© Peuples Noirs Peuples Africains no. 38 (1984) 59-68



L'INTERTEXTUALITE
COMME INDICATEUR DE CHANGEMENT

de J. Roumain à R. Depestre

Christiane ACHOUR et Idir AZIBI

Dans une de ses études les plus connues, Roland Barthes proposant une procédure de lecture du texte pour ne pas réduire la pluralité de ses sens, écrivait qu'il fallait « étoiler le texte au lieu de le ramasser » (Barthes, 1970, p. 20). L'étude de l'intertextualité nous semble une des voies possibles de l'ouverture du texte, de la faculté qu'il a d'être démultiplié, un des lieux de son étoilement.

Une première lecture, même superficielle du Mât de Cocagne de René Depestre permet à tout lecteur de la littérature haïtienne de déceler la présence de Gouverneurs de la Rosée de Jacques Roumain[1]. Cela n'a rien de surprenant si l'on rappelle que ces deux écrivains, originaires d'Haïti, ont eu des itinéraires politiques comparables et que leurs romans, à plus de trente ans d'intervalle, traitent d'une même réalité.

Si nous considérons la citation comme « geste élémentaire » de « toute pratique du texte » (Compagnon, l979, p. 10) et comme « enjeu capital ( ... ) lieu stratégique et même politique dans toute pratique du langage » (id., p. 12), nous sommes tout naturellement conduits à nous [PAGE 60] interroger sur cette interférence. Comment Depestre lit-il Roumain ? Comment lisons-nous ces deux romans en intertextualité ?

1. La citation et sa fonction

C'est à la page 127 qu'il est fait explicitement référence à Roumain. Elisa, au lendemain de la nuit où elle a libéré Henri de cinq ans d'onédo-zacharisme[2], lui rapporte les bruits qui courent en ville après la première séance du concours et lui donne son interprétation :

    « Tu sais, en regardant ton combat sur le mât, des paroles d'un écrivain que j'aime ont pris tout leur sens à mes yeux : "l'expérience est le bâton des aveugles", et ce qui compte, puisque tu me le demandes, c'est la rébellion et la connaissance que l'homme est le boulanger de la vie. »

Citant ainsi les paroles de Manuel dans GR, Elisa les fait siennes et ancre la métaphore par la répétition puisqu'elle ajoute : « Ce n'est pas un héros mythique qui est entré en moi, hier soir, sinon le boulanger Henri Postel !»[3].

A partir de là, on ne peut plus lire le roman de la même manière. Mis en éveil par ce rappel – connoté en outre très positivement, « des paroles d'un écrivain que j'aime » – le lecteur va construire plus ou moins systématiquement un réseau de liens intertextuels entre les deux romans. Certaines expressions prennent ainsi un relief et un ancrage qu'elles n'avaient pas à la première lecture.

Dans les lignes qui précèdent l'extrait que nous venons [PAGE 61] de citer, Elisa rapportait ce qu'elle avait rétorqué à une voisine : « Tu te trompes ma chère que je lui ai répondu, le "point chaud" il l'a en lui, c'est sa volonté de nègre rebelle » (p. 127); comment alors ne pas faire le rapprochement avec le passage où Laurélien Laurore songe, lors de l'enterrement de Manuel : « Manuel n'était pas partisan de la résignation ( ... ) Les signes de la croix, les génuflexions et les Bon dieu bon, il disait que ça ne servait à rien, que le nègre était fait pour la rébellion » (p. 206).

La suite du monologue intérieur de Laurélien :

    « Et te voilà mort maintenant, chef, mort et enterré. Mais tes paroles, nous ne les oublierons pas et si un jour sur le chemin de cette dure existence la fatigue nous tente avec des : à quoi bon ? et des : c'est pas la peine, nous entendrons ta voix et nous reprendrons courage »

est comme l'annonce de l'oraison funèbre d'Elisa qui devient son écho :

    « Ta mort soutiendra la lumière, l'espoir et la beauté des tiens, parce que de ton vivant tu as su élargir leur droit de lutter et de rêver ( ... ) Ta mort nourrira les actions et les rêves de ton peuple » (p. 175).

