POEMES
JEAN BLAISE BILOMBO-SAMBA
LA CENSURE
elle nous veut tous à ses pieds
la blessure poétique
le cœur social le cœur oral
et la matrice insoumise d'un amour d'abeilles
La censure
La censure
On la subit quand on fleurit
Et les sangsues ses habitants de nuit et de jour
Saignent saignent les oiseaux de vent de nos chimères
Lorsque s'élèvent les chansons bleues des choses qui
réveillent
La censure
Est une ville éclairée de sanglots
Où les poètes sont des détenus politiques
Où dire la romance des déchirures est un délit
Où des amoureuses meurent d'aimer trop l'interdit
Toujours dans les bas quartiers d'un vers d'une page inédits
Surgit un flic qui vous arrache à la quête d'horizons
Qui enquête sur les raisons de vos rêves vos délires
d'espoirs [PAGE 230]
Pourquoi tant de voyages dans vos poèmes tant d'aurores ?
Pourquoi mille chants de soleil mille soleils dans le sang ?
Le sentiment des fêtes futures et des chaînes à
enchaîner ?
Pourquoi ceci et cela toute fleur qui sort de la ligne ?
La censure
Déteste la rumeur la pudeur l'odeur des étoiles
Pénétrant une nuit révélant un monde
Déshabillant une nuit habillant un monde
Dans les rêves verts d'enfants aux yeux de nénuphar
La censure
C'est la raison des tribus le tribut des horoscopes
Toute la médiocrité poursuivant les hirondelles de la
création
Avec des cris de chloroforme avec le gris des deuils
Menaçant de crampes fétichistes la fraternité de la
critique
O comme la nuit d'Okumé et d'eau dormante ajourne le chant!
J'ouvre mon vers au jugement des colères et des quêtes
Jean Blaise Bilombo-Samba.[PAGE 231]
à Mongo Beti pour ses mots fraternels
qui gravent sur le roc des jours
l'étoile des voix en marée
A DEFAUT DE...
A défaut de réveils alertes
A défaut d'étreintes de feu et
D'orgasmes atteints dans la crue des effervescences
A défaut de famines repues
LE PAIN RIVALISE AVEC LES RIVAGES D'OMBRES
A défaut de rêves valides colorés d'étoiles
A défaut de rythmes d'électricité broussailleuse
Et de joies toutes gencives à jour
A défaut d'aurores dans le vent des paroles nues
L'ORAGE FERMENTE PARMI L'OR DES VIES EN FACTEUR
A défaut d'hymnes d'imminentes gloires
A défaut d'oiseaux migrateurs
Aux questions qui enrhument le ciel éclairent la terre
A défaut de guitares aurorales
LE SILENCE TURGESCENT DISPERSE LES ABOIEMENTS
A défaut de sel au cœur des sourires amers
A défaut de béquilles pour les fables affalées
Sans voix sur des grabats d'urgence
A défaut de pains dans les mains bleues du dimanche
LA FRATERNITE TERRASSE LES FORCES OCCULTES
Jean Blaise Bilombo-Samba
(« La Fraternité Différentielle »)
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