© Peuples Noirs Peuples Africains no. 34 (1983) 105-122



LIVRES LUS

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Myriam Warner-Vieyra, « JULETANE » Paris, Présence Africaine, 1982, 142 p.

Thécla MIDIOHOUAN

Sur un cahier d'écolier inachevé, Juletane, entre le mardi 22 août et le vendredi 8 septembre 1961, retrace sa vie depuis sa naissance jusqu'au moment où, folle, elle se croit au fond d'un puits plein de boue et de glaise. Quelques moments de lucidité lui permettent d'écrire et de remonter à la lumière.

A la mort de ses parents, à dix ans, Juletane est expédiée des îles à sa marraine qui vit en « métropole ». La brave femme vient à mourir à son tour et laisse Juletane seule devant la vie qu'elle ne connaît guère.

Un soir de garden-party à la Cité universitaire de Paris, elle rencontre Mamadou qu'elle ne tarde pas à épouser. Quelques jours après leur mariage ils s'embarquent sur un paquebot pour l'Afrique. Sur le bateau, une amie de Mamadou révèle qu'il existe déjà une première épouse, Awa. Le désarroi de Juletane est grand... Néanmoins, l'accueil qui lui est réservé au « pays » dissipe quelque temps son angoisse.

Bientôt, Juletane que rien ne disposait à la vie polygamique, se voit contrainte de vivre entre deux coépouses, Awa et Ndeye, la dernière venue. Son amour pour Mamadou, « leur époux » se transforme progressivement en indifférence, puis en haine pour tous ceux qui l'entourent et surtout pour Ndeye, dispendieuse et effrontée. Désormais, on appelle Juletane « la folle ».

De mensonges en compromis, de douleur en cauchemars, d'acceptation passive en folie, la vie de Juletane prend la forme d'une absurdité, d'un non-sens. [PAGE 106]

Après le meurtre de Ndeye qu'elle commet avec une froide lucidité, Juletane est internée dans un hôpital psychiatrique. Elle y attend pourtant encore un signe d'amour de Mamadou. Mais Mamadou meurt dans un accident de la route. La nouvelle parviendra à Juletane, nue, cruelle, absurde – toujours – achevant cette vie de désespoir : trois mois après la mort de Mamadou, Juletane meurt à son tour. « Le cœur usé s'était arrêté. Simplement. »

Ce récit de la vie de Juletane, c'est Hélène Parpin, assistante sociale et compatriote de Juletane qui, à la veille d'épouser Ousmane, le retrouve dans une chemise d'un vert pâli par le temps et la lumière. Une infirmière psychiatrique le lui avait remis, depuis longtemps déjà, « pour qu'elle eût une idée des souffrances de Juletane et essaie de retrouver sa famille ». Hélène Parpin ne s'en était pas souciée. La découverte de ce cahier, sa lecture en une nuit d'insomnie, d'une traite remet Hélène Parpin, la « maîtresse femme » devant son choix. Epousera-t-elle Ousmane, pour n'avoir au bout du compte que deux solutions possibles : « ou quitter son mari, blessée dans son amour, ou accepter de partager »... Comme Juletane ?

Au-delà de ces deux récits habilement menés, au-delà de ces deux attitudes possibles, celle de Juletane et celle d'Hélène Parpin, Myriam Warner-Vieyra, dans son deuxième roman[1], pose un double problème :

– celui de l'Antillais(e) désireux(e) de « retrouver la terre de ses pères », mais combien déçu(e) dans son attente (l'un des thèmes évoqués dans les romans de Maryse Condé),

– et celui des difficiles relations entre homme et femme, accentuées jusqu'à l'absurde par la polygamie (et qui rappelle Une si longue lettre de Mariama Bâ).

Mais entre l'attitude, passive et désespérée de Juletane et celle, outrée et perverse, d'Hélène Parpin, n'y a-t-il pas un lieu où homme et femme puissent s'entendre, un lieu où homme et femme puissent bâtir ensemble un monde qui ne soit pas tout de frustration et de destruction ?

Thécla MIDIOHOUAN

[PAGE 107]

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Guy-Claude Balmir, « DU CHANT AU POÈME », Paris, Payot, 1982, 376 p.

Guy Ossito MIDIOHOUAN

Cet « essai de littérature sur le chant et la poésie populaires des Noirs américains » (c'est le sous-titre) est un travail considérable, un ouvrage imposant qui se présente comme un parcours sur plusieurs siècles nous menant de la tradition orale initiée par les premières générations d'esclaves aux imitations écrites de la littérature contemporaine, dans la perspective d'une continuité culturelle spatio-temporelle, de l'Afrique à l'Amérique, d'hier à aujourd'hui.

