© Peuples Noirs Peuples Africains no. 4 (1978), 1-10.



LA FRANCE DE GISCARD, ENNEMI PRINCIPAL DES PEUPLES AFRICAINS ?

BAGATELLES POUR DEUX MASSACRES...

Plus que jamais fidèle à son personnage très César Birotteau de plus jeune chef d'Etat d'un grand pays industriel, sorte de Gregory Peck trop voûté et trop chauve, vautré dans l'exhibition prudhommesque de la puissance, énigmatique comme un gros plan de technicolor, naïvement sagace, pompeusement plat, subtilement obtus, solennellement creux, d'une imagination profondément superficielle, Giscard d'Estaing s'est donc fait admettre enfin comme dirigeant à part entière de cette nouvelle et à la fois éternelle multinationale, l'I.M.N. (ne pas confondre avec I.B.M. !), entendez l'Internationale des Massacreurs de Nègres. Voilà longtemps, très exactement depuis son élection à la présidence de la République française en 1974, que ce rejeton de colonial enrichi dans la spoliation et la sur-exploitation des niakés, ci-devant partisan de l'Algérie française et sympathisant O.A.S., piaffait à la porte de ce club aristocratique et fermé où brillaient déjà un certain John B. Vorster, jeune homme de bonne famille tout comme Giscard d'Estaing, et d'ailleurs son cousin spirituel, ainsi qu'un certain Jan Smith, aux antécédents identiques.

Grâce à sa prouesse de Kolwezi qu'est venu compléter heureusement quelques semaines plus tard un fait d'armes similaire dans la brousse du Tchad, Giscard d'Estaing a donc battu [PAGE 2] le triste record de son cousin Vorster à Kassinga[1], en faisant massacrer, au cours d'une intervention qui est purement et simplement un acte de banditisme international, un nombre jamais précisé parce qu'indéterminable (c'est-à-dire au moins de l'ordre du millier) de prétendus rebelles katangais, qui étaient autant de pauvres bougres de Nègres, sans défense comme d'habitude, mais qui se sont trouvés par hasard à portée des parachutistes français au moment de leur largage, et que la propagande du gouvernement de Paris a tôt fait de baptiser rebelles katangais pour allumer la courtisanerie scandaleusement chauvine de la presse française, sans doute la plus prostituée d'Occident.

Le prétexte du massacre a été fourni au président de la République française par des émeutes au cours desquelles, mettant spontanément à profit la mine soudaine du pouvoir central du Zaïre présidé par le soi-disant général Mobutu, les populations noires, humiliées par la recolonisation sans cesse aggravée de leur pays, lasses de crever de faim, n'en pouvant plus de misère et de dénuement, défiées par le luxe insolent de Blancs pratiquant ouvertement l'apartheid, bien que beaucoup eussent été récemment chassés de leur propre pays par le chômage, ont succombé à une tentation de violence certes très répréhensible, mais sans commune mesure avec la monstruosité d'un crime calculé avec un froid machiavélisme et perpétré par une nation moderne, disposant de moyens d'extermination sur lesquels on n'aura pas lésiné, alors que, foi de ministre belge des affaires étrangères, il existait d'autres procédures pour sauver les Blancs en butte à des menaces sur lesquelles d'ailleurs un voile hypocrite était soigneusement maintenu.

Pour l'Africain qui a vécu en France, au début des années cinquante, l'atmosphère empuantie des mensonges de la guerre d'Indochine ou, plus tard, la folie sanguinaire de la « pacification » de l'Algérie, avec sa stratégie raciste, ses techniques de terreur et leurs effets ravageurs sur la vie du petit peuple autochtone, c'était à se demander si l'on n'était pas revenu vingt-cinq, trente-cinq ans en arrière. [PAGE 3]

