© Peuples Noirs Peuples Africains no. 55/56/57/58 (1987) 311-327



V. – LIVRES LUS

*
*  *

Kaptue Léon. Travail et main-d'œuvre au Cameroun sous régime français, 1916-1952. L'Harmattan, Paris, 1986, 286 p.

Léopold DOSSOU

L'auteur, historien de formation, a su nous intéresser à un aspect de l'histoire contemporaine et spécialement l'histoire socio-économique, tout en usant de termes à la portée de tous et non de quelques spécialistes. Les deux bornes chronologiques de son étude ont été, respectivement, la fin de la domination allemande et l'adoption du Code du travail des territoires d'outre-mer. Mais le passage d'un régime colonial à un autre n'a pas amélioré sensiblement le sort des Camerounais : il y a eu une sorte de continuité entre les 32 ans de régime allemand et les 44 ans que les habitants du Cameroun ont dû vivre avec les Français jusqu'à l'indépendance nominale de 1960.

Dans un cas comme dans un autre le pouvoir colonial avait besoin de main-d'œuvre pour l'exploitation de la colonie. Léon Kaptue s'est évertué à mettre en relief l'aveuglement stérile et presque permanent du colonat face aux problèmes posés, et d'autre part les origines du malentendu, du dialogue de sourds entre Français et Camerounais.

Chacun des partis avait une logique, un système cohérent; pour les Français, d'un côté : travail individuel, rendement, salaire et promotion sociale individuelle, de l'autre côté pour les Africains : travail collectif, rare contrainte du temps, utilité pour la collectivité...

Ayant la force des armes de son coté, le pouvoir colonial a essayé de faire fi des points de vue, des préoccupations et intérêts du colonisé; cela malgré les timides mais incessants rappels à l'ordre formulés par les organisations internationales (Société des Nations, Organisation internationale du travail, O.N.U ... ) et quelques colons clairvoyants.

Lorsqu'il se trouva acculé, ou bien pour satisfaire l'opinion publique internationale, le pouvoir colonial adopta des réglementations, des lois [PAGE 312] qui furent rarement appliquées, mais qui constituèrent néanmoins des références pour les colonisés.

Il suffisait pour le colonat de se convaincre que dans les territoires conquis comme en métropole l'ardeur au travail des employés est conditionnée par leurs conditions d'existence. En effet, améliorer le logement, assurer le ravitaillement et des structures sanitaires adéquates pour les travailleurs des différents chantiers, réduire la durée du travail surtout dans des conditions climatiques aussi rudes, voilà autant de mesures bénéfiques dont chacun des partis aurait tiré profit.

Mais psychologiquement bloqués, les employeurs les ont plutôt négligées; ceux qui ont eu à s'en soucier quelque peu ont pu apprécier les résultats; tel fut le cas dans les plantations Braun et Laurier à Melong, la Société d'acconnage à Kribi, où il n'y eut aucune difficulté à recruter le personnel africain nécessaire. Cependant la plupart des employeurs reculèrent devant les infimes sacrifices à consentir pour, en retour, s'assurer un approvisionnement adéquat en main-d'œuvre ou pour conserver sur le chantier celle qui s'y trouvait.

Ils ont préféré la fuite en avant, la recherche de palliatifs que fut le travail des femmes et des enfants. Sous payés, exploités jusqu'à la limite de leurs forces, ces femmes et enfants étaient pourtant astreints aux mêmes besognes, aux mêmes durées de travail que les adultes mâles. Rien d'étonnant qu'ils aient essayé également de déserter ces chantiers peu enchanteurs.

La collusion entre l'administration coloniale et le colonat privé aidant, la force fut souvent requise pour organiser des battues, des chasses à l'homme afin d'arrêter, séquestrer puis acheminer sur les différents chantiers nécessiteux, tous ceux qui n'ont pu s'enfuir : hommes valides, ou non, femmes et enfants, selon le quota fixé arbitrairement par le commandant de cercle.

Le chef de village ou de quartier était partagé entre l'obéissance au commandant et la nécessité de garder ses confrères, augmentant par la même occasion sa ristourne sur l'impôt de capitation; certains chefs cupides ont voulu manger aux deux râteliers : toucher leur prime au prorata des contingents acheminés sur les chantiers de travail et, d'un autre côté, percevoir la portion de l'impôt de capitation prélevée sur la paye des malheureux travailleurs. Il n'est pas rare de voir certains chefs sans scrupules envoyer sur les chantiers de travail des hommes légalement non concernés, seulement parce qu'ils convoitaient leurs biens, leurs femmes ou leurs jeunes filles.

Le travail forcé fut le mode dominant d'exploitation de la main-d'œuvre africaine au Cameroun, sa suppression fut tardive; elle intervint seulement, en théorie, en 1946; elle mit du temps pour entrer dans les mœurs coloniales. Toutefois, les employeurs percevaient déjà la nécessité du changement même s'ils étaient retenus par les coûts financiers qui en découleraient. Mais une fois encore il y eut de la part des employeurs une mauvaise approche du problème posé et par conséquent l'adoption et la mise en œuvre de solutions inadaptées au contexte.

