© Peuples Noirs Peuples Africains no. 45 (1985) 46-55



« DJOGONI » : LE ROMAN QUI
FAISAIT PEUR A SON AUTEUR

Sunday OKPANACHI

Les romans de René Maran ont déjà attiré l'attention de tant de critiques qu'on éprouve une certaine appréhension à en parler ces jours-ci. La profusion d'articles n'a malheureusement pas permis de résoudre l'énigme que constituent les ouvrages de ce Guyanais. D'un côté, certains critiques ne voient en lui qu'un romancier colonialiste à la recherche de l'exotisme[1]; par contre, d'autres le considèrent comme un écrivain négro-africain qui admirait ses frères Africains. On connaît d'ailleurs l'hommage par lequel L.S. Senghor lui conférait le titre de « Précurseur de la négritude »[2].

Le présent article n'a pas la prétention de pouvoir départager les critiques. Son modeste objectif est de verser une pièce dans le dossier Maran par une étude d'un de ses romans Djogoni (eaux fortes), d'ailleurs mal connu du public, et qui de toute évidence faisait peur à son auteur. [PAGE 47]

Pour connaître les raisons de cette peur, nous proposons d'examiner les rapports existant dans ce roman entre la diégèse, le temps de l'écriture et celui de la publication[3].

Par rapport à d'autres ouvrages de René Maran, Djogoni (eaux fortes) est bien particulier. On constate un décalage temporel d'environ un demi-siècle entre le temps de sa rédaction (1914) et le temps de sa publication (1965). Dans une lettre datée du 10 avril 1914, Maran disait à son ami Manoel Gahisto : « Djogoni, ce roman que j'ai emporté il y a deux ans, est fini, bien fini. » Plus bas dans la même lettre, on peut lire aussi : « Un mois de France, avec les notes que j'ai et "Batouala, le Mokondji" serait terminé »[4].

Ceci indique que Djogoni (eaux fortes) avait été rédigé bien avant le fameux Batouala[5]. Or, si Batouala fut publié en 1921, Djogoni (eaux fortes) ne le serait qu'en 1965, bien après la mort de l'auteur. Comme nous le verrons, il semblerait que l'auteur n'eût pas voulu que ce roman fût édité. En 1914, Maran écrivait à son sujet : « Le livrerais-je jamais à l'impression ? J'hésite toujours »[6]. De quoi avait-il donc peur ? D'où venaient ses « scrupules » ?

Maran, on le sait bien, était de ces écrivains qui se faisaient bien des soucis pour parfaire leur langage. Comme l'a montré M. Hausser, la réécriture de Batouala en 1938 par son auteur avait été motivée, pour la plus grande partie, par une certaine conception antillaise de la littérature dont René Maran semblait être l'épigone : « celle de la fin du XIXe et des débuts du XXe siècles et (qui était) fondée (...) sur l'amour du "beau langage", de l'élégance, d'une certaine préciosité, d'un certain académisme... »[7]. Les « scrupules » de Maran étaient-ils liés à un certain [PAGE 48] défaut du langage ou du style qui aurait fait désespérer l'auteur ? Peu probable, puisque l'auteur lui-même attestait le contraire :

    « Ce n'est pas que je sois mécontent de sa tenue littéraire, de son extrême condensation. Non. Le style est vif, clair. L'action y est d'une telle rapidité qu'elle atteint la sécheresse »[8].

Pour mieux saisir ce que Maran craignait dans ce récit, il faudra regarder de près l'argument et l'intrigue de Djogoni (eaux fortes). De son propre aveu, l'idée que poursuit le Guyanais dans ce roman est la suivante :

    « "L'atavisme des peuplades nègres résiste à l'empreinte de lacivilisation. Lorsque celle-ci parvient à pénétrer quelques sujets mieux doués que d'autres, ce n'est que superficiellement. Les vieilles coutumes sont toujours là, qui l'annihileront un jour." Et c'est tout le roman »[9].

