© Peuples Noirs Peuples Africains no. 1 (1978), couverture.



Le silence des Noirs francophones progressistes, quelle que soit notre excuse, quelque violence que nous subissions nous-mêmes, rassure, encourage, consolide l'apartheid.

Notre abstention implique nécessairement notre complicité. L'opinion internationale est irrésistiblement tentée de se dire : « Comment peuvent-ils se taire ? Seraient-ils insensibles ? irresponsables ? pleutres ? Est-Il vrai que chaque peuple n'a que le destin qu'il mérité ? »

La dénonciation des esclavagistes d'Afrique du Sud s'amplifie partout à travers le monde, excepté, paradoxalement, en Afrique noire francophone. Les émules sud-africains d'Adolf Hitler sont peu à peu mis au ban du concert des nations, mais Ils trouvent toujours des compères parmi les chefs d'Eilat de l'Afrique noire cornaqués par Paris.

Est-ce un hasard ?

C'est notre mutisme poltron qui procure l'arrogance et assure l'impunité aux roitelets nègres Bongo, Mobutu, Bokassa, Ahidjo, Houphouët-Boigny, tous chefs d'Etat francophones, zélés compagnons de route de Balthazar Vorster, le boucher de Soweto.

Si le nouveau führer peut tranquillement écouler au Zaïre, au Gabon, dans « l'Empire » Centrafricain et sans doute dans d'autres pays d'Afrique noire francophone l'abondante production agricole arrosée du sang des Bantous à la fois soumis au génocide et réduits en esclavage, c'est parce que, trop longtemps, par pusillanimité, nous nous sommes tus, nous progressistes noirs francophones.

Pour que cesse enfin le scandale ahurissant de chefs d'Etat noirs fraternisant dans la coulisse et, parfois, publiquement, avec l'exterminateur des Noirs, « Peuples Noirs - Peuples Africains » tonnera, hurlera, rugira, barrira s'il le faut, pourvu que notre silence se rompe avec un tel fracas que nul n'en ignore.


Responsable de la publication : A. BIYIDI-AWALA.