© Peuples Noirs Peuples Africains no. 55/56/57/58 (1987) 111-130



C) Et le pouvoir entra dans la danse

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DE L'ETHNOFASCISME DANS LA LITTÉRATURE
POLITIQUE CAMEROUNAISE
[1]

Hubert MONO NDJANA

En présentant dernièrement l'état de la philosophie politique au Cameroun, M. Sindjoun Pokam a situé son apparition dans les années 80 et notamment après l'avènement du nouveau régime politique camerounais. De même, dans Le Messager de novembre 1986, apparaissait, sous la plume de M. Patrice Kayo, une étude évaluatrice de la littérature politique camerounaise qui n'existerait elle aussi qu'à partir de la même période. L'auteur oubliait – ne s'étant pas inclus dans l'ensemble qu'il décrivait – qu'il en faisait lui-même partie, ne serait-ce que pour avoir publié, en 1983, sa Lettre ouverte à un roi bamiléké, dans laquelle il dénonçait l'inutile persistance du système féodal qui perpétuait l'exploitation de citoyens camerounais au profit de roitelets anachroniques. C'était bel et bien de la littérature politique, la dénonciation de l'anachronisme des micro-royaumes répressifs n'étant rien de moins que l'énonciation, en négatif, d'une théorie de l'État, c'est-à-dire, positivement, d'un État moderne, fort et centralisateur.

Plus loin encore que ce pamphlet explosif, on peut faire remonter l'existence de la littérature politique camerounaise jusqu'à la naissance de la littérature camerounaise tout court. On peut aussi, et évidemment, la repérer dans les nombreux mémoires et thèses soutenues ici-même à l'Université ou dans d'autres institutions académiques étrangères par des Camerounais. Mais ce sont là, hélas, des travaux qui restent confinés dans le cadre savant de l'Académie et soustraits à l'insatiable curiosité du grand public. Des auteurs d'ouvrages politiques en font de temps en temps mention dans leurs bibliographies de même qu'ils [PAGE 113] en reproduisent de larges extraits dans leurs citations. Mais parlant de littérature politique camerounaise dans ce cadre-ci, nous devons laisser de côté ces publications scientifiques.

Il reste donc que cette littérature est aussi vieille que la poésie et la prose camerounaise. Les titres ne laissent pas manifestement apparaître l'intention politique, mais le lecteur ne tarde pas à la découvrir à l'intérieur. Nous connaissons la poésie de Louis-Marie Pouka dans les Rêveries tumultueuses ou celle de François Sengat Kuo sous le pseudonyme de Francesco Nditsouna dans Fleurs de latérite, poésie de libération dirigée contre la violence coloniale. De même, des romans de la vieille époque comme Ville cruelle de Mongo Beti sous le pseudonyme d'Eza Boto ou Le Vieux Nègre et la médaille de Ferdinand Oyono jusqu'aux titres plus récents comme Les Chauves-souris de Bernard Nanga ou Le Caméléon de Patrice Ndedi Penda, on sent partout la veine politique[2]. Comme il a été indiqué ci-dessus, l'orientation politique ne s'affiche pas sur le titre, bien qu'elle soit réelle. Nous assistons au contraire à un travestissement du langage qui, à cause de l'interdit qui frappe la réflexion politique proprement dite, emprunte la forme symbolique du roman, de la poésie ou du théâtre. Il s'agit d'une transposition du système de l'inconscient dans le domaine du discours public. En effet, de la même manière que le désir ne trouve à se satisfaire que sous sa forme sublimée à cause de l'interdit social, de même l'impérieux besoin de l'homme camerounais de réfléchir sur l'Etat et la société ne peut s'exprimer que sous la figure d'un langage symbolique, qui ne trompe pas d'ailleurs la vigilance de la censure. C'est ainsi que les Chauves-souris de Bernard Nanga ou Le Caméléon de Patrice Ndedi Penda, et beaucoup d'autres souffriront d'une longue censure qui ne vient que d'être levée à la faveur du nouveau régime.

Ces quelques remarques suffisent sans doute pour faire comprendre que la littérature politique existe bien avant novembre 1982, date de l'arrivée au pouvoir du Président Paul Biya. Mais ne pouvant pas embrasser la totalité de ce vaste ensemble, la présente analyse ne s'intéressera qu'à la littérature politique la plus récente et, sans doute aussi, la plus marquante. [PAGE 114]

I. RENOUVEAU ET LIBÉRATION

Le Renouveau camerounais, instauré effectivement depuis novembre 1982, se veut un changement radical de société. Le thème de réflexion de ce soir ne porte pas sur le changement social en soi, aussi ne convient-il pas de s'y appesantir outre mesure[3]. Mais il faut néanmoins comprendre que c'est dans ce cadre que se situe la libération de l'expression et, corrélativement, l'émergence d'une abondante littérature politique qui n'a plus à se masquer ni à se dissimuler sous la symbolique des images poétiques et autres formes littéraires.

