Que la terreur et la corruption cessent enfin d'être les deux béquilles de la présence française en Afrique. Par exemple, quand on est noir. comment se sentir en sécurité en Afrique ou en France, s'il était établi que le soin d'informer l'opinion francophone de l'évolution du continent noir est impunément abandonné aux amis très intéressés de l'Apartheid ?

Qu'attend donc M. Philippe Decraene, grand ordonnateur de la page africaine au « Monde », mais par ailleurs animateur d'une publication « France-EurAfrique », citée partout ces derniers mois comme une tête de pont occulte de l'offensive sud-africaine d'intoxication à grande échelle à laquelle le monde vient d'échapper miraculeusement, pour s'expliquer à propos des rumeurs insistantes qui le mettent en cause ? On le connaissait déjà pour le griot impénitent des dictateurs francophiles massacreurs d'enfants innocents ou de faibles femmes, tels que Bokassa, Ahidjo et autres Mobutu. Alors, compagnon de route de l'Apartheid aussi? En ce cas, l'un expliquerait-il l'autre ?

Cette mise en demeure s'adresse aussi au mandarin présomptueux Robert Cornevin qui fut invité, ainsi que son épouse, à voyager en Afrique du Sud, par le gouvernement sud-africain, à une époque qui, rétrospectivement, apparaît comme un moment crucial de la stratégie de séduction des racistes. De leur voyage, les époux Cornevin ramenèrent comme de juste la matière d'un ouvrage sur l'Union sud-africaine de Vorster, dont le contenu n'a pas dû beaucoup peiner ce dernier. Cette étude mi-figue mi-raisin pouvait en effet passer pour un éloge nuancé à droite, ou pour une réprobation élégante à gauche. Toujours aussi courageusement engagé, ce pauvre Cornevin !

Il faut que cette grande conscience nous explique en quoi un tel voyage diffère de l'acceptation pure et simple d'un pot de vin.