© Peuples Noirs Peuples Africains no. 18 (1980) 121-137



POÈMES

LES OUBLIEUX

ce qui passe n'est pas ce qui se passe. c'est ce qui passe lorsque sans cri tombe l'aigle sur la fleur muette. elle part hein, la fleur, elle part...

il n'y a plus que ce qui est passé et à chaque moment nos yeux fumant cinglent la corolle vide. et nous. nous ne passerons qu'au cri du réveil. et nous. nous ne passerons qu'au prix de chaque ventre plein de la vie découverte. et nous. nous cinglerons de nos yeux ces appétits d'oublieux quand nos fronts tapageurs se dresseront pour la fin des faims.

*
*  *

Soweto !
où mes rêves et mon vol sans lieu
         s'engloutissent
sur ma peau ont été dressés silencieusement
         des bruits cyniques,
mon foyer, cendres déjà agitées,
nul gîte que les îlots des dix doigts
mêlant le rêve et le vol : [PAGE 122]
         semence, ombres évanouies
         semences, digues englouties
         semence, espaces et espaces pleins
Nulle part, nulle semence
Séjour des rêves et des vols couloirs des taupes,
gîte poudre de mes mains

L'AINE

à J.-B. Bilombo-Samba

Les enfances fébriles
Sucent avec langueur
Les ma-melles défraîchies
         Hélas !
Plus loin irait la traînée
         Creuse.
         Creuse.
Des lumières inconnues
         Creuse.

Dominique NKOUNKOU-MOUNDELE.
[PAGE 123]

AUX MARTYRS DE SOWETO!

Il y a encore, comme aux cruels temps
De l'esclavage et de l'Ere coloniale,
Des hommes qui, sur cette terre,
Ne sont point considérés comme tels
Car de tout ce qui fait l'Essence de l'Homme
Ils n'ont aucune idée !
Ils ignorent ce que c'est que la liberté et l'Indépendance,
Les droits de l'homme tant clamés par l'Occident impérialiste
Sont pour eux un Néologisme qui n'existe dans aucun texte;
Ils sont, pour tout dire, des sous-hommes
Qui n'ont point le droit de se mêler aux blancs
Ni dans les stades, ni dans les établissements scolaires ni dans les transports en commun.
Ils sont spoliés sur leurs terres
Et sont parqués dans des réserves « dites Bantoustans »
Tels des pestiférés dont on redoute la fatale contagion
Et d'où ils ne peuvent sortir que sous contrôles sévères.
Quel homme audacieux peut nier cette intangible vérité ?
Aucun, pour autant que je sache ! [PAGE 124]
Je dirais a quiconque oserait penser le contraire
De lever le regard vers l'Ogre avide de Sang qu'est l'Afrique du Sud raciste
Et de bien observer l'infernal Apartheid !
Je lui dirais de regarder SOWETO de 1976
Et il verra, gisant sur le sol nu de la Sainte Cité,
Six cents jeunes Noirs fauchés par la mitraille
De la sanguinaire Gestapo des racistes blancs de Prétoria
Pourquoi sont-ils morts massivement
Et de la manière la plus féroce, ces élèves et étudiants de SOWETO !
Ils sont morts parce qu'ils sont Noirs !
Et parce que, privés de liberté, d'indépendance et de dignité humaine,
Ils ont voulu se réhabiliter en devenant hommes !
Voilà la terrible vérité sur les noirs d'Afrique du Sud,
Pays de l'Absurde Apartheid et de la discrimination raciale
Des gens réduits au rang de bêtes de somme
Qu'il faut exploiter jusqu'à la moelle des os
Et qu'il faut massacrer sans pitié
S'ils osent clamer leur nature humaine.
O Martyrs de SOWETO, Inoubliable SOWETO !
         Je vous pleure à genoux !
Vous avez incarné les vraies aspirations
Des Noirs Sud Africains
De tous les peuples Africains !
Car, toujours dans les fers à des degrés divers.
Exploités et opprimés à des degrés divers,
Par les racistes et les exploiteurs blancs
Et souvent avec la complicité de potentats noirs,
Les peuples noirs du Continent et de la Diaspora
Mènent le même combat pour
Leur liberté, leur Indépendance et leur dignité!
O SOWETO de 1976!
O SOWETO de 1980!
Quelle différence offrez-vous à mon triste regard ?
Rien ! Car à l'heure où ma plume sautille
Sur le papier blanc qui se noircit, j'entends les rafales des mitraillettes
Tac tac tac tac tac tac tac tac tac !
Qui font de petits trous ronds dans les corps
Sans défense des Noirs, des Métis et des Indiens [PAGE 125]
Je vois le sang des Martyrs rougir les chaussées et les trottoirs
J'entends les aboiements des chiens policiers
Qui se ruent sur mes frères Noirs de l'Azanie
Pour les mordre aux jarrets et aux bras,
Et mes poings se ferment et mes doigts se crispent
Ils cherchent fébrilement le déclic d'un fusil
Mais rencontrent une plume !
O Jeunes Martyrs de SOWETO!
       De ma plume magique et ardente
         Je vous immortalise !
         Je vous sacre mânes de nos ancêtres
Afin qu'au crépuscule complice
Vous puissiez de vos souffles ardents
Décupler la force et le courage
De la Vaillante A N C
Dont les maquisards ont engagé
Un titanesque et décisif combat pour la
Destruction de l'ignoble Apartheid !
         O Martyrs de SOWETO!
         SOWETO l'inoubliable !
         SOWETO L'Eternel
Faites que ceux qui se battent
Aujourd'hui pour leur Liberté et leur Indépendance
Au sein de l'Invincible A N C
Puissent, au jour de leur inévitable victoire
Elever pour votre mémoire un céleste
         Monument ! ! !

