Nous voici donc parvenus au cinquantième numéro de Peuples noirs-Peuples africains!

Qui eût dit il y a huit ans que nous serions encore debout si longtemps après notre premier pas ?

En fait, nous avons battu tous les records. Jamais une publication francophone africaine n'avait paru avec une telle régularité pendant si longtemps, ni osé braver aussi crânement la malfaisance des forces d'oppression, ni déjoué avec autant de mépris les pièges de l'argent corrupteur, ni sauvegardé son indépendance et sa liberté de parole avec autant d'éclat, ni affronté les embûches du sabotage avec autant de stoïcisme.

L'émancipation des peuples est pareille à un saut pardessus l'abîme pour lequel une grande publication intransigeante est un tremplin indispensable. C'est ce qui a cruellement manqué aux peuples de l'Afrique dite francophone en 1960 : faute de cette étoile polaire scintillant sans répit pour les éclairer, les Africains « francophones » n'ont pas tardé à s'égarer dans les ténèbres des partis uniques, des présidents charismatiques, des coopérations bilatérales, des assistances techniques, des O.C.A.M., des U.D.E.A.C., des O.N.G. et autres dialogues prétendus Nord-Sud.

Quelque chose a quand même changé, et personne ne doute que Peuples noirs-Peuples africains soit qualifié pour jouer désormais ce rôle exaltant d'éclaireur, de saint-jean prêchant parfois, en apparence, dans le désert.

Peuples noirs-Peuples africains se devait, à l'occasion d'un tel anniversaire, de prendre une initiative qui ne manquera pas de relancer la lutte idéologique qui est son domaine.

Nous créons donc un prix annuel du témoignage engagé, dénommé Prix Frantz Fanon, doté de cinq mille (5 000) francs français.

Nous en reparlerons plus longuement dans la prochaine livraison.

P.N.-P.A.