Les décorations décernées çà et là n'ont guère incité les Camerounais [PAGE 313] au travail; par contre les différentes primes accordées eurent un effet plus probant. A côté de ces palliatifs certains employeurs envisagèrent des méthodes tout aussi coûteuses qu'inopérantes parce qu'intervenues et vues de façon isolée. Ce furent les tentatives de mécanisation et d'importations de la main-d'œuvre européenne qualifiée.

Lorsque des solutions internes furent envisagées, un grand retard avait été déjà pris et l'urgence des transformations économiques fut un handicap supplémentaire. Ainsi l'ouverture des centres de formation professionnelle, l'accélération de la formation de cadres moyens sur le tas ne permirent pas de surmonter la difficulté, de faire face à la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Le colonat payait ainsi le prix de son aveuglement, de son refus de s'engager sur la voie du modernisme avec un plan cohérent de développement. Ce colonat fit en outre preuve de mauvaise foi, il agita le spectre d'un effondrement économique de la colonie lors de la suppression du travail forcé, la reconnaissance du droit d'association et de grève pour les travailleurs ou bien lors de l'application du Code du travail des territoires d'outre-mer.

Les limites chronologiques n'ont pas permis à l'auteur d'apprécier les résultats de la politique de l'emploi, de l'application du Code du travail; de toute façon cette réglementation ne fut pas une baguette magique; les problèmes de fond demeurèrent jusqu'à l'indépendance nominale de 1960. Comme ils ne furent pas abordés judicieusement, ils continuent d'être un handicap au développement des États constitués après 1960. Sans doute l'auteur aurait dû faire quelques comparaisons, quelques ouvertures sur l'extérieur tout en axant son étude sur le Cameroun; cela faciliterait la mise en relief de traits communs, de problèmes généraux que les particularités camerounaises permettraient d'illustrer.

Toutefois, l'auteur a su retenir notre attention, dérouler pour nous les scènes poignantes de la vie quotidienne des Camerounais, de façon attrayante; à la dernière page on regrette que le récit ait pu se terminer si vite. L'originalité de l'ouvrage tient également au fait que l'auteur a privilégié les réactions du colonisé et c'est logiquement que l'on surprend le style de l'auteur tourner au ton aigre à la suite de la révolte légitime que lui inspirent toutes les souffrances de son peuple.

Léopold DOSSOU
Maître-Assistant en Histoire
Université Nationale du Bénin
Cotonou

[PAGE 314]

*
*  *

LE ROMAN CAMEROUNAIS ET LA CRITIQUE
Josette Ackad, Éditions Silex, paris 1985

Odile TOBNER

Dans un petit livre stimulant, Josette Ackad explore deux sens de la notion de critique, liée au roman camerounais : l'activité critique des ouvrages romanesques eux-mêmes et la réception critique qui a été la leur.

Que le roman camerounais des années 1950 et 1980 ait un contenu critique ne peut guère étonner. Le besoin, la possibilité d'expression naissant en même temps que se produisent de profonds bouleversements sociaux et culturels et que se cherche, dans l'inquiétude, une nouvelle conscience. A travers les œuvres de Mongo Beti, Ferdinand Oyono, Daniel Ewande, Yodi Karone, sont abordés successivement les thèmes de la critique du colonialisme, de l'œuvre missionnaire et civilisatrice, des mœurs et des traditions, des conditions sociopolitiques de l'indépendance.

L'autre versant du livre, très différent, analyse la critique littéraire à propos du roman camerounais. Josette Ackad fait l'inventaire des principaux travaux qui ont porté sur ces œuvres et elle indique brièvement la nature de leur contenu suivant les différents points de vue adoptés, psychocritique, structuraliste, impressionniste, etc. Une abondante bibliographie, en annexe, donne une idée du volume et des thèmes de cette activité critique.

Ce livre en dégageant schématiquement le contenu critique des œuvres et l'attitude de la critique à leur égard, permet de mieux discerner les enjeux des principaux débats, qui se lisent en filigrane au hasard des citations et des remarques, même s'ils ne sont pas clairement formulés. Le roman « doit » – il être ou ne pas être « engagé » ? Qu'est-ce qu'un « code narratif novateur » ? Peut-on appliquer au roman « africain » des méthodes d'études « européennes » ? Autant de faux problèmes qui détournent de l'examen des œuvres. Il n'y a jamais eu, en littérature, que deux sortes d'œuvres, les bonnes et les mauvaises, quels que soient leur sujet et leur forme. Une véritable science de la littérature sait parfaitement expliquer pourquoi il en est ainsi, par l'examen, non seulement des matériaux et des procédés, mais surtout des résultats.

Un petit livre instructif, qui contribue à une meilleure connaissance des enjeux et des stratégies qui traversent la littérature africaine.