Ainsi, par la Sainte Trinité, par Allah qui est grand, par tous les dieux des Croyants, l'intervention française à Kolweni devait être une action exclusivement et purement humanitaire, et d'ailleurs absolument ponctuelle, c'est-à-dire limitée dans le temps, l'espace et la finalité. Il ne s'agissait que de sauver des Blancs innocents, de malheureux coopérants et autres assistants techniques pris au piège d'antagonismes qui n'avaient jamais été leur affaire. Bientôt pourtant, on apprit que les parachutistes français avaient élargi le champ de leurs faits d'armes, débordant considérablement la cité de Kolwezi, ses banlieues et même son arrière-pays. En même temps, Giscard d'Estaing fit annoncer par ses porte-parole qu'il posait comme condition au rapatriement de ses baroudeurs le retour au calme d'abord dans la région de Kolwezi, puis dans toute la province du Shaba; du retour au calme, on ne tarda pas à glisser vers la reprise en main du pays tout entier par Super Fantoche Mobutu, perroquet de l'authenticité.

C'était clair : sautant sur l'occasion attendue, peut-être même suscitée, Giscard d'Estaing avait décidé de briser les reins définitivement à l'opposition zaïroise pour exempter à jamais de tout souci l'opprobre de l'Afrique, le chef de Bantoustan Mobutu Sese Seko, garant irremplaçable de l'extorsion forcenée des matières premières dont le capitalisme est si vorace.

Les techniques, non plus, n'ont pas changé, de l'Indochine à Kolwezi, en passant par Madagascar, l'Algérie, le Cameroun, le Tchad... En saisissant le premier prétexte venu, il s'agit de punir massivement et spectaculairement les populations indigènes, non pas pour corriger chez elles quelque penchant vicieux, mais pour leur ôter à jamais le goût de la révolte.

D'abord, on fait donner l'aviation qui crible de bombes incendiaires et arrose de napalm des agglomérations autochtones, des quartiers populaires, des bidonvilles où l'on sait pertinemment qu'il n'y a aucune organisation armée, les guérilleros, gens avisés et disciplinés, s'étant, quand d'aventure il s'en trouvait là, éclipsés dès le premier signe de danger. Puis, les reîtres de la Légion nettoient à leur manière, c'est-à-dire massacrent tout ce qui bouge dans les venelles, les paillotes, les gourbis, les bâtiments publics y compris, comme les hommes de Vorster à Kassinga, les écoles pleines d'enfants.

Enfin, on jonche les chaussées, les trottoirs, les places de cadavres de niakés, de bougnouls ou de nègres, en un étalage [PAGE 4] dont vont se repaître les médias occidentaux afin que l'hécatombe des autochtones vienne se superposer aux charniers de Blancs complaisamment exhibés la veille comme le châtiment exemplairement terrifiant se superpose au forfait inexpiable ou la vengeance au crime, selon les publics. Ainsi que dans une auberge espagnole, dans le spectacle d'une extermination, chacun ne trouve que la nourriture que lui fournit habituellement sa propre histoire décantée en fantasmes, angoisses, préjugés. Dans Kolwezi, le spectateur blanc a assouvi son désir de vengeance en même temps qu'il puisait un sentiment de sécurité : l'Occident était donc toujours capable de faire respecter les siens à travers le monde ! Le Ku-Klux-Klan, selon la formule bien connue, frappe qui il veut, quand il veut, où il veut. Ah ! elle est jolie, la civilisation Chrétienne (avec un grand C, s'il vous plaît) !

Quant au nègre, il lira dans cette atrocité la leçon millénaire qu'il devrait connaître par cœur, celle-là même que lui susurre la stratégie de l'impérialisme : « Résigne-toi, accepte, oublie. Sois toujours le dernier, le maudit, le galeux, sinon vois à quels malheurs mène la révolte. Accepte l'asservissement sur le sol ancestral, l'extorsion de tes matières premières, la spoliation de ta force de travail. Oublie tant d'avanies passées, la duperie du christianisme, la mystification de l'indépendance. Résigne-toi comme ton père, comme ton aïeul, comme les ancêtres de tes ancêtres, comme après toi, demain, tes descendants. Pour toi et les tiens, rien à attendre de l'avenir, sinon la faim toujours, les coups toujours, la misère toujours, l'esclavage toujours, l'humiliation toujours... »