Après avoir toujours invité les intellectuels à prendre part aux affaires de la cité par le libre débat d'idées, le Président Biya finira par préciser qu'il n'est pas nécessaire, au Cameroun, de gagner ténébreusement le maquis pour s'exprimer. Est-ce réellement la fin du maquis ? s'interroge M. Bassek Ba Kobhio, avec beaucoup de scepticisme d'ailleurs, dans son tout dernier ouvrage[4]. Le scepticisme qui transparaît dans cet ouvrage peut sans doute se justifier de ce que le nouveau régime n'ayant pas radicalement changé, le personnel en poste au moment de son avènement a dû procéder à des remaniements lents et méthodiques qui ont fini par donner l'impression, aux impatients et autres malins génies, que rien n'avait changé. Effectivement, pas grand monde n'avait changé, et malgré la très officielle option pour la libéralisation, des réflexes comme ceux d'une certaine censure intempestive étaient restés pour une assez longue période. D'où le scepticisme, qui n'est plus dès lors imputable à quelque roublardise du système, mais à la psychologie individuelle de certains éléments de ce système.

Toujours est-il que malgré ces quelques ratages qui peuvent facilement se comprendre, et constituer sans doute l'exception, la règle est la libéralisation. Cette dernière se traduit par l'existence d'une presse privée aussi abondante [PAGE 115] que variée, et représentant quasiment toutes les nuances et toutes les tonalités qui peuvent différencier un peuple rassemblé.

Les délais accordés pour présenter cet exposé ne permettent pas d'évoquer, hélas, même sous forme d'esquisse, l'inépuisable richesse de cette littérature médiatique en tant que telle, excepté quand elle est en rapport avec un livre. Il faudra donc que l'on se contente uniquement de la littérature politique à travers des livres effectivement publiés depuis novembre 1982. Délimitation arbitraire sans doute, mais fort commode puisque la critique l'a déjà entérinée et que, aussi, profitant de la liberté recouvrée, ces livres se présentent comme directement politiques. La seule énumération des titres suffit pour le faire comprendre : Cameroun, qui gouverne ?, de Pierre Flambeau Ngayep; L'intention démocratique, de Charly Gabriel Mbock, que l'auteur définit comme une « réflexion sur l'ambition nationale »; A quest for democracy, de Patrick Sam Kubam et autres; L'Afrique relève le défi, de Alexandre Kum'a Ndumbe III; Duel camerounais, Démocratie ou barbarie, de Victor Kamga; La problématique de l'unité nationale au Cameroun, de Kengne Pokam; La Flamme et la fumée, un best-seller de Henri Bandolo; Le Problème national camerounais, un recueil de textes de Um Nyobe présenté par J.A. Mbembé; Introduction à la politique camerounaise, de Abel Eyinga; Les Eaux qui débordent, de Bassek Ba Kobhio puis, du même auteur, Cameroun : la fin du maquis ?; à quoi il faut sans doute ajouter L'Idée sociale chez Paul Biya, de votre serviteur, et, plus récemment encore, le maître ouvrage de cette période : Pour le libéralisme communautaire, de M. Paul Biya, Président de la République du Cameroun. La liste n'est pas exhaustive et d'autres ouvrages sont encore annoncés[5]. Mais le commun dénominateur de tous ces titres est que chacun, dans une certaine mesure, s'efforce d'exposer, même en filigrane, une certaine idée de l'État.

Il y a lieu, cependant, de repérer pour la dénoncer, une [PAGE 116] tendance spécifique dans cette littérature politique extrêmement variée, une tendance susceptible de porter des effets dévastateurs quant à l'objectif d'édification harmonieuse d'un État moderne et stable : c'est la tendance à laquelle peut bien s'appliquer le qualificatif d'« ethnofasciste ». Ce serait rendre un bien mauvais service à la nation camerounaise que de se taire, par courtoisie, chantage ou intimidation, quand ce phénomène a choisi lui-même de s'exprimer ouvertement en se faisant imprimer dans l'édition. Ce faisant, il s'est délibérément exposé à la lecture publique. Il mérite par conséquent, lui aussi, un commentaire public.

II. L'ETHNOFASCISME : DÉFINITION ET ILLUSTRATION

L'ethnofascisme, c'est la volonté de puissance d'une ethnie, ou l'expression de son désir hégémonique, qui prend soit la forme du discours théorique, soit celle d'une mêlée ouverte dans la polémique, soit celle d'une organisation systématique sous la forme du mercantilisme conquérant. Au plan philosophique, du moins dans le sens nietzschéen du terme, cette volonté de puissance est une figure de la négation totale de l'autre au seul profit du « Je veux ». Au plan historique, c'est-à-dire concrètement, cette figure se fait négation physique de l'autre ou négation symbolique. Une sorte de « néantisation ».

L'ethnofascisme comme volonté de puissance d'une ethnie ou d'une tribu est donc l'auto-affirmation de cette dernière dans la violence. Il repose sur le ressort de la passion plus qu'il ne s'éclaire par la raison, qui est toujours mise à l'écart ou toujours différée pour permettre l'écrasement ou l'asservissement de l'autre. L'axiome fondamental de l'ethnofascisme s'exprime sous l'unique forme du « Je veux » qui ne souffre aucune contrariété, tant pratique que théorique. On ignore l'intervention/contribution de l'autre dans la communauté, et l'on se pose comme archétype de « l'Entrepreneur ». La réalité est méconnue, trafiquée, défigurée, et l'évidence escamotée, de sorte qu'on déclenche les sirènes de l'injustice quand règne l'équité, de sorte que l'on crie à la déréliction quand on est comblé de sollicitudes qui crèvent les yeux. L'ethnofascisme en [PAGE 117] réclame toujours, insatiable, au risque de déséquilibrer la balance qu'est l'État.