Odile TOBNER
[PAGE 315]

*
*  *

FICTION, IDÉE ET LITTÉRATURE
(Suite au débat autour du « dictionnaire des œuvres negro-africaines d'expression française »)

Guy OSSITO MIDIOHOUAN

« Ce mot (littérature) est un de ces termes vagues si fréquents dans toutes les langues : ( ... ) tels sont tous les termes généraux, dont l'acception précise n'est déterminée en aucune langue que par les objets auxquels on les applique ».

Voltaire


J'ai lu, en son temps, la critique qu'Odile Tobner a faite du Dictionnaire des œuvres négro-africaines de langue française[1] rédigé sous la direction d'Ambroise Kom, critique parue sous le titre alléchant de « Qu'est-ce que la littérature ? » dans le no 37 de Peuples Noirs-Peuples Africains[2].

Si l'argumentation m'a paru, par endroits, convaincante, je veux dire irréfutable, j'ai néanmoins éprouvé quelques hésitations à adhérer à certains passages. J'avoue, cependant, que l'article m'a amené à me poser certaines questions sur la définition des genres en littérature autant que sur celle de la littérature elle-même : questions sur lesquelles, autour de moi, je ne cesse de provoquer des débats chaque fois que j'en ai l'occasion. Loin d'éclairer ma lanterne, ces débats ont néanmoins le mérite de me faire percevoir de plus en plus clairement la complexité du problème, car il s'agit bien d'un problème.

En février 1985, une lettre vint replacer cette question au centre de mes préoccupations. Quelques mois auparavant, j'avais commis moi-même à l'intention de mes étudiants, dans le cadre d'un cours d'introduction générale à la littérature négro-africaine d'expression française, une Bibliographie chronologique de la littérature négro-africaine d'expression française (1920-1981)[3] dont j'avais envoyé un exemplaire à Bernard Mouralis, un ami avec qui j'échange des documents depuis [PAGE 316] plusieurs années, en le priant de bien vouloir me faire connaître son avis. Voici ce que m'écrit Mouralis dans sa lettre datée du 10 février 1985 :

    La Bibliographie que tu viens de réaliser permet de suivre très bien l'évolution de la production depuis les origines. La répartition par genres conduira aussi, je pense, le lecteur à faire certaines constatations sur la fréquence des titres en fonction de telle ou telle période.

    A juste titre, tu t'es limité à la fiction mais ne penses-tu pas que des écrivains qui aujourd'hui publient des ouvrages dans le domaine des sciences humaines auraient été, autrefois, des écrivains qui auraient publié de la fiction ? En d'autres termes, n'aurait-il pas été possible, au moins dans l'introduction, de faire apparaître une mutation du champ littéraire et, notamment de la relation fiction/non-fiction ?

    Ceci n'est pas une critique mais plutôt une invitation à continuer ton travail avec par exemple, une bibliographie des travaux publiés dans le domaine des sciences humaines.

    Jusqu'à présent il n'y a eu aucune tentative de ce genre en dehors de la bibliographie de Mudimbe parue dans le numéro de RPC sur la production philosophique africaine[4] et je pense que ce type de travail est susceptible de donner une autre image de l'Afrique en mettant en lumière l'existence d'une production intellectuelle[5] alors que trop de gens ont de l'Afrique l'image d'un continent qui produit de la poésie, de la fiction, etc. »

Je sais que Bernard Mouralis, comme tout ce que la France compte aujourd'hui d'africanistes dignes de foi, est un lecteur assidu de Peuples Noirs – Peuples Africains qu'il ne considère pas, avec malveillance et en dépit du bon sens, comme une revue confidentielle, contrairement aux tenants de l'africanisme de papa qui se trouvent être aussi les ténors de la francophonie militante. Je n'irai pas jusqu'à affirmer que les idées qu'il exprime dans sa lettre lui sont inspirées par la lecture de l'article d'Odile Tobner, mais on aura remarqué que l'un et l'autre se rejoignent dans le désir de mettre fin à ce que Odile Tobner appelle l'« ostracisme de l'idée qui est une tradition bien établie de la critique africaniste », « révélateur de l'esprit qui anime l'africanisme littéraire, qui est la terreur devant l'expression de l'idée forte ».

Cette coïncidence, en ravivant mon intérêt pour une question qui mérite d'être débattue à fond, attire mon attention sur une certaine démarche intellectuelle aux conséquences insoupçonnées, sur certaines insuffisances que nous traînons par habitude, certains pièges qui nous sont tendus par notre formation et qui renforcent, à notre insu, l'idéologie dominante, en fait seule en cause ici. [PAGE 317]

La réponse d'Ambroise Kom à Odile Tobner et la réplique de cette dernière[6] me poussent à intervenir dans le débat.

