© Peuples Noirs Peuples Africains no. 7-8 (1979) 192-228



TRANSFERTS TECHNOLOGIQUES ET MISERE DES MASSES AFRICAINES

S. KASSAPU

En août et septembre 1979 se tiendra à Vienne la Conférence des Nations Unies sur la Science et la Technique au Service de Développement. Nous voudrions ici jeter un éclairage sur le problème du transfert technologique, répondant ainsi à l'attente de l'immense partie de l'humanité qui est dominée et exploitée au nom de l'universalité de la science.

Pourquoi cette attente ?

Le sujet est jusqu'ici resté l'affaire des « spécialistes » afin de mieux voiler la volonté de véhiculer une certaine idéologie à travers la science et la technique en clamant qu'elles sont de toute façon neutres; le transfert technologique se présente par ailleurs comme la négation de toutes les autres formes de culture pouvant sécréter la technologie. Enfin il est apparu comme moyen de légitimation de l'autorité étatique pour dépolitiser les masses.

Avant d'aborder le problème de transfert technologique tel qu'il est actuellement posé, il importe de procéder à une rapide définition d'un certain nombre de termes qui reviendront très souvent dans notre exposé. Il s'agit surtout de la technique, de la technologie et du transfert.

La technique esttrès généralement définie comme le processus ou la façon d'agir sur la matière afin de la [PAGE 193] transformer pour répondre aux besoins d'acquisition tels que la chasse, la pêche, l'élevage, l'agriculture, les minéraux et aux besoins de consommation comme l'alimentation, le vêtement, l'habitation, le transport.

La technologie se définit-elle, comme l'étude et la connaissance d'outils, de machines, des procédés et des méthodes employés. On la définit aussi, comme la science des techniques.

Sur ces deux termes se greffent d'autres comme la technologie endogène, qui prend naissance et se développe au sein d'une société; la chaîne technique qui est la suite d'opérations nécessaires pour la transformation d'une matière, par exemple les différentes étapes nécessaires pour produire une casserole à partir de la bauxite d'aluminium.

Le transfert se définit comme l'opération consistant à doter une société du « savoir-faire » d'une autre société soit par la vente d'une technologie, soit par la transmission des connaissances devant conduire à la création des techniques. Une confusion couramment entretenue à ce sujet consiste à considérer les produits finis et livrés à la consommation comme une forme de transfert technologique. L'acquisition d'une voiture, d'un téléviseur, etc., ne saurait être considérée comme un transfert de technologie, mais comme un bien de consommation même si dans certains cas la voiture peut être utilisée dans un processus de production. Il s'agit dans le cas de transfert de pouvoir créer soi-même ce bien de consommation en faisant appel au procédé technique.

Après ces définitions, il convient de préciser la nature du problème que nous entendons traiter dans les pages qui suivent. Le point de départ est que les pays qui couvrent notre planète sont généralement classés en pays riches et pauvres, mais rarement en dominants et dominés, encore moins en exploitants et exploités. Lorsque l'on essaie d'expliquer les inégalités de développement que connaît le monde, on recourt plutôt aux artifices de langage pour mieux pêcher en eau trouble.

Dire qu'il y a eu transferts technologiques et misère des masses africaines ne veut point signifier que les techniques en tant que telles n'ont jamais connu de succès au niveau de la création des biens matériels. L'ultime question est de savoir au profit de qui ? Quel a été l'impact de ce transfert sur le mode d'organisation sociale des communautés africaines et sur les écosystèmes des régions d'accueil ? [PAGE 194]

Ceux qui proposent le transfert se comportent en général comme s'ils se trouvaient dans un désert culturel, scientifique et technologique où tout est à faire. Pourtant ce qu'on refuse de reconnaître comme science, tout simplement parce qu'on n'arrive pas à l'insérer dans la « logique cartésienne » au nom d'un certain rationalisme, a valeur scientifique et technique dans son contexte.

C'est ainsi que M. I. Sachs, « Spécialiste » comme toujours du Tiers Monde, représentant en France de l'Ecole universaliste, souvent appelé à donner son avis sur de nombreuses questions relatives au développement et notamment sur celle de transfert technologique, affirme de façon péremptoire dans un article que « la science est universelle »[1]. Et c'est justement au nom de l'universalité de la science que l'Occident a détruit les cultures et les techniques des peuples dAfrique, d'Asie et d'Amérique Latine. Les adeptes de cette école auront du mal à admettre que en dehors de la médecine moderne (entendez occidentale) certaines maladies comme la gastro-entérite aiguë, cette infection infantile, connue en Afrique (Zaïre) sous le nom de la Lukunga, peut être traitée par la médecine traditionnelle à laquelle on refuse tout fondement scientifique.

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TRANSFERT TECHNOLOGIQUE, UNE MANOEUVRE DE DIVERSION

La naissance et le développement de l'idée de transfert technologique dans son aspect actuel datent des années soixante, période de revendications politiques en Afrique. Cette idée comme par hasard coïncide aussi avec une nette prise de conscience des pays producteurs de pétrole qui ne peuvent plus supporter l'exploitation effrénée de leurs richesses. La ligue des pays arabes adoptera une série de mesures restrictives à l'encontre du cartel pétrolier international (création en 1959-1963 de l'organisation des pays arabes exportateurs de pétrole). Plus tard un groupe de pays en voie de développement faisait ses premiers pas vers l'union des efforts dans la lutte contre les monopoles [PAGE 195] pétroliers et créait l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (O.P.E.P.). C'est alors que l'idée de transfert technologique jaillit. La radicalisation de la lutte des années 1973-1974 poussera les pays occidentaux à intensifier la campagne de transfert technologique et de recyclage du pétro-dollar.

Contrairement à ce que pense Samir Amin par euphémisme[2], le problème de transfert technologique n'a jamais été mal posé, l'Occident s'est en toute lucidité livré aux manœuvres de diversion pour dévoyer les pays du Tiers Monde de leur prise de conscience sur ce qui constitue leur force. C'est ce qui justifie aussi la pléthore des concepts de technologie quand les pays de la périphérie ont commencé à prendre ce problème au sérieux. On parlera de la technologie intermédiaire, peu coûteuse, douce, alternative, appropriée, etc. Examinons ces différents concepts.

La Technologie Intermédiaire.

Le terme de technologie intermédiaire très couramment employé depuis le début de la décennie, plus particulièrement par les pays anglo-saxons, désigne les « technologies situées entre les technologies traditionnelles et les technologies modernes »[3]. Ce concept est non seulement imprécis mais ne constitue aucun critère de choix encore moins de décision si un pays voulait adopter telle ou telle technologie. L'intention réelle est celle qui suggère que toutes technologies obsolètes soient transférées dans les pays du Tiers Monde, peu importe l'effet qu'elles peuvent provoquer au sein des sociétés d'accueil et le style de consommation qu'elles peuvent engendrer.

La Technologie peu coûteuse.