D'ailleurs s'instaure la reconvention, et c'est le « fascisme » d'État qui se trouve dénoncé quand cet État réprime des délinquances ethnofascistes, c'est-à-dire des résurgences du particulier qui menace le général.

Comment un mal si insidieux n'a-t-il jamais été ouvertement dénoncé ? La réponse est double :

1) l'ethnofascisme ne s'était pas lui-même ouvertement exprimé en des ouvrages systématiques – c'est chose faite à présent;

2) cette gangrène s'y connaît bien dans les techniques psychologiques d'annihilation d'autrui. En effet, pour qu'autrui se prive de toute réaction, l'ethnofasciste projette préventivement en lui des intentions hostiles, des accusations de jalousie et de ressentiment. Autrui se trouve curieusement culpabilisé face à l'ethnofasciste et n'ose plus formuler des observations qui seraient pourtant fondées. Le chemin, dès lors, est ouvert à la progression des « faisceaux » d'hégémonisme. Il convient de préciser que le mot « faisceau » est utilisé ici au sens où il s'employait dans l'Italie du début du siècle, à savoir un groupe d'hommes étroitement liés entre eux. L'insigne bien connu de Mussolini : les verges et la hache, répond à un idéal de force et de conquête. Le mot « fascisme » vient donc de ces « faisceaux ». De même le concept d'ethnofascisme ici proposé pour désigner, au sein d'un État constitué, l'auto-marginalisation d'un groupe ethnique qui, dès lors, se mobilise activement pour la conquête du pouvoir, non sans quelque affectation sadomasochiste.

Dans mon ouvrage L'Idée Sociale chez Paul Biya, j'avais rappelé que des compatriotes du Président de la République, originaires comme lui de la Province du Centre-Sud, et suite à la conjoncture tribaliste élaborée durant la période post-coloniale, avaient cru devoir manifester un débordement d'enthousiasme assimilable à une exaltation tribaliste. Paul Biya ne manqua point, au cours d'une cérémonie organisée par eux, d'exprimer la transcendance de sa position et de sa fonction en des termes incisifs :

    « ... Il me paraît tout aussi nécessaire de déclarer haut et clair, dit-il, que si je suis né dans le Centre-Sud, je suis le Président de tous les Camerounais, du [PAGE 118] nord au sud, de l'est à l'ouest, je suis le Président de la République Unie du Cameroun. »[6].

La leçon, adressée à toute la nation, n'a pas apparemment été bien comprise. Le développement des libertés recouvrées a entraîné la métamorphose de ce tribalisme en ethnofascisme, entendu comme un gauchissement du tribalisme, son exacerbation.

Quelques références à certains ouvrages peuvent servir d'illustration à ce déplorable phénomène. Relisons donc ces choses qui ont été effectivement écrites et qui correspondent bien à la définition théorique ci-dessus esquissée.

C'est M. Victor Kamga qui ouvre proprement le carrousel, bien que, quelques temps plus tôt, M. Jean-Louis Dongmo ait publié son ouvrage en deux tomes, sur le dynamisme bamiléké[7]. Cet ouvrage, issu d'une recherche académique, ne professe pas directement de l'ethnofascisme. Mais les différents traités qui le professent s'y sont copieusement abreuvés, aussi bien peut-on faire commencer la parade par M. Kamga :

    « Le cas bamiléké nous semble exemplaire à plusieurs titres : dans la nouvelle conjoncture économique (capitaliste) et sociale (naissance des villes), les Bamiléké font peur pour des raisons à la fois historiques (rébellion), culturelles (résistance) et économiques (dynamisme)...
    Qui a donc peur des Bamiléké, etc. ? La réponse est immédiate; dans un État où l'élément ethnique joue un rôle déterminant en dernière instance, c'est le pouvoir en place qui va s'inquiéter pour sa survie, face à un peuple qui risque de l'empêcher de tourner en rond, par son intelligence, son organisation et son travail. »[8]

Nous assistons ici à l'énonciation d'une curieuse vérité que l'élément ethnique soit déterminant en dernière instance, comme s'il s'agissait d'une donnée immuable. M. Kamga en a effectivement fait un axiome fondamental, au point que devant l'ethnie déclarée (par elle-même) [PAGE 119] la plus puissante, c'est le pouvoir central qui va désormais trembler ! Il y a aussi cette découverte divulguée à la suite de longues séries statistiques :

    « L'Ouest, est le grand exclu de la décision politique. Ahidjo a su enfermer les Bamiléké dans les tâches mercantiles (serviles) afin d'atténuer leur mauvaise conscience nationaliste; l'Est est le laissé-pour-compte du développement auto-centré; le littoral est le pourvoyeur du régime en saltimbanques. »[9]