L'essentiel de l'étude concerne l'Amérique du Nord. En dehors d'une copieuse introduction où l'auteur analyse la part respective de l'Afrique et de l'Europe dans l'émergence de la culture négro-américaine, notamment à travers quelques aspects de la mémoire collective, à travers la musique, le chant et la danse, l'ouvrage comporte deux parties consacrées l'une aux « genres religieux » – sermon spirituel, chant-sermon, chant spirituel -, l'autre aux « genres profanes »[2] - chant de travail, ballade, blues, « douzaines » et « toasts » (poèmes pornographiques des ghettos).

Guy-Claude Balmir est loin d'être le premier à s'intéresser à ces différents aspects du folk-lore négro-américain. Bruce Rosenberg (pour le sermon spirituel et le chant-sermon), John Lovell, Jr. (pour le chant spirituel), Odum et Johnson, B.A. Botkin, Sterling Brown, les Lomax, père et fils, Bruce Jackson (pour le chant de travail et la ballade nègres), Paul Olivier et Samuel Charters (pour le blues), Roger D. Abrahams (pour les toasts), enfin Ernest Borneman et Elileen Southern (pour l'étude musicologique des chants) avaient déjà abordé le sujet. [PAGE 108]

Mais il manquait un ouvrage de synthèse pouvant rassembler tous les genres que nous venons d'énumérer pour en dégager les traits caractéristiques de la culture populaire des Noirs américains. C'est ce vide que vient combler l'essai de G.-C. Balmir qui analyse la genèse, les structures et les thèmes, les variantes et les formes intermédiaires pour chaque genre, éclairant ainsi les rapports qu'entretiennent les uns avec les autres, tant en ce qui concerne leur apparition que pour les différentes modalité de leur pratique, en faisant ressortir la continuité d'une culture dynamique

La nature même du sujet amène l'auteur à se faire tour à tour historien, sociologue, musicologue, traducteur et critique littéraire, apportant la preuve que l'interdisciplinarité peut ne pas être synonyme de dilettantisme ou de cuistrerie. Car le résultat, c'est un ouvrage riche et dense sans intellectualisme forcené, sérieux sans charabia pseudo-scientifique, sobre comme l'anthologie terminale qui montre à travers des textes d'écrivains du XXe siècle, ceux de la « negro renaissance » notamment, la permanence des modèles culturels du sermon spirituel vers le Jazz.

Guy Ossito MIDIOHOUAN

[PAGE 107]

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Sylvain Bemba, « LE SOLEIL EST PARTI A M'PEMBA », Paris, Présence Africaine, 1982, 187 p.

Guy Ossito MIDIOHOUAN

D'abord le titre. Comme le précise l'auteur en note, à la fin de son roman, « le monde apparaissait au Mukungo d'avant la pénétration européenne comme une montagne entourée d'eau. Placé au sommet de cette montagne, l'homme pouvait voir le soleil surgir des eaux, monter au-dessus de sa tête, puis être immergé le soir de l'autre côté. Le N'kongo disait alors : le soleil est parti à M'Pemba, M'Pemba étant le royaume des morts d'où l'astre du jour ressuscitait le lendemain ». Ainsi le monde se présente dans la cosmogonie kongo comme circonscrit dans un cercle, et c'est cette vision cyclique et itérative qui [PAGE 109] fonde le symbolisme de ce second roman de Sylvain Bemba[3].

Quelques exemples suffiront pour illustrer cette idée.

Le roman comporte deux parties (la première compte 106 pages et huit chapitres, la seconde 61 pages et quatre chapitres) et un épilogue de 2 pages.

La première partie s'ouvre sur une boîte de nuit où se pressait la fine fleur de Brazzaville « nageant sans conviction au son de la musique soul qui (lui) faisait toucher le fond d'une tristesse indéfinissable dont l'envers avait le goût amer d'une joie sans joie » (p. 11). Dans cette boîte de nuit, trois jeunes cadres, « les trois inséparables », qu'un fou (?) du nom de Dzakoumba – l'auteur précise que celui-ci « portait le nom d'un fou célèbre qui, dans les années 1950, battait la semelle dans les rues de Poto-Poto » (p. 13) – vient emmener vers l'aventure. (Nous apprenons aussi que « notre actuel Dzakoumba » a fait ses humanités au séminaire de M'Bamou, avant de franchir le stade du diaconat ici au grand séminaire). C'est alors qu'il rend visite à ses parents dans la région des Plateaux. Que s'est-il passé là-bas ? Mystère. A son retour il se distingue par ses extravagances, brise sa vocation d'homme d'église, entre dans la Fonction publique, puis décide de tout laisser tomber pour se complaire dans cette vie de vagabond » (p. 14).) Grâce à un « vidéo-phonographe » que Dzakoumba fait acheter lors d'une vente aux enchères par les trois amis, ceux-ci revivent par l'image, sous la direction du fou, quelques épisodes de l'histoire coloniale du Congo en écoutant simultanément un disque. L'un des personnages de cette histoire, un tirailleur de la Première Guerre mondiale du nom de Ngantbon (devenu Félix Ngambou puis Félix Gamboux) se trouve être le père de l'un des trois cadres, Ronald N'Gampika, magistrat de son état. Et N'Gampika est aussi le nom du frère jumeau de Félix Ngambou qui lui-même eut deux fils jumeaux : Ronald N'Gampika, le cadet, et Ngambou, l'aîné, menuisier puis ouvrier électricien...