Non seulement sont ici associés nègre et rébellion mais aussi les contextes : dans le premier cas la résignation contestée par l'action[4], dans le second cas l'espoir malgré la mort.

Ces « oraisons funèbres » tendues vers l'espoir ont été « préparées » par Manuel et Henri. Ainsi Manuel, agonisant, supplie : [PAGE 62]

    « la réconciliation, la réconciliation pour que la vie recommence pour que le jour se lève sur la rosée ( ... ) Et chantez mon deuil, chantez mon deuil avec un chant de coumbite » (p. 183).

Et Henri Postel, ne se faisant aucune illusion sur le sort qui l'attend à l'issue du concours, dit à Elisa :

    « Emportez l'ex-Henri dans nos montagnes. Chantez, dansez, vivez sa mort avec les tambours des jours d'allégresse » (p. 124).

Morts, ils restent les symboles de vie car symboles de lutte.

Nous constatons qu'en dehors de ce dernier parallélisme, il y a un glissement d'un roman à l'autre quant au support de la citation. Dans GR, ce sont à Manuel et Laurélien que sont attribuées ces paroles. Dans le MC, elles sont chaque fois attribuées à Elisa. Nous reviendrons sur cette transformation déterminante du rôle de la femme.

La citation – que l'on pourrait également appeler intertextualité explicite – a bien d'abord un « rôle phatique », « elle donne rendez-vous, elle invite à la lecture, elle sollicite, elle provoque, elle aguiche comme un clin d'œil » (Compagnon, 1979, p. 23).

Ce rendez-vous en Haïti, où nous conduit-il ?

2. Vers une lecture polyphonique

La citation de Roumain comme nous venons de le voir est bien un hommage, un renvoi déférent. Mais elle fonctionne aussi comme butoir car les parallélismes soulignent les dissemblances. La citation est ambivalente car elle contient une confusion « de l'actif et du passif ( ... ), un énoncé répété et une énonciation répétante » (Compagnon, 1979, p. 56).

Cette ambivalence est manifeste dans notre exemple : Depestre dit « comme » Roumain mais il dit aussi autre chose.

Le travail intertextuel se fait dans la structure même du roman. De nombreuses convergences sont à noter [PAGE 63] dans la distribution des personnages, dans leurs rôles ou leurs qualifications. Dans l'un et l'autre cas, l'histoire est organisée autour d'un personnage-héros, caractérisé par sa marginalité par rapport au groupe des siens. Les raisons de cette marginalité sont différentes dans les deux récits.

Manuel fait partie de ces milliers de paysans qui, sous l'occupation américaine (1915-1934), ont été soumis à la corvée comme coupeurs de cannes à Cuba (L. Hurbon, 1982, p. 590). Il a acquis au cours de son émigration un savoir et une conscience politiques qui lui permettent d'analyser la situation que vit sa communauté et qui lui donnent l'énergie pour la sortir de sa léthargie.

Henri Postel n'est pas un paysan mais un ex-sénateur du peuple déclassé par ses idées et actes politiques et par le pouvoir onédo-zacharien; il vit à Tête-de-bœuf au milieu d'un peuple de paysans « citadinisés » qui le respectent et le soutiennent.

Ces deux héros entreprennent une quête « impossible » : l'eau et le mât et tous deux en atteignant leur objectif meurent assassinés par l'opposant. Ils sont animés par la volonté de combattre l'injustice, cette injustice étant plus clairement désignée dans le MC. Dans les deux récits, le destinataire de l'action du héros est le même, avec une amplification dans le second texte (de la communauté villageoise restreinte, on passe au peuple haïtien). Les adjuvants à la quête du héros sont, enfin, comparables : la femme aimée, l'ami et le disciple et la mère : Annaïse/Laurélien/Délira dans GR et Elisa/Horace/Sor Cisa dans le MC.

C'est sur ce pôle actantiel que nous nous arrêterons un instant pour souligner convergences et différences.