La technologie peu coûteuse ne fait pas spécialement appel à la technologie traditionnelle ou moderne. A première vue elle paraît relativement simple. Le système de captage de [PAGE 196] l'énergie solaire (puisqu'on la présente comme pouvant un jour remplacer le pétrole) à partir des installations simples semble se justifier par le faible coût (low cost) de la technologie à transférer. La contradiction qu'on peut relever réside en ceci que si au moment du transfert le prix pratiqué par le vendeur demeure relativement bas, il n'est pas évident qu'il le reste au bout de quatre ou cinq années. Rien n'indique par ailleurs que tout ce qui est peu coûteux répond nécessairement aux besoins des pays demandeurs de technologie.

La Technologie Douce.

La technologie douce (soft technology) est un concept encore mal défini et aurait deux caractéristiques principales :

« En premier lieu, elle s'inscrit dans les cycles écologiques utilisant des sources d'énergies inépuisables (intention clairement exprimée ici pour ceux qui croyaient encore à la sincérité d'aider les pays pauvres, par le transfert technologique), ne créant pas de pollution, économisant les ressources non renouvelables, recyclant des déchets;

« En deuxième lieu, elle est conçue pour de petites unités de production, ce qui facilite la décentralisation, accroît les possibilités de participation des individus et tend à faciliter la mise en place de nouvelles formes communautaires d'organisation sociale[4]. »

La Technologie Alternative.

Cette notion que nous devons au CIRED (Centre International de Recherche sur l'Environnement et le Développement) définit les technologies alternatives « comme le grand ensemble de techniques qui s'opposent au modèle technique dominant ». Selon le but ou l'ensemble de buts poursuivis, les technologies alternatives s'appelleront régionales, auto-suffisantes, à petite échelle, non aliénantes, révolutionnaires, etc., selon l'aspect qui prime, complètent P. Harper et B. Erikson[5].

S'il est vrai qu'il y a des technologies aliénantes non pas [PAGE 197] en tant que moyens matériels de production, mais du fait de leur mode social d'exploitation, il n'existe pas de technologies révolutionnaires s'il s'agit de la révolution sociale. Ces théories confucianistes ne disent en effet pas s'il s'agit de la révolution industrielle du type qu'a connu le XVIIIe siècle ou d'une révolution comme le voyaient Marx et Lénine. Si nous revenons un instant sur le concept de technologie alternative « comme grand ensemble de techniques qui s'opposent au modèle technique dominant », nous nous apercevrons que l'auteur n'est autre que celuiqui prétend que la science est universelle. S'il existe une science dominante, c'est qu'elle n'est plus universelle puis. qu'il faut trouver son contraire et pas dans la société qui l'a créée.

La Technologie Appropriée.

De tous les concepts présentés, celui-ci semble un peu plus sérieux. Le concept de technologie appropriée insiste sur la notion de correspondance entre une technologie et son environnement spécifique. Il s'agit bien d'une intégration entre une technologie et son environnement économique mais aussi social, politique, écologique et culturel. Bien que complète, cette définition est en contradiction avec la quintessence même du concept. Une technologie créée par et pour une société intégrant les facteurs ci-dessus évoqués ne peut pas être appropriée à une autre société, sauf si cette dernière est identique à la première; or pareille situation n'existe pas. Ceci nous conduit à dire qu'il n'y a pas de technologie appropriée. Une technologie n'est appropriée que par rapport à la société qui l'a sécrétée.

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TRANSFERT TECHNOLOGIQUE, UNE VOLONTE DE PERPETUER LA DOMINATION COLONIALE

Ceux qui pouvaient encore se tromper sur le fondement de la recherche scientifique qui accompagne le transfert technologique dans les pays du Tiers Monde, se rendront désormais compte des motivations profondes de la « générosité » de l'Occident dans ce domaine vis-à-vis des « pays Pauvres ». Dans un article intitulé « PLAIDOYER POUR LA RECHERCHE SUR LES CULTURES [PAGE 198] D'EXPORTATION[6] », M. de Padirac, directeur de l'un des instituts français de recherche agronomique tropicale (donc on ne peut plus autorisé), développe un ensemble de thèses qui ne laissent plus de doute sur la volonté de l'Occident de perpétuer sa domination coloniale à travers la science et la technique.

M. de Padirac estime que les cultures d'exportation (oléagineux, café, cacao, coton, bois, fruits, caoutchouc, etc.), doivent permettre :

1) de couvrir les besoins des pays industrialisés et de satisfaire leurs exigences, tant en ce qui concerne le volume des approvisionnements en produits bruts ou semi-transformés qu'en ce qui concerne la qualité et le prix de ces produits;

2) de procurer aux pays en voie de développement « qui n'ont pas la chance » de disposer de ressources minières importantes (surtout le pétrole) la quasi-totalité de leurs besoins en devises, d'assurer une bonne part de leurs ressources budgétaires et d'améliorer enfin le niveau de vie des populations rurales en leur assurant un revenu monétaire élevé et aussi stable que possible. Décidément M. de Padirac a de la suite dans les idées. Il poursuit son propos par :

3) les cultures d'exportation sont généralement considérées à tort comme des cultures industrielles impliquant un système de production de type capitaliste ( ... ). La France est le seul des pays industrialisés à disposer d'un ensemble d'instituts intéressant toutes les cultures d'exportation; position originale vis-à-vis de l'étranger, notamment au sein de la Communauté Economique Européenne, et même à l'égard des instituts internationaux créés par la Banque Mondiale, d'origine et d'influence américaine, qui portent exclusivement leurs efforts sur les cultures vivrières et l'élevage (riz, mais, blé dur, orge, mil, sorgho, soja, élevage, sol et système de culture);

4) mais si la France entend maintenir un rapport technique efficace dans les pays en voie de développement, il importe que l'accent soit mis d'une manière beaucoup plus importante sur les recherches technologiques. Il y va de l'avenir de la coopération technique française dans les prochaines années. Chacun est persuadé de la nécessité [PAGE 199] d'accroître la zone d'influence des instituts français de recherche. Il s'agit de ne plus se limiter à l'Afrique, mais d'apporter un concours toujours plus important aux pays dits « de l'étranger traditionnel...[7] ».

MISERE DE L'HISTOIRE DES TECHNOLOGIES AFRICAINES

Depuis longtemps l'Occident s'est employé à ignorer les technologies africaines; ou alors, comme le souligne Basil Davidson, « toutes les fois qu'on a découvert quelque chose de remarquable ou d'inexplicable en Afrique, on a traîné toute une galaxie des peuples non africains (ou en tout cas non noirs) pour l'expliquer. On a eu recours aux Phéniciens pour expliquer les techniques du Zimbabwe. Les Egyptiens ont été présentés comme les peintres de la Dame Blanche du Brandberg en Afrique du Sud-Ouest. Onexhibe les Grecs ou les Portugais comme étant les inspirateurs et professeurs des artistes en terres cuites et en bronze de l'Afrique Occidentale médiévale... Cependant, toutes ces réalisations, tous ces phénomènes sont maintenant reconnus de l'accord général d'origine africaine[8] ».

C'est autour de l'opinion de David Hume et de Trollope que « l'Afrique Noire est un Continent où les hommes ne se sont jamais par leurs propres efforts élevés beaucoup au-dessus du niveau de l'animal, pas d'industries originales chez eux, ni arts, ni sciences, aucune commune mesure avec la civilisation de ses congénères blancs qu'il imite comme le singe imite l'homme[9] » que se tissera toute la politique de transfert technologique et de civilisation occidentale aux primitifs d'Afrique.