Et plus loin, poursuivant les mêmes statistiques : « Et comment expliquer la nomination d'un vieux cheval de pouvoir (Sadou Daoudou) au poste stratégique de Secrétaire Général à la Présidence, sinon par souci obsessionnel d'équilibre, inefficace ? Sadou Daoudou sera, certes, secondé par un « bourreau de travail » bamiléké... Kamgueu Daniel »[10] et aussi, ce vibrant appel à l'opposition pour une mobilisation générale :

    « L'opposition responsable, adaptée au niveau de conscience de nos populations, n'a pas à attendre que le pouvoir en place – se proclame-t-il celui du Renouveau national – lui délivre un droit d'existence. »[11]

La volonté de puissance est ici manifeste, puisque l'opposition ne nécessite même plus le moindre statut juridique. Légale ou non, elle existe et doit exister en vertu de sa propre volonté de puissance. C'est la négation de l'État, ordre rationnel, et la substitution à lui du droit du plus fort. Mais le traité d'ethnofascisme le plus récent est sans aucun doute l'ouvrage de M. Kengne Pokam. : La Problématique de l'unité nationale au Cameroun[12], où l'on sent un plus grand souci de mise en ordre des idées et de documentation. L'intention de l'auteur, qui ne manque sans doute pas de sincérité, est de promouvoir un véritable sentiment national. Mais quelle disparité entre l'intention et [PAGE 120] sa réalisation ! L'ethnofascisme se profile partout dans le livre sous le masque de l'antiphrase. Plus il affirme aux Bamiléké que ses analyses ne constituent pas une incitation à l'esprit de revanche (p. 112), plus son texte apparaît comme un manifeste mobilisateur.

Le tour est donné par cette comparaison entre la « bourgeoisie politico-administrative » et la « bourgeoisie classique » qui voit sa route barrée par celle-là.

    « Notre crainte est d'autant plus fondée que cette bourgeoisie classique qui d'une part ne se recrute pas au sein de l'intelligentsia au pouvoir... et qui d'autre part n'appartient en majorité qu'à quelque tribu suscite beaucoup de jalousie, voire même de haine, de la part des autres concitoyens, que de l'admiration et de l'émulation. »[13]

Ce texte fait plus que suggérer une chose. Il l'affirme, à savoir que cette « tribu » qui constitue la bourgeoisie d'affaires, n'a pas de représentant dans la bourgeoisie politico-administrative, et que la dichotomie est totale. Il s'agit manifestement d'une erreur volontaire, puisque cette tribu jouit d'une représentation massive au sein des instances dirigeantes. Excès de schématisation, qui frappe également cette autre déclaration péremptoire au sujet de l'incapacité des autres :

    « ... Les élites qui accusent un retard sur le plan du développement socio-économique, tout en suscitant au sein de la masse populaire l'esprit de rejet des allogènes, n'ont ni la capacité ni la volonté du développement de ces zones... »[14]

Jusqu'ici le nom de cette « tribu » ou de ces « allogènes » n'est pas encore prononcé, moins par pudeur que par méthode. Il faut retenir la curiosité du lecteur. Il faut l'accrocher le plus possible. Il faut conserver l'intensité dramatique jusqu'au bon moment. Ensuite, on peut tout dévoiler :

    « ... Nous pouvons admettre que c'est l'homme bamiléké qui a été et demeure incontestablement en tête [PAGE 121] de la bourgeoisie nationale. Dès lors c'est contre lui que les griefs ont été et restent articulés au premier chef. »[15]

Les victoires remportées par le vaillant peuple bamiléké sur le plan de la démographie ou sur le plan de l'économie et du commerce sont si prodigieuses que sa renommée a tôt fait de traverser les frontières. Des non Camerounais en font état dans leurs analyses, comme Philippe Gaillard dans Jeune Afrique. Ce Parisien, spécialiste avéré de l'Afrique politique, reconnaît que les Bamiléké ont toujours fait des jaloux « par leur dynamisme et leur talent d'agriculteurs, d'entrepreneurs et de commerçants », mais qu'il ne faut pas qu'ils manifestent des ambitions politiques « au-delà de l'occupation de certains postes dans la limite non écrite, mais respectée des quotas ». Analyse contre laquelle s'insurge M. Kengne Pokam qui a appris à l'école que le pouvoir économique appelle toujours, corrélativement, le pouvoir politique.

    « Nous avons appris en science politique que celui qui détient le pouvoir économique, détient aussi directement ou indirectement le pouvoir politique. Nous demandons dès lors si c'est une nouvelle donnée que Philippe Gaillard veut inaugurer ici dans ce domaine. »[16]

Nous pourrions multiplier, plus longuement, dans le même ouvrage, des illustrations de l'esprit ethnofasciste. Mais le phénomène me semble suffisamment connu déjà : l'expression du projet hégémonique s'affirme de plus en plus clairement, de plus en plus ouvertement. Interpellant l'ouvrage de M. Kengne Pokam dans Le Républicain, M. Bassek Ba Kobhio écrit – « Kengne ... affirme que partout où s'installe ce groupe et si on le laisse faire, le développement suit, que partout où il est persécuté, la pauvreté demeure. Que deviennent alors les autres tribus ? des groupes de spectateurs, de paresseux, de non-entrepreneurs ? »[17]

Mais l'auteur avait déjà répondu à cette question en évoquant le manque d'électricité sur la Nationale No 1 Douala- [PAGE 122] Yaoundé de même que sur l'axe Yaoundé-Mbalmayo, où « règne encore la civilisation de la lampe tempête, voire même du bois de chauffage, malgré l'ancienneté de l'installation électrique dans la zone ». L'auteur avait répondu en évoquant des raisons « congénitales ».

