont j'ai rendu compte au précédent numéro de P.N.PA., « Epouse, mère et folle » (Payot).

[2] Voyez « Je ne donnerai jamais ma fille à un ... », no 15-16, 8e mouvement.

[3] L'étranger suggérerait à l'auteur une quatrième partie, qui examinerait les traces de l'esclavage au Brésil, depuis l'abolition. Il y a quelques années, une annonce immobilière parue dans un journal canadien, proposait, sans les complexes qui honoraient le ministre Ruy Barbosa, une ferme brésilienne, avec le nombre d'Indiens qui y vivent, apparemment vendus avec les meubles. Dans le film Iracema, le spectateur voit des Noirs et Blancs, réduits, aujourdhui, à une condition quasi servile. Mais cela fournira, peut-être la matière d'un autre livre de Mme de Queiros Mattoso ?

[4] Cette enquête constate un racisme plus fréquent quand le salaire est bas, chez les gens âgés de plus de 40 ans, enfin chez les femmes. L'éditeur dit, à propos de ce racisme féminin plus grand : « Ceci s'explique probablement par le fait que les femmes sont elles-mêmes victimes d'un racisme : une femme blanche qui fréquente des Noirs, sera facilement accusée de rechercher auprès des Noirs des satisfactions sexuelles. On dira d'un Blanc fréquentant une Noire : « Il n'est pas raciste ». Pour n'être pas soupçonnée de « vice », la femme doit se défendre, et sa défense est le racisme ».