Au début de la deuxième partie, nous retrouvons les [PAGE 110] trois jeunes cadres « Au phonographe d'argent » (une boîte de nuit) savourant la rumba et des enregistrements originaux de vieux morceaux de musique cubaine « repiqués par procédé électronique en 33 tours ». Décrivant le décor, l'auteur nous parle notamment d'« un journal lumineux qui déroulait ses lettres : ... nc comme l'argent, aie de l'argent et deviens blanc, car l'argent vient du Blanc et retourne chez le Blanc, sois Bla... » (p. 121). Bientôt « les trois inséparables » se voient abordés par un nommé Koumbandza (anagramme de Dzakoumba, à une lettre près), « le bouffon de la boîte », « un abbé défroqué »[4], et les voilà repartis pour de nouvelles aventures tout aussi extraordinaires...

Quant à l'épilogue, il se termine ainsi : « Les trois inséparables dévalèrent un escalier monumental, franchirent une longue distance et se retrouvèrent sans trop savoir comment dans l'avenue du Maréchal-Foch. ( ... ) Ils aperçurent un de ces fous qui battent le pavé à Brazzaville. Celui-là manipulait un véritable phonographe qui paraissait en bon état de marche ( ... )

« – Qui veut, pour cent francs, faire un voyage extraordinaire en entrant dans ce phonographe louf à quatr-z-yeux ? Il verra revivre certains épisodes de notre histoire. Pour cent francs, le prix d'un déplacement à bord d'un taxi collectif, avouez que c'est donné.

« Les trois amis se consultèrent du regard. Chacun tâta machinalement les poches de son pantalon pour s'assurer qu'il avait un peu d'argent. "on va prendre un petit bain d'histoire", proposa l'un d'eux. Ils entrèrent et se retrouvèrent dans la boîte de nuit précédemment décrite au début de ce récit. Et alors, tout recommença. C'était la même histoire, mais en même temps quelque chose d'autre qui tournait sur le phonographe en 1978 tours, vitesse supérieure aux 1900 tours du passé » (p. 184).

Il ressort de ce qui précède qu'il est difficile de donner un résumé de ce roman où tout recommence et se répète à l'infini. Un roman sans queue ni tête, sans héros et sans sujet où les destins des différents personnages se côtoient, se croisent, s'appellent, se répondent et se révèlent unis Par les liens les plus inattendus. De « l'histoire » on ne [PAGE 111] peut indiquer que quelques pistes, ce qui revient à en retenir quelques flashes : les premiers tirailleurs « sénégalais » en Métropole, Noirs et Blancs face à la situation coloniale, la genèse du mouvement nationaliste africain, « l'élite noire » des années 1930, la Seconde Guerre mondiale et la marche vers l'indépendance, l'ère des indépendances... Ainsi Sylvain Bemba nous donne une fresque de la vie congolaise en présentant soixante années d'une évolution marquée par les conflits Afrique-Occident, Village-Ville, Tradition-Modernisme, et où l'homme se trouve constamment aux prises avec des exigences contradictoires, à la fois intérieures et extérieures, dans un monde en crise. L'ère des indépendances n'a pas encore apporté les solutions aux grands problèmes de l'Afrique contemporaine apparus dès l'époque coloniale. Le continent est depuis plus de soixante ans à la recherche de son équilibre. On perçoit alors la signification métaphorique de Le soleil est parti à M'Pemba qui rappelle – sans toutefois en avoir la portée politique - Les soleils des indépendances d'Ahmadou Kourouma.

L'originalité de l'œuvre réside donc moins dans « l'histoire » que dans la manière. S'il faut qualifier d'un mot l'écriture de Sylvain Bemba, je dirais qu'elle est déroutante. Déroutante par la place et l'importance qu'elle accorde à l'irrationnel, à la sur-réalité, aux croyances et mystères du monde africain, aux rêves, aux prémonitions, à la voyance, aux forces occultes qui concourent à donner au roman un caractère tour à tour invraisemblable, merveilleux, étrange, fantastique, difficile à suivre dans son déroulement discontinu et équivoque. L'œuvre prend ainsi l'allure d'une parabole ou d'un mythe où l'écrivain brise les limites entre la réalité et la sur-réalité, la vie et la mort, le passé et l'avenir, pour montrer que « le temps ne compte pas dans l'art, (que) l'art est toujours au présent » (p. 127) et que « la vie ne connaît bien souvent qu'un seul signe graphique, le cercle avec lequel elle trace la ronde des mêmes causes et des mêmes effets qui donnent à nos destinées leur caractère circulaire » (pp. 133-134).

