POÈMES
LES OUBLIEUX
ce qui passe n'est pas ce qui se passe. c'est ce qui passe lorsque sans cri
tombe l'aigle sur la fleur muette. elle part hein, la fleur, elle part...
il n'y a plus que ce qui est passé et à chaque moment nos yeux
fumant cinglent la corolle vide. et nous. nous ne passerons qu'au cri du
réveil. et nous. nous ne passerons qu'au prix de chaque ventre plein de
la vie découverte. et nous. nous cinglerons de nos yeux ces
appétits d'oublieux quand nos fronts tapageurs se dresseront pour la fin
des faims.
* * *
Soweto !
où mes rêves et mon vol sans lieu
s'engloutissent
sur ma peau ont été dressés silencieusement
des bruits cyniques,
mon foyer, cendres déjà agitées,
nul gîte que les îlots des dix doigts
mêlant le rêve et le vol : [PAGE 122]
semence, ombres évanouies
semences, digues englouties
semence, espaces et espaces pleins
Nulle part, nulle semence
Séjour des rêves et des vols couloirs des taupes,
gîte poudre de mes mains
L'AINE
à J.-B. Bilombo-Samba
Les enfances fébriles
Sucent avec langueur
Les ma-melles défraîchies
Hélas !
Plus loin irait la traînée
Creuse.
Creuse.
Des lumières inconnues
Creuse.
Dominique NKOUNKOU-MOUNDELE.
[PAGE 123]
AUX MARTYRS DE SOWETO!
Il y a encore, comme aux cruels temps
De l'esclavage et de l'Ere coloniale,
Des hommes qui, sur cette terre,
Ne sont point considérés comme tels
Car de tout ce qui fait l'Essence de l'Homme
Ils n'ont aucune idée !
Ils ignorent ce que c'est que la liberté et l'Indépendance,
Les droits de l'homme tant clamés par l'Occident impérialiste
Sont pour eux un Néologisme qui n'existe dans aucun texte;
Ils sont, pour tout dire, des sous-hommes
Qui n'ont point le droit de se mêler aux blancs
Ni dans les stades, ni dans les établissements scolaires ni dans les
transports en commun.
Ils sont spoliés sur leurs terres
Et sont parqués dans des réserves « dites Bantoustans
»
Tels des pestiférés dont on redoute la fatale contagion
Et d'où ils ne peuvent sortir que sous contrôles
sévères.
Quel homme audacieux peut nier cette intangible vérité ?
Aucun, pour autant que je sache ! [PAGE 124]
Je dirais a quiconque oserait penser le contraire
De lever le regard vers l'Ogre avide de Sang qu'est l'Afrique du Sud raciste
Et de bien observer l'infernal Apartheid !
Je lui dirais de regarder SOWETO de 1976
Et il verra, gisant sur le sol nu de la Sainte Cité,
Six cents jeunes Noirs fauchés par la mitraille
De la sanguinaire Gestapo des racistes blancs de Prétoria
Pourquoi sont-ils morts massivement
Et de la manière la plus féroce, ces élèves et
étudiants de SOWETO !
Ils sont morts parce qu'ils sont Noirs !
Et parce que, privés de liberté, d'indépendance et de
dignité humaine,
Ils ont voulu se réhabiliter en devenant hommes !
Voilà la terrible vérité sur les noirs d'Afrique du Sud,
Pays de l'Absurde Apartheid et de la discrimination raciale
Des gens réduits au rang de bêtes de somme
Qu'il faut exploiter jusqu'à la moelle des os
Et qu'il faut massacrer sans pitié
S'ils osent clamer leur nature humaine.
O Martyrs de SOWETO, Inoubliable SOWETO !
Je vous pleure à genoux !
Vous avez incarné les vraies aspirations
Des Noirs Sud Africains
De tous les peuples Africains !
Car, toujours dans les fers à des degrés divers.
Exploités et opprimés à des degrés divers,
Par les racistes et les exploiteurs blancs
Et souvent avec la complicité de potentats noirs,
Les peuples noirs du Continent et de la Diaspora
Mènent le même combat pour
Leur liberté, leur Indépendance et leur dignité!
O SOWETO de 1976!
O SOWETO de 1980!
Quelle différence offrez-vous à mon triste regard ?
