CONTEMPLATION DU MAUVAIS SANG

Tchicaya U Tamsi : Le mauvais sang, suivi de Feu de brousse et A triche-cœur, éditions L'Harmattan.

Réédités par L'Harmattan, re-voici des poèmes de Tchicaya U Tamsi, qui bruissent sous les pages et par les mots:

verbe, voix,
         prétentions
         pour le scandale dans ma famille
         je m'avoue une sourde parenté de corps
         avec un certain arthur
         – mise à part la révolte –
         à cause de mon passé
         signes particuliers
         exempté de service militaire
         n'ayant plus de patrie sur aucun
         planisphère
         depuis l'abolition de l'esclavage[1]

Aussi le poète se laisse-t-il aller comme autrefois Arthur Rimbaud, « homme aux semelles de vent », à esquisser une écoute du vent, à parler du « mauvais sang », illuminé par les mots. Le Harrar, une fois de plus, ne change que de nom. Miracles ensorcelés.

Ajoutons à cela que le Je du poète, jeu infini, insaisissable, visible et invisible, n'est pas (seulement) autobiographique, il est mouvance des identités, éternelle intersection d'identités, à tout jamais.

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SCENES DE LA VIE MUSICALE

Rock babes, 25 ans de pop music, de Raoul Hoffmann et Jean-Marie Leduc, éd. du Seuil, coll. Points-Actuels.

L'ouvrage n'est qu'une succession de rappels, rappels de dates, d'événements. Ce sont ces rappels qui pourront (malgré le survol quelquefois excessivement événementiel que font accomplir les auteurs à travers et au fil du réveil musical que connurent plusieurs continents entre 1953 et 1978) intéresser tous ceux qui veulent découvrir le monde du rock dans ses diverses facettes, avec ses mythes et ses légendes, ses vivants et ses morts (dont quelques inoubliables: Jimmy Hendrix, Brian Jones, Jim Morrisson). Les vivants vivent encore, certains déjà exténués, d'autres plus que jamais vivants, ils ont pour terrains d'exploration le jazz rock, les sons du rock allemand, « le rock du tiers monde » – c'est sous cette appellation que Leduc et Hoffmann envisagent et englobent des textures musicales aussi variées et différentes que celles d'Amérique latine et d'Afrique, du Moyen Orient et des Amériques noires, sans doute par commodité ou par manie de la classification, le risque pris étant alors grand, puisqu'il conduit à l'enfermement dans une terminologie prédéterminée de genres spécifiques.

S'il devait être réécrit aujourd'hui, ce travail mériterait plusieurs additifs, plus d'une chose s'étant passée depuis sa publication : l'apparition fulgurante et la rapide exténuation du mouvement punk[2] et l'éclosion ou la confirmation de talents comme ceux de Patti Smith, « grande égérie du rock » de ces années, et Devo, etc.

Le Jazz, de Franck Ténot et Philippe Carles, Encyclopédie Larousse.

Là où Raoul Hoffmann et Jean-Marie Leduc n'exposaient qu'insuffisamment une dimension politique et sociale des [PAGE 151] mouvements musicaux, Franck Ténot et Philippe Carles s'occupant presque du même objet, ou du moins de ce qui le précéda et lui survécut, sondant donc le « phénomène jazz », en restituent l'histoire dans son ampleur et ses antécédents, son impact et ses multiples significations. Ils parlent d'un peuple, celui dans les entrailles duquel est né le blues, axe de référence et de recréation des musiciens noirs.

Des étapes de la musique noire, du blues au post-free; des solos, de Louis Armstrong à Lester Young en transitant par Miles Davis, Duke Ellington, John Coltrane, Charles Mingus, Charlie Parker et d'autres encore - de nombreuses appréciations sont données sur de multiples styles. S'ajoute à cela une « histoire des instruments-instruments d'une histoire », qui répertorie des instruments et comprend de courtes biographies. Le chapitre final est par exemple consacré à la voix, et après un historique, Franck Ténot évoque quelques chanteurs et chanteuses, conseillant par la suite l'écoute de quelques enregistrements.

Ange-Séverin MALANDA

[1] Page 90.

[2] Il faut rappeler ici qu'un groupe comme les Clash a participé, avec d'autres en Angleterre, à la campagne « Rock against racism ».