© Peuples Noirs Peuples Africains no. 41-42 (1984) 141-143



DOCUMENT :

Engagement préalable à l'inscription à l'Université
et dans les Grandes Ecoles

1967 : les étudiants de l'Université d'Abidjan descendent dans la rue et manifestent contre la création du M.E.O.C.A.M., mouvement des étudiants de l'O.C.A.M. (Organisation commune africaine et malgache). Les manifestants sont arrêtés, jetés en prison et bastonnés. Ils sont libérés quelques semaines plus tard; le M.E.O.C.A.M. mourra tranquillement de sa belle mort.
1968 : les autorités ivoiriennes dissolvent l'U.N.E.E.C.I., l'Union nationale des étudiants et élèves de Côte-d'Ivoire; ce syndicat est accusé d'être un nid d'opposants. La même année, le gouvernement fait arrêter dix-huit étudiants ivoiriens en France; parmi eux Désiré Tanoé, Kouassi Apèté, Nézit, Touré Moriba, etc.
1969 : l'Université d'Abidjan se met en grève pour protester contre la création du M.E.E.C.I. (Mouvement des étudiants et élèves de Côte-d'Ivoire), mouvement unique, sous-section du parti unique le P.D.C.I. Quatre cents étudiants sont incarcérés au camp militaire d'Akouédo; ils seront libérés deux semaines plus tard.
1970 : les étudiants de l'Université d'Abidjan prennent la responsabilité de créer un syndicat indépendant du pouvoir, l'U.S.E.E.C.I. (Union syndicale des élèves et étudiants de Côte-d'Ivoire). En mars 1971 tous les responsables de l'U.S.E.E.C.I. sont arrêtés, bastonnés et emprisonnés dans les camps militaires d'Akouédo et de Séguéla (les filles seront enfermées à Bouaké).
Voulant mettre fin à ces grèves à répétition, les autorités ivoiriennes établissent un « engagement préalable » que tout étudiant devra signer avant de s'inscrire.
Depuis, les grèves ont continué et cet « engagement préalable » est tombé dans l'oubli.
Nous le publions ici en témoignage de toutes nos luttes passées et en hommage à tous nos camarades avec qui nous avons partagé les moments à la fois éprouvants et exaltants.

Laurent GBAGBO [PAGE 142]


ENGAGEMENT PREALABLE A L'INSCRIPTION
A L'UNIVERSITE
ET DANS LES GRANDES ECOLES NATIONALES

Consciente de la nécessité de devenir rapidement une véritable nation, la Côte-d'Ivoire a opté pour le Parti unique.

Le P.D.C.I.-R.D.A., en rassemblant sans distinction de religion, de race, d'origine sociale, toutes les volontés saines du pays, est devenu en même temps que le creuset, le garant de notre Unité nationale, condition indispensable à la réalisation du but fixé : le plein développement de la Côte-d'Ivoire dans l'ordre et l'harmonie.

Ce noble idéal exige de tout Ivoirien le dépassement de soi, le dévouement, la tolérance.

L'Ivoirien doit donc se tenir à l'écart des querelles de doctrine et des conflits de générations qui d'ailleurs ne débouchent sur aucune réalité concrète.

C'est dans ce cadre du P.D.C.I.-R.D.A. où se pratiquent la libre confrontation des idées, le dialogue permanent et fraternel à tous les échelons que doivent s'organiser tous les secteurs de l'activité nationale sous la seule réserve du respect de l'intérêt général et des possibilités réelles du pays.

La jeunesse, et particulièrement la jeunesse estudiantine, avenir du pays, ne saurait échapper à cet impératif et ne doit pas se couper de ses aînés qui tous militants du P.D.C.I.-R.D.A. ont toujours fait preuve de courage et d'abnégation.

Pour assurer son développement et parvenir à son indépendance économique, la Côte-d'Ivoire ayant un impérieux besoin de cadres qualifiés fait de la formation des jeunes la priorité des priorités.

Cette obligation qui appelle des sacrifices de tous ordres, nécessite de la part des jeunes privilégiés qui fréquentent l'Université et les Grandes Ecoles un travail sérieux et intensif, dans l'ordre, la discipline et le respect de la hiérarchie.

Pour toutes ces raisons, je prends l'engagement :

1) de militer activement et loyalement au sein du Mouvement des étudiants et élèves de Côte-d'Ivoire (M.E.E.C.I.), sous-section du P.D.C.I.- R.D.A.

2) de renoncer, dès maintenant, à tout mouvement de grève, d'épuiser pour toutes revendications, les voies du dialogue dans le cadre du parti.

3) de n'exercer aucune violence sur les personnes et les biens, de respecter les lois du pays, les règlements de l'Université et des Grandes Ecoles.

4) de ne causer aucune déprédation des locaux et matériels d'enseignement et d'internat.

5) de suivre régulièrement les cours sauf cas de force majeure ou raisons de santé dûment constatés par les autorités qualifiées. [PAGE 143]

Tout manquement à cet engagement entraînera, d'office, mon exclusion de l'Université ou des Grandes Ecoles nationales.

Signature (1)                           

NOM et PRÉNOM : ......................................................................................................................................

FACULTÉ : ....................................................................................................................................................

GRANDE ECOLE : ........................................................................................................................................

ANNÉE de SCOLARITE: ...............................................................................................................................

Abidjan, le ..........................................                           


(1) Signature précédée de la mention : « LU et APPROUVE ».