Rien ! Car
à l'heure où ma plume sautille
Sur le papier blanc qui se
noircit, j'entends les rafales des mitraillettes
Tac tac tac tac tac tac tac tac tac !
Qui font de petits trous ronds dans les corps
Sans défense des Noirs, des Métis et des Indiens [PAGE 125]
Je vois le sang des Martyrs rougir les chaussées et les trottoirs
J'entends les aboiements des chiens policiers
Qui se ruent sur mes frères Noirs de l'Azanie
Pour les mordre aux jarrets et aux bras,
Et mes poings se ferment et mes doigts se crispent
Ils cherchent fébrilement le déclic d'un fusil
Mais rencontrent une plume !
O Jeunes Martyrs de SOWETO!
De ma plume magique et ardente
Je vous immortalise !
Je vous sacre mânes de nos ancêtres
Afin qu'au crépuscule complice
Vous puissiez de vos souffles ardents
Décupler la force et le courage
De la Vaillante A N C
Dont les maquisards ont engagé
Un titanesque et décisif combat pour la
Destruction de l'ignoble Apartheid !
O Martyrs de SOWETO!
SOWETO l'inoubliable !
SOWETO L'Eternel
Faites que ceux qui se battent
Aujourd'hui pour leur Liberté et leur Indépendance
Au sein de l'Invincible A N C
Puissent, au jour de leur inévitable victoire
Elever pour votre mémoire un céleste
Monument ! ! !
Ouagadougou, le 16 juin 1980.
Traoré BINY.
[PAGE 126]
Norman Béthune
il y a des histoires qu'il ne faut pas oublier
je vais vous en raconter une
c'est l'histoire d'un homme
qui a vécu...
Il y avait un pays, grand comme le monde
Un pays couvert de neige, de gel, de grêle
etc...
bref tout ce qu'il faut pour rafraîchir
(et même plus)
C'était un pays du Nord
où il faisait bon vivre (paraît-il)
Il y avait beaucoup de villas
beaucoup de viande
beaucoup de voitures
etc...
Mais dans ce pays-là
il y avait aussi un homme
qui se sentait mal dans sa peau
qui se sentait bien dans sa tête
Il avait pourtant de quoi vivre cet homme [PAGE 127]
mais il était malheureux
C'était un homme malade
d'une maladie séculaire
Pour faire vite disons qu'il souffrait
de la souffrance-de-ceux-qui-souffrent
il souffrait... de l'INJUSTICE
A vrai dire j'ai oublié le nom de cet homme
Disons pour l'instant qu'il s'appelait
l'homme qui venait du Nord
ou pourquoi pas l'homme du Nord
c'est plus simple (et peu importe)
Il y avait un pays vieux comme le monde
Un pays aux hommes-à-la-peau-de-maïs
que trois mille ans ont maintenus
dans la misère et les ténèbres
C'était un pays d'Orient
Avec ses marécages et ses montagnes
Avec ses empereurs et ses mandarins
Ainsi, qu'un éminent pilote qui s'appelait OPIUM
Un jour l'homme du Nord
entendit un cri qui vint de loin
Et comme il savait s'orienter
(après tout s'orienter
c'est rechercher les quatre points cardinaux)
l'homme du Nord
sut que ce cri venait d'Orient
C'était le cri de ses frères
le cri d'hommes et de femmes
qui luttaient
pour la JUSTICE
et la LIBERTE
qui luttaient pour un MONDE NOUVEAU
Aussitôt il quitta son pays
Il abandonna voiture et villa
bonne chère et compte en banque
pour faire longue marche [PAGE 128]
et coucher sur la dure
Pour prêter sa tête et ses bras
au combat lointain de ses frères
Ces derniers comptaient d'abord
sur leurs propres forces
mais ils accueillirent l'homme du Nord
à bras ouverts
Avec eux l'homme du Nord
lutta mille jours et mille nuits
Ils luttèrent ensemble
sans cesse
car l'ennemi était puissant
mais le combat c'est la VICTOIRE
Je vous ai dit tout à l'heure
que l'homme du Nord
avait une tête et deux bras
(comme tous les hommes)
mais sa tête voyait juste
et ses bras étaient robustes
l'un portait le sabre
l'autre le bouquin
il luttait avec ardeur
et ses frères pour le remercier
lui avaient décerné une médaille
la médaille du légionnaire
Mais un jour sur le champ de l'honneur
l'homme du Nord tomba...
il s'éteignit pour toujours...
