La preuve étant maintenant faite de l'incapacité et de la malfaisance de Paul Biya, et les événements promettant de se précipiter, on me demande de divers côtés : « Alors, que proposes-tu ?, que faut-il faire pour enrayer ce que tu appelles la libanisation rampante ? »

Eh bien, je propose l'élection d'une Constituante dans un délai raisonnable, ce qui implique bien évidemment l'effacement de Paul Biya, avec lequel, comme chacun sait maintenant, bien des Camerounais éminents ne peuvent plus accepter de collaborer. A sa place s'installerait un gouvernement provisoire ayant à sa tête John Foncha, chef de l'Etat, et Soppo Priso, chef de l'exécutif.

L'âge et l'expérience de ces deux hommes, leur attachement connu à la démocratie, la modération de l'un sous le régime aujourd'hui en faillite, bien qu'il en fût un dignitaire, la réserve jamais démentie de l'autre à l'égard de la dictature, non seulement les qualifient pour présider à l'instauration de la liberté tant attendue, mais aussi doivent pouvoir inspirer confiance à toutes les factions en présence, rivales ou alliées.

Un maximum de deux années serait accordé à ce tandem pour organiser des élections libres sous la garantie d'organisations internationales au-dessus de tout soupçon.

J'en dirai davantage dans Lettre ouverte aux Camerounais, le livre dont je prépare actuellement la sortie.

Mongo Beti