Comme le reconnaît Ambroise Kom dans sa lettre, revenant ainsi sur ce qu'il affirme dans l'Indroduction au Dictionnaire, « on peut, à bon droit, se demander si le cadre n'aurait pas pu être élargi ». Cela, je crois que tout le monde tombe d'accord là-dessus. Ce qui semble poser problème, c'est ce que devra recouvrir cette « extension ». Sans m'aligner d'emblée sur la position d'Odile Tobner, je trouve que notre ami Ambroise Kom met le pied dans ce plat en écrivant : « (...) inclure les essais dans ce qu'il est convenu d'appeler littérature ne serait-il pas enlever à la plupart des textes d'idées leur dimension particulière, leur force et leur pertinence ? Traiter Main basse... de la même manière que les autres textes littéraires ne reviendrait-il pas à accréditer la thèse de ceux qui prétendent qu'un tel ouvrage est davantage le produit de l'imagination de son auteur, c'est-à-dire une œuvre de fiction, qu'un document fondé sur des faits vérifiables ? »

Je ne reviendrai pas sur l'équivalence que Kom établit entre littérature et « fiction » puis entre « fiction » et « mensonge ». Mais il me semble que la confusion de son argumentation ne se résume pas à ces « deux glissements de sens bien hardis » (O. Tobner). A lire Kom, on a l'impression que « la littérature », c'est-à-dire selon lui « les œuvres d'imagination et de fiction », n'a aucune force, aucune pertinence. Si ce n'est pas le cas qu'est-ce qui fonde alors sa force et sa pertinence ? Cette question en appelle deux autres; « les œuvres d'imagination et de fiction » ont-elles pour caractéristique d'être dépourvues d'idées » ? Que faut-il entendre par « textes d'idées » ?

En fait, sur ce dernier point, Kom ne fait que reprendre le terme « littérature d'idées » employé par Odile Tobner dans « Qu'est-ce que la littérature » et qui, en vérité, n'est pas de nature à nous simplifier la tâche; je veux dire que ce terme n'est pas satisfaisant pour désigner, comme le fait Odile Tobner, l'Essai et le Pamphlet, car il semble insinuer une absence d'idées dans les autres genres.

A mon avis le problème est moins celui de la présence ou de l'absence d'idées que celui de la manière dont s'expriment ces idées, de la forme qu'un auteur choisit de leur donner.

Faisons le point :

    1) la littérature ne saurait se limiter aux « œuvres d'imagination et de fiction » et à des genres comme le roman, la poésie, le théâtre ou la légende...;
    2) sans ressortir à ces genres qui, il faut le souligner, fonctionnent comme instances idéologiques, d'autres productions telles que la critique littéraire, l'essai et le pamphlet portent la marque d'une préoccupation esthétique qui définit l'œuvre littéraire;
    3) mais la littérarité du pamphlet (n'y a-t-il pas aussi de bons et de [PAGE 318] mauvais romans) semble plus facile à établir que celle de l'essai. Celui-ci fleurit dans tous les domaines : histoire, sociologie, philosophie, économie, politique, droit..., bref dans tout ce qui concourt au mouvement des idées auquel participe aussi la littérature. Le problème est de savoir les critères qui autorisent à considérer tel essai d'histoire, de sociologie, de philosophie ou tel recueil de discours politiques comme de la littérature.

Odile Tobner propose de juger sur pièce, ce qui revient à dire :

    1) qu'il faut éviter de donner une définition rigide de la littérature qui est un domaine extrêmement mouvant;
    2) que cette définition varie selon les époques et l'état de développement de la société (comme les genres eux-mêmes);
    3) et qu'elle porte toujours la marque du mouvement des idées.

En d'autres termes, le critique doit prendre conscience que toute tentative de définition de la littérature est un choix idéologique qu'il faut faire en toute connaissance de cause.

Guy OSSITO MIDIOHOUAN
[PAGE 319]

*
*  *

PRISONNER WITHOUT A CRIME
Récit de détention, par Albert Mukong, Alfresco Book édit., l985, 106 pages.

Mongo BETI

Le récit d'Albert Mukong est bouleversant à plusieurs titres. Le lecteur averti ne peut, par exemple, laisser d'être ému en songeant aux conditions de sa publication; car la localité du siège des éditions Alfresco Book n'est pas mentionnée comme le veut la tradition. Alors est-ce au Cameroun ? au Nigeria ? En Grande-Bretagne ? Dans les trois cas, il n'y a guère de chance qu'il ait été lu par le public francophone camerounais, toujours muselé et encagé par l'obscurantisme du régime de Paul Biya, comme hier par celui de Ahmadou Ahidjo. Quel dommage pour les Camerounais francophones si mal informés des tendances de l'opinion publique de la province anglophone, si ignorants sur l'existence d'une création littéraire chez leurs frères.

Le livre n'est pas seulement un document historique sans précédent sur les événements ayant servi de prélude aux procès de 1970-1971 ainsi que sur les mœurs des camps de concentration camerounais; c'est aussi l'œuvre d'un écrivain accompli, parvenu à une rare maîtrise de la langue mais aussi de ses propres émotions.