Sur les lianes et sur la glace....
Et son sang arrosa le pays d'Orient...
Maintenant chers amis
ma mémoire me revient
je vais vous dire
comment s'appelait l'homme du Nord
Il s'appelait...
NORMAN BETHUNE
L'homme du Nord n'était point
un monstre sans queue ni bec
d'ailleurs une province de son pays
s'appelle QUE-BEC
Béthune n'était point une bête
et Nord-man ne perdait jamais le Nord
Mais c'était un homme qui comprit [PAGE 129]
que l'injustice n'a pas de patrie
c'était un homme qui ne pensait pas uniquement
« moi, moi »
d'ailleurs un de ses meilleurs frères
s'appelait MAO
c'est un homme dont l'exemple
est un exemple
parmi les exemples un exemple d'INTERNATIONALISME
L'auteur de ces lignes est un homme curieux
Devant lui s'éteignait l'homme du Nord
Alors ses yeux furent mouillés de pluie
C'était la pluie des saisons prochaines
La pluie des saisons nouvelles
Celui qui veut bâtir un monde nouveau
doit tendre la main à ses frères
Il doit lutter sur tous les fronts
et transformer sa douleur en force
C'est pourquoi sur la poitrine de l'homme du Nord
le peuple d'Orient apposa
l'insigne honneur d'un insigne ultime :
PROLÉTARIEN
ainsi s'achève l'histoire
de l'homme du Nord
sa mémoire est aujourd'hui
un monument
devant lequel les peuples du monde
viennent se recueillir
Papa Ibrahima SECK.
Plaisir Grignon, 1980.
[PAGE 13O]
LA PONCTUATION DES JOURS
(mémoire d'un prolétarien d'Afrique)
ils ont mille ans mes souvenirs
et ils craquent sous ma plume
comme sous la dent
la salade cueillie du matin
soudain mon cœur fané
arrose la déchéance du temps
mon corps d'ébène
marque la ponctuation des jours
je réclame la vue
je réclame la mémoire
des consciences mystifiées
je réclame l'esprit
des jours nouveaux
pour que scintillent
les éclats téméraires de la vie
Plaisir, août 80. Papa Ibrahima SECK.
[PAGE 131]
MARIYAAN
une zone indicible sur mes lèvres brûle
est-ce l'incendie d'un cur en flammes
ou le marasme des intestins
j'ai envie de dire quelque chose
les temps anciens déferlent sur ma tête
te rappelles-tu Mariyaan
les jours sans lianes pour nous deux perdus
dans l'île sans espace du bonheur
te rappelles-tu
ces jours sans vacarmes ni lois
qui fredonnent la ballade de mes doigts
sur ta chair innocente
lorsqu'à la palissade de ta bouche
mes lèvres sur les tiennent retrouvent leur sommeil
je songe à ces jours heureux
qui jettent un regard d'ivoire
sur les flots de ton visage
tout est nuances tout est volupté
charmes malingres d'un ciel sans orages [PAGE 132]
tout d'un coup un éclair passe
la nuit se fait jour
les vagues déchaînées de la lucidité
m'emportent à l'horizon sans visage
d'une pensée nouvelle
lorsque la nuit se fait jour
(ô immersion perverse des sanglots lointains)
j'entends le vacarme de ceux qui souffrent
ceux pour qui Bonheur est misère
aujourd'hui que la nuit se fait jour
le combat de ton peuple
décide de l'amour et du bonheur
loin du royaume sans partage
de ton Amour servile
loin des splendeurs inachevées de ton cur innocent
loin des papillons et libellules
entends ma voix Mariyaan
ceux qui souffrent t'appellent
pour lutter contre la misère
réponds Mariyaan
réponds de ta douce voix
le devoir t'appelle
comme le sein de la mère l'enfant du soir
viens Mariyaan je t'en prie
ton esprit encore déprimé se promène
sous les constellations triomphales de l'errance
tends la main à ton peuple camarade
pour construire l'odyssée du bonheur
et tu verras enfin
qu'il n'y a d'amour vraiment heureux
que sous le flambeau de la liberté
Papa Ibrahima SECK.
