© Peuples Noirs Peuples Africains no. 45 (1985), couverture.



RENOUVEAU D'EXCENTRICITES
ET DE GASPILLAGES ?

Lu dans Le Canard enchaîné du 3-7-1985 :

« Tant que je serai sous-préfet de Bayonne, vous n'êtes pas près de rencontrer un chef d'Etat. Il y a des questions que l'on ne pose pas » : c'est la sortie que le sous-préfet Alain Jezequel a faite, le 27 mai, au journaliste de Radio-France Philippe Etcheverry.

Ce jour-là, Paul Biya, président du Cameroun, tenait à l'aéroport de Biarritz, où il était sur le départ, une conférence de presse. Dix jours auparavant, il était arrivé au Pays basque pour une cure de thalassothérapie. Les gens de sa suite s'étaient contentés, eux, de faire un intense shopping.

En dix jours de présence, la délégation camerounaise ne devait pas passer inaperçue. Outre Paul Biya, son épouse et leurs six enfants, il y avait six chauffeurs, trois pilotes d'avion, un médecin, un gros paquet de flics et quelques autres individus. Le tout logé dans le plus chic hôtel de Biarritz, l'Hôtel du Palais, et occupant deux suites et trente chambres. Coût total : un million de francs.

D'où cette question, jugée impudente, du journaliste de Radio-France, au cours de la conférence de presse : « Monsieur le Président, votre pays est un pays pauvre. Ne pensez-vous pas que la protection policière dont vous disposez risque de le choquer ?

– Pas du tout, répondit aimablement Biya. Les Camerounais se sentent rassurés quand ils savent leur Président bien protégé. »

Le sous-préfet Jezequel n'a, lui, pas la même hauteur de vue. Et, surtout, il confond peu la fonction de journaliste avec celle de larbin. L'habitude...

C'est ça, l'austérité ! Du moins l'austérité à la Bokassa. Quand donc les chefs d'Etat « francophones », analphabètes ou bardés de diplômes, seront-ils enfin capables de comprendre combien il est choquant de faire joujou avec l'argent de populations qui manquent d'écoles, d'hôpitaux, de routes, presque de tout en somme ? N'est-ce pas là cette fameuse malédiction du nègre ?

P.N.-P.A.         

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