Guy Ossito MIDIOHOUAN

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Jean-Marc Ela, « L'AFRIQUE DES VILLAGES », Paris, Karthala, 1982, 230 p.

Guy Ossito MIDIOHOUAN

[PAGE 112]

S'il y a une couche sociale qui subit le plus durement les effets négatifs de la domination de l'Afrique par l'impérialisme international, c'est bien les paysans.

On sait que la violence coloniale avait gravement frappé le monde rural qui constituait pour le capitalisme occidental une réserve. de main- d'œuvre taillable et corvéable à merci. Les paysans étaient soumis à de dures contraintes administratives, obligés, pour payer l'impôt, de consacrer l'essentiel de leurs forces aux cultures d'exportation, volés par les commerçants et les contrôleurs, grugés par les notables, livrés à la famine et à la dépendance à l'égard du marché mondial, enfermés par l'économie de traite dans le processus de paupérisation inhérent à la domination impérialiste[5].

Vingt ans après les « indépendances », cette situation a-t-elle évolué ? Quelles sont les conditions de vie des paysans africains aujourd'hui ? Quel avenir pour les gens de la brousse ? Telles sont les questions qui retiennent l'attention de Jean-Marc Ela dans L'Afrique des villages.

L'auteur montre que depuis vingt ans l'écart n'a cessé de se creuser entre la ville et le village, faisant des paysans les « victimes de la préférence urbaine ». La violence et l'exploitation sont maintenues par une bourgeoisie parasite, avide et corrompue qui encourage, à partir de la capitale, un modèle de croissance poussant à la dépendance et à l'inégalité. Les investissements agricoles restent dominés par les intérêts étrangers et les politiques de « développement rural » mettent l'accent sur les cultures d'exportation au détriment des cultures vivrières, aggravant ainsi le déficit alimentaire. Le « retour à la terre » préconisé par plusieurs pays pour lutter contre l'exode rural n'est le plus souvent qu'un prétexte aux [PAGE 113] fonctionnaires et aux commerçants des villes pour exproprier les paysans de leurs terres en achetant de vastes domaines pour des sommes insignifiantes. On assiste ainsi à une prolétarisation progressive de la paysannerie dont les conditions de vie sont de plus en plus misérables en raison de l'augmentation de l'impôt et de la baisse des prix des produits agricoles destinés à l'exportation. De par sa nature, l'Etat néocolonial est « devenu le grand "ponctionneur" du monde rural », fondamentalement incapable d'améliorer le sort des paysans.

On comprend alors que « l'animation rurale » telle qu'elle est généralement conçue à grand renfort de coopérants et d'experts soit inadaptée aux réalités du milieu et ne réponde pas aux intérêts des paysans. Car « si l'on veut bien admettre qu'un projet de "développement rural" est une tentative de réponses dynamiques à un ensemble de problèmes qui se posent à des groupes sociaux dans un cadre géographique et dans un contexte économique et politique déterminé, on voit que le problème paysan n'est pas seulement un problème technologique. A ne polariser l'analyse de l'agriculture villageoise que sur le problème des sols et de l'outillage, on risque de croire que "la bataille du développement" ne se joue qu'autour des engrais ou des semences sélectionnées ». Il est clair que dans un continent dominé par les intérêts étrangers toute politique de modernisation agricole ne peut profiter qu'aux étrangers et que la véritable « animation rurale » en Afrique devrait être une conscientisation du paysan afin de lui rendre intolérable la situation de captivité dans laquelle il se trouve enfermé. Les paysans doivent pouvoir se réunir librement, disserter librement, s'organiser librement. Sans consignes ni instructions. Les intellectuels progressistes doivent les aider dans cette entreprise en s'alliant à eux pour former une sorte de « bloc moteur historique » seul capable de mettre fin à une injustice qui n'a que trop duré. C'est donc une véritable révolution qu'appelle Jean-Marc Ela de tous ses vœux en indiquant les voies d'une dynamisation. du monde rural pour l'avènement d'un « pouvoir paysan ».

Après L'Afrique déboussolée de C. Casteran et P.-P. Langellier (Plon, 1978), L'Afrique désenchantée de G. Gosselin (Anthropos, 1978), L'Afrique trahie de Jean-Claude Pomonti [PAGE 114] (Hachette, 1979) et L'Afrique étranglée (Seuil, 1980) de René Dumont qui, il y a vingt ans, donna l'alerte avec L'Afrique noire est mal partie (P.U.F., 1961), voici un livre écrit par un Africain qui se démarque de la mode des titres accrocheurs instaurés dans l'édition française par des « africanistes » en situation de bienheureuse extranéité et de la vision passablement sadique de ceux-ci pour dire une expérience vécue du dedans, révéler aux intellectuels africains en tout premier lieu les aberrations d'un monde profondément misérable certes, mais que la vie les condamne inexorablement à assumer pour pouvoir la transformer. L'Afrique des villages n'est nullement l'œuvre d'un auteur soucieux de se faire une réputation de « spécialiste ». C'est une entreprise de conscientisation, une invitation à l'action.