Oui, mais comment se fait-il que, depuis quelque temps, il faille administrer de plus en plus fréquemment cette leçon aux nègres, exception faite de quelques fieffés Oncles Toms comme Senghor, Houphouët-Boigny et quelques autres vieillards dont personne ne parlera bientôt plus ? Pourquoi Giscard d'Estaing, nouveau gendarme de l'Afrique, est-il aussi devenu un moderne Sisyphe condamné éternellement à pousser le rocher de ses régiments dans les savanes et les forêts de l'Afrique, pour les voir chaque fois refluer dare-dare au pied des falaises de l'Hexagone ? Pourquoi Giscard d'Estaing va-t-il se trouver en face d'autres Kolwezi, aux prises avec d'autres « gendarmes katangais », d'autres rebelles noirs de plus en plus nombreux, de plus en plus résolus, non seulement dans l'ancien Sahara espagnol, non seulement au Tchad, non seulement au Shaba, mais aussi au Gabon, au Cameroun, [PAGE 5] en Centrafrique, et même dans des pays où le néo-colonialisme français paraît aujourd'hui assuré dans ses positions comme le Sénégal, la Côte-d'Ivoire ?...

L'APARTHEID A LA FRANÇAISE

C'est bien entendu de de Gaulle que date, entre Paris et l'apartheid, une connivence que l'on crut d'abord fortuite ou conjoncturelle, mais qui se transforma vite en une alliance déjà significative pour les esprits clairvoyants, il est vrai très rares alors; car la magie de de Gaulle excellait à susciter dans ce domaine comme dans d'autres les prestiges de l'illusion et les miracles de la crédulité. Persuadé que le monde, et particulièrement l'Afrique, s'acheminait vers l'affrontement armé entre les riches et les pauvres, c'est-à-dire entre les Blancs et les non-Blancs, il considérait comme de son devoir de veiller à ce que sa race parvienne à cette échéance sans avoir rien perdu de sa suprématie, aussi avait-il secrètement pris les nazis sud-africains sous son aile. Dans son esprit, cet impératif catégorique n'entraînait pas obligatoirement le blocage du devenir des Noirs, pauvres, arriérés et assujettis souvent aux Blancs, mais il devait le circonscrire dans des bornes plus précises que restreintes, en tout cas contrôlables, révisables à tout moment par l'Occident qui demeurait le maître du jeu. Cette position perfide était une lâche trahison des Africains qui lui avaient fait confiance, mais il savait l'escamoter sous l'amoncellement des charlataneries, dérivatif merveilleux à la révolte et même à la prise de conscience des Africains « francophones ». Sur les tréteaux de sa mégalomanie, ce Tartuffe superbe avait l'art de débiter les boniments qui enthousiasmaient le bon peuple des cinq continents, parlant tour à tour de « communauté franco-africaine », de « coopération », d'« aide fraternelle », de « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ». Ses tours de passe-passe avaient soustrait aux regards de la plupart des observateurs ses sanglantes interventions successives au Cameroun de 1960 à 1964. au Gabon en 1964, au Tchad à partir de 1966. Il produisait des marionnettes faramineuses, si habilement façonnées et agencées qu'elles étaient capables de réciter des prosopopées. C'était à l'Elysée une mascarade incessante de roitelets [PAGE 6] fantoches dont l'attitude de ferveur extasiée et les actions de grâces hyperboliques cautionnaient le pillage de nos peuples et l'alliance criminelle du suzerain avec les monstres sudafricains. Le protecteur de l'apartheid pouvait se donner pour le rédempteur des Africains, sans que personne y vît vraiment clair, hormis quelques spécialistes dont la dénonciation se perdait dans le désert du scepticisme universel.

Mais de Gaulle est mort, ainsi que Georges Pompidou qui, du moins, sut se conformer à la démarche de prudence cauteleuse de son maître. Alors Giscard d'Estaing est venu, pétri de suffisance, puérilement confiant dans la puissance militaire, obsédé par la décadence de l'Occident et la précipitant par son interventionnisme brouillon dépourvu du magnétisme gaullien mais exigeant les grands rôles en Afrique. Ses essais de prestidigitation à la manière du général ressemblent à la burlesque gesticulation d'un camelot de foire, et quand il déclare, sans rire : « L'Afrique est un continent frère... », on songe irrésistiblement à cette publicité où un jeune requin de banque, toutes dents déployées, avoue sans complexe : « Voire argent m'intéresse ».