Ancien militant upéciste, il y a près de cinq ans qu'Albert Mukong a renoncé à toute activité militante et est revenu s'installer dans son village lorsqu'il est arrêté en octobre 1970 par la police d'Ahidjo. C'est la vague d'arrestations entraînée par l'affaire Ouandié-Ndongmo. Que lui reproche-t-on à lui, activiste repenti depuis longtemps ? Personne ne daigne lui donner la moindre explication. On le conduit à la Brigade Mixte Mobile de Yaoundé. Il ne sera jamais jugé, jamais condamné, mais pendant de longs mois il va être soumis, comme les autres pensionnaires de la B.M.M., comme Ouandié, comme Ndongmo, aux interrogatoires interminables, aux séances de bastonnade, à l'isolement, à la faim, à la soif, sans oublier la torture proprement dite, le tout sous les ordres d'un certain commissaire Muyakana, un bourreau implacable formé par les services secrets français, ces humanistes bien connus.

Après l'exécution d'Ernest Ouandié, Albert Mukong, qui n'est toujours l'objet d'aucune condamnation, est transféré au camp de Mantoum, où il séjourne longtemps, enfin au camp tristement réputé de Tcholliré, où il retrouve Mgr. Albert Ndongmo. Il ne sera libéré qu'en 1976, c'est-à-dire après six ans de détention. La vie quotidienne dans ces divers centres de détention est racontée sans grandiloquence, mais avec une précision rigoureuse qui comble enfin la soif dont brûle tout lecteur camerounais de connaître le fin mot sur ces sinistres lieux. Plus que dans la description des décors, Albert Mukong excelle dans l'évocation des bourreaux, dont une ahurissante galerie défile sous nos yeux. C'est hallucinant d'horreur, bien au-delà de tout ce qui en avait été [PAGE 320] dit auparavant. Voilà un bon gros Goulag sur lequel personne n'a entendu François Mitterrand dérouler ses jolies périodes à la manière de M. Prudhomme.

Le livre d'Albert Mukong, c'est aussi l'œuvre d'un homme de culture, ancien universitaire, ancien éducateur, qui ne s'est pas laissé aliéner par les séductions de la « civilisation » anglaise, mais s'en est servi pour éclairer l'avenir de son continent et de sa race, et pour inventer les valeurs de base d'une morale à la fois moderne et fraternelle. C'est un homme qui, avec aisance, allie la méditation et le recueillement à l'humour, sourit avec détachement au spectacle de la bêtise et de la méchanceté, parle avec vraisemblance de ses crises de mysticisme, et sait nous persuader que, s'il a pu survivre à l'enfer, c'est à force d'anéantir la bête en lui, pour n'y laisser subsister, autant que faire se pouvait, que l'humain, rien que l'humain, c'est-à-dire l'intelligence.

La foi dans l'esprit, comme arme de notre libération définitive, telle est la leçon que le lecteur tire du beau livre d'Albert Mukong.

Mongo BETI
[PAGE 321]

*
*  *

Mongo Beti : Lettre ouverte aux Camerounais ou la deuxième mort de Ruben Um Nyobé, Rouen, Éd. des Peuples noirs, 1986, 131 p.

Cette nouvelle publication s'inscrit parfaitement dans la tradition personnelle de l'auteur, celle qui veut que chacun des livres de M. B. soit une dynamite dans une société camerounaise déjà trouble. La dynamite étant lâchée, personne ne peut se situer en dehors de son rayon de ravage tellement ce rayon est tentaculaire.

Les différents épisodes des (més)aventures des protagonistes ont d'abord paru en série dans des numéros de P.N.P.A. Cela est bien connu. Apparemment, rien de vraiment neuf n'est intervenu entre-temps, comme si les protagonistes s'étaient donné du répit, les uns pour maudire la bêtise et la naïveté, l'autre pour se féliciter d'avoir été miraculé devant des politicards pouilleux.

Parce que c'est en grande partie un « remake », le livre n'aurait plus eu tellement d'intérêt aujourd'hui, n'eussent été l'avant-propos et la conclusion intitulée « En finir à tout prix ». Où réside exactement l'intérêt de ces deux ajouts ? C'est à cette question que nous voudrions répondre tout au long de ces notes de lecture.

Jusqu'ici, M. B. nous était apparu comme un auteur et un militant qui sait faire attention jusqu'au moindre détail. Malheureusement, il se démarque de cette image notamment dans l'avant-propos de son livre.

Quel est ce Camerounais qu'il place entre Ossendé Afana et « tous les autres » à la page 7 ? Il le nomme Tounjam Pouémi. Se trompe-t-il délibérément? Il s'agit probablement du professeur Tchuindjang Pouémi, « suicidé » en décembre 1985. Mais comment M. B., d'habitude si vigilant, peut-il se tromper sur le nom de celui-là qui n'est pas un inconnu ? A défaut de tout autre élément d'appréciation non tendancieuse, nous constatons tout simplement que cette erreur peut être significative, psychanalytiquement parlant. Ce serait dommage qu'il en soit ainsi.