Ouagadougou, le 16 juin 1980.
Traoré BINY.

[PAGE 126]

Norman Béthune

      il y a des histoires qu'il ne faut pas oublier
      je vais vous en raconter une
      c'est l'histoire d'un homme
      qui a vécu...

Il y avait un pays, grand comme le monde
Un pays couvert de neige, de gel, de grêle
etc...
bref tout ce qu'il faut pour rafraîchir
(et même plus)
C'était un pays du Nord
où il faisait bon vivre (paraît-il)
Il y avait beaucoup de villas
beaucoup de viande
beaucoup de voitures
etc...
Mais dans ce pays-là
il y avait aussi un homme
qui se sentait mal dans sa peau
qui se sentait bien dans sa tête
Il avait pourtant de quoi vivre cet homme [PAGE 127]
mais il était malheureux
C'était un homme malade
d'une maladie séculaire
Pour faire vite disons qu'il souffrait
de la souffrance-de-ceux-qui-souffrent
il souffrait... de l'INJUSTICE
A vrai dire j'ai oublié le nom de cet homme
Disons pour l'instant qu'il s'appelait
l'homme qui venait du Nord
ou pourquoi pas l'homme du Nord
c'est plus simple (et peu importe)

        * 
      *  *

Il y avait un pays vieux comme le monde
Un pays aux hommes-à-la-peau-de-maïs
que trois mille ans ont maintenus
dans la misère et les ténèbres
C'était un pays d'Orient
Avec ses marécages et ses montagnes
Avec ses empereurs et ses mandarins
Ainsi, qu'un éminent pilote qui s'appelait OPIUM

