© Peuples Noirs Peuples Africains no. 20 (1981) 1-2



Déférant à la suggestion de lecteurs et de collaborateurs, nous dédions ce numéro spécial sur les retours à notre camarade et frère Guy Ossito Midiohouan dont le calvaire récent sur le continent de nos pères mérite d'être érigé en symbole.

Voici la dernière lettre de G.O. Midiohouan. Guy Ossito Midiohouan (18 mars 1981, Cotonou)

Cotonou, le 25 mars 1981

Cher Ami,

Juste quelques mots parce que en ce moment je ne peux guère plus. Comme l'indiquait le télégramme, j'ai été libéré à Cotonou le 18 mars; mais il s'agit en tait d'une « liberté provisoire en attendant que le conseil des ministres statue sur mon cas après communication des résultats de l'enquête ». Ma situation est donc extrêmement délicate dans la mesure où, pour l'heure, je suis en parfait état d'apatride – Mes parents, mon père, ma mère, mes frères et sœurs restent quant à eux toujours togolais « n'ayant posé aucun problème politique », m'avait assuré le Ministre de l'Intérieur du Togo, i.e. le jour de ma seconde expulsion !

Je me retrouve ici sans aucun papier, et suis tenu de me présenter tous les quinze jours à la police pour « pointer ».

Ma femme et ma fille gardées en résidence surveillée à Libreville jusqu'au 15 mars ont été enfin expulsées vers le Togo. Elles sont arrivées ici la veille de ma libération, sans bagages mais heureuses de me retrouver vivant. Quelle chance nous avons eue !

En attendant la décision finale des autorités béninoises il nous faut, pour vivre, penser dès à présent à l'avenir, ce qui ne doit pas être facile sans papier. Mais on verra bien.

Tu as mon adresse (provisoire). J'aimerais bien te lire. Je me sens souvent trop seul et coupé de tout.

A bientôt.
Fraternellement.
Guy.