Les propositions faites en fin d'ouvrage suscitent bien des questions, tellement elles surprennent et déçoivent.

M. B. propose l'effacement de P. B. (seul) comme préalable à toute initiative de résolution de l'énigme camerounaise. [PAGE 322] Soit. Mais P.B. n'est-il pas la tête avancée d'un monstre multicéphale ? Il dirige le pays avec une poignée de proches. Il est même, semble-t-il, presqu'un jouet entre les mains des ces derniers. Le peuple en est conscient, qui lançait à la figure de Joseph Zambo (le chef éphémère de la commission de recensement des griefs de la population à l'encontre de l'administration en place) que « l'entourage du chef de l'État est pourri » (sic). C'est à ceux-là qu'il aurait fallu s'intéresser davantage ; car la famille (biologique) de P. B. dont se soucie M. B. (p. 125) n'est pour rien dans la manière dont le successeur désigné par Ahidjo exerce le pouvoir. Il y en a justement dans son entourage dont les étudiants de l'Université de Yaoundé avaient fabriqué le cercueil du temps même d'Ahidjo.

De même, Um Nyobé, pour héroïque qu'il ait été, n'a pas organisé la lutte nationaliste seul. Chaque proposition de réhabilitation du héros devrait, à tout le moins, être assortie d'autres mesures du même ordre en faveur de son entourage héroïque de tous les temps. La terminologie employée par M. B. pour parler du premier secrétaire général de l'U.P.C. indispose. M. B. l'appelle « notre père fondateur » (p. 126). Ces termes sont par trop prostitués dans le vocabulaire politique africain pour emporter notre adhésion. Pourquoi faut-il que les Africains se croient toujours obligés de faire germer le nationalisme ou, plus vaguement, leur(s) dirigeant(s) à partir du sperme ? M. B. en parlant de « notre père fondateur » semble s'être laissé aller à une facilité langagière qui enlève de l'originalité à son vocabulaire d'habitude riche en innovations, et qui banalise quelque peu (peut-être même beaucoup) sa conception du leader politique dans la société africaine d'aujourd'hui.

Par ailleurs, M. B. estime que John Ngu Foncha et Paul Soppo Priso seraient des alternatives à P. B. Ils auraient l'avantage, écrit-il, d'incarner, entre autres qualités, la « dignité jamais démentie (...) tout au long du quart de siècle terrifiant ». Est-ce vraiment faute de mieux parmi les millions de Camerounais présidentiables ? Malgré le renvoi à leur passé politique, l'on est plus que surpris de lire sous la plume de M. B. que ces deux-là pourraient aider à sortir du cul-de-sac.

Qu'y a-t-il de digne dans le silence dans lequel s'est réfugié Paul Soppo Priso depuis son éviction de la scène politique ? Était-ce courageux (et honorable) de sa part de se [PAGE 323] taire pendant si longtemps alors que le pays qu'il avait un moment ambitionné de diriger ployait sous le gouvernement d'un dictateur implacable et de ses complices ? A notre connaissance, pas une seule des nombreuses forfaitures du régime n'a arraché de lui la moindre parole de désapprobation.

Nous avons affaire sans doute à un égoïste qui n'a pas voulu risquer ses intérêts bourgeois pour venir en aide au Cameroun à la dérive. Son effacement était accidentel, certes. Mais il y a eu comme une gracieuse compensation illustrée par l'activisme affairiste du personnage. Parti lui aussi de peu, il est aujourd'hui parmi les richissimes du Cameroun. Or il s'agit bien d'une fortune qui a atteint son apogée au cours du règne d'Ahidjo. Est-ce vraiment rien ? La contrepartie du silence politique s'étalerait ainsi au grand jour. Le grand perdant politique (pour lequel M. B. n'a que de la pitié) était devenu (sans un petit coup de pouce du système Ahidjo ?) le grand gagnant en affaires. On le sait, Ahidjo ne pourrait laisser libre cours qu'à ceux qui se compromettaient, surtout quand c'était, comme dans le cas d'espèce, une « grosse tête » tentée à un moment donné par la politique. La disgrâce n'opérait qu'en surface.

Paul Soppo Priso eut-il jamais la popularité qui semble avoir charmé M. B. ? De mémoire de Camerounais venu des profondeurs du pays, il ne nous souvient pas avoir jamais perçu ce nom dans la mémoire des paysans qui furent témoins oculaires de la naissance et du développement du nationalisme et de la démocratie.