        * 
      *  *

Un jour l'homme du Nord
entendit un cri qui vint de loin
Et comme il savait s'orienter
(après tout s'orienter
c'est rechercher les quatre points cardinaux)
l'homme du Nord
sut que ce cri venait d'Orient
C'était le cri de ses frères
le cri d'hommes et de femmes
qui luttaient
pour la JUSTICE
et la LIBERTE
qui luttaient pour un MONDE NOUVEAU
Aussitôt il quitta son pays
Il abandonna voiture et villa
bonne chère et compte en banque
pour faire longue marche [PAGE 128]
et coucher sur la dure
Pour prêter sa tête et ses bras
au combat lointain de ses frères
Ces derniers comptaient d'abord
sur leurs propres forces
mais ils accueillirent l'homme du Nord
à bras ouverts
Avec eux l'homme du Nord
lutta mille jours et mille nuits
Ils luttèrent ensemble
sans cesse
car l'ennemi était puissant
mais le combat c'est la VICTOIRE
Je vous ai dit tout à l'heure
que l'homme du Nord
avait une tête et deux bras
(comme tous les hommes)
mais sa tête voyait juste
et ses bras étaient robustes
l'un portait le sabre
l'autre le bouquin
il luttait avec ardeur
et ses frères pour le remercier
lui avaient décerné une médaille
la médaille du légionnaire
Mais un jour sur le champ de l'honneur
l'homme du Nord tomba...
il s'éteignit pour toujours...
Sur les lianes et sur la glace....
Et son sang arrosa le pays d'Orient...
Maintenant chers amis
ma mémoire me revient
je vais vous dire
comment s'appelait l'homme du Nord
Il s'appelait...
NORMAN BETHUNE
L'homme du Nord n'était point
un monstre sans queue ni bec
d'ailleurs une province de son pays
s'appelle QUE-BEC
Béthune n'était point une bête
et Nord-man ne perdait jamais le Nord
Mais c'était un homme qui comprit [PAGE 129]
que l'injustice n'a pas de patrie
c'était un homme qui ne pensait pas uniquement
« moi, moi »
d'ailleurs un de ses meilleurs frères
s'appelait MAO
c'est un homme dont l'exemple
est un exemple
parmi les exemples un exemple d'INTERNATIONALISME
L'auteur de ces lignes est un homme curieux
Devant lui s'éteignait l'homme du Nord
Alors ses yeux furent mouillés de pluie
C'était la pluie des saisons prochaines
La pluie des saisons nouvelles
Celui qui veut bâtir un monde nouveau
doit tendre la main à ses frères
Il doit lutter sur tous les fronts
et transformer sa douleur en force
C'est pourquoi sur la poitrine de l'homme du Nord
le peuple d'Orient apposa
l'insigne honneur d'un insigne ultime :
PROLÉTARIEN

      ainsi s'achève l'histoire
      de l'homme du Nord
      sa mémoire est aujourd'hui
      un monument
      devant lequel les peuples du monde
      viennent se recueillir

Papa Ibrahima SECK.
Plaisir Grignon, 1980.

[PAGE 13O]

LA PONCTUATION DES JOURS

      (mémoire d'un prolétarien d'Afrique)

ils ont mille ans mes souvenirs
et ils craquent sous ma plume
comme sous la dent
la salade cueillie du matin
soudain mon cœur fané
arrose la déchéance du temps
mon corps d'ébène
marque la ponctuation des jours
je réclame la vue
je réclame la mémoire
des consciences mystifiées
je réclame l'esprit
des jours nouveaux
pour que scintillent
les éclats téméraires de la vie

Plaisir, août 80.
Papa Ibrahima SECK.

[PAGE 131]

MARIYAAN

      une zone indicible sur mes lèvres brûle
      est-ce l'incendie d'un cœur en flammes
      ou le marasme des intestins
      j'ai envie de dire quelque chose
      les temps anciens déferlent sur ma tête

te rappelles-tu Mariyaan
les jours sans lianes pour nous deux perdus
dans l'île sans espace du bonheur
te rappelles-tu
ces jours sans vacarmes ni lois
qui fredonnent la ballade de mes doigts
sur ta chair innocente

lorsqu'à la palissade de ta bouche
mes lèvres sur les tiennent retrouvent leur sommeil
je songe à ces jours heureux
qui jettent un regard d'ivoire
sur les flots de ton visage
tout est nuances tout est volupté
charmes malingres d'un ciel sans orages [PAGE 132]

      tout d'un coup un éclair passe
      la nuit se fait jour
      les vagues déchaînées de la lucidité
      m'emportent à l'horizon sans visage
      d'une pensée nouvelle

lorsque la nuit se fait jour
(ô immersion perverse des sanglots lointains)
j'entends le vacarme de ceux qui souffrent
ceux pour qui Bonheur est misère
aujourd'hui que la nuit se fait jour
le combat de ton peuple
décide de l'amour et du bonheur
loin du royaume sans partage
de ton Amour servile
loin des splendeurs inachevées de ton cœur innocent
loin des papillons et libellules

entends ma voix Mariyaan
ceux qui souffrent t'appellent
pour lutter contre la misère
réponds Mariyaan
réponds de ta douce voix
le devoir t'appelle
comme le sein de la mère l'enfant du soir

viens Mariyaan je t'en prie
ton esprit encore déprimé se promène
sous les constellations triomphales de l'errance
tends la main à ton peuple camarade
pour construire l'odyssée du bonheur
et tu verras enfin
qu'il n'y a d'amour vraiment heureux
que sous le flambeau de la liberté

Papa Ibrahima SECK.
Paris, mai 1980.