Notre propos n'étant pas de faire l'histoire des techniques en Afrique, mais de montrer que les transferts technologiques n'ont été que misère pour les masses africaines, nous consacrerons l'essentiel de notre entretien à l'examen du secteur qui a servi de base pour exploiter, aliéner les peuples africains au nom de l'universalité de la science. Il s'agit bien sûr de l'agriculture. L'importance de ce secteur sur le plan économique n'est plus à-démontrer : plus de 80 % des populations africaines dépendent de l'agriculture. [PAGE 200]

LES MOTIVATIONS DES RECHERCHES AGRICOLES EN AFRIQUE

L'un des domaines que l'Occident a su exploiter avec méthode est celui de l'agriculture. Limité au début à la simple production en utilisant les facteurs naturels de production (terre fertile, force de travail ... ), l'exploitation prendra une forme plus rationnelle par l'introduction de la recherche scientifique et technique. Pour faire face à la concurrence sur le marché mondial des produits tropicaux, les puissances coloniales sont obligées non seulement d'augmenter la quantité des biens à livrer sur le marché, mais aussi d'améliorer leur qualité au moyen des techniques dites modernes. Nous présentons ci-après l'organisation et les structures de recherche agricole telles qu'elles sont héritées de la colonisation.

Pour mieux saisir l'organisation de la recherche agricole en Afrique, il faut se reporter aux origines de la pénétration de l'Occident dans cette partie du monde.

La géographie de la recherche scientifique en Afrique reflète la division du continent en plusieurs blocs. Rappelons que c'est la révolution industrielle en Europe au XVIIIe siècle qui a accru les moyens de conquête et de domination des pays de l'Europe occidentale. Ceux-ci se rendent compte au lendemain de cette révolution de l'insuffisance des matières premières pour alimenter les industries naissantes. Il fallait aussi élargir les marchés : l'Angleterre, la France, l'Espagne, le Portugal, l'Allemagne, la Hollande, etc. trouvèrent tant en Afrique qu'ailleurs (Amérique Latine, Asie) ce qu'il leur fallait pour leur expansion.

Le « Pacte Colonial » né de la Conférence de Berlin de 1884-1885 sur le partage de l'Afrique, fait de ce continent un réservoir de matières premières; en échange, la métropole lui fournit des produits industriels mais garde le monopole de cette fourniture. Cette situation devait durer jusqu'au moment où (début du XXe siècle) les industries des empires européens devinrent de plus en plus exigeantes à cause de l'évolution du progrès technique et de la rareté des matières premières.

Des laboratoires de recherche outre-mer, spécialement conçus pour répondre aux besoins de ces industries, devaient alors naître. Généralement appelés à effectuer des recherches pour la puissance coloniale et au profit de [PAGE 201] celle-ci, ces laboratoires, comme nous le verrons, étaient surtout établis dans la métropole pour les colonies françaises, et dans les pays-mêmes pour les colonies britanniques et belges.

L'organisation de la recherche agricole dans les anciennes colonies françaises.

L'activité de la France au début de sa domination coloniale se limitait à l'exploitation des ressources agricoles. Sortie affaiblie par les deux guerres mondiales, elle devait, pour se relever, accélérer la création de plusieurs organismes de recherche, orientés essentiellement vers l'agronomie, la zoologie et l'ethnographie. Sa politique d'assimilation vis-à-vis de ses colonies lui dicta l'installation de ces organismes dans la métropole.

Les recherches connurent rapidement des résultats intéressants à la suite du développement des grandes cultures commerciales : arachide, cacao, café, coton, etc., qui posèrent des problèmes peu connus par l'agriculture européenne.

Simultanément se développent les recherches géologiques et minières; les recherches en sciences humaines vont connaître un essor appréciable. On envisage alors de fonder un organisme qui oriente et coordonne la recherche scientifique dans les colonies. En 1943, on créa l'Office Colonial de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer (ORSTOM). En plus de ce dernier seront créés huit instituts spécialisés dans la recherche agronomique tropicale. Il s'agit :

  • du Centre Technique Forestier Tropical (CTFT), société d'Etat créée en 1949;
  • de l'Institut d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux (IEMVT), établissement public français créé en 1921;
  • de l'Institut Français de Recherche Fruitière Outres Mer (IFAC), créé en 1946;
  • de l'Institut Français du Café, du Cacao et autres plantes stimulantes; association privée créée en 1957;
  • de l'Institut de Recherche Agronomique Tropicale et des cultures vivrières (IRAT) créé en 1960;
  • de l'Institut de Recherches du Coton et des Textiles Exotiques (IRCT), ancienne Union Cotonnière de l'Empire Français créée en 1942; [PAGE 202]
  • de l'institut de Recherche sur les Huiles et Oléagineux (IRHO), association française créée en 1942;
  • de l'Institut de Recherche sur le Caoutchouc en Afrique (IRCA), créé en 1942.

    Depuis 1970, ces instituts sont rassemblés au sein du G.E.R.D.A.T. (Groupement d'Etudes et de Recherches pour le Développement de l'Agronomique Tropicale) dont le siège est à Paris.

    Ces organismes qui gardent le monopole des opérations de recherches dans les anciennes colonies (sauf dans quelques cas rares où est amorcé le processus de « révision des accords de coopération »), interviennent dans le cadre des conventions générales et particulières en matière de coopération scientifique entre la France et ses « partenaires africains ».

    La politique d'assimilation pratiquée par la France vis-à-vis de ses colonies continuera à perpétuer ses séquelles quatorze ans après les indépendances des pays africains.

    < !-EFFECTIFS DES CHERCHEURS AU 1er JANVIER 1974 [SEE TABLE 1]>


    (1. Il s'agit des chercheurs employés aux sièges des Instituts de recherche.) [PAGE 203]

    Quatorze ans après les « indépendances », 16 chercheurs expatriés encadrent un chercheur francophone. On peut objecter qu'en 1978 les choses auraient probablement évolué. Effectivement on peut noter que c'est en 1978 que les parachutistes massacraient les populations africaines exactement comme pendant les guerres coloniales, mais avec la nuance qu'il s'agit de la coopération.

    Organisation de la recherche agricole dans les anciennes colonies britanniques.

    Pour comprendre l'organisation de la recherche en Afrique anglophone, un bref examen des relations du Royaume-Uni avec ses anciennes colonies s'impose. La recherche agronomique dans les pays d'Outre-Mer remonte très loin, à la création en 1898 du « Imperial Department ». Après le premier conflit mondial, fut créé le « Colonial Research Committee » qui deviendra toute la gamme des organismes de recherche dans les colonies.

    En 1959, ce « Committee » a été remplacé par l'« Overseas Research Council », chargé de donner son avis sur les recherches entreprises dans les pays d'Outre-Mer ou pour le compte de ceux-ci, qu'ils fassent ou non partie du Commonwealth. En 1963, ce Conseil a été remplacé par le « Department of Technical Cooperation », puis le « Ministry of Overseas Development »[10]. Ce Ministère gère ce qu'il convient d'appeler l'aide britannique aux pays d'Outre-Mer.