    « Au vrai, plusieurs causes sont à la base de cet état de sous-développement. Mais il s'agit notamment du refus systématique et quasi congénital des ressortissants de ces zones de recevoir en leur sein des allogènes plus entrepreneurs et plus dynamiques et d'une croyance excessive à la sorcellerie. »[18]

Il convient donc de recourir à l'instrument juridique qui, hélas, consacre toujours, pour des raisons d'oppression, le blocage d'un peuple dynamique. Évoquant l'ordonnance no 74/1 du 6 juillet 1984 fixant le régime foncier, l'auteur exprime ainsi cette incompréhension oppression :

    « Le même texte crée en son article 14 un domaine national qui est administré par l'État en vue d'en assurer une utilisation et une mise en valeur rationnelle. Font partie, entre autres, de ce domaine national, les terres libres de toute occupation effective. Or, Dieu seul sait que notre pays dispose des étendues de terres "libres de toute occupation effective". »[19]

La conséquence logique de cette observation est que ces terres « libres de toute occupation effective » reviennent de droit, pour ainsi dire, à l'ethnie civilisatrice.

Arrêtons ici, puisque l'intention est manifeste. Disons aussi, sans détour, qu'elle est malsaine, à cause de l'ambition hégémonique qui la sous-tend, comme à cause de la menace d'affaiblissement de l'État qu'elle recèle. Au plan strictement philosophique, la famille ou la tribu est un élément subjectif qui doit être dépassé par l'objectivité et la rationalité étatique. Hegel l'a clairement montré dans sa philosophie du droit. De même, Aristote, dans sa conception génétique de l'État, avait établi une filiation naturelle, une ligne naturelle d'évolution qui va de la famille à la tribu, et de la tribu à la cité. L'ethnofascisme, tel qu'il se présente ouvertement, veut nous faire accomplir le chemin [PAGE 123] inverse, c'est-à-dire le retour à la subjectivité par un discours en termes de tribu, par le renforcement de cette subjectivité particulière au sein d'une objectivité désormais vide. La démocratie apparaît certes comme une libre compétition pour le pouvoir, et le décalogue camerounais en a clairement défini les règles. Mais à partir du moment où des solidarités se forment autour d'une ethnie, et non autour d'une idée communément partagée, surgit la figure d'un fascisme qui menace l'État[20].

Cette menace d'affaiblissement de l'État n'est pas, chez moi, une simple invention, puisque l'ethnofascisme va jusqu'à rendre l'État responsable non seulement des « injustices » dont souffrirait la tribu, mais aussi et jusque-là, de la pathologie des individus ! Nous avons tous lu l'Hommage à Joseph Tchundjang Pouemi, ouvrage réalisé par un groupe d'universitaires[21]. Nous avons tous pleuré la disparition subite de l'illustre savant camerounais, et il est malséant de revenir sur l'éloge funèbre. Mais Dieu sait qu'en ce moment, le rappel de ce triste événement ne signifie pas un acte de profanation. Il s'agit au contraire d'une incompressible indignation suscitée par la mauvaise récupération de la mort du Professeur Tchundjang, telle qu'elle a été faite par des intellectuels pourtant respectables. Ces derniers, pour la plupart, n'ont vu dans l'auto-suppression du Professeur Tchundjang qu'une manifestation de la répression étatique. Il ne se serait pas suicidé, il aurait été assassiné par l'État.

    « En effet, c'est un suicide d'un autre genre en ce que le Professeur Tchundjang Pouemi a été suicidé par la société qu'il avait pour seule ambition de servir, de porter au cime des sociétés modernes. Oui, notre illustre disparu a été suicidé par ceux qui par cupidité usent le pouvoir d'État qu'ils détiennent pour faire et défaire les compétences intellectuelles de ce pays. »[22] [PAGE 124]

Le génie de l'ethnofascisme consiste à transformer la mort d'un homme en événement politique. Cette amplification des situations particulières aux dimensions de la nation, est, il faut le souligner en passant, une technique de mobilisation, et finalement, une tactique pour la conquête du pouvoir dont certains média, comme organe d'expression du « Faisceau », se font volontiers le porte-parole ... L'Hommage.... présente carrément le disparu comme une victime, un martyr au nom duquel il faut culpabiliser l'État :

    « Personne ne reproche au Pouvoir d'avoir limogé Tchundjang du centre universitaire de Douala, pour lui substituer un philosophe qui, suivant Aristote, est censé tout savoir, même l'économie politique. Mais pourquoi l'avoir nommé, s'il fallait aussitôt, le déloger de la place ? Certes les voies du pouvoir sont insondables, et le cynisme reste encore une de ses meilleures armes. Mais pourquoi retourner ces armes contre le meilleur de ses fils, quand on est à la fois le père et la mère de l'homme si fragile qui retourne à l'argile ? »[23]