– Délira et Sor Cisa sont inconditionnellement aux côtés des héros et sont caractérisées par leurs croyances aux loas qu'elles implorent pour le combat de leur « fils »; ces derniers acceptent leur foi, car, comme le dit Henri pour Sor Cisa : « Dans le monde où se meut son esprit, il n'y a pas de frontière entre un arbre, un homme, un cheval, un récif, un tigre, un cyclone ou un Etat. » Elles vont jusqu'au bout de l'épreuve par dévouement et respect.

– De la même façon, on notera l'attachement inconditionnel [PAGE 64] de Horace à Postel et de Laurélien à Manuel tous deux s'adressent au héros en l'appelant « Chef ».

– Annaïse et Elisa sont entièrement dévouées à Manuel et Henri; elles expriment ainsi leur attachement amoureux et se soumettent à leur décision.

Dans GR, Annaïse rêvant à leur vie future, dit à Manuel : « Je te servirai à manger et je resterai debout pendant que tu manges et tu me diras merci (...) et je te répondrai : à ton service, mon maître » (p.131). Dans MC, Elisa a préparé un repas à Henri Postel : « Je t'aime, mon doux roi chaldéen, dit-elle en riant. Termine ton repas. Elle s'assit au côté de l'homme » (p. 128).

Ces deux citations sont extraites elles-mêmes de séquences semblables, séquences où le couple rêve de son avenir.

Mais une nette évolution est à noter : la femme n'a pas dans le MC la même soumission que dans GR. On peut noter dans le texte de Roumain, une dépendance d'Annaïse qui est la compagne non politisée de Manuel et qui le soutient plus par amour que par conviction. Jamais elle ne déroge à ce rôle traditionnel; à la fin du roman, elle n'existe pas pour elle-même mais comme porteuse de nouveaux Manuels : « Non, dit Annaïse, et elle souriait à travers ses larmes, non, il n'est pas mort » (p. 219).

Le personnage d'Elisa est sensiblement différent. C'est elle qui vient à Henri Postel, qui participe à son « réveil », qui le rend à la vie. Ses compagnons ne s'y trompent pas puisqu'ils la pressent de faire les « adieux » à Henri :

    « C'est à toi de parler ( ... ) Tu as vécu et dansé sa vie et sa mort avec la même rage que ces flammes qui vont l'incorporer à jamais au pouvoir des arbres de ce pays ! Parle Zaza ! » (p. 174).

En retour Henri a « fécondé » sa vie : non au sens où l'entend Annaïse et l'acception courante mais au sens d'énergie combative, d'énergie de renouvellement. Venant à Postel, elle agit en connaissance de cause sachant ce qu'il en coûte ou peut en coûter d'aider ce réprouvé c'est elle qui a le mot de la fin puisque c'est sa longue lettre d'amante et de militante qui clôt le roman. Des adjuvants de Henri, elle reste la seule survivante, porteuse [PAGE 65] de son combat et de son idéal; c'est sur cette note d'espoir tenace que s'achève le roman :

    « Je donne à ma patience des sabots de diamant. Quand les jours qui se suivent ont un poids trop accablant, je ferme les yeux et je sens aussitôt la force vitale d'Henri qui corrige, allège, rafraîchit ma vision des choses » (p. 177).

Le MC c'est bien sûr une fable politique, mais c'est aussi (surtout ?) un hymne à la femme, au couple qui saura inventer le « mot-lumière » (p. 128) pour dire l'amour et son indissociabilité de la lutte[5].

Roumain est donc bien relu, utilisé, réécrit par Depestre. Mais comme nous le disions précédemment, cette présence du roman de 1946 si elle est hommage est aussi une façon d'indexer le changement. Plus de trente ans séparent les deux créations, trente ans de détérioration de la vie socio-culturelle et politique de Haïti, trente ans qui pèsent lourd dans le jeu intertextuel car la référence à GR décuple la dénonciation.

3. Une appropriation transformatrice

Si l'on prend comme point de référence les cérémonies du culte vaudou, on constate un traitement très différent.