Guy Ossito MIDIOHOUAN

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« SCIENCE IN AFRICA ».

Thomas MPOYI-BUATU

Ce livre, en anglais (il n'est pas encore traduit en français), est un pari américain. Les Américains ont conçu le projet (utopique ?) de constituer une sorte d'inventaire des acquis scientifiques en Afrique. Peut-on voir là une des multiples ruses du « projet camelot » ? Rappelons au passage que le « projet camelot » était une invention du Special Operations Research Office (S.O.R.O.) de l'Université américaine consistant à faire mener une enquête par une équipe d'experts en sciences sociales (pour le compte de l'armée américaine) dans le but de circonscrire les mécanismes sociaux pouvant notamment provoquer l'insurrection[6].

Bien qu'il faille éviter l'obsession du complot, on ne peut jamais exclure qu'il y ait comme une intention de ce genre dans le projet américain de circonscrire la nature de la science en Afrique.

Par ailleurs, les interviews sont conservées à la Bibliothèque du Congrès à Washington, que certains considèrent [PAGE 115] comme « le plus imposant hommage culturel qui ait jamais été rendu à la mémoire du monde ».

S'il voit le jour, il devra inclure les scientifiques du secteur dit francophone et de celui dit anglophone. Pour le moment, c'est la série d'interviews de scientifiques anglophones qui a vu le jour.

Ce livre est constitué de la transcription d'entretiens radiodiffusés de trente scientifiques anglophones, menés, par un certain Lee Nichols pour le compte de la « Voix, de l'Amérique », qui dit bien son nom. Ils s'étalent sur deux ans, de 1978 à 1980.

Dans la préface, Edward S. Ayensu, biologiste ghanéen, explique . « La série d'entretiens rassemblés dans ce volume représente des exemples d'activités scientifiques et, technologiques qui ont été entreprises par des Africains qui se sont voués à la poursuite de la prééminence scientifique dans leurs champs d'étude. » Il insiste également sur le fait que la plupart des Africains ne connaissent pas la réalisation de leurs propres savants. Il indique surtout que ces entretiens « expriment la frustration, la colère et les aspirations des savants africains qui essaient de lutter à bras-le-corps avec des problèmes auxquels se heurte le continent à une époque où le monde se prépare à entrer dans le XXIe siècle ».

Justement, ce qui frappe dans ces entretiens, c'est l'obstination de ces scientifiques et le dévouement à la cause de la discipline qu'ils ont choisie. On a l'impression, en effet, qu'ils sont seuls et que personne, surtout pas les gouvernements, ne prend en compte leurs recherches, que personne ne prend en considération l'ensemble des résultats auxquels les mènent leurs travaux.

Les domaines de tous leurs travaux sont très variés, d'aucuns se préoccupent de la biologie, de la transplantation des reins.... des domaines souvent considérés par nos gouvernements comme non prioritaires.

Pourtant que d'expériences! Comme Jonas Dake, ingénieur ghanéen, étudiant la stratification thermale dans le réservoir afin de détecter les couches de chaleur dans les différents corps d'eau. Tout cela dans l'intention de capter l'énergie solaire et de mieux s'en servir.

Chez le Nigérian Anthony M. A. Imevbore, zoologue, on trouve des préoccupations « écologiques » qui le poussent [PAGE 116] à étudier l'environnement aquatique pour essayer de lutter contre la nuisance des moustiques. En même temps, il milite pour une certaine conception de la science. Il voudrait que les concepts de la science soient enseignés dans les langues autochtones : on en développerait ainsi le vocabulaire en trouvant l'équivalence pour les termes scientifiques. L'individu n'a pas besoin de connaître l'anglais pour connaître les concepts scientifiques. C'est uniquement dans ce sens qu'il voit une révolution qui ferait de nos sociétés des sociétés scientifiques. Problème fondamental même si on peut tiquer à l'évocation d'une « société scientifique » !

Certains comme l'agronome soudanais Ali Kambal tirent du sorgho une substance destinée à soigner la coqueluche. Un autre agronome, le Tanzanien Martin Luther Kyomo, sera lui préoccupé d'améliorer la qualité du bétail pour une meilleure productivité...

Deux frères nigérians, Joseph et Thomas Lambo, médecins tous les deux, illustrent le conflit artificiel entre « tradition » et « modernité ». L'un, Joseph, est chef dit coutumier et officie dans la médecine dite traditionnelle. L'autre, Thomas, est neuropsychiatre. Joseph proclame bien haut que « la tradition africaine est la mère de la médecine moderne. La science a pris naissance en Egypte et l'Egypte appartient à l'Afrique... ». De nouveau la dichotomie tradition/modernité !