Si de Gaulle se bornait à prophétiser la guerre des races, cet adepte des doctrines de l'extrême-droite, sommairement racistes, est persuadé, quant à lui, qu'elle est déjà commencée. Au vrai, n'a-t-elle pas toujours sévi ? N'est-elle pas une donnée permanente de l'Histoire, à l'instar de la lutte des classes, sans doute même plus palpable que cette dernière ? « la race, c'est la classe », n'est-il pas un adage de l'extrême-droite ? C'est pourquoi le destin des Blancs d'Afrique du Sud préoccupe Giscard d'Estaing plus qu'on ne dit. En prenant depuis 1975 en Angola les risques que l'on sait pour renverser le régime du M.P.L.A., c'est d'abord à son cousin Vorster que songe le président français. En s'engageant si présomptueusement aux côtés de Super-Fantoche Mobutu Sese Seko, c'est d'abord sur Vorster que Giscard veille. En faisant bombarder par ses jaguars les bidonvilles noirs de Kolwezi, c'est surtout Vorster, son cousin spirituel, que Giscard veut servir. Il s'inquiète tellement pour le petit Hitler qu'il a finalement adopté ses méthodes sanguinaires dont plus rien ne distingue aujourd'hui la politique française en Afrique.

Mais il y a une forme de massacre des Noirs moins voyante, moins traumatisante pour l'opinion, moins révélatrice de la parenté mystique de Giscard avec Vorster, c'est le carnage économique. Et là, Giscard est orfèvre et fait merveille. [PAGE 7] Auteur ou inspirateur des chapitres monétaires des accords de « coopération » signés par la France et les Républiques africaines « francophones », ainsi que des raffinements de duperie qui les ont aggravés au fil des révisions successives, il a fermé aux Africains pour longtemps, en fait jusqu'à la suppression pure et simple de ces accords, la porte du développement économique, et partant de tout vrai progrès. Vorster mesurera-t-il jamais la portée dit service que lui a ainsi rendu son cousin de Paris ? [2].

Plus misérables chaque année, abandonnant leurs communaittés rurales totalement désorganisées par la féroce avidité de profits du capitalisme sauvage façon Giscard, s'entassant chaque jour davantage dans des bidonvilles dépourvus du moindre équipement, voilà donc nos populations obligées désormais de mendier même les denrées élémentaires composant leur maigre menu quotidien, de les importer de Rhodésie et d'Afrique du Sud, c'est-à-dire des bastions de leurs pires ennemis. Imagine-t-on spectacle plus réjouissant pour un conquérant qu'un tel avilissement des peuples autochtones ? Oui, J.-B. Vorster doit une fière chandelle à son cousin Giscard.

Qui croira que les assistants techniques de Giscard d'Estaing qui, au Gabon, au Cameroun, en Centrafrique – pour ne citer que ces trois pays où les chevaliers du néo-vorstérisme se surpassent -, démantèlent méthodiquement les embryons de services de santé et de prophylaxie, d'enseignement, d'éducation rurale, d'épargne indigène, de collecte et de transport des denrées autochtones, d'administration, laissés par la colonisation, n'obéissent pas à une stratégie précise ? Qui croira que la sauvage répression des intellectuels et des cadres africains dans ces mêmes pays est un phénomène fortuit ? Qui croira que les furieuses déclarations de Mme Saunier-Séïté et les projets plus ou moins secrets de numerus clausus [PAGE 8] visant les étudiants étrangers, et les étudiants africains en particulier, ne traduisent pas la volonté d'appliquer un plan préparé de longue main ? Qui croira que la dégénérescence toujours plus rapide des Républiques africaines « francophones » en sinistres bantoustans, avec ce que ce mot implique pour les Noirs de misère, d'abandon, de dépendance et de soumission relève de la seule fatalité ? Qui croira enfin que les massacres de populations africaines sans défense par les Parachutistes français imitant les soudards de Vorster répondent à la seule exigence de lutte contre le communisme et l'« expansionnisme soviéto-cubain » ?