Paris, mai 1980.
[PAGE 133]
FEU ESPACE FRATERNEL
à J. Bétina Bégong-Bodoli,
frère de feu, frère d'air.
Et feu.
Et feu fomenté dans la foudre des refus
Et feux nous mêmes nous-mêmes flambeaux nous-mêmes
Les frères du feu dans la fraternité d'une Afrique
Réfractaires à toute folie toute famine
hégémoniques
O feu sueur sango faite incendie _________________ Shango O
Feu sueur sango faite insurrection ________________ Shango O
Feu sueur insurgée sueur d'insurgés Gestation d'aube
Feu feu feu ah feux feuilles d'étincelles et d'arc-en-ciels
fait fait divers dans la galaxie des dissidences
Feu flux et reflux du langage des entrailles
Feu flux et reflux de l'harmattan des entrailles
Feu flux et reflux des rêves rue de la révolte
Feu levier/levain des étoiles filantes dans le pouls qui file
Feu un peu fourmi un peu abeille toujours fresque florale
Feu infraction alluviale
souffle
Feu fraternel(s)
espace
Et feu.
Ce feu
|
qui à cette minute s'accouche mois pour mois
quarante et un ans après Bois d'Ebène de Jacques Roumain [PAGE
134]
|
Ce feu
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qui ouvre au grand jour les mémoires dormantes
|
Ce feu
|
qui
s'évade des vannes des valeurs établies |
Ce feu
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qui transcrit des anti-pensées d'hirondelles dans tous les ciels
de chloroforme et de goudron |
Ce feu
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qui est un libre esprit qui abhorre le règne des pieds |
Ce feu
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qui empaille les pantins empale ferraille et mensonges fait oiseau
l'urine des prisons l'horreur |
Ce feu
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qui dévoile soleils et sommeils dévoile fruits et ranime
dévoile vertèbres et infamies |
Ce feu
|
qui parle de l'homme et de ses parties personnelles |
Ce feu
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qui délie le regard la bouche les hanches de mandragore le geste
ample comme le grand bonjour de Desnos |
Ce feu
|
enfièvre les enfants franc-rieurs qui ourdissent les saisons de
sève et de spasmes passionnels |
Ce feu
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qui se change en chemin et chant d'anti-corps par où
échapper à la nuit mentale |
Ce feu
|
qui sourdement
|
Ce feu
|
qui sournoisement
|
Ce feu
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qui sournoisesourdement
surgit dans la menthe des mensonges |
Ce feu
|
qui aime rire et aimerait casser la gueule à X et Y inquisiteurs
! |
Ce feu
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qui se souvient de Cendrars ah s'il savait Blaise que le
transsibérien traverse la brousse Africaine distribuant fumée
fusils mélancolie à qui mieux mieux et parfois même de
grands silences sibériens où des peuples jouent à la
roulotte Russe |
Ce feu
|
qui rode corrode et rode encore dans les viscères de la parole
comme dans les contes Kongo ces fantômes affamés de
liberté |
Ce feu
|
qui souffre de si peu de temps diapré d'étoiles de mer si
peu de temps et déjà tant d'amours désamorcés |
Ce feu
|
qui peut encore donner de l'eau aux larmes des chairs
déchirées par la soif dans la sarabande des silences |
Ce feu
|
qui dit tout l'amour du monde quand la mort se casse la voix dans les
blues d'Armstrong blasphémant mille bontés |
Ce feu
|
qui monte remonte le mont Mongo Beti jusqu'à ces plateaux
Batéké où circule souverain le [PAGE 135] métro
fantôme de Le Roi Jones avec Dépestre en première classe
braillant une Haïtie de viscères |
Ce feu
|
qui tente de faire de la vie le plus beau poème du monde |
Ce feu
|
qui nomme tout ce qu'il touche : paysans pasteurs pêcheurs ouvriers
ouvreurs d'horizons découvreurs d'aurores roses du rire de ce grand rire
nègre cher à Aimé Césaire |
Ce feu
|
qui guette l'aube du cri primal et déplace le crépuscule
des passions terminales |
Ce feu
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qui sourd de la nécessité effervescente ourdie à
l'intérieur de l'homme où la vie atteint à la
tempête |
Ce feu
|