Thomas, lui, s'est intéressé aux Massaï et y a découvert l'archivage de tout le savoir-faire ancien. Il a découvert la sophistication de leur science. Ils pratiquaient la suture des vaisseaux sanguins bien avant qu'on ne la découvre. Ils avaient établi la classification des plantes en botanique... Ils opéraient dans le cerveau. Thomas A. Lambe est convaincu que l'Afrique peut construire sa technologie moderne à partir de ses bases anciennes au lieu d'une technologie importée.

Thomas Lambo est certainement le plus original de tous les scientifiques rassemblés dans ce livre. En même temps, toutes ces connaissances anciennes figurent en partie dans l'« Encyclopedy of Black peoples », œuvre à la fois d'Africains et d'Afro-Américains.

D'autres scientifiques, comme le neuropsychiatre camerounais Monekosso, un moment intéressé par la relativité [PAGE 117] d'Einstein, s'est orienté vers la neuropsychiatrie et a découvert la possibilité de soigner la maladie nerveuse grâce à un poison contenu dans le manioc (cyanide).

Lydia Makhubu, chimiste swazilandaise, fait des recherches sur les soins par les plantes.

Ni la physique nucléaire, ni le cancer ne sont en reste, ni la lutte contre la mouche tsé-tsé, ni la malaria...

Tous ces travaux intéressants à plus d'un titre, la plupart des savants ici rassemblés ne les ont appris que grâce à ce livre. Autrement dit, il a fallu une médiation extérieure pour que ces scientifiques puissent se tenir au courant des travaux de leurs collègues. C'est dire à quel point l'isolement est nuisible à la coordination de leurs recherches. Et ce n'est pas sans raison qu'Edward Ayensu parle, dans sa préface, de la responsabilité des gouvernements africains qui ne prennent aucune disposition pour faciliter les échanges entre ces différents scientifiques.

La science en Afrique, on veut dire par là la recherche fondamentale, fait un travail souterrain considérable. Mais les scientifiques sont en butte à la méconnaissance de l'importance de ces travaux. La plupart de nos gouvernants préfèrent des recherches prédigérées, c'est-à-dire qui leur arrivent sous la forme de technologie finie et prête à l'emploi et ignorent un type de recherche qui s'intéresse aux problèmes des sociétés africaines parce que ce type de recherche met en cause l'existence même de ces gouvernants et de leurs gouvernements.

Thomas MPOYI-BUATU

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« L'AFRIQUE NOIRE DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES AU XIVe SIECLE ». Analyse de la crise entre le Maroc et le Sonhraï, de Zakari Dramani-Issifou[7]

Thomas MPOYI-BUATU

Publié conjointement par les Editions Karthala et le Centre de Recherches Africaines (C.R.A.), avec tout de [PAGE 118] même le concours de l'Unesco, cet ouvrage administre la preuve que l'histoire africaine est plus que féconde en matériaux et que l'inventaire de ceux-ci ne suffira jamais à lui seul à en constituer la réflexion.

Les difficultés, notamment financières, d'un tel inventaire, Jean Devisse, directeur du C.R.A., en parle fort à propos et en connaisseur dans son avant-propos à l'ouvrage de Dramani-Issifou. Notons simplement au passage qu'il épuise inutilement son énergie à pourfendre les tenants d'une non-existence de l'histoire de l'Afrique!

L'ouvrage du Béninois Dramani-Issifou se présente comme une enquête dont le but est d'établir la nature des relations ayant existé au XVIe siècle entre le Mabgreb al-Aqça (ou Maghreb Extrême) et le Bilad as-Sudan (ou pays des Noirs) ou plus précisément entre le Maghreb Extrême dans la seconde moitié du XVe siècle, alors sous la coupe de la dynastie des Saadiens, et le pays des Noirs, alors sous l'emprise des Askias. Autrement dit entre le Maroc et l'empire sonhraï ou songhay...

Dans un premier temps, Dramani-Issifou relève, en introduction, quelques éléments généraux. Il explique que les premiers contacts entre le Maghreb Extrême et le Soudan remontent au VIIIe siècle de l'ère chrétienne (734). De la même manière que W.B. Cohen, parlant du racisme français anti-noir, notait la prépondérance des éléments légendaires issus des relations des voyageurs à l'origine de ce racisme[8], Dramani-Issifou fait la part belle à la nature conflictuelle des contacts entre les deux pays tout en notant surtout « les éléments à caractère légendaire qui débouchent parfois sur des visions mythiques concernant le pays des Noirs, telle cette indication vague sur le territoire des Sudan, telle la richesse en or de ces territoires, l'aspect bizarre de ses habitants... »; éléments dont historiens et géographes ont fait la matière première de leurs travaux.

