© Peuples Noirs Peuples Africains no. 3 (1978), 183-184.



Correspondance des lecteurs

Nous avons reçu de M. Robert Cornevin la lettre dont on lira le texte ci-dessous, et à laquelle nous nous réservons de répondre, sans doute très longuement, dans notre prochain numéro (juillet-août) :

Monsieur le Directeur,

Le premier numéro de Peuples noirs-Peuples africains comporte (pages 18 à 23) des passages me concernant. Je juge inutile de répondre à des propos purement injurieux qui ne déshonorent que leur auteur. Mais je voudrais faire une mise au point sur trois accusations particulièrement injustifiées.

J'aurais adressé une « sévère mise en garde à une jeune universitaire de couleur contre un auteur (Mongo Beti) sur lequel j'aurais « désapprouvé toute recherche pour deux raisons surtout : Mongo Beti n'était pas encore mort et, plus grave encore, ce romancier s'opposait à son président ».

Par ailleurs (p. 21) je me serais livré à une agression personnelle contre un écrivain (il s'agit toujours de Mongo Beti) que « mes amis et moi-même aurions été impuissants à étouffer en dépit de nos efforts ».

– Il est vrai que je déconseille en général aux étudiants de prendre comme sujet de thèse des auteurs vivants surtout [PAGE 184] lorsqu'ils ont déjà fait l'objet de travaux aussi remarquables que ceux de Thomas Melone : Mongo Beti l'homme et le destin paru aux éditions Présence Africaine en 1971 sans compter la dizaine de thèses consacrées à divers aspects de l'œuvre de Mongo Beti.

A ceux qui viennent me demander conseil, je suggère des auteurs moins connus mais qui n'ont pas encore fait l'objet d'études.

– L'opposition de Mongo Beti au président du Cameroun comme argument de ne pas prendre un sujet de thèse est d'autant plus absurde que j'ai utilisé les écrits de Mongo Beti et de ses amis dans mes travaux sur l'histoire du Cameroun (Histoire de l'Afrique, Payot 1975, tome III) comme dans les notices d'Hommes et destins consacrées à Ruben Um Nyobé et Ernest Ouandié.

– Quant à imaginer chez moi une hostilité personnelle contre Mongo Beti, c'est une contre-vérité. Bien au contraire je pense qu'il s'agit de l'un des plus grands écrivains africains de notre époque. Je n'ai jamais dit autre chose dans mes cours de l'Institut international d'administration Publique de l'I.N.A.S. et de Paris XIII, je l'ai écrit dans les revues auxquelles je collabore et dans mes littératures d'Afrique noire de langue française (P.U.F., 1976). J'ai toujours rendu hommage à son talent littéraire et à l'importance de son témoignage pour l'Histoire du Cameroun.

Vous remerciant à l'avance de bien vouloir publier cette mise au point, je vous prie d'agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma considération distinguée.

Le Chef du Centre d'Etude
et de documentation
sur l'Afrique et l'outre-mer,
R. CORNEVIN.