    La politique de la Grande-Bretagne a consisté en l'installation directe dans les colonies de la plupart des organismes de recherche. A l'Est de l'Afrique naîtra « East African Community » (Communauté Est Africaine), qui gardera ses structures après les indépendances. A l'Ouest, c'est « West African Community » (Communauté Ouest Africaine), qui disparaîtra avec l'accession à l'indépendance du Ghana, Nigéria, Gambie, etc.

    Toutes les recherches ne s'effectuent pas Outre-Mer. Bon nombre d'établissements tournés surtout vers les recherches à caractère industriel sont installées en Grande-Bretagne. Les plus importantes sont :

    – Le « Tropical Products Institute » : (Institut des Produits Tropicaux); [PAGE 204]
    – Le « Tropical Stored Products Center » : (Centre de Conservation des Produits Tropicaux);
    – Le « Tropical Pesticides Research Headquarters and Information Unit » : (Centre de Recherche et d'Information sur les Pesticides Tropicaux);
    – Le « Land Resources Division of the Directorate of Overseas Surveys » (Division des Ressources Foncières de la Direction des Enquêtes Outre-Mer);
    – L' « Anti-Locust Research Centre » : (Centre de Recherche sur la lutte contre les Sauterelles).

    La politique paternaliste de la colonisation britannique aura en fin de compte l'avantage sur le système français en ceci que « l'africanisation » de la recherche (structures et chercheurs) sera plus rapide dans les anciennes colonies britanniques que dans celles de la France, comme nous le montre le tableau des effectifs ci-dessous.

    Avant 1960, la recherche agronomique était exécutée par FINRAC (Institut National pour l'Etude Agronomique en Afrique Centrale) qui couvrait le Congo. le Rwanda et le [PAGE 205] Burundi. Il employait environ 400 chercheurs européens, ayant le niveau universitaire pour la plupart.

    Lorsqu'en 1960, le Congo accéda à l'indépendance, la puissance coloniale, en signe de représailles, retira purement et simplement ses cadres. Le nombre de chercheurs passera de 400 à 30. Précisons au passage que jusqu'à cette date, le Congo ne comptait pas plus de cinq universitaires, si bien que la relève était difficilement envisageable.

    Après l'indépendance, l'INEAC éclatera et deviendra

    – INERA (Institut National d'Etudes et de Recherches Agronomiques) au Zaïre,

    – ISABU (Institut des Sciences Agronomiques du Burundi) au Burundi,

    – ISAR (Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda) au Rwanda.

    La politique coloniale belge est à mi-chemin entre les systèmes britannique et français : les chercheurs sont entièrement des expatriés; il n'existe aucune politique de formation des cadres africains. Les organismes de recherche ont leur siège dans les colonies bien que les orientations et l'élaboration des programmes viennent de la « métropole ».

    Pour tout résumer, le graphique ci-dessous nous indique l'évolution de la recherche agronomique en Afrique au cours des cinquante dernières années, Elle est lente de 1920 à 1945 et très rapide à partir de 1945. Ce brusque essor coïncide avec la fin de la Deuxième Guerre mondiale, donc avec la course aux nouvelles sources de matières premières pour alimenter les industries européennes sorties éprouvées par ce conflit. [PAGE 206]

    Les structures mises en place par l'Occident assureront les recherches exclusivement orientées vers les cultures d'exportation au détriment des cultures vivrières de consommation locale. Les effets de la politique coloniale dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres sont désastreux et ont eu des prolongements dans la phase dite postcoloniale :

    1) Le maintien, voire le renforcement de l'extraversion de l'économie africaine.

    La meilleure illustration est donnée dans le tableau ci-après relatif aux importations des pays africains. Les chiffres sont saisissants et l'on peut constater que les pays à vocation essentiellement agricole importent pour certains, jusqu'à concurrence de 20 à 30 %, et même plus, les denrées alimentaires. L'Afrique dépend ainsi de l'extérieur et par ses exportations et par ses importations. [PAGE 207]


    Source : Calculés à partir des documents de la Commission Economique pour l'Afrique. [PAGE 208]

    2) La paupérisation des masses africaines par le biais de la technologie du fait de l'augmentation des charges et de la faiblesse des rendements. Le Comité Information Sahel nous cite l'exemple de la culture du coton et du sorgho en Haute-Volta.

    Année 1970

    Coton

    Sorgho

    Rendement/hectare

    460 kg

    680 kg

    Produits

    14 260 F/CFA

    10 240 F/CFA

    Charges (Engrais, insecticides)

    4 530 F/CFA

    0 F/CFA

    Main-d'œuvre extra-familiale

    4 000 F/CFA

    2 000 F/CFA

    Marge brute/ha

    5 730 F/CFA

    8 240 F/CFA


    Source : « Qui se nourrit de la Famine en Afrique. » C.I.S. Maspero, Paris 1974.

    Ainsi, en 1970, un hectare de sorgho rapportait en moyenne 2 490 F/CFA de plus qu'un hectare de coton. Or, le paysan africain est forcé de cultiver du coton pour s'acquitter de ses impôts vis-à-vis de l'administration coloniale et néocoloniale. Résultats de tout cela : misère des masses africaines.

    La recherche c'est aussi le coût et les pays africains ne s'y soustrairont pas. Par le jeu des accords de coopération, ces pays sont tenus de supporter les coûts d'une recherche qui leur profite très peu ou pas du tout. L'étude du Centre de Développement de l'OCDE sur les dépenses de recherche agricole[11] a montré que rien que pour l'année 1973, 34 pays d'Afrique tropicale ont dépensé entre 129 et 135 millions de dollars pour améliorer quantitativement et qualitativement les produits agricoles qu'ils livrent à vil prix sur le marché international contrôlé par les pays capitalistes.

    Nous nous rendons ainsi à l'évidence que, tant que les pays africains n'auront pas remis fondamentalement en [PAGE 209] cause la politique de la recherche agronomique telle qu'elle se pratique actuellement en Afrique, ils auront peu de chance d'espérer un réel changement qui les sortira du marasme économique dans lequel ils sont plongés.

    Appuyons-nous sur les pays qui ont fait couler beaucoup d'encre pour illustrer notre propos sur les transferts technologiques et la misère des masses africaines. En 1972 et 1973, les pays du Sahel sont frappés par la sécheresse. Très vite la grande presse s'emparera du « drame dû à la calamité naturelle contre laquelle l'homme ne pouvait rien », Or que note-t-on ?

    Jusqu'en 1973, les activités de recherche sont encore assurées dans les anciennes colonies françaises par les instituts français de recherches agronomiques tropicales [12] exactement dans le sens du plaidoyer de M. de Padirac.

    Sur cinq instituts, un seul (IRAT) fait des recherches sur les cultures vivrières. On s'étonnera que les gens meurent de faim pendant la sécheresse.

    D'un pays à l'autre et d'un organisme à l'autre, les projets de recherche se répartissent comme suit :


    Source : Projet CARIS FAO, Rome 1973. [PAGE 210]

    A ces projets correspondent une masse des dépenses par pays et par organisme de recherche.


    Source : Les Dépensers de Recherche Agricole dans 34 pays d'Afrigue Tropiccale S. Kassapu.
    Centre de Développement – OCDE Paris 1976.