[PAGE 133]

FEU ESPACE FRATERNEL

      à J. Bétina Bégong-Bodoli,
      frère de feu, frère d'air.

Et feu.
Et feu fomenté dans la foudre des refus
Et feux nous mêmes nous-mêmes flambeaux nous-mêmes
Les frères du feu dans la fraternité d'une Afrique
Réfractaires à toute folie toute famine hégémoniques
O feu sueur sango faite incendie _________________ Shango O
Feu sueur sango faite insurrection ________________ Shango O
Feu sueur insurgée sueur d'insurgés Gestation d'aube
Feu feu feu ah feux feuilles d'étincelles et d'arc-en-ciels
fait fait divers dans la galaxie des dissidences
Feu flux et reflux du langage des entrailles
Feu flux et reflux de l'harmattan des entrailles
Feu flux et reflux des rêves rue de la révolte
Feu levier/levain des étoiles filantes dans le pouls qui file
Feu un peu fourmi un peu abeille toujours fresque florale
Feu infraction alluviale
        souffle
Feu              fraternel(s)
         espace
Et feu.

Ce feu qui à cette minute s'accouche mois pour mois
quarante et un ans après Bois d'Ebène de Jacques Roumain [PAGE 134]
Ce feu qui ouvre au grand jour les mémoires dormantes
Ce feu qui s'évade des vannes des valeurs établies
Ce feu qui transcrit des anti-pensées d'hirondelles dans tous les ciels de chloroforme et de goudron
Ce feu qui est un libre esprit qui abhorre le règne des pieds
Ce feu qui empaille les pantins empale ferraille et mensonges fait oiseau l'urine des prisons l'horreur
Ce feu qui dévoile soleils et sommeils dévoile fruits et ranime dévoile vertèbres et infamies
Ce feu qui parle de l'homme et de ses parties personnelles
Ce feu qui délie le regard la bouche les hanches de mandragore le geste ample comme le grand bonjour de Desnos
Ce feu enfièvre les enfants franc-rieurs qui ourdissent les saisons de sève et de spasmes passionnels
Ce feu qui se change en chemin et chant d'anti-corps par où échapper à la nuit mentale
Ce feu qui sourdement
Ce feu qui sournoisement
Ce feu qui sournoisesourdement surgit dans la menthe des mensonges
Ce feu qui aime rire et aimerait casser la gueule à X et Y inquisiteurs !
Ce feu qui se souvient de Cendrars ah s'il savait Blaise que le transsibérien traverse la brousse Africaine distribuant fumée fusils mélancolie à qui mieux mieux et parfois même de grands silences sibériens où des peuples jouent à la roulotte Russe
Ce feu qui rode corrode et rode encore dans les viscères de la parole comme dans les contes Kongo ces fantômes affamés de liberté
Ce feu qui souffre de si peu de temps diapré d'étoiles de mer si peu de temps et déjà tant d'amours désamorcés
Ce feu qui peut encore donner de l'eau aux larmes des chairs déchirées par la soif dans la sarabande des silences
Ce feu qui dit tout l'amour du monde quand la mort se casse la voix dans les blues d'Armstrong blasphémant mille bontés
Ce feu qui monte remonte le mont Mongo Beti jusqu'à ces plateaux Batéké où circule souverain le [PAGE 135] métro fantôme de Le Roi Jones avec Dépestre en première classe braillant une Haïtie de viscères
Ce feu qui tente de faire de la vie le plus beau poème du monde
Ce feu qui nomme tout ce qu'il touche : paysans pasteurs pêcheurs ouvriers ouvreurs d'horizons découvreurs d'aurores roses du rire de ce grand rire nègre cher à Aimé Césaire
Ce feu qui guette l'aube du cri primal et déplace le crépuscule des passions terminales
Ce feu qui sourd de la nécessité effervescente ourdie à l'intérieur de l'homme où la vie atteint à la tempête
Ce feu qui fermente des hommes arables
Ce feu qui arrache au territoire du doute cette patrie philosophale dont rêvaient Rimbaud et autres alchimistes
Ce feu qui fermente cent mille iconoclastes d'acide carbonique
Ce feu qui
Maïakovski-------------------suicidé
Garcia Lorca ----------------fusillé
Jacques Stephen Alexis ----fusillé
Franklin Boukaka-----------fusillé
David Diop ------------------accidenté
Ce feu qui s'ensanglante dans la terre sentimentale
Ce feu ce feu ce contre-feu qui féconde cent feux contraires cent feux sans frontière feux hors-race chevauchant la lutte de classe à la manière taoïste
Ce feu qui affirme que l'homme existe qu'il l'a rencontré dans le procès d'insurrection/résurrection des peuples d'un peuple : Ubangui !
Ce feu qui suscite 3 millions de feux suscite 3 millions de forces UNE qui crée 3 millions de noms nombrils hors-néant
Ce feu qui syllabe une Centrafrique de sermons sur des chemins sinueux séditieux silexieux entre une Lybie lyrique sur les ailes de Mahomet et un Congo d'oxygène contagieux
Ce feu qui syllabe une Centrafrique d'omoplates protestataires dans une poussière d'exorcismes
Ce feu qui fait s'abattre les grandes scies du cri sur les forêts d'idoles [PAGE 136]
Ce feu qui dévêt la vie de tout son silence sablonneux
Ce feu qui s'arme d'Esprits Vifs qui portent dans les
yeux les couleurs-volcans des moments d'émeute
qui réveillent le Woï de Kongo-Wara dans le sang
Sangha des peuples sentinelles
Bandas GBaya et Barbares
Zandé Sara et sismographes
et sismographes et Babinga
qui crient leurs cris de sexes insoumis leurs cris
de sperme inoxydable Eau-vive Vie de mille
vies
Urhuru ! Ubangui !

