© Peuples Noirs Peuples Africains no. 9 (1979) 186-187



CORRESPONDANCE DES LECTEURS

UNIVERSITE DE BORDEAUX III
CENTRE D'ETUDES LITTERAIRES MAGHREBINES AFRICAINES ET ANTILLAISES (C.E.L.M.A.)

Bordeaux, le 15 février 1979

Cher Mongo Beti,

Je prends connaissance avec beaucoup de retard du no 4 de Peuples noirs peuples africains où (p. 89-90) vous me prenez nommément à partie avec une véhémence injurieuse.

J'ai trop de considération pour votre œuvre et de respect pour votre combat pour ouvrir une polémique avec vous. Simplement, je suis affligé qu'un universitaire, un esprit comme le vôtre, prenne pour argent comptant, sans enquête, sans vérification, uniquement parce qu'elles émanent d'un Africain, les calomnies dérisoires d'un étudiant qui, c'est banal, rejette sur ses professeurs la responsabilité d'un demi échec. Une thèse médiocre demeure une thèse médiocre qu'elle soit écrite par un blanc ou par un noir. Se montrer laxiste, dans ce dernier cas, relève de la démagogie ou du paternalisme. Au reste, demandez communication de cet ouvrage, pour juger sur pièces.

Adotevi disait de l'Africain, vous le savez : « s'il voit nègre quand il faut voir juste, il se perd, il perd le nègre en [PAGE 187] perdant la vue. » il y a là un piège, indubitablement. Il est pénible de voir un Mongo Beti, avec tout ce qu'il représente, y donner tête baissée. Essayez de ne pas vous tromper de cible, d'éviter l'amalgame et les procès d'intention : cela risque de se retourner contre votre cause.

Cela dit, pour vous permettre, si vous le souhaitez, de vous faire une opinion motivée, je vous invite, d'ici le mois de mai, ou l'an prochain, selon votre disponibilité, à venir faire à nos étudiants une conférence sur un sujet de votre choix.

Je vous serais reconnaissant de respecter mon droit de réponse et de publier cette mise au point.

Bien à vous.

M. HAUSSER