        * Le Niger et la Haute-Volta ont un budget commun dans le cadre du CTFT.
        ** Il s'agit des dépenses des sièges des instituts de recherche au titre de « soutien logistique » aux stations d'outre-mer. [PAGE 211]

    Les recherches forestières portent principalement sur :

    • l'étude des relations sol-eucalyptus,
    • les essais d'introduction des espèces à croissance rapide,
    • la lutte contre les érosions par l'introduction des plantes de couvertures,
    • quelques essais de reboisement.

    Les tableaux de répartition des projets et des dépenses de recherche ci-dessus montrent l'insuffisance des efforts dans ce domaine. On constate par exemple que sur 1,7 million de dollars dépensés en 1973 par le CTFT pour l'ensemble de l'Afrique tropicale anciennement colonie française, 300 mille dollars, soit à peine 18 % vont au Sahel, alors que 82 % vont à l'exploitation des bois tropicaux en zone humide qu'on appelle abusivement recherches forestière. Pour l'ensemble des dépenses de recherche dans le Sahel, la recherche forestière n'occupe que 7 %. Cette situation contraste avec l'abondante littérature produite pendant la dernière sécheresse au Sahel sur la désertification de l'Afrique tropicale sèche.

    LES RECHERCHES SUR L'ELEVAGE ET LA MEDECINE VETERINAIRE

    Elles portent sur la production animale, la protection animale et l'alimentation du bétail.

    Dans le domaine de la protection ou de la santé animale, les problèmes de la recherche se répartissent en trois groupes :

    a) les maladies constituant un handicap au commerce du bétail : peste bovine, péripneumonie, fièvre aphteuse, etc.;
    b) les maladies constituant un handicap au développement de l'élevage en tant que tel : trypanosomiases, théilérioses, strepthricoces, helminthiases;
    c) les maladies nutritionnelles et carentielles.

    Le développement de l'élevage (bovins, ovins, caprins, porcins, volailles) est un facteur extrêmement important de développement de la région du Sahel. En volume (17 %) et en efforts financiers (33 %), la recherche sur l'élevage et la médecine vétérinaire bénéficie d'une attention raisonnable.

    Cependant les résultats sur le plan de la production animale [PAGE 212] ne justifient pas cette attention. L'explication que l'on peut donner face à ce décalage réside en ceci que la recherche vétérinaire n'a jamais envisagé de prendre sérieusement en considération les techniques traditionnelles des éleveurs qui sont en général des nomades. On ne voit à ces pratiques que primitivité par opposition aux techniques des populations sédentaires, considérées comme modernes par l'Occident. Critiquant la distinction entre nomades et sédentaires, Pierre Bonte[13] rappelle que « les Massaï à leur apogée en Afrique Orientale vers la fin du XIXe siècle, sont brisés par la peste bovine, à laquelle échappaient les Turkana, plus dispersés, maîtres de troupeaux moins concentrés...

    «Les effets de la sécheresse qui sévit dans toute la zone sahélienne et qui s'étend à l'Afrique orientale, sont une tragique manifestation de la situation créée par le colonialisme. En limitant les pâturages disponibles par la confiscation des terres et par la mise en réserve des pasteurs, en modifiant les réseaux de circulation du bétail... Les sociétés touchées par la sécheresse sont maintenant incapables d'apporter aux fluctuations climatiques les réponses traditionnelles qui leur permettaient de se reconstituer après l'épreuve ». Ceci démontre, on ne peut plus clairement, l'échec de la mission de la recherche vétérinaire en Afrique.

    LES RECHERCHES FRUITIERES

    Les recherches fruitières dans le Sahel portent sur l'ananas, la banane, les mangues, les agrumes, les goyaves, les avocats, le palmier dattier... L'analyse des projets de recherche nous a révélé que la recherche fruitière très importante en Mauritanie, est moins exigeante en matière de technologie moderne (fertilisant, machinisme, etc ... ) que les autres cultures. La défense des cultures, la sélection du matériel végétal et le greffage constituent les principales activités pour l'amélioration de la culture fruitière.

    Les recherches fruitières utilisent très peu de technologies traditionnelles et offrent des perspectives d'industrialisation, aux produits objets de la recherche notamment dans [PAGE 213] les domaines de l'industrie alimentaire (conserveries, confitures, boissons), l'industrie pharmaceutique (extraction de l'huile d'avocat qui est utilisée dans le traitement de certaines dermatoses) et enfin la cosmétique.

    LES RECHERCHES SUR LES CULTURES VIVRIERES

    Les recherches sur les cultures vivrières portent sur l'étude et la fertilisation des sols, la défense des cultures, les recherches d'adaptation et concernent le maïs, le sorgho, le mil, l'arachide, le riz et accessoirement le niébé. Elles s'intéressent aux principaux thèmes suivants :

      a) les problèmes de l'introduction des techniques modernes,
      b) les recherches d'adaptation,
      c) l'amélioration des techniques culturales de l'agriculture traditionnelle,
      d) les recherches sur la combinaison des techniques modernes et traditionnelles.

    L'analyse des projets de recherche en rapport avec les dépenses nous a conduit aux conclusions que :

    – le coût de la recherche sur les cultures vivrières est relativement faible du fait de la combinaison des techniques traditionnelles et modernes,
    – 20 % des recherches sur les cultures vivrières portent sur les essais de combinaison des techniques; 30 % sur l'adaptation des technologies importées; 50 % sur l'application pure et simple des techniques importées,
    – les cultures vivrières offrent de meilleures perspectives d'industrialisation.

    Bien plus importante est la solution que les recherches sur les cultures vivrières doivent apporter aux problèmes alimentaires des populations de la région. D'après les observations faites dans un pays du Sahel (Mauritanie), l'introduction des techniques modernes à travers la culture du riz n'a pas connu d'expériences heureuses et ceci pour deux raisons essentielles :

    La première est qu'il s'agit d'une culture irriguée, or l'eau est un facteur limitant en Mauritanie, donc incompatible avec cette culture à moins d'envisager l'intensification du capital dont on peut déjà imaginer les implications.

    La seconde raison et la plus importante est que le riz n'est pas encore dans les habitudes de consommation des [PAGE 214] populations de la région (Kaédi) où s'est effectuée l'expérimentation. Ceci explique leur résistance à l'introduction de cette culture. En période de semis et de récolte du mil et du sorgho (cultivés et consommés localement), les populations abandonnent les champs riz pour se consacrer à ces cultures.

    La conclusion qui s'impose à notre esprit ici est que les vulgarisateurs ont introduit la culture du riz en se fondant uniquement sur la probabilité de succès technologique de cette culture.

    LES RECHERCHES SUR LE COTON

    Les recherches portent dans ce domaine sur la fertilisation et la défense des cultures. La recherche sur le coton fait très peu appel aux techniques traditionnelles sauf dans des cas exceptionnels où pour améliorer la culture du coton on est amené à utiliser les techniques traditionnelles comme par exemple l'essai de combinaison de mode de labour qui consiste à étudier sur une rotation maïs, coton, sorgho, arachide, l'influence de trois modes de labour (manuel, attelé, mécanisé).

    Des études de cas ont montré que la recherche sur le coton n'a pas d'effets d'entraînement sur la technologie traditionnelle. Bien qu'offrant des perspectives d'industrialisation, la culture du coton est exigeante en in put du fait de l'épuisement rapide du sol qu'elle provoque.