Puisqu'il semble qu'en histoire il faille à tout prix des facteurs déterminants et une périodisation, l'auteur fait du Sahara le facteur historique primordial et, contestant la périodisation de l'histoire africaine, calquée sur le modèle [PAGE 119] européen, il adopte une division thématique tournant autour de la nature « étatique » des pays considérés -,

– fin VIIIe et début IXe siècle : les principautés deviennent des Etats;

– début IXe-fin XVe siècle : on assiste à l'avènement des Royaumes et des Grands Empires (Ghana, Mali, Sonhraï);

– XVIe siècle : tournant ou ébranlement des Grands Empires;

– du XVIe au milieu du XXe siècle : épreuves et long déclin...

L'auteur convient par ailleurs que la division thématique comporte une approximation chronologique ! On peut noter aussi que cette division thématique est loin de réfuter la périodisation que Dramani semble bannir de son horizon. Mais ce n'est pas le lieu ici d'entrer dans plus de détails...

Les sources retenues, pour exceptionnelles qu'elles soient (elles interprètent plus qu'elles ne respetent le texte original), constituent tout de même des « témoignages de première Importance ». Elles sont au nombre de quatre :

– les « Réponses » d'al-Narh illi, écrites à Gao, capitale de l'empire sonhraï, entre 1497 et 1498, alors que leur auteur y séjournait sur l'invitation de l'empereur sonhraï;

– le Miraj as-Suhud, d'Ahmed Baba (1556-1627), le savant le plus renommé de Tombouctou, auteur de près d'une cinquantaine d'ouvrages dont un traité d'astronomie, à la fois théologien, philosophe, juriste, historien...

Ibrahim Baba Kaké nous assure dans, un texte dithyrambique[9], qu'il fut « le produit le plus authentique d'une nouvelle culture qu'on peut qualifier de "culture négro-arabo-berbère" ». Et son texte se clôt sur ces figures dignes de figurer dans une encyclopédie : « Le Tombouctien et ses collègues de l'université de Sankoré, quatre siècles avant la rédaction de la "mentalité primitive" par Lévy [PAGE 120] Bruhl, commentaient la logique formelle d'Aristote. » Et voilà pourquoi nous ne sommes pas des « primitifs » ?

L'ouvrage d'Ahmed Baba est constitué de Fetwa (ou Fatwa ou Fatawa), sortes d'avis, de consultations juridiques réglant « des points de droit non prévus par la loi ». Ces avis concernent essentiellement le commerce des esclaves.

– La Bay'a d'Idriss du Bornou à al-Mansour : la bay'a étant un « acte par lequel un certain nombre de personnes, agissant individuellement ou collectivement, reconnaissent l'autorité d'une autre personne ».

– Lettre d'al-Mansour au roi du Kebbi.

Toutes ces sources montrent bien que l'interprétation qui peut être faite des relations entre le Maroc et le Sonhraï est déterminée par le regard arabe. L'enquête examine au passage l'image du Maroc et des Marocains chez les Sonhrai et remarque qu'elle est d'abord celle des lettrés musulmans qui justement passent sous silence cette observation de l'« Anonyme de Fès » : « Au Soudan, les soldats marocains de Zer'goun sont des oppresseurs et les Noirs, les opprimés. »

Tandis que, vus du Maroc, les Sonhraï forment « une humanité inférieure » d'après le constat sans appel d'Ibn Khaldoun, l'historien des historiens, malgré le fait que l'empire contienne la richesse en or, justifiant ainsi ce proverbe arabe : « contre la gale du chameau, utilisez le goudron, et contre la pauvreté, faites un voyage au Soudan »; malgré que l'empire constitue un réservoir d'esclaves, malgré ses Etats organisés sous de royaumes et d'empires...

En même temps, puisqu'il y avait des Etats organisés, on ne pouvait pas croire que ce fut là le fait des Noirs eux-mêmes... Aussi se mit-on à inventer une origine blanche aux dirigeants noirs. On voit que l'obsession blanche de l'origine de la civilisation africaine ne date pas d'aujourd'hui !

Si l'organisation administrative de l'empire sonhraï est à l'origine de ses visées expansionnistes, l'ambition de la dynastie des Saadiens est à l'origine de la crise entre les deux pays. La crise éclate notamment en raison de la baisse d'intensité du trafic de l'or en direction du [PAGE 121] Maroc au profit du Maghreb central et oriental. Le Maroc veut envahir le Sonhraï poussé par le besoin d'esclaves, par l'Islam (d'où l'importance du khalifat), par la volonté de s'approprier les mines de sel. A travers tout cela, apparaît l'importance de l'esclavage comme phénomène économique!

Pendant la crise, les Saadiens ont le soutien des Espagnols et des Turcs. Les Turcs (l'empire ottoman) voudront passer un traité d'alliance avec le Sonhraï. Pris de court, le Sonhraï tentera de se rapprocher de Bornou... Finalement, les Saadiens envahissent le Sonhraï et l'Askia Ishaq II apparaîtra comme le héraut de la défaite !