Dans ce roman donc, il s'agit d'un métis, Djogoni, et d'une métisse, Mouhinda-Matiti, abandonnés par leurs géniteurs (un colon français et une femme africaine). Ces enfants illégitimes sont récupérés par des missionnaires et des colons français. Ceux-ci vont initier les bâtards à l'éthique et à la civilisation de « cette France de clarté » (Djogoni, p. 162). Pour parfaire l'éducation de Djogoni, le couple européen, par les soins duquel il est élevé, lui démontre sans fausse honte, pour exemple, la quotidienne [PAGE 49] harmonie de son ménage, que la femme n'est pas une serve corvéable, que l'on roue de coups, que l'on accable des pires travaux, mais un complément nécessaire et naturel, une compagne, qui foule avec nous les chemins de la vie... » (Djogoni, p. 162). A en croire le récit de Maran, au moment où les métis vont former leur propre foyer, ils donnent l'apparence de parfaits assimilés à la « civilisation ».

Mais, c'est sans compter avec ce que Maran appelle, dans sa thèse, « l'atavisme des peuplades nègres » ou « l'antagonisme... de la sauvagerie et de la civilisation » (Djogoni, p. 165).

Avec le temps, dit son narrateur, la métisse « (perd) sa belle pudeur d'âme d'autrefois, qui faisait d'elle une Française née en terre étrangère. Elle (retourne) à sa petite enfance ignare et sauvage. Elle (subit) à nouveau l'emprise de son pays et de ses dieux » (Djogoni, p. 179). Si au cours de son séjour chez les Blancs la fille, Mouhinda-Matiti, raffolait de souliers, de chapeaux, de manilles, maintenant elle préfère « le manioc au pain, et ses mœurs primitives, sauvages, naïvement féroces, à la clémence réelle des Blancs » (Djogoni, p. 194). Voilà comment le narrateur de Maran résume « scientifiquement » le cas de la métisse :

    « Elle cédait tout simplement à sa destinée. Elle obéissait à l'appel de sa race, à sa sauvagerie que n'avait pu déterrer une civilisation précoce » (Djogoni, p. 194).

Quant à l'homme Djogoni, il n'aura pas fallu plus de temps pour qu'on comprenne « la distance qui sépare sa civilisation factice de la civilisation réelle... » (Djogoni, p. 191). Non seulement il abandonne toutes les pratiques enseignées par les colons, mais il bat sa femme – suprême affront à la civilisation dont seuls les Africains connaissent le secret »[10]. [PAGE 50]

UNE THESE ARCHAIQUE

« A blanchir un nègre on perd son savon. » On sait combien ce cliché d'un racisme caractérisé avait hanté certains écrivains occidentaux du XVIIIe et du XIXe siècles. D'innombrables ouvrages avaient alors tenté de démontrer le primitivisme congénital de « l'homme noir de peau » et son incapacité d'assimiler la « civilisation » – bien entendu, la civilisation occidentale, qui était pour eux, seule universellement valable ! L'infériorité des pratiques culturelles des peuples noirs était devenue une question génétique. Citons, parmi tant d'autres, deux de ce genre d'ouvrages répertoriés par Léon-François Hoffmann.

L'un, c'est l'ouvrage anonyme, Remarques historiques, critiques et satiriques d'un cosmopolite, publié à Cologne en 1731. On lit sous la rubrique : « Maladie du pays » l'histoire suivante :

    « ... Un jeune Caffre venu en Europe, de sa bonne volonté, avec un capitaine Hollandois, & ayant assés longtemps resté dans Amsterdam, pour en aprendre la langue & et les coûtumes, ne vescut jamais content qu'il ne fut retourné au cap de Bonne Espérance, où l'on croyoit qu'il resteroit dans le Comptoir des Hollandois; mais il n'eut pas plutôt mis pied à terre, qu'il decampa, & revint quelque temps après se faire voir tout nud, avec des boyaux de mouton en ceinture à demy cuits au soleil, qui est la nouriture la plus delicate des Houtantaux »[11].