    LES RECHERCHES SUR LES HUILES ET OLEAGINEUX

    Les recherches sur les huiles et oléagineux portent sur l'arachide, le soja, la sésame et les légumineuses, l'arachide apparaissant comme la principale culture. Les recherches concernent la lutte contre la chlorose, la rosette et le clump. Comme pour le coton, la fertilisation des sols domine les recherches car l'arachide épuise aussi rapidement le sol.

    Pour améliorer le rendement de l'arachide, les chercheurs pratiquent les rotations arachide - mil - arachide - mil - maïs, arachide - mais car estiment-ils, « l'arachide continue est à proscrire non seulement en raison de l'épuisement du sol mais aussi en raison du parasitisme ».

    L'examen attentif de l'ensemble de ces activités de recherche révèle des résultats intéressants au niveau des laboratoires [PAGE 215] et des stations expérimentales. Suivant le domaine de recherche, ils varient entre 45 et 62 % :

    Recherches forestières

    57 %

    Médecine vétérinaire

    55 %

    Recherches fruitières

    62 %

    Cultures vivrières

    45 %

    Recherches sur le coton

    45 %

    Les huiles et oléagineux

    50 %

    Ces résultats nous semblent suffisamment positifs pour pouvoir entraîner un changement technologique et un développement agricole engendrant à son tour le développement économique des pays africains. Or force nous est de constater que non seulement ces pays accusent un retard technologique de plus en plus criant, mais que la situation alimentaire du continent n'est guère brillante.

    LA RECHERCHE AGRONOMIQUE AU NIGERIA

    Le cas du Nigeria aurait suffi pour illustrer la recherche en Afrique si l'on tient compte du fait qu'il offre à lui seul la quasi-diversité naturelle mais aussi humaine du continent noir. Les différences que nous avons soulignées plus haut et que nous retrouverons encore ici rendent nécessaire l'évocation de ce qui se fait ici et là.

    La recherche au Nigeria a toujours été inscrite dans les plans de développement comme instrument de politique économique. En 1972, fut créé le Conseil Nigerian pour la Science et la Technologie (NCST) au niveau du Cabinet du Gouvernement Fédéral. Sous l'autorité de ce Conseil se trouve le Conseil de la Recherche Agricole du Nigeria (ARCN) placé sous la tutelle du Ministère Fédéral de l'Agriculture et des Ressources Naturelles.

    L'enquête de la FAO (Projet CARIS) et celle de l'OCDE sur les dépenses de recherche agricole en Afrique mentionnées précédemment ont permis de rassembler les informations sur la recherche agronomique dans ce pays que nous présentons ci-après dans leurs grandes lignes. La recherche ayant récemment fait l'objet d'une réorganisation dans le pays, il ne nous sera possible de présenter les données statistiques que jusqu'en 1973, bien qu'en réalité les [PAGE 216] structures ne changent rien au problème fondamental soulevé tout au long de notre article.

    Dans le tableau des effectifs des chercheurs ci-dessous, nous pouvons remarquer les efforts accomplis en six ans pour la « nigerianisation » des cadres. En 1966, les chercheurs expatriés représentaient 47 % des effectifs alors qu'ils ne représentent plus que 18 % en 1973.


    Sources : Secrétariat Général de l'Agriculture Research Council of Nigeria, Moor Plantation, Ibadan Fév. 1975.

    Comme nous le montre le tableau récapitulatif suivant, en 1973, le Nigeria totalise 330 projets de recherche. Sur ce total 147, soit 45 %. sont arrivés à terme. Le reste étant [PAGE 217] encore en cours d'exécution. Sur l'ensemble des projets terminés, 110, soit 75 % sont concluants au niveau des laboratoires et des stations expérimentales de recherche. Par rapport à ce que nous avons constaté dans les pays du Sahel, ce résultat est significatif. Mais reste bien sûr l'effet sur le plan de la production agricole. Il est cependant permis de penser que si le Nigeria n'a pas de graves problèmes alimentaires, c'est que le secteur agricole bénéficie des apports de la recherche.

    Un facteur important vient renforcer cette présomption. Parmi les organismes qui font la recherche appliquée, six d'entre eux, soit 50 % font la recherche sur les cultures vivrières, contrastant ainsi avec ce que l'on peut observer dans les anciennes colonies françaises.


    Source : Projet Pilote CARIS, FOA, Rome, 1973. [PAGE 219]

    La recherche demande non seulement des hommes mais aussi des moyens financiers. L'examen du tableau des dépenses en matière de la recherche agronomique au Nigeria montre les efforts du pays dans ce domaine et justifie aussi le souci d'indépendance que le Nigeria veut avoir vis-à-vis de l'extérieur. Si l'on excepte les 5,5 millions de dollars du budget de l'Institut International de l'Agriculture Tropicale (IITA) qui bénéficie d'un financement international, l'aide extérieure ne représente que 3 % des dépenses de recherche dans ce pays.


    Sources : Secrétariat Général de l'Agriculture Research Council of Nigeria, Moor Plantation, Ibadan Fév. 1975. [PAGE 220]

    On pourra nous faire remarquer qu'avec son pétrole le Nigeria peut se passer de l'aide extérieure. Il se trouve malheureusement qu'il existe des pays qui, bien que n'ayant pas de pétrole, consacrent plus de 30 % de leurs budgets à entretenir une armée et une police ayant pour seule besogne la répression des masses laborieuses.

    LES CHANCES DE CHANGEMENT TECHNOLOGIQUE EN AFRIQUE

    Après l'autopsie qui vient d'être pratiquée sur la recherche agronomique, il est maintenant possible d'identifier les obstacles au transfert technologique en Afrique tropicale. Ils sont grosso modo au nombre de quatre.

    Les obstacles d'ordre politique.

    Lorsque dans son article déjà cité plus haut, M. de Padirac déclare : « Si la France entend maintenir un rapport technique efficace dans les pays en voie de développement, il importe que l'accent soit mis d'une manière beaucoup plus importante sur les recherches technologiques. Il en va de l'avenir de la coopération technique française dans les prochaines années. Chacun est persuadé de la nécessité d'accroître la zone d'influence des instituts français de recherche... », ne suggère-t-il pas en clair la perpétuation de la domination de l'Afrique sous le manteau de velours de la technologie ? Lorsqu'il dit encore : « La recherche agricole doit sur le plan français constituer un tout cohérent; or l'INRA (l'Institut National de la Recherche Agronomique) dispose déjà d'une organisation scientifique très solide, essentiellement tournée vers les cultures alimentaires et avec laquelle collaborent les instituts membres du GERDAT s'occupant de ce type de production... Pour les cultures d'exportation réalisées dans les pays du Tiers Monde qui représente un élément complémentaire de cette recherche agronomique française, la coordination implique [PAGE 221] une articulation beaucoup plus étroite avec l'ORSTOM... », qui peut encore douter de la volonté avouée de maintenir les pays d'Afrique sous la dépendance scientifique de la France ?

    Comment est-il possible dans ces conditions de réaliser un réel changement technologique ?

    Les obstacles d'ordre économique.