Par contre, Ndoumbé Douala Manga Bell (un homonyme qu'Alexandre Biyidi ne mentionne pas) fut populaire hors de son trou tribal. Il l'est demeuré, à telle enseigne que même de nos jours, chez les Bamilékés, pour flatter un enfant, on l'appelle affectivement le « fils de Douala Manga Bell »; pour chatouiller l'honneur d'une femme, on l'appelle la « femme de Douala Manga Bell »; pour donner à un homme le sentiment de dignité, on l'appelle « l'ami de Douala Manga Bell »... Soppo Priso n'a jamais figuré dans cette métaphorisation politique, parce que, loin de la ville, la mémoire du peuple sait discriminer comme il faut entre un grand leader et le politicien aux petits pieds.

Il aurait fallu que M. B. nous informe sur l'attitude de Soppo Priso pendant la dernière campagne de renouvellement [PAGE 324] du leadership du parti dans le Wouri. Quel a été son rôle dans le fameux « consensus » qui fut une réofficialisation du tribalisme d'État ? L'objectif principal du « consensus » était l'érection d'un mur de sécurité pour mettre les Bamilékés hors d'état de briguer (et de gagner, à coup sûr) la présidence du parti à Douala. Comment celui-là, dont M. B. dit qu'il est un « grand leader » parce qu'il a « affronté à la loyale ses adversaires dans les compétitions électorales », hier, a-t-il pu se taire, aujourd'hui, devant les manœuvres de ceux de sa tribu pour emprunter « les raccourcis semés de roses de la bureaucratie ( ... ) ou des candidatures officielles » ? Sengat Kuoch était revenu précipitamment d'un exil ambigu pour s'assurer sans doute que le « consensus » fonctionnait comme concocté. Paul Soppo Priso n'a trouvé rien à dire à tout cela. Le silencieux d'hier a plutôt pris goût à la politique de l'autruche. C'est cela un « grand leader » ?

L'autre « grand leader » (selon M. B.) sort lui aussi du sérail des morts-vivants politiques. D'après M. B., John Ngu Foncha serait « en outre » (il a des qualités à revendre, sous la plume de l'opposant miraculé !) « auréolé du prestige d'une tradition démocratique ( ... ) anglophone ». La tradition anglophone est démocratique (même en Afrique ?). Soit. Mais chacun de ses produits, surtout en Afrique, n'est pas forcément l'incarnation de la démocratie.

C'est un président anglophone de l'assemblée nationale qui, en pleine crise de 1985, recommanda au gouvernement d'être sans pitié pour les fauteurs de rumeurs. Ironie, ces rumeurs furent confirmées ultérieurement par les événements.

C'est un ministre anglophone de la justice qui vient de faire adopter par la même assemblée nationale dirigée toujours par un anglophone, et composée d'un bon nombre de députés anglophones, une loi des plus réactionnaires sur l'exercice de la profession d'avocat au Cameroun. Le projet de loi avait été d'abord examiné et approuvé par le conseil des ministres – auquel participaient des anglophones –. Le même ministre anglophone a ajouté du sel à ses penchants dictatoriaux en proposant, dans un discours lors de la rentrée judiciaire 86/87, que le gouvernement pourchasse les journalistes pour diffusion irresponsable (selon lui) d'informations. Des anglophones peuvent donc [PAGE 325] porter l'auréole de la démocratie par usurpation. Foncha échappe-t-il à cette catégorie ?

Lui, Monsieur Foncha (il usurpe souvent le titre universitaire de Docteur), est symbolisé dans les portraits officiels par une robe bien ample et un collier prognathique. Ce n'est pas sans intérêt, car la robe enveloppe un efféminé politique docile comme la femme la moins sûre d'elle.

Depuis 1961, il vit et survit à l'ombre d'Ahidjo puis de son successeur. Quand a-t-il jamais levé le petit doigt pour protester contre les abus ? Tombé une fois en disgrâce, il se rangea dans son ranch sans apparemment se le reprocher. Il n'a jamais fait la moindre publication, ni orale ni écrite, en temps d'accalmie comme en temps de regain de troubles. Quand Abouem a Tchoyi, alors gouverneur du Nord-Ouest, lança l'armée et la police contre la population à Bamenda, jamais on n'entendit Foncha faire le moindre reproche au pouvoir. Il demeura constamment silencieux, alors que parfois, même des muets crevèrent d'envie de parler, tellement les abus étaient criards.

Chassé de la vice-présidence de la république par Ahidjo, il a accepté le poste, honorifique mais ridicule, de « Grand Chancelier des Ordres ». Mieux valait être archevêque ou maître des cérémonies dans le théâtre césairien. Peut-être s'est-il dit qu'il était chanceux d'être au moins chancelier – un « Grand », par-dessus le marché – ! Un complice du désordre ne pouvait réfléchir autrement « chancelier désordre » est un titre qui lui allait tellement bien. La femme qui n'a pas crié au secours quand on la violait est une baiseuse cachée.

Malgré cela, M. B. l'élève tout de go au rang des grands leaders démocratiques.

Pourquoi Foncha n'a-t-il jamais voulu prendre de risque ? Il attendait des jours meilleurs, suggère M. B. Par qui arriveraient-ils, ces jours meilleurs, si tout le monde fait le mou ou se complaît dans l'indolence politique ?