qui fermente des hommes arables |
Ce feu
|
qui arrache au territoire du doute cette patrie philosophale dont
rêvaient Rimbaud et autres alchimistes |
Ce feu
|
qui fermente cent mille iconoclastes d'acide carbonique |
Ce feu
|
qui
Maïakovski-------------------suicidé
Garcia Lorca ----------------fusillé
Jacques Stephen Alexis ----fusillé
Franklin Boukaka-----------fusillé
David Diop ------------------accidenté |
Ce feu
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qui s'ensanglante dans la terre sentimentale |
Ce feu
|
ce feu ce contre-feu qui féconde cent feux contraires cent feux
sans frontière feux hors-race chevauchant la lutte de classe à la
manière taoïste |
Ce feu
|
qui affirme que l'homme existe qu'il l'a rencontré dans le
procès d'insurrection/résurrection des peuples d'un peuple :
Ubangui ! |
Ce feu
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qui suscite 3 millions de feux suscite 3 millions de forces UNE qui
crée 3 millions de noms nombrils hors-néant |
Ce feu
|
qui syllabe une Centrafrique de sermons sur des chemins sinueux
séditieux silexieux entre une Lybie lyrique sur les ailes de Mahomet et
un Congo d'oxygène contagieux |
Ce feu
|
qui syllabe une Centrafrique d'omoplates protestataires dans une
poussière d'exorcismes |
Ce feu
|
qui fait s'abattre les grandes scies du cri sur les forêts
d'idoles [PAGE 136] |
Ce feu
|
qui dévêt la vie de tout son silence sablonneux
|
Ce feu
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qui s'arme d'Esprits Vifs qui portent dans les
yeux les couleurs-volcans des moments d'émeute
qui réveillent le Woï de Kongo-Wara dans le sang
Sangha des peuples sentinelles
Bandas GBaya et Barbares
Zandé Sara et sismographes
et sismographes et Babinga
qui crient leurs cris de sexes insoumis leurs cris
de sperme inoxydable Eau-vive Vie de mille
vies
Urhuru ! Ubangui !
qui qui et qui et croc et crac qui crèvent l'abcès des servitudes
plus noires qu'une saison au Goulag comme cet Empire du Pire d'il était
une fois une folie furieuse dans un lointain de fosses communes...
... et qu'il nous en souvienne !
Urhuru ! Ubangui !
Koli Wali Molengué
et soudain des paras de parents postiches
Koli Wali Molengué
... et qu'il nous en souvienne !
Urhuru ! Ubangui !
Diamant Ivoire Uranium
et soudain Amérique France Russie et autres rapaces
Diamant Ivoire Uranium
... et qu'il nous en souvienne !
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Ce feu
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ce feu ce feu qui parcourrait la terre entière pour
rencontrer l'insondable amour païen amour
Nietzschéen ah ce feu ce feu lorsqu'il investit nos
veines d'hommes de chair nous nous postulons
poètes !
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Et feu
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Ce feu
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haha ce feu ce feu hahahahahahahahahaha
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Ce feu
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Comme commettre une tendresse de mouette mourante, mouvante, émouvante dans ses cris d'océan [PAGE 137]
Comme commettre un chant encore fou dans les brisements
Comme connaître un chemin de plasma où l'homme se transfuse
transmue l'homme
Car ce feu
ni amour infernal ni flambeau aux mains parfaites
ni foudre féroce ni flambeau aux mains parfaites
ni folie d'alcool ni flambeau aux mains parfaites
Car ce feu camarade un camarade
cascade cascade cavalcade
cascade cascade cavalcade
Comme toute colère caravanant le corps du cri dans nos
cris
Car ce feu furieusement fraternité
Fraternité feu fertile !
Et feu.
Et faim de feu
Et faim de faim de feu
Et faim de faim de feu d'Afrique
Feu et faim Faim et feu notre Fraternité
T rrentielle !
O
R r
R r
E e
N n
T t
I i
E e
L l
L l
E e !
Et feu.
Et feu enfin feux
Feu franchement
Feu fumure de l'utopie
Feu autour de fraternités
Feu franchissement des frontières
Affranchissement
Naître_______________FLAMBEAU
in (FEU D'HOMME). Bilombo-Samba.
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