L'autre exemple vient du livre du Père Labat – Nouveau voyage aux îles de l'Amérique, t. II (1724). Il s'agit aussi de la tentative d'initier un prince éthiopien à la « civilisation ». Aniaba, fils du roi de Juda, est amené en France par la Compagnie de Guinée qui le présente au roi. Celui-ci le fait instruire dans la religion et dans tous les exercices [PAGE 51] convenables à un homme de sa qualité. Aniaba fréquente le collège, l'académie et est engagé dans les armées comme capitaine de cavalerie. Après plusieurs années en France, Aniaba demande de repartir dans son pays d'origine afin de prendre le trône laissé par son père qui vient de mourir. Le roi français le laisse partir avec la vive recommandation de signaler aux Ethiopiens la piété dans laquelle on l'a élevé depuis tant d'années. Laissons raconter la suite au Père Labat :

    « Mais la suite fit bien connoître la vérité du proverbe qui dit que l'Ethiopien ne change point de peau quoiqu'on le lave. A peine (Aniaba) eût-il mis pied à terre, qu'il quitta les habits françois dont il étoit vêtu, il se mit tout nud comme les autres Negres, avec une simple pagne autour des reins, & se dépoüilla en même temps des sentiments de Chretien & d'honnête homme qu'on lui inspiroit depuis tant d'années. Il oublia les obligations de son baptême, & ne songea plus à faire aucun acte de sa Religion, il prit cinq ou six femmes idolâtres, avec lesquelles il s'abandonna à tous les excès les plus honteux... »[12].

Commentant l'histoire d'Aniaba comme elle est racontée par le Père Labat, L.-F. Hoffmann fait le commentaire suivant que nous trouvons intéressant :

    « Aniaba renie sa conversion et renonce à la culture occidentale; le Père Labat aurait pu y voir une apostasie individuelle, la trahison d'un homme indigne. Mais c'est à sa race qu'il impute les crimes de l'Africain. Mieux il postule que rien ne peut combattre la corruption innée des Nègres; elle est aussi impossible à effacer que la noirceur de leur peau » [13].

C'est un commentaire qui vaut bien pour Djogoni (eaux fortes) de René Maran. Comme le conteur anonyme hollandais [PAGE 52] et le Père Labat, Maran partait du principe de l'absence de « civilisation » chez les Africains, qu'il appelait d'ailleurs « les peuplades nègres ». Son récit allait se faire l'écho d'un racisme soi-disant scientifique et il allait reprendre au compte du Guyanais presque entièrement certaines élucubrations des ethnocentristes européens du XVIIIe et du XIXe siècles.

Le roman, tout le monde le sait bien, est loin d'être un laboratoire scientifique, puisque la thèse de Maran (autant que celles de ses devanciers) repose sur des personnages fictifs et que sa démonstration n'est que diégétique, sa valeur scientifique n'est pas irréfutable – d'autant que sa valeur objective échappe à tout contrôle. Il était évident à l'auteur de Batouala que son récit allait ajouter au « dossier négrophobe » une pièce guyanaise et démontrer par conséquent qu'un Noir pourrait lui aussi payer sa prime à la sottise d'une thèse archaïque des esclavagistes ou de leurs sympathisants.

En vain Maran se reprochait d'avoir mis « trop d'imagination » dans son roman[14]. Comme nous l'avons vu, il n'innovait rien. Il avait presque deux cents ans de retard sur les autres Européens qui avaient soutenu une pareille thèse à propos des Noirs. Mais si ceux-ci avaient bénéficié d'une ignorance érigée en mysticisme, lorsqu'en 1914 Maran entreprenait sa démonstration de « l'atavisme des peuplades noires », le monde africain était mieux connu, le rationalisme et l'esprit scientifique s'affirmaient et une telle thèse risquait d'être tournée en ridicule.

Djogoni (eaux fortes) allait donc rester en état de manuscrit jusqu'à sa mort.

ETRE NOIR ET NEGROPHOBE

La peur d'épouser ouvertement une thèse archaïque et raciste suffisait-elle pour expliquer entièrement la réticence de Maran ? Nous croyons trouver d'autres explications dans son comportement d'assimilé tel qu'il apparaît à travers ses écrits (romans, lettres, essais). [PAGE 53]

Maran était de ces Antillo-Guyanais d'antan qui de toute leur vie s'étaient évertués à prouver leur supériorité vis-à-vis de l'Africain. Fanon dans Peau noire masques blancs parle de ces aliénés qui espéraient, par leur mépris de l'Africain, se montrer « civilisés » et par conséquent se laver aux yeux de l'opinion blanche[15]. Maran se considérait comme un « Européen à peau noire ». Lorsqu'il débarqua en Afrique centrale en 1909, il écrivit à un ami, Léon Bocquet :

    « Maintenant, avec un cœur français, je sens que je suis sur le sol de mes ancêtres, ancêtres que je réprouve parce que je n'ai pas leur mentalité primitive ni leur goût »[16].