Faut-il que Giscard d'Estaing, descendant de Louis XV à l'en croire, soit aveuglé par l'ignorance et la stupidité bien connues des aristocrates pour se figurer que cette situation puisse durer longtemps encore et que ses jaguars et ses parachutistes, fussent-ils commandés par des tortionnaires patentés, puissent venir à bout de l'aspiration africaine à la liberté, à la sécurité et au bien-être.

Le rôle de Peuples noirs-Peuples africains étant, non de jouer les arbitres entre les peuples africains et leurs bourreaux, en distribuant équitablement l'éloge et le blâme, mais de réhabiliter les éternels boucs émissaires de l'Occident esclavagiste, de donner enfin une voix à la révolte de nos peuples, nous proclamons que, contrairement aux calomnies répandues par nos éternels ennemis, Kolwezi a, non pas fourni une nouvelle illustration de la barbarie des cannibales noirs, mais sonné le déclenchement de l'acte final de notre émancipation; que la véritable décolonisation de l'Afrique en général, et de l'Afrique prétendue francophone en particulier, datera de Kolwezi, dans les manuels d'Histoire de l'Afrique rédigés enfin par les Africains.

Qu'un peuple longtemps, trop longtemps, réduit en esclavage, bafoué, spolié, étouffé, nié, se dresse dans le cliquetis des chaînes, le tintamarre les convulsions et le sang, c'est la France en 1789, c'est la Russie en 1917, c'est le Vietnam en 1946, c'est la Chine en 1949, c'est l'Algérie en 1954, c'est Cuba en 1959... Cela s'appelle une révolution. Un jour, sans doute proche, une œuvre d'art immortalisera le martyre héroïque des populations du Shaba et, à l'instar du « Cuirassé Potemkine » d'Eisenstein ou de « Guernica » de Picasso, comblera la soif de justice de tous les publics du monde, rendant, du même coup, tout son sens au sacrifice de nos morts.

Mais qu'un gouvernement de nantis, bardé d'armes et de [PAGE 9] rhétorique, servi par de petits Machiavels manipulant une opinion nationale hébétée de chauvinisme, de racisme et de mise en condition, entreprenne froidement d'exterminer des miséreux innocents, de pauvres femmes, des enfants au sein, de pitoyables hères dont l'unique crime, si crime il y eut, fut d'être las d'avoir faim, comment ne pas songer à Metternich, à Thiers, aux tsars sanguinaires, à tous les despotes qu' aujourd'hui l'Histoire stigmatise ? Monsieur Giscard d'Estaing, président de la République française, vous passerez bientôt pour ce que vous êtes réellement, pour le Metternich de l'Afrique, l'ennemi principal des peuples noirs, aux côtés de John Balthazar Vorster, votre cousin bien-aimé. Monsieur Giscard d'Estaing, sur le cadran inflexible de l'Histoire, l'heure de votre vérité est imminente.

PNPA


[1] Localité sud-angolaise située à 250 kilomètres de la frontière et abritant des réfugiés namibiens, où, le 4 mai 1978, un raid de parachutistes sud-africains précédé d'un intense bombardement aérien, comme à Kolwezi, fit d'un seul coup six cents morts africains, y compris les enfants, les femmes et les vieillards.

[2] Combien de gens se doutent que, par le simple jeu des mécanismes mis en place par les accords monétaires, l'épargne subtilisée aux « pauvres » nègres d'Afrique « francophone », par les banques et les assurances françaises, sert à investir au royaume de Vorster, c'est-à-dire à accroître la force de frappe et, d'une manière générale, la puissance de nazis sud-africains ? Il est vrai que pour un Senghor ou pour un Houphouët, le danger le plus pressant pour l'Afrique, ce n'est pas l'apartheid qui broie des millions de leurs frères et les condamne au désespoir, mais les médecins cubains qui, pour la première fois, administrent des soins modernes aux petits enfants des villages de la brousse angolaise. Entre nantis, doivent-ils se dire, qu'importe la couleur ? Naïfs comme de vieux nègres, ces deux personnages connaissent bien mal Monsieur Vorster.