    Les causes économiques de l'échec du transfert technologique tiennent surtout au coût excessif des solutions technologues que la vulgarisation propose aux paysans. Or d'une manière générale, ceux-ci n'ont pas les moyens dont disposent les stations expérimentales de recherche. Ceci explique le fait que lorsqu'une innovation technologique a réussi, elle ne profite qu'à la minorité de nationaux et/ou des expatriés qui a les moyens financiers d'acheter la technologie offerte sur le marché. Les exemples d'échec de la révolution verte sont assez nombreux pour nous dispenser de longs commentaires à ce sujet. Il faut cependant mentionner que lorsque les paysans pauvres cèdent à la pression publicitaire et se lancent dans l'achat d'équipements agricoles modernes, ils sont du coup condamnés à l'endettement chronique.

    Il peut en effet paraître incompréhensible que les solutions techniques vérifiées au niveau des laboratoires et des stations expérimentales de recherches ne connaissent pas (ou peu) de succès sur le plan de la production agricole. C'est pourtant ce qu'on a observé dans la majorité des cas en Afrique. L'histoire de 25 années de la recherche cacaoyère au Cameroun [14] a bien vérifié ce constat.

    Il s'agit de la recherche cacaoyère dans le Centre Sud du Cameroun qui a débuté en 1949-1950. Les recherches portaient sur la sélection variétale et la lutte contre les capsides qui pourrissaient les cabosses de cacao et qu'on appelle phytophtora palmivora. Les traitements doivent être faits tous les quinze jours avec les fongicides traditionnels du type de la bouillie bordelaise. Dix traitements sont indispensables chaque année. [PAGE 222]

    Une expérience de traitement en vraie grandeur sur dix blocs de 400 hectares avec dix traitements par an, avait doublé les rendements; de 400 kg/ha on est passé à 800 1000 kg/ha.

    La preuve était donc faite de la validité technique de thèmes proposés par la vulgarisation. Mais depuis cet expérience, le thème de la lutte préventive et des dix traitements par an n'a plus jamais été appliqué massivement par les planteurs.

    Les recherches sur les raisons du rejet de cette innovation par les populations ont conduit aux conclusions que la vulgarisation a fondé ses conseils uniquement sur la probabilité de la réussite technologique. Or qu'ont montré les calculs économiques de l'intensification de la culture du cacao ?

    1) qu'avec 1500 de bouillies par an, 10 traitements soi de 15 à 20 kg de fongicides à 300 Fcfa/ha, on a de 4 500 à 6 000 F d'intrants;

    2) que les investissements pour le matériel de traitement amorti en 3 ans sur 1 ha s'élèvent à 6 000 Fcfa, soit 2 000 Fcfa par an, ajoutés au coût précédent, on a 6 500 à 8 000 Fcfa/ha;

    3) que l'accroissement de production finale est d 25 500 Fcfa;

    4) que l'accroissement des jours de travail est de 10 jours.

    La rémunération par jour supplémentaire de travail du fait de l'innovation est de :

      Production finale (divisé par) Nombre de jours de travail = 25500 (divisé par) 100 = 255 Fcfa

    La conclusion est que 255 Fcfa (soit 5,10 FF ou 1 dollar de rémunération des jours supplémentaires de travail n'es pas suffisamment incitatif pour provoquer l'adoption de cette technique d'intensification proposée par la vulgarisation. La même conclusion a été vérifiée au Sénégal sur la culture arachidière. [PAGE 223]

    Les obstacles d'ordre technologique.

    L'absence d'intérêt à une étude systématique préalable des pratiques culturales traditionnelles pour comprendre leur mécanisme afin d'en dégager les lois « scientifiques » est une attitude négative au progrès scientifique. Belloncle nous cite à cet égard l'exemple des paysans de la région de Zinder au Niger, qui depuis des années posent le problème de la diminution de la fertilité en terme « la terre est morte » disent-ils et comme preuve irréfutable ils apportent par brassées les « katchemou », plante dont l'apparition est signe d'un quasi-épuisement de sols. Le vulgarisateur répond « traitez vos semences aux fongicides ». Nous voyons par cet exemple que ce paysan, sans sortir d'une école agronomique, connaît son diagnostic foliaire par la pratique.

    Si nous affinons un peu notre analyse, nous nous apercevrons que dans l'immense majorité de cas, les scientifiques partent toujours de l'idée que la « science est universelle; si elle réussi en Europe il n'y a pas de raison qu'il en soit autrement ailleurs ».

    Les obstacles d'ordre socio-culturel.

    Le problème socio-culturel de transfert technologique en Afrique se caractérise essentiellement par des justifications idéologiques. Lorsque l'on en vise le transfert technologique, on se comporte comme si on se trouvait dans un désert culturel et technologique. Or chaque peuple a sa culture grâce à laquelle une technologie s'épanouit. Le facteur socioculturel du développement technologique est d'autant plus important qu'en Europe on est très soucieux de sauvegarder le patrimoine culturel accumulé de siècle en siècle.

    Les technologies conçues pour un environnement capitaliste dont l'individualisme est l'essence ne peut pas prendre dans une société qui ignore totalement cette notion, dans une société où la terre par exemple, moyen de production, est propriété collective, disons en un mot dans une société où le mode de production communautaire est la base de l'organisation sociale.

    La phase ultime de notre entretien sur les transferts technologiques et la misère des masses se propose de jeter [PAGE 224] les bases d'un minimum des conditions sans lesquelles parler de ce problème ne serait que manœuvre de diversion et amusant passe-temps. Elles sont aux nombre de trois :

    1) Créer les conditions favorables pour la mobilisation des ressources humaines.

    La recherche agronomique ou, pour être plus global, la recherche agricole doit cesser d'être une affaire des « savants » dans leur tour d'ivoire qui exclut complètement les populations. Pour cela il faut créer les conditions favorables pour la mobilisation des ressources humaines nécessaires pour le développement scientifique et technologique.

    Loin d'être un mythe, il a été reconnu que parmi les formes d'organisation sociale qui existent, il y a une qui a la propriété d'accélérer le développement harmonieux des populations. Il y a environ une trentaine d'années, l'Inde et la Chine étaient au même stade de développement économique avec la différence que la population de l'Inde était et reste moins nombreuse que celle de la Chine. Aujourd'hui, alors que l'Inde est comptée parmi les pays au monde qui disposent de beaucoup de savants, mais dont la population reste encore soumise aux contraintes de la nature, la Chine a réussi en un temps record à donner à manger à sa population.

    René Dumont nous rapporte dans son ouvrage « La Révolution Cuturale en Chine » que dans ce pays, la recherche est affaire de tout le inonde et non celle d'une élite intellectuelle. Il y a un rapport dialectique entre le paysan, le technicien et l'animateur de la recherche qu'ici on appelle chercheur. Cette situation n'a pu être possible qu'à la suite du changement profond des structures sociales et des rapports de production. On ne trouve plus ici des gens qui meurent de travail et de faim parce qu'ils produisent pour les non-travailleurs. Pendant ce temps l'Inde continue à mendier les miettes qui ne font que consolider ses liens de dépendance vis-à-vis de l'extérieur.

