© Peuples Noirs Peuples Africains no. 7-8 (1979) 233-234



POEMES

ANGE-SEVERIN MALANDA

Alchimie

Solutions a-léa-toires,
diffamatoires,
Cahotent, cabossent cabottent,
Cabossent les bosses
bossellent les selles,
scellent le devenir,
Nirvâna des Anciens,
désossés, éclopés
clopin clopant
pan, pan, pan,
Eculés, honteux –
vieux tétards
Au reste, du reste,
Le reste s'arrête,
ça reste, traîne
régresse, ogresses,
ogres agressent
Ablations oblats
truites truismes
Détruits écorchés
Révoqués, attaqués
Critiqués révoqués
crèvent, sans sève,
sevrés, espoirs délivrés

Pestilences, Feux
Tassés, fous et jaloux,
Perdus au loin
Passages hachurés,
Pressurés, dilatés
Pestes innocentes, craintives
Ils éjaculent

Effacent des pustules
Ustensiles
Pusillanimes
Miment l'horizon
Intime
D'oraisons
Unanimes, Infimes
L'oracle horizontal
Racle des sons,

DES SILENCES SALES, SALES SILENCES DE SALAUDS

Ma part de brume

j'irai chercher ma part de brume
quand passera le bateau
le bateau tangue sous la brume, tu apparais entourée
de fées blanches
dont on ne distingue que les robes blanches mortes
j'irai prendre ma part de rêve
quand passera l'imposture
le bateau sûr de son rêve
l'imposture sa part de brume
j'irai sur le bateau prendre
ma part de bonheur,
l'arracher s'il le faut.

Nuits entières

Retrouve entières
les nuits qui s'achèvent
lentement,
s'achèvent quand
te mène au fond
d'un cauchemar impromptu
la solitude sans péripéties
de tes rêveries non calculées

Je joue ouvertement
pour,
lentement,
promis à ces nuits lancinantes,
tendre, amour, amour,
la tempête est la terre,
aux rires sans fin,
dédier ton visage, [PAGE 234]
écoute donc sous la
nuit, ces corps qui s'ennivrent
sur le lit de leurs amours.

Cris

Crépitudes ailées
zèles renversés
je ne chanterai, me dit-il,
que des cris se perpétuant
dans une douleur dont peu
percevront l'intensité.

Idem

Idem : s'attachent aux révisions
           les réhabilitations,
           aux marchés les serviles
           – paroles qui plongent
           dans l'usure de leurs
           sereines compromissions

Idem : je regarde, sous l'ombre
           des dédales, les volubiles
           années, années
           sans fin ni aurores
           aubes incommensurables
           qui se survivent

Idem : à elles me rattachent
           les abondantes
           mais vaines
           violences, celles allumées aux premiers temps
           d'une extrême amplitude.

Ange-Séverin MALANDA