Dans la quatrième partie de son ouvrage, intitulée « Mythes et Réalités », l'auteur s'acharne à détruire toute une tradition historique qui fait de l'Askia Ishaq un « bouc émissaire » de la défaite, il relativise la puissance sonhraïe, montre que l'Islam n'a été assimilé que par quelques lettrés, donc une extrême minorité. En conclusion, il donne trois causes principales de la fin de l'empire sonhraï : l'absence du sentiment national, l'inexistence de la monnaie frappée, la non-disposition des armes à feu.

Il me semble que si l'ouvrage décrit minutieusement les faits saillants ayant conduit à la crise entre le Maroc et le Sonhraï, il reste malheureusement prisonnier de ses sources et du regard arabe porté sur les événements.

Bien que l'auteur reconnaisse la primauté du facteur financier et économique, il ne tire que faiblement parti de ce facteur primordial. L'effondrement de l'empire sonhraï est dû essentiellement à l'adoption aveugle par cet empire de l'Islam. L'auteur le souligne, mais il est loin d'envisager toutes les conséquences, notamment racistes, qu'implique cette adoption. Il a beau noter que « l'histoire intérieure de l'empire sonhraï sous les Askias est révélatrice d'une chose : un manque de communion entre les souverains et leurs peuples », nulle part au cours de son enquête l'exclusion du peuple n'apparaît comme la cause fondamentale de l'effondrement de l'empire, l'Islam n'ayant été que la justification extérieure de cette exclusion.

L'histoire réelle de l'ouest-africain, tout comme l'histoire réelle de l'Afrique, se fera dès l'instant où l'on prendra [PAGE 122] en compte la véritable résistance des peuples qu'ont pu incarner d'une certaine façon des gens comme Sonni Ali-Ber, fondateur de l'empire Gao, tenu dans le mépris par les chroniques et les chroniqueurs arabes et dont tout le tort a consisté à extirper de la région l'Islam et à prémunir l'empire de l'influence néfaste des lettrés musulmans de Tombouctou du style Ahmed Baba, « un des personnages les plus représentatifs de l'intelligentzia noire à l'aube des temps modernes », nous claironne Baba Kaké. Mais de quelle intelligentzia noire et surtout de quels « temps modernes » est-il question ?

A ce sujet, on peut s'étonner de lire sous la plume de Dramani-Issifou cette réflexion pour le moins curieuse : « A l'effritement politique de l'empire des Askyas (l'Islam) a ajouté un arrêt de la civilisation traditionnelle, à cause de l'indifférence du pouvoir central et un certain mépris de l'oligarchie au pouvoir à l'égard de la majorité de la population. » Oui, bien sûr ! Mais que veut dire ici l'expression « civilisation traditionnelle » ? L'Islam aurait-il constitué la « modernité » de l'empire sonhraï ? On voit que malgré la profession de foi démystificatrice, l'auteur reste prisonnier d'une certaine terminologie qui nous ramène aux « bons » vieux temps de l'évolutionnisme : la « tradition » africaine et la « modernité » occidentale, musulmane...

Ces remarques n'enlèvent rien à la valeur documentaire de l'ouvrage, encore moins à sa valeur « scientifique ». L'ouvrage est important. Il est surtout utile en ce qu'il pousse à la réflexion, même à partir de matériaux encore incomplets.

Thomas MPOYI-BUATU


[1] Le premier roman de Mariam Warner-Vieyra, Le Quimboiseur l'avait dit... a été publié chez Présence Africaine en 1980.

[2] La frontière entre « genres religieux » et « genres profanes n'est pas toujours facile à déterminer comme pourrait le laisser croire à première vue l'économie de l'ouvrage. Il en est de même lorsqu'on passe d'un genre à l'autre dans l'une ou l'autre des deux rubriques. L'intérêt de l'étude est de souligner cette réalité et d'en dégager une signification.

[3] Son premier roman, Rêves portatifs, a paru en 1979 chez N.E.A. Sylvain Bemba. est aussi l'auteur de plusieurs nouvelles et de nombreuses pièces de théâtre.

[4] Celui-ci rappelle donc Dzakoumba à plus d'un titre.

[5] On lira avec profit l'étude de Bernard Founou-Tchuigoua sur les Fondements de l'économie de traite au Sénégal (Paris, Silex, 1981, 173 p., préface de Samir Amin). Cet ouvrage, plus « technique » que celui de Jean-Marc Ela, analyse la surexploitation d'une colonie entre 1880 et 1960.

[6] Voir ce qu'en dit L. N'Zembelé à propos de l'ethnologie, in P.N.-P.A, no 32, mars-avril 1983.

[7] Karthala. 1982.

[8] Cf. P.NP.A., no 27 mai-juin 1982.

[9] Présence Africaine, no 60, 4e trim. 1966.