qui qui et qui et croc et crac qui crèvent l'abcès des servitudes plus noires qu'une saison au Goulag comme cet Empire du Pire d'il était une fois une folie furieuse dans un lointain de fosses communes...

      ... et qu'il nous en souvienne !

Urhuru ! Ubangui !

Koli Wali Molengué
et soudain des paras de parents postiches
Koli Wali Molengué

      ... et qu'il nous en souvienne !
      Urhuru ! Ubangui !

Diamant Ivoire Uranium
et soudain Amérique France Russie et autres rapaces
Diamant Ivoire Uranium

      ... et qu'il nous en souvienne !
Ce feu ce feu ce feu qui parcourrait la terre entière pour
rencontrer l'insondable amour païen amour
Nietzschéen ah ce feu ce feu lorsqu'il investit nos
veines d'hommes de chair nous nous postulons
poètes !
Et feu
Ce feu haha ce feu ce feu hahahahahahahahahaha

Ce feu

Comme commettre une tendresse de mouette mourante, mouvante, émouvante dans ses cris d'océan [PAGE 137]
Comme commettre un chant encore fou dans les brisements
Comme connaître un chemin de plasma où l'homme se transfuse transmue l'homme
Car ce feu
     ni amour infernal ni flambeau aux mains parfaites
     ni foudre féroce ni flambeau aux mains parfaites
     ni folie d'alcool ni flambeau aux mains parfaites
Car ce feu camarade un camarade
     cascade cascade cavalcade
     cascade cascade cavalcade
Comme toute colère caravanant le corps du cri dans nos
cris
Car ce feu furieusement fraternité
Fraternité feu fertile !

Et feu.
Et faim de feu
Et faim de faim de feu
Et faim de faim de feu d'Afrique
Feu et faim Faim et feu notre Fraternité
T rrentielle !
  O
R   r
R    r
E     e
N     n
T       t
I          i
E          e
L           l
L            l
E             e !
Et feu.
Et feu enfin feux
Feu franchement
Feu fumure de l'utopie
Feu autour de fraternités
Feu franchissement des frontières
Affranchissement
Naître_______________FLAMBEAU

in (FEU D'HOMME).
Bilombo-Samba.