Le délire de la douleur ruisselle ainsi tout au long de ces pages funestes, entraîné autant par la passion que par les simples effets de la rhétorique de circonstance. Le sens logique le plus élémentaire se dissout dans la consternation, et un déterminisme rigoureux s'établit, comme cela, entre le limogeage et le suicide. Notre administration, décidément, serait toujours en deuil si ce déterminisme avait quelque valeur de vérité ! En Lisant cette mémorable élégie, je n'ai pu m'empêcher de penser à cette strophe de Malherbes adressée en consolation à du Perrier, et par laquelle je clos mon intervention : [24]

« Le malheur de ta fille au tombeau descendue
Par un commun trépas
Est-ce quelque dédale où ta raison perdue
Ne se retrouve pas ? ... » [PAGE 125]

Que dire, en conclusion, au terme de cette présentation de l'ethnofascisme dans notre littérature politique ? Rien de plus que ceci : les libertés recouvrées à la faveur du Renouveau méritent d'être utilisées en toute responsabilité. Le Professeur Marcien Towa avait développé un jour l'image de l'hébétude d'une chèvre qui vient d'être libérée après avoir été longtemps attachée. Tel était le peuple camerounais à l'aube du Renouveau, incapable de se ressaisir et d'initier les actions constructives que le nouveau régime attend de lui. Le bicéphalisme y était sans doute pour quelque chose. Mais une fois révolue cette période catatonique de notre nouvelle histoire, il est tout autant déplorable que des Camerounais, intelligents par ailleurs, se saisissent de leur liberté dans un sens toujours particulariste, à savoir le regroupement autour d'une ethnie pour conquérir le pouvoir, au lieu d'un regroupement autour d'une idée ! La tendance littéraire que j'ai évoquée dans les réflexions qui précèdent se trouve sur cette pente négative, et peut faire déraper la nation si elle n'est pas sérieusement dénoncée par d'autres intellectuels, y compris ceux des intellectuels bamiléké qui abhorrent cette conception des choses. On taxera sans doute ces derniers d'être des intellectuels organiques de l'État. Aucune importance, ce n'est qu'un mot ! Et, à tout prendre, il vaut mieux être un intellectuel organique de l'Etat qu'un intellectuel organique de l'ethnie [25].

III. DÉBAT

A la suite de cette intervention, et comme on pouvait s'y attendre, un débat fort passionné s'est instauré dans l'amphithéâtre, dont on va ici rapporter l'essentiel. [PAGE 126]

Questions

M. Sindjoun Pokam : Je ne sais si c'est au militant que je dois m'adresser ou au philosophe. En tout cas je voudrais faire observer ici qu'on a confondu le moral au politique. Par ailleurs, est-ce que M. Mono Ndjana peut me dire si notre société est organisée aussi rationnellement qu'il le pense ? Existe-t-il par exemple des règles précises qui déterminent les conditions de la conquête du pouvoir ? Existe-t-il une loi fondamentale pour organiser le mécanisme de la conquête du pouvoir ? D'autre part, en rendant l'hommage dont il est question à Tchundjang, qui est somme toute un très grand savant, nous avons voulu innover, nous avons inauguré une pratique inconnue dans nos milieux. Est-ce que M. Mono Ndjana peut me dire de quoi le Professeur Tchundjang est-il mort ?

- M. Tadadjeu : Je souhaiterais que notre collègue Mono Ndjana nous dise un peu comment on peut gérer nos ethnies. Faut-il les brûler d'abord pour réaliser l'intégration après ? Je crois que chaque ethnie a le droit de dire en quoi elle est lésée...

Un étudiant : Vous avez localisé l'ethnofascisme dans une seule région du Cameroun, au lieu de prendre des exemples çà et là. N'est-ce pas aussi, de l'ethnoxénophobie ?

Un étudiant : En lisant le titre de votre ouvrage, L'Idée Sociale chez Paul Biya, sorti trois ans seulement après l'arrivée de Biya, on a l'impression que l'entreprise était prématurée !

Un diplomate : Dans la présentation de la littérature politique qui vient d'être faite, on n'a pas mentionné un seul ouvrage de la littérature de langue anglaise. C'est étonnant. Par ailleurs, je suis diplomate de carrière. J'ai travaillé avec le Professeur Tchundjang au Fonds Monétaire International, le F.M.I. J'ai aussi représenté le Cameroun pendant quatorze ans auprès des Nations unies. Je trouve indécent de parler maintenant du professeur Tchundjang, qui est déjà mort. Et s'il y avait des étrangers dans la salle ? Je trouve aussi choquant de pointer du doigt une ethnie en particulier. [PAGE 127]

Réponses

Je commencerai par une remarque liminaire, suggérée par les propos de M. le Président de séance, le Professeur Ambroise Kom, et tant mieux si certaines questions y trouvent déjà leurs réponses. Il a déclaré qu'il a des difficultés à rentrer dans les détails de mon livre, L'Idée Sociale, qu'il a rangé dans la catégorie des ouvrages hagiographiques, écrits pour plaire au pouvoir et briguer un poste. Cette œuvre serait pour M. Kom, le degré zéro de la pensée politique. En parlant du récent ouvrage de M. Paul Biya lui-même, il a fait observer qu'il se pose souvent un problème de paternité des textes à propos de ces livres écrits par les chefs d'États africains.