Quelques-uns de ses congénères lui ont pourtant montré l'exemple honorable. Bernard Fonlon osa écrire Le Devoir d'aujourd'hui en 1975 ou Res una publica en 1982, qui ne furent pas du tout du goût d'Ahidjo et de ses barons. Ce n'est pas un fait du hasard si André Fouda ou Ayissi Mvodo l'appelaient dédaigneusement le « Professeur hirsute ». Enock Kwayeb l'appelait l'homme à « la longue liste d'articles subversifs ». Tandeng Muna n'était [PAGE 326] pas moins méprisant envers lui. Moussa Yaya Sarkifada faillit le gifler un jour dans la rue pour avoir, dit-il, offensé le Grand Camarade dans une de ses nouvelles publications critiques. Mbella Mbappé, Sengat Kuoh, Samuel Eboua, Mbassi Manga, Guillaume Bwellé, coalisés, en savent beaucoup sur le pouvoir de refus de Bernard Fonlon. Fochivé Mama peut témoigner que ce fut le seul Camerounais dont il eut quelquefois peur, tellement il lui avait publiquement reproché ses obsessions sanguinaires.

Foncha l'évitait à un moment donné, comme pour ne pas être vu en compagnie d'un pestiféré politique. Pourtant, Fonlon l'avait mis en garde contre le monstre qu'était Ahidjo; mais Foncha ne voulut pas prêter une oreille attentive à quelqu'un qui manifestement dérangeait l'établissement.

Plus récemment, qu'a fait Foncha devant les malheurs de Gorji Dinka ou du journaliste Talla Blaise Pascal ? Il est resté immuable dans l'indifférence, comme jadis au temps de la torture de l'évêque Ndongmo et de la liquidation d'Ernest Ouandié. Des traces du sang qui couvre la gandoura d'Ahidjo se retrouvent sur la robe de celui-là que M. B. propose aujourd'hui comme un rédempteur providentiel. Rien qu'à l'apprendre rend tout le livre décevant.

Le Cameroun a été sous la direction d'un homme du Nord musulman. Puis il est passé sous celle d'un homme du Sud catholique. Remarquons que la présentation de P. B. comme catholique sans autre précision relève du simplisme. C'est un catholique qui est tantôt rosecrucien, dit-on, tantôt animiste (se rappeler les pratiques fétichistes qui ont motivé certains de ses voyages à Douala, à Bamenda ou à Ngaoundéré). L'ancien et le nouveau président sont francophones. Au tour d'un anglophone, propose M. B., en somme. L'alternative au pouvoir est ici conçue dans l'optique devenue traditionnelle de l'exclusion de la tribu majoritaire à l'exercice du pouvoir suprême. M. B. reconnaît certes que les Bamilékés sont dynamiques, entreprenants, etc. Mais son subconscient ne le pousse pas à inclure un représentant de ces hommes dynamiques dans les deux personnalités chargées de gérer la transition. Pourquoi n'y songe-t-il pas ? En quoi M. B. diffère-t-il des autres Camerounais ? Chez lui comme chez d'autres, d'office, le Bamiléké [PAGE 327] n'est pas présidentiable. C'est à croire que M. B. a cédé au clin d'œil de François Soudan ou de Siradiou Diallo de Jeune Afrique[7].

Un lecteur à la sauvette


[1] Editions Naaman, 1983, 672 p.

[2] Janvier-février, 1994, pp. 111-113.

[3] Cotonou, Université Nationale du Bénin, 1984, 44 p. Cette brochure n'est que l'embryon d'un projet qui demande une collaboration entre chercheurs a un soutien pouvant faciliter le travail et permettre sa publication sous forme d'ouvrage. Toute proposition allant dans ce sens sera le bienvenu.

[4] Il s'agit du no 56 (janvier.-mars 1982) de Recherche, Pédagogie et Culture, pp. 68-73.

[5] Souligné dans la lettre.

[6] Cf. Peuples Noirs-Peuples Africains, no 43, janv.-fév. 1985, pp. 144-146.

[7] Ce texte nous a été transmis par un camarade sûr. En en corrigeant moi-même les épreuves imprimées, j'ai relevé sur le manuscrit (non-dactylographié) des fautes d'orthographe sur des mots extrêmement courants comme : oculaire, écrit avec deux c, raccourci écrit avec un seul c, accalmie écrit avec an seul c, gifler écrit avec deux f. L'auteur a pourtant mis de longues années à apprendre le français, langue que de surcroît il utilise tous les jours. En comparaison, la faute que j'ai commise en n'écrivant pas correctement Tchuindjang est vraiment mineure. Sachant d'ailleurs à quoi il s'exposait, personne ne lui en voudrait de n'avoir pas eu le courage de signer son article. Mais au fait que reproche-t-il donc à Foncha ? (Note de Mongo Beti).