Chez Roumain, cette cérémonie, si elle n'emporte pas la conviction de Manuel, ne l'incite pas à la révolte car il sait qu'ainsi : « les habitants oubliaient leur misère : la danse et l'alcool les anesthésiaient, entraînaient et noyaient leur conscience naufragée dans ces régions irréelles et louches où les guettait la déraison farouche des dieux africains » (p. 76). La cérémonie elle-même est décrite avec précision et sans persiflage ou acrimonie.

De même Henri Postel participe, amusé et consentant, à sa propre « contre-expédition » ![6]. [PAGE 66]

Mais le romancier introduit une parodie carnavalesque de cette première cérémonie vaudou : la scène du palais présidentiel dont nous n'avons connaissance que par le récit d'un protagoniste.

Ce récit de seconde main qui rompt déjà la complicité instaurée lors de la première scène dénonce par toutes sortes de procédés (grotesque, caricature, charge) le vaudou lorsqu'il est instrument du pouvoir et « d'électrification des âmes » (p. 133 et sq.). Une différenciation très nette est établie entre le vaudou, partie de la culture populaire haïtienne et le vaudou, arme d'obscurantisme du pouvoir. Les sujets des deux cérémonies sont en contraste : Zacharie et Henri sont en opposition comme ils le sont dans la réalité. Zacharie adhère totalement à la cérémonie alors que le point de vue adopté par le narrateur nous montre Henri conservant une distance critique et acceptant le culte non comme un croyant mais comme un homme de culture sachant tenir compte des composantes complexes de la culture de son peuple.

Si nous nous intéressons maintenant au dénouement, nous voyons que le titre du dernier chapitre de GR est « La fin et le commencement ». Cette idée de relance à partir de la mort du héros est reprise dans le MC. Comme dans GR il n'y a pas de titre aux autres chapitres sauf à l'« Epilogue » (p. 168), renforcé par la phrase introduisant la lettre d'Elisa : « une lettre qui est à la fois un épilogue et tout un commencement de l'espérance dans notre pays » (p. 170). Le chant du coumbite, chant de l'espoir et de la solidarité retrouvée laisse la place au récit de la répression sauvage dont ont été victimes, une fois de plus, les partisans d'Henri Postel; de l'étouffement qui s'abat sur tout le pays, du désespoir qui guette les plus farouches. Mais Elisa, comme nous le rappelions plus haut, donne à sa « patience des sabots de diamant ».

Les perspectives sont donc assez différentes et les titres déjà nous mettaient en éveil. Avec GR nous avions un acte de foi collectif : contre le pouvoir néo-colonial et colonial et contre la nature l'union de tous triomphera grâce à un pouvoir nouveau et une nature réconciliée avec le paysan parce que dominée et non plus dominatrice (C. Achour, 1982, p. 524). Avec le MC, nous avons un objet de foire, symbole d'un combat individuel, seule façon d'entrer dans l'arène d'un pouvoir carnavalesque [PAGE 67] pour mieux le dénoncer. Le collectif a fait place à l'individuel : une fois de plus, l'histoire romanesque ne nous dit-elle pas L'HISTOIRE en train de se faire ?[7].

Laënnec Hurbon, dans l'étude précédemment citée, analysait ce que nous montre le récit de Depestre : comment le peuple haïtien était passé de l'auto-suffisance paysanne où l'on peut se permettre d'« ignorer » le pouvoir à la « zombification » d'un sous-prolétariat urbain qui ne peut l'ignorer. Dans le temps de l'histoire narrée par Roumain : « Les masses de paysans parcellaires pauvres et moyens parvenaient quelque peu à organiser une résistance au moins passive, sur la base d'un repli sur elles-mêmes » (L. Hurbon, 1982, p. 594). Ces paysans mettaient en œuvre « le modèle du marronnage pratiqué pendant l'esclavage ( ... ) une agriculture vivrière a été l'axe permanent de résistance » (id., p. 595). Résistance difficile et précaire puisque pour se maintenir loin du contrôle étatique il fallait s'installer sur des terres en région montagneuse sans irrigation.