Ma remarque est la suivante : A propos du livre Pour le libéralisme communautaire, qui a deux jours d'existence chez nous et dont certains n'ont même pas encore fini la lecture, le nom de l'auteur Paul Biya, est clairement affiché sur la couverture, de la façon la plus voyante qui soit. Dès lors, quel soupçon veut-on insinuer ? Que met-on en doute : la volonté d'écrire ou les capacités d'écrire ? Maintenant, on avance n'importe quoi ! Le texte est là, il demande seulement à être lu, à être compris, à être même interrogé dans sa justesse. Mais la technique du soupçon, hélas, est trop connue : le soupçon c'est la déviation du débat, le refus de dialoguer sur l'essentiel, l'assomption de l'accessoire qui est aussi une autre forme d'incompétence.

En ce qui concerne L'Idée Sociale... quoi de plus normal que ce livre apparaisse comme le « degré zéro de la pensée politique » pour un collègue qui déclare ne pas pouvoir entrer dans les détails de la lecture ! Un étudiant a mentionné tout à l'heure que la simple lecture du titre lui a donné l'impression que l'entreprise était prématurée. Soyons sérieux ! Je souhaiterais que les gens qui viennent ici à l'Amphi pour parler de mon livre, ou poser des questions dessus s'efforcent auparavant de le lire, et de le comprendre. Voilà qui relève de l'honnêteté intellectuelle... Les étudiants peuvent être excusables. Mais les collègues ! ... Pour répondre rapidement à cet étudiant, je dirai que je suis heureux, pour ma part, que le livre de Paul Biya, que j'ai commencé à lire comme tout le monde, m'apporte des confirmations inespérées à la plupart des idées que j'avais [PAGE 128] analysées dans L'idée Sociale. Ce n'était pas prématuré. A moins que l'on s'engage, textes à l'appui, à me prouver le contraire...

– Venons-en maintenant à mon ami Pokam. Je lui dirai que je suis tout autant militant que philosophe, de façon permanente et non pas alternativement, et c'est en tant que tel que je lui réponds, pour dire ceci : je n'ai pas confondu le moral et le politique. Mais l'ethnofascisme ne laisse pas pour autant d'être politiquement dangereux et moralement condamnable. Il pose donc un problème à la fois moral et politique ! Au plan politique, il menace la stabilité de l'Etat et l'intégration nationale puisqu'il vise la conquête du pouvoir au nom d'une ethnie. De ce point de vue, il constitue un archaïsme politique, en ce sens qu'il veut ramener l'État à l'étape précoloniale des guerres intertribales, en deçà de tout intérêt supérieur. Au plan moral, je vous renvoie à la première maxime de la morale kantienne : vouloir que la maxime de mon action puisse être érigée en loi universelle. Transposez cela au plan de l'ethnie et vous m'en direz des nouvelles. Bien. Votre question sur l'existence d'une loi fondamentale qui réglerait le jeu de la lutte pour le pouvoir est incompréhensible. La constitution existe. Il faut la consulter. Dans mon livre, j'ai aussi évoqué cette question, quand j'analysais la possibilité du pluralisme et de l'alternance du pouvoir... Je ne répondrai pas à votre question sur la mort de Tchundjang, parce que c'est une question incompréhensible, presque métaphysique ! Voulez-vous que je vous délivre un autre certificat de genre de mort ?

– J'ai également parlé, dans mon livre, ce fameux « degré zéro » de la pensée politique, de la question tribale, quand j'évoquais les difficultés de l'intégration nationale. Les tribus, ou les ethnies sont une donnée naturelle, la part subjective de notre état objectif. Je pense que l'édification d'un État moderne, rationnel et fort, consiste essentiellement dans la mise au point des mécanismes de dépassement de la subjectivité naturelle, ou de la naturalité subjective, vers la rationalité de l'organisation sociale. La prédominance de la tonalité ethnique dans l'harmonie étatique est donc un ratage et une menace. Ce ratage et cette menace apparaissent d'autant plus pernicieux que certaines ethnies cultivent encore dans leur sein des survivances féodales anachroniques. Je pense d'ailleurs que c'est pour [PAGE 129] cette raison que la rationalité et la transcendance de l'État n'y sont pas clairement perçues.

– A cet autre étudiant, je dirai que ce n'est pas la méchanceté qui m'a fait localiser l'ethnofascisme dans une seule région. J'ai même parlé du tribalisme qui transparaît ailleurs. Mais l'ethnofascisme, comme gauchissement du tribalisme, n'émerge que dans la tribu ou l'ethnie que j'ai évoquée. Je ne peux pas l'inventer partout pour vous faire plaisir. La réalité est donc là : des livres ont été écrits et publiés qui posent le problème de la conquête du pouvoir en termes d'ethnie. Et cette ethnie est nommément désignée dans ces ouvrages de théorisation. J'en ai donné des références bibliographiques en montrant tout simplement que c'est choquant, anachronique et archaïque... Allons ensemble vers la modernité, vers l'apothéose de la nation, c'est tout !