    Si nous ouvrons la fenêtre sur l'Afrique, nous nous apercevrons que les gens y meurent également de travail et de faim. Est-il encore besoin de démontrer que les pays producteurs du coton qui alimente les industries européennes, sont ceux-là même qui sont pour l'instant condamnés à ne survivre que des aides alimentaires des pays nantis ? [PAGE 225]

    2) Planifier les objectifs de la recherche au profit des populations autochtones.

    En plaidant contre la recherche sur les cultures d'exportation, nous entendons ainsi remettre en cause les orientations actuelles de la recherche agronomique en Afrique. Un rapide coup d'œil sur les plans de développement des pays africains nous montre qu'en général les gouvernements de ces pays énoncent les objectifs de recherche dans leur plan mais avec plus ou moins de distorsion par rapport à ceux de la production agricole. Certains comme le Botswana (Plans nationaux de Développement 1965-1970 et 1970-1975) mettent l'accent sur la réduction de la dépendance du pays vis-à-vis de l'extérieur en même temps qu'ils mettent l'accent également sur le développement des cultures industrielles afin d'accroître le revenu monétaire de la population.

    La lecture du Troisième Plan de Développement Economique et Social du Cameroun pour la période 1971-1976, baptisé plan du « décollage » ne laisse pas transparaître la volonté des autorités de ce pays d'assurer une indépendance vis-à-vis de l'extérieur. En effet, le plan expose dans leurs grandes lignes les programmes de recherche pour la production agricole dont les taux annuels de croissance seraient de 2,3 % pour les cultures vivrières et 5,4 % pour les produits agricoles destinés à l'exportation. On retrouve la même situation au Sénégal lorsque parmi les objectifs agricoles du Plan de 1969-1973 on note « l'intensification de la culture traditionnelle arachide-mil, par l'augmentation des rendements à l'unité de surface : ce qui donnerait 1450 000 tonnes d'arachide et 700 000 tonnes de mil. Pendant ce temps, l'importation des denrées alimentaires représente 30 à 35 % des importations du pays.

    En Tanzanie la situation est différente. La philosophie du Plan de Développement 1969/70 - 1973/74 est basée sur cinq principes :

    – égalité sociale;
    – exploitation sur la base des unités communautaires,
    – auto-participation à la vie économique du pays;
    – transformation économique et sociale;
    – intégration de l'économie africaine.

    A partir de ces principes, le secteur rural a défini ses [PAGE 226] propres objectifs : priorité aux exploitations communautaires et aux cultures vivrières. Le plan énonce en outre les programmes de recherche agronomique qui doivent permettre d'atteindre les objectifs de production agricole. Ce choix s'est déjà manifesté sur le plan de desserrement des liens de dépendance vis-à-vis de l'extérieur. La part des importations du pays en produits alimentaires a considérablement décru passant de 15 % en 1964 à 9 % en 1970. C'est ce qui nous fait dire que les objectifs de recherche doivent être planifiés au profit des besoins prioritaires des populations autochtones.

    3) Identifier, Améliorer et Développer les technologies autochtones avant tout transfert technologique.

    Beaucoup d'exemples ont montré que les transferts technologiques qui ont eu lieu jusqu'ici ont surtout contribué à détruire les écosystèmes, à désagréger et à aliéner les sociétés africaines. Nous avons montré clairement que le transfert technologique tel qu'on le conçoit et le propose aux pays du Tiers Monde est une forme moderne de domination économique et culturelle.

    En guise de conclusion de notre propos au sujet de la recherche agronomique et du transfert technologique en Afrique tropicale, nous proposons le schéma suivant qui décrit les étapes vers un véritable changement technologique. [PAGE 227]

    Dès le démarrage des recherches sur l'identification, l'amélioration et le développement des technologies traditionnelles, les recherches agronomiques de type classique doivent être menées parallèlement afin de répondre le moment venu à la demande de transfert technologique compatible avec les phases précédentes.

    En proposant ce schéma, nous sommes parfaitement conscient des critiques dont il peut être l'objet. Elles sont en gros au nombre de deux :

    La première, d'ordre scientifique et technologique serait « qu'il existe de par le monde des quantités considérables de technologies qui ne demandent qu'à être adaptées aux conditions du milieu qui a besoin d'innovation technologique. Et puis, la recherche coûte cher; il vaut mieux ne pas refaire le chemin parcouru par les pays industrialisés ». La réponse qui s'impose à ce genre de raisonnement est simple : depuis des décennies on sait que ces technologies existent. Il y a eu des tentatives de transfert qui ont échoué. Alors faut-il encore recommencer les mêmes erreurs (si erreurs il y a eu) ? Ces technologies ont été créées pour [PAGE 228] une forme de société bien définie et ne prendront pas en Afrique. Il vaut mieux au début, compter sur sa propre imagination créatrice.

    La deuxième critique serait d'ordre socio-économique « La population mondiale et plus particulièrement celle des pays du Tiers Monde ne cesse de croître à un rythme vertigineux; la pauvreté et la famine s'aggravent et menacent l'humanité. Il faut donc aller vite, voire brûler les étapes ». Ici encore, notre réponse est claire et simple. C'est depuis des décennies également sinon plus, qu'on sait que la population croît plus vite que les moyens de subsistance. Malthus en a parlé en son temps et les Américains s'agitent autour du planning familial qui ne résout aucun problème. Finalement on va mal parce qu'on veut aller vite. Il vaut mieux prendre le temps de recommencer pour être sûr du résultat que de semer sur du sable.

    Ce sont là les seules chances de changement technologique en Afrique et par extension, dans les pays du Tiers Monde, au profit des masses misérables.

    S. KASSAPU


    [1] Les Technologies Appropriées dans une Perspective d'Ecodéveloppement « Actuel Développement », no 14, juillet-août 1976.

    [2] L'impérialisme et le Développement Inégal. Ed. de Minuit, Paris, 1976.

    [3] Intermediate Technology Development Group. Susex University, U.K.

    [4] Voir Options Méditerranéennes : Transferts de Technologies, no 27, juin 1975.

    [5] « Alternative Technology : A Guide to Sources and Contacts » Undercurrents, no3 (1972). 34 Cholmley Gardens Alfred Rd London NW6.

    [6] In Actuel Développement no 16, nov.-déc. 1976.

    [7] Souligné par nous.

    [8] Basil Davidson. L'Afrique Ancienne, Paris, Maspéro, 1973.

    [9] Ibid.

    [10] Actuellement : Overseas Development Administration.

    [11] Dépenses de Recherche Agricole dans 34 pays d'Afrique Tropicale, S. Kassapu. Centre de Développement de l'OCDE, Paris, 1976.

    [12] * Le Centre Technique Forestier Tropical (CTFT), Exploitation du bois dans les régions humides.
    * L'Institut d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux (IEMVT).
    * L'Institut Français des Agrumes tropicaux (IFAC), Exploitation fruitière.
    * L'Institut de Recherche sur lAgronomie Tropicale et les Cultures vivrières (IRAT).
    * L'Institut de Recherche sur le coton (IRCT), Culture d'exportation.
    * L'Institut de Recherche sur les Huiles et Oléagineux (IRHO), idem.

    [13] « Les Civilisations Nomades », in La Recherche no 53, Fév. 1975.

    [14] La Méthodologie de la Recherche Pluridisciplinaire : La Zone Cacaoyère du Cameroun. Montpellier IFARC mars 1977.