Mais avec le nouveau pouvoir, dans l'histoire duquel se situe le MC, « là où, au siècle passé, la paysannerie était laissée à elle-même politiquement, désormais elle est contrainte de sortir de son repli traditionnel pour faire de son propre espace de vie l'espace même de l'Etat » à la tête duquel se trouve « le leader noir ».

Dans les deux romans se dégage une morale politique semblable : le peuple haïtien a besoin d'un guide-martyr, « parce que ce qui compte, c'est le sacrifice de l'homme. C'est le sang du Nègre » (p. 183). « Tu seras un berceau joyeux pour tout ce qui naîtra de bien et de beau sur nos terres » (p. 175).

La mort individuelle est sublimée par le combat collectif. Le deuil est signe de renouveau.

Le combat de Roumain est celui-là même que Depestre poursuit encore : « Depuis 1946 aucun mât de cocagne ne s'était décidé en deux après-midi » (p. 163). Est-ce un hasard si cette date donnée est précisément celle de la [PAGE 68] publication de GR ? Reconnaître certains de ses devanciers, c'est bien se situer.

D'un roman grave, digne, ruisselant de rosée et de tendresse, nous passons à un roman burlesque, carnavalesque, plein de répression, de sang et de violence mais aussi de tendresse. Si les conditions se sont dégradées en Haïti, si les conditions de lutte sont encore plus dures, presque impossibles, le même espoir habite les deux romans mais un espoir adapté aux conditions historiques : en abandonnant au pouvoir « l'espace d'Haïti, on amorce un nouveau marronnage : le seul mode de protestation possible » (L. Hurbon, 1982, p. 600).

BIBLIOGRAPHIE

C. Achour, Langue française et colonialisme en Algérie – De l'abécédaire à la production littéraire, thèse de Doctorat d'Etat, Paris III, janvier 1982.

R. Barthes, S/Z, 1970, nos références sont prises à l'édition de 1975 dans la collection « Points ».

A. Compagnon, La Seconde Main ou le travail de la citation, Le Seuil, 1979.

L. Hurbon, « La fuite du peuple haïtien », Les Temps Modernes, septembre 1982, p. 587 à 601.

Christiane ACHOUR et Idir AZIBI
Division de français
Institut des Langues étrangères
Université d'Alger


[1] Nous désignerons désormais ces deux romans par les initiales MC et GR. MC, publié chez Gallimard en 1979 et GR en 1946 aux Editeurs Français Réunis.

[2] L'onédo-zacharisme : ce néologisme caractérise l'idéologie du gouvernement en place à Haïti dans le roman de Depestre.

[3] Cf. p. 96 de GR, c'est Manuel qui parle à Annaïse, lors de leur premier rendez-vous.
Cf. thèse de C. Achour, 1982, p. 515 où nous avions noté que certains énoncés de GR avaient la même « ligne mélodique » que les proverbes; parmi ces énoncés nous avions relevé cette citation : proverbes de demain d'un prolétariat libéré. Si le proverbe se condense et se transmet par la répétition, il est d'autant plus intéressant de noter que c'est justement là que puise R. Depestre.

[4] Cf. également dans GR, p. 185. Manuel souffre à la suite de l'agression : « Quant à Isménie ( ... ) elle prétend que c'est la vengeance de la maîtresse de l'eau. C'est que c'est dangereux l'esprit des sources. » C'est la même superstition que lorsqu'on pense à Fort-au-Roi qu'Henri Postel a été acquérir au Trou-Foban un « Point chaud ». Même si dans un cas c'est maléfique et dans l'autre bénéfique.

[5] Thématique constante dans l'œuvre de R. Depestre, cf. en particulier Poète à Cuba et Alleluia pour une femme-jardin.

[6] Sor Cisa s'adresse à Loko Roi Nago : « Je t'ai fait chercher ce soir pour que tu brises la conjuration qui pèse sur le sang de ce meneur d'hommes », p. 105.

[7] Nous faisons référence ici à l'étude de P. Barbéris, Le Prince et le Marchand, Fayard, 1980. Il serait intéressant de mettre aussi en perspective avec ces deux romans, les romans de Jean Métellus, Jacmel au crépuscule et La Famille Vortex.