– Ma dernière remarque s'adressera au diplomate. Je respecte honnêtement sa longue et glorieuse carrière internationale, et j'espère qu'il se montre aussi attentif dans ces grands cénacles qu'il l'a été ce soir. Mais je regrette qu'il n'ait pas suivi avec application mon intervention. J'ai mentionné l'ouvrage de M. Sam Kubam : A quest for democracy. Ce n'est que celui-là que j'ai rencontré dans la période que j'ai choisi d'analyser, et j'ai exclu de cette analyse la littérature simplement médiatique. Sinon j'aurais mentionné tous les analystes qui écrivent dans Cameroon Tribune et autres périodiques de langue anglaise... Quant au problème du Professeur Tchundjang que j'ai soulevé dans ce débat, je l'ai dit et je le répète encore : je l'ai fait la mort dans l'âme. Ce n'est que la poursuite de la vérité qui m'y a poussé. C'est l'écœurante récupération qui a été faite de cet événement qui m'y a conduit. Je comprends que votre sensibilité en ait été touchée, et je m'en excuse. Mais la mienne l'a été davantage.

Hubert MONO NDJANA


[1] Intervention de M. Mono Ndjana à la table-ronde organisée par le Club de l'Université de Yaoundé, le 11 mars 1987, sur le thème La littérature politique camerounaise, à l'Amphi 700 de l'Université.

[2] Ceci n'est pas une énumération, mais une simple indication qui saute des espaces beaucoup plus fournis encore.

[3] Voir à ce sujet, pour information, les publications de l'ESSTI, comme le changement dans les faits (février 1985), ou même du R.D.P.C., la démocratie en éveil (juin 1986) et le tout dernier numéro du Moniteur Africain.

[4] Bassek Ba K., Cameroun, la fin du maquis ? presse, livre et « « ouverture démocratique », L'Harmattan, 1986.

[5] Ce texte était déjà au point quand M. Valentin Nga Ndongo, de retour d'une mission de recherche en France, m'a présenté son tout dernier ouvrage que voici : Information et démocratie en Afrique. Le cas du Cameroun. Éd. SOPECAM, 1987. Il est donc plus récent que le livre de Paul Biya qui n'a lui-même que quelques jours.

[6] Paul Biya, cité par H.M.N. in L'Idée sociale chez Paul Biya, Université de Yaoundé 1985, p. 213.

[7] Jean-Louis Dongmo, Le Dynamisme bamiléké, CEPER, Yaoundé, 1981.

[8] Victor Kamga, Duel camerounais : démocratie au barbarie, L'Harmattan, 1985, p. 33.

[9] V. Kamga, op. cit., pp. 87-88.

[10] V. Kamga, ibid., p. 90.

[11] V. Kamga, ibid.. p. 126.

[12] N. Pokam, La Problématique de l'unité nationale au Cameroun, L'Harmattan, 1986, p. 97. Un exemple de l'opposition en question est indiqué dans une note infrapaginale : « La fermeture de la Banque Unie de Crédit, qui est à capitaux entièrement nationaux, par le Ministère des Finances nous conforte dans cette opinion » ... Donc le Ministère des Finances (l'État) s'oppose aux capitaux nationaux !

[13] K. Pokam, ibid., p. 97. Exemple de ce dynamisme : « ... à Yaoundé, le niveau de modernité dans des quartiers tels que Essos, Etoudi qui ont été assignés à ce peuple, n'a aucune commune mesure avec celui des quartiers tels que la Briqueterie, Mvog-Ada, Mvog-Mbi, etc., occupés par les autochtones et autres allogènes » (p. 107).

[14] K. Pokam. ibid., p. 97.

[15] K. Pokam, ibid., p. 106.

[16] K. Pokam, ibid., p. 109.

[17] Bassek Ba Kobhio, De l'anti-tribalisme au tribalisme, in « Le Républicain » no 86 du 22 juillet 1986, p. 8.

[18] K. Pokam, op. cit., p. 138.

[19] P. Pokam, ibid., p. 146. La conséquence logique de cette observation est que ces terres « libres de toute occupation effective » devraient donc être distribuées à l'ethnie civilisatrice.

[20] Dans ce royaume du non-dit qu'est le Cameroun de Paul Biya, il faut restituer ainsi le syllogisme sous-entendu mais lisible en filigrane sous cette stupéfiante élucubration.

1o Majeure : Il est interdit aux Camerounais de réussir (Ordre de Paris).
2o Mineure : Du fait qu'ils réussissent, les Bamilékés commettent le crime impardonnable de lèse-dépendance.
3o Conclusion : Donc à bas les Bamilékés !

Et le reste n'est que littérature et blablabla ! (N.D.L.R.).

[21] Hommage à Joseph Tchundjang Pouemi, ouv. coll., Presses universitaires du Cameroun (PUC), 1986.

[22] Kengne Pokam, Hommage à Joseph Tchundjang Pouemi, p. 55.

[23] Albert Azeyeh, in Hommage..., p. 68.

[24] Souligné par P.N.-P.A. Pédantisme digne de M. Prudhomme et qui rend d'autant plus révoltant ce délire qui se prétend philosophique (N.D.L.R.).

[25] Souligné par P.N.-P.A. il faut noter qu'à la suite de cette table ronde, il y eut des arrestations dont seuls des intellectuels bamilékés furent victimes. Cf. dans cette livraison « Les tribulations d'un intellectuel bamiléké ». (N.D.L.R.).