Cette position allait s'amplifiant dans son roman autobiographique, Un homme pareil aux autres. L'éloignement du Guyanais de l'Afrique et des Africains et son rapprochement de l'Europe et des Européens y sont plus nettement affirmés. A propos du rapport entre son personnage autobiographique, Jean Veneuse, et les Européens, on lit notamment :

    « Par l'éducation, par l'instruction, nous appartenons au même milieu social. Nous parlons la même langue. Nous avons la même façon de penser. Nos inclinations et nos habitudes ne sont pas ( ... ) dissemblables »[17]. [PAGE 54]

Jean Veneuse dit encore :

    « La France est ma religion. Je ramène tout à elle. Hormis ma couleur, je me sens Européen »[18].

Quant aux rapports entre ce personnage et les Africains, on lit ceci : « D'abord, je ne suis pas noir, ce qu'on appelle noir. Ensuite, je ne suis pas un Noir comme les autres »[19].

Or, si Maran, dans ses écrits, se mettait en quatre pour établir une distinction entre lui-même et les Africains, c'était parce que certains Blancs aux colonies « n'avaient voulu voir en (lui) qu'un nègre, qu'un "sale nègre" qu'il fallait tenir à l'écart, briser, humilier »[20].

Considéré dans cet ensemble psycho-social, Djogoni (eaux fortes) contient certains aspects qui devraient inciter René Maran à la prudence. « L'atavisme » qui est le terme clef de sa thèse est défini dans le Dictionnaire de la langue française de P. Robert comme suit : « Forme d'hérédité dans laquelle l'individu hérite de caractères ancestraux... (ou) réapparition d'un caractère primitif après un nombre indéterminé de générations. »

Si, comme veut le prouver Maran, l'incapacité de l'homme africain à assimiler « la civilisation » était un phénomène héréditaire, génétique pour ainsi dire, l'ascendance africaine de l'auteur le mettrait fatalement du nombre des « primitifs à vie », c'est-à-dire que sa prétention à l'assimilation complète de la civilisation française resterait compromise. Ceci d'autant plus que les personnages cobayes, Djogoni et Mouhinda-Matiti, sont des sang-mêlé comme Maran lui-même. En publiant un morceau du racisme littéraire tel que Djogoni (eaux fortes), Maran n'aurait fait qu'apporter de l'eau au moulin de ses adversaires qui ne voulaient voir en lui qu'un nègre comme les autres. [PAGE 55]

Il y avait des raisons valables qui pourraient expliquer les craintes de Maran à l'égard de la publication de son propre roman. Non seulement ce roman l'aurait embarrassé par son caractère ouvertement raciste et négrophobe, mais il aurait exposé l'ambiguïté dans laquelle vivait Maran.

Quoi qu'il en soit, le lecteur de ce roman ne cessera de s'étonner. Pourquoi Maran en débarquant en Afrique avait-il voulu reprendre à son compte les thèses péjoratives à l'égard des Africains ? Si les Occidentaux se servaient de la prétendue infériorité des Noirs pour laver leur conscience salie par l'esclavage et le colonialisme, Maran, le Guyanais, voulait-il se servir du même argument pour se blanchir ?

L'étude de Djogoni (eaux fortes) serait pleine d'enseignements pour ceux qui confèrent hâtivement au Guyanais le titre du défenseur et d'admirateur des civilisations des Africains[21].

Sunday OKPANACHI


[1] Voir entre autres critiques :
F. Ojo-Ade, « René Maran and the racial question... », in Black Images, vol. 2, no 3 et 4, Winter 1973, pp. 17-32. M. Steins, « Entre l'exotisme et la négritude : la littérature coloniale », in Afrique littéraire et artistique, no 58, 1981, pp. 71-82.

[2] L.S. Senghor, « René Maran, précurseur de la négritude », in Hommage à René Maran, pp. 9-13.

Voir aussi :
M. Fabre, « René Maran, trait d'union entre deux négritudes in Négritude africaine, négritude caraïbe, colloque de Paris XIII, 1973, pp. 55-61.

[3] R. Maran, Djogoni (eaux fortes), Paris, Présence Africaine (1965), sp. D'après les enquêtes que nous avons menées chez Présence Africaine à Paris, cette édition a été tirée des épreuves du même récit publié dans Hommage à René Maran. Nos références se rapportent à ce dernier ouvrage.

[4] M. Gahisto, « La genèse de Batouala », in Hommage à René Maran, pp. 130 et 131 respectivement.

[5] R. Maran, Batouala, Paris, Ed. Albin Michel, 1921.

[6] Lettre du 10 avril 1914 à Gahisto, in Hommage à René Maran, p. 130.

[7] M. Hausser, Les deux Batouala de René Maran, p. 94.

[8] R. Maran, Lettre du 10-4-1914, in Hommage à René Maran, p. 130.

[9] R. Maran, ibid, p. 131. C'est nous qui soulignons. Dans la même année, lorsque sa demande de mobilisation fut rejetée, Maran se consola ainsi : « Quoique, à mon point de vue, je regrette cette décision, je reconnais qu'on a sagement agi. L'abandon momentané de la colonie aurait produit des fâcheux effets sur les indigènes. Plus tard, il aurait fallu reprendre à pied d'œuvre tout ce qu'on a eu tant de peines à étayer au cours de longues années... Ces peuplades, qui sont toutes encore foncièrement anthropophages, oublient vite. Absents les chats, les souris seraient vite revenues à leurs anciens errements. » Lettre du 15 février 1915 à Manoel Gahisto, ibid., pp. 133-134.

[10] Maran allait plus tard peindre la prétendue cruauté de l'homme africain envers les femmes dans quatre autres de ses romans, à savoir Batouala, Le livre de la brousse, Djouma, chien de brousse et Un homme pareil aux autres.

[11] Anonyme, Remarques historiques, critiques et satiriques d'un cosmopolite, pp. 4-5.

[12] J.-B. Labat, Nouveau voyage aux îles de l'Amérique, vol. II, p. 43.

[13] L.-F. Hoffmann, Le Nègre romantique.... p. 30.

[14] R. Maran, Lettre du 10-4-1914, in Hommage à René Maran, p. 131.

[15] F. Fanon, Peau noire masques blancs, Paris, Bd. du Seuil, 1952. Ojo-Ade Femi écrit particulièrement de Maran : « ... dans (son) œuvre, nous pouvons dégager une hiérarchisation quantative de la race humaine, avec le Blanc en tête et le Noir en bas. En plus, il y a une distinction faite par (ce) Noir "civilisé" entre lui-même et son frère dit sauvage. Et finalement, le Noir antillais, ou américain, se croit supérieur au Noir d'Afrique. C'est dire qu'au-dessous du plus haut niveau exclusivement réservé aux Blancs, les Noirs se placent au fur et à mesure qu'ils s'avèrent "blanchis". » Ojo-Ade, « René Maran devant la critique », in Œuvres et Critiques, no 114, IV, 1979, p. 149.

[16] Cité par B. Kotchy, « Un Antillais et le monde africain noir : René Maran », in Annales de l'Université d'Abidjan, série D. tome 7, 1974, p. 258.

[17] R. Maran, Un homme pareil aux autres, p. 142.

[18] R. Maran, ibid., p. 184.

[19] R. Maran, Un homme pareil aux autres, p. 182.

[20] R. Maran, ibid., p. 25.
Un des amis de Maran, Charles Barrailley, dans « Souvenirs », rapporte que les co-fonctionnaires blancs du Guyanais disaient aux Africains colonisés à propos de celui-ci : « Mais pourquoi donc lui obéissez-vous ? Ce n'est qu'un sale nègre comme vous autres ! », in Hommages à Rendé Maran, p. 243.

[21] Voir par exemple :
H. Randolph, « René Maran and the search for identity », in Black Images, vol. 2, no I, Spring 1973, pp. 21-24. I. Egonu, « "Le livre de la brousse" : une étude socio-psychologique de l'Afrique précoloniale », in Nsukka Studies in African Literature, no 